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DAGOBA… On a commencé à vraiment entendre parler de ce groupe en 2004 / 2005 quand ses membres ont tourné avec Loudblast. Ils en étaient alors à promouvoir leur premier album qui avait récolté de très bonnes critiques. Depuis, les Marseillais ont sorti What Hell Is About… et avec GOJIRA, on peut vraiment parler de raz-de-marée tant au niveau des ventes que de la réaction du public en concert, et ce, pas seulement en France… Ces mecs restant abordables et bien cool, j’ai profité de leur venue au Festival de Raismes pour chopper Isakar, le guitariste, afin de faire le point avec lui de l’avancée de la carrière du groupe… Et si tout cela n’était qu’un effet de mode sans lendemain ?!!

Entretien avec Isakar (guitare), par Will Of Death *
 
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Bon, on s’est vus en live je ne sais combien de fois depuis la sortie de l’album, mais on n’avait pas encore eu l’occasion de faire cette interview pour Noiseweb et Metal Observer. C’est pour ça que j’aimerais que l’on revienne un peu au commencement de cette aventure… C’était quoi votre état d’esprit quand vous avez composé l’album ?
On a pris une bonne période de pause avant de rentrer en studio. On s’est bien préparés et on a changé de label, pour se retrouver chez Season Of Mist. Ils nous ont alloué un bon budget et du coup, on a pu prendre le producteur qui nous faisait envie, c’est-à-dire Tue Madsen, au Danemark. L’enregistrement s’est hyper bien passé ; on n’avait jamais été aussi content d’un enregistrement et on a appris beaucoup de choses. L’album est sorti depuis 6 mois et on en est assez contents.

Par rapport à l’album précédent, quelles sont les évolutions ?
J’ai la sensation qu’on a poussé les extrêmes, autant vers le côté violent que vers le côté mélodique. On a des tempos beaucoup plus élevés que sur le premier album, mais pour autant, on a quand même beaucoup de parties de chant clair. Ça nous a permis de trouver une identité qu’on n’avait pas encore forcément sur le premier album. On a vraiment sorti le meilleur de DAGOBA, avec les tripes. Notre style s’est affiné en quelque sorte.

Et comment ça se passe la composition chez vous ?
Déjà, on choisit des périodes entre les tournées pour répéter. La plupart des compos viennent de Shawter qui est très fort pour trouver les couplets / refrains, la structure de base des titres en fait. Après, chacun est libre d’apporter ses riffs. On n’attaque jamais une compo avant d’avoir au moins 3 riffs qui se suivent et après, le travail d’arrangement, les ponts, intros, outros, riffs un peu spéciaux, là, c’est plus le travail de Franky et de moi, où là, on est plus efficaces. C’est vraiment un boulot complémentaire  depuis le travail de compo de Shawter. Nous, on travaille ensuite plus la technique pour arriver à bien jouer ses riffs mais comme chacun peut apporter ses idées, on arrive à créer des compos à chaque fois un peu différentes.

Dans ce cadre, comment peut-on définir la musique de DAGOBA ?
Ah, ce n’est pas évident. Perso, on n’aime pas trop mettre des étiquettes. Pour nous, c’est du métal avant tout. Je dirais plus du Power Metal mais il y en a que ça va faire tiquer… Pour nous, c’est plus dans le sens power metal à la Pantera, énergique, pas du power metal dans le sens européen du terme, comme on en a l’idée dans le heavy. C’est du power metal moderne en fait, un mélange d’influences des groupes des 10 dernières années. On a aussi des influences extérieures au Metal ; on joue vraiment ce qui nous passe par la tête.

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J’ai lu pas mal de chros où on disait que votre musique ressemblait à du Fear Factory…
Ouais, c’est souvent revenu. Je suis assez d’accord sur le premier album mais je pense que c’est une influence qu’on a su digérer pour que ça ne ressorte pas comme un cliché. Il y a beaucoup de choses dans ce groupe qu’on a aimées reprendre : les saccades  à l’unisson, avec les guitares / grosses caisse ensemble, très très propres sur tous les blocs. Après, sur le deuxième album dont on parle, on a réussi à s’éloigner de ça et à développer des choses plus personnelles par un mélange d’autres influences.

Est-ce que tu penses que le tournant de la carrière de DAGOBA a été cette tournée avec LOUDBLAST ? Parce que c’est surtout à partir de ce moment-là que vous avez commencé à avoir pas mal de presse…
Non, je ne pense pas que ça a été un tournant. Ça a été une bonne expérience, c’est tout, car c’était notre première tournée en tour-bus. C’était vraiment la première fois où on vivait ce que c’est que d’être sur la route dans des conditions professionnelles. En plus, il y avait une super ambiance avec eux. Ça nous a donné envie de passer à une étape supérieure, c’est certain. Cette tournée ne nous a pas donné une renommée énorme mais nous a donné un avant-goût de ce qu’on voulait vraiment faire. 15 jours après, on tournait avec SAMAEL et là aussi, c’était à peu près le même esprit même si c’était un peu moins copains / copains car c’était plus international, et ainsi de suite, jusqu’à ce que qu’on se retrouve sur cette tournée SPEULTURA / IN FLAMES, où là, c’était vraiment la grosse machine. Cette tournée LOUDBLAST aura plus été un tournant moral en tant que musicien, mais pas en terme de ventes.

On a déjà beaucoup parlé de votre album dans la presse, puisque vous avez eu un nombre incalculable de chroniques, mais êtes-vous surpris de l’impact que celui-ci a eu ?
Surpris… Pas vraiment parce qu’en sortant du studio, j’avais la sensation d’avoir fait un bon album. J’étais assez content et je pensais que les gens pourraient l’apprécier. C’est ce qui s’est passé et ce n’est pas vraiment une surprise. Ce n’était pas gagné d’avance parce que ce qu’on joue, on le fait d’abord pour nous, pas par démagogie, pour plaire absolument. Ce qui a été surprenant, c’est que grâce à cet album, on soit passé à une étape supérieure d’un coup sans être obligé de tourner tout de suite, pour être considéré comme un groupe majeur de la scène française. Cet album est né de beaucoup de boulot et qu’on en récolte les fruits aujourd’hui est très plaisant en fait…

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Vous avez tourné à la sortie de l’album mais en faisant des dates ponctuelles en fait. Le gros truc a quand même été la tournée européenne avec SEPULTURA et IN FLAMES. Je me souviens vous avoir vus à Lille quelques jours avant votre départ pour ce trip, et Franky m’avait dit qu’il ne savait pas trop comment vous alliez être mangés… Comment ça s’est passé en fait ?
Physiquement, ça a été assez dur pour nous parce qu’on a voyagé dans notre van tout pourri, pas en tour-bus. Ça coûtait trop cher. Mais bon, ça a été, rock n’ roll en même temps (rires) ! On aime ça et même si ça pue la bière… Tant mieux en fait (rires) ! Mais on a quand même eu la satisfaction de jouer tous les soirs devant des salles combles, entre 2.000 et 4.000 personnes chaque soir, parfois plus ! Ça, c’est quand même hallucinant et du coup, peu importe les galères de la journée et les mauvaises conditions de voyage, jouer tous les soirs devant des salles combles, ça efface tout. Au fur et à mesure, on s’est retrouvés à faire des concerts de plus en plus détendus dans des endroits nouveaux pour nous et on a été bien accueillis. Humainement, on a vraiment bien déliré avec les mecs de SEPULTURA et avec IN FLAMES aussi bien que leur mentalité scandinave soit un peu plus froide. Les retombées de cette tournée devraient être importantes à l’international, pas en France, parce qu’on n’en a pas tellement parlé… A ce niveau, je suis quand même déçu parce qu’il n’y a pas eu beaucoup de groupes français qui ont réussi à faire ça depuis très longtemps et on espérait un peu plus de reconnaissance en France. Je pense que cette tournée va nous permettre de sortir vraiment de France car on a marqué des points. On ne va pas toujours s’épuiser à ne tourner que chez nous.

Tu parles de reconnaissance… Je pense que c’est plus d’un point de vue médiatique parce que si on prend par exemple le concert d’hier où vous avez joué dans le Pas-de-Calais, les gens étaient surtout venus pour vous… AQME a joué après vous et la salle s’était bien vidée (NdWill : certains diront que c’est normal… lol)… Le public est là pour vous !
Oui, on s’en est surtout rendu compte depuis la sortie de cet album puisque les gens connaissent les paroles par cœur et on vend pas mal de t-shirts, donc il y a une grosse fan base. C’est vraiment une belle récompense. Effectivement, les gens sont prêts à nous soutenir, plus que la presse apparemment. Rien qu’aujourd’hui à Raismes, on a des gens qui sont venus de Belgique, d’Allemagne… Hier, à Sains-en-Gohelle, on a eu des Hollandais qui sont venus rien que pour nous, des mecs qui nous ont vus sur la tournée avec Sepultura. Le public ne s’y trompe pas, la presse parfois…

En plus, vous ne semblez pas être sectaires dans vos choix de dates puisque par exemple, hier, vous avez joué avec AMETHYSTE qui est un groupe de brutal death et AQME, qui est un groupe de punk à roulettes. Aujourd’hui à Raismes, c’est carrément heavy metal avec un public plus âgé… Vous pensez aussi avoir votre place sur un tel festival ?
Oui parce que toutes ces musiques-là, on les a aimées aussi et ça fait partie de nos influences. Ça ne se sent pas forcément dans notre musique mais on a tous été fans de heavy à une époque. On a tous aussi écouté du brutal death. On a donc notre place partout et le public est certainement un peu comme nous : ce n’est pas parce que tu as un t-shirt Cannibal Corpse que tu n’as jamais écouté de Machine Head…

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Quel est l’avenir de DAGOBA dans les semaines à venir ? Des dates encore prévues, un album à composer ?
On a encore une quarantaine de dates en France et dans les pays frontaliers jusqu’en décembre et après, on espère bien encore trouver une bonne première partie d’une grosse tête d’affiche américaine ou européenne pour essayer de travailler l’Europe en profondeur. On travaillera alors sur l’album. On a déjà des idées qui germent, chacun travaillant un peu chez lui quand on a un peu de temps. Pour l’instant, tout le monde fait son stock de riffs dans son coin et on a pas mal de fichiers audio à échanger. On va commencer à s’y atteler début 2007 en attendant qu’une nouvelle tournée européenne tombe.

Bon, c’est très bien que des groupes français réussissent et on est là aussi pour vous soutenir au travers de cette interview, mais ne pensez-vous pas que finalement il y a un phénomène de mode DAGOBA en ce moment, comme GOJIRA, et que tout ça risque de vite retomber, comme tout phénomène de mode ?
Non, je ne pense pas… On a eu l’appui des médias pendant un moment et on pourrait parler d’effet de mode si les gens ne se déplaçaient pas sincèrement. Or, on a des gens qui nous suivent depuis des années, avec des t-shirts qu’on vendait il y a 5 / 6 ans dans le public. Ces gens ont aimé le premier album, le deuxième aussi et attendent le troisième avec impatience. J’espère que ce n’est pas un effet de mode sinon ça voudrait dire qu’il va falloir trouver sur notre troisième album ce qui est  à la mode et franchement, on a toujours fait la musique qui nous plaisait avant toute chose. Du coup, les gens s’y reconnaissent. Le truc de trop suivre le vent est vraiment trop risqué. Ce n’est pas pour nous, ça ! Je suis donc assez confiant en l’avenir. 

Votre musique est essentiellement basée sur l’impact de la rythmique, comme souvent la musique Métal moderne. Est-ce qu’il peut y avoir un jour des solos dans DAGOBA ?
Je ne pense pas, non. On n’en voit pas l’intérêt dans notre démarche. Sur un festival comme aujourd’hui, il va y en avoir un paquet ; nous, on n’a pas envie de retomber dans ces clichés là… C’est vrai que ça doit manquer à certains mais il y a aussi beaucoup de gens que ça ferait chier ! Franchement… Même si on pourrait travailler la technique des solos, nous, on préfère travailler les séquences atmosphériques. On préfère apporter ce coté mélodique par ça, plutôt que de retomber dans le trip solo, qui là, pour le coup, me semble être un effet de mode pour les groupes modernes qui en remettent !

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Vous avez eu l’opportunité d’enregistrer un titre avec Vortex de DIMMU BORGIR… Sur le prochain album, ça sera qui ?
(rires) Là, je ne sais pas ! On verra… Peut-être qu’il y aura encore Simen… On n’a pas réfléchi à la question. Le featuring ne s’est pas fait sur une idée commerciale. En fait, on avait ce titre, « It’s All About Time », où on s’est dit qu’il fallait une voix bien heavy et on a dit à Tue Madsen, comme ça, en déconnant, qu’on verrait bien Vortex pousser une gueulante, étant tous des gros fans de Dimmu Borgir dans le groupe, que ça serait carrément génial ! Et là, Tue nous sort : « ok, bougez pas, je l’appelle ! » (rires). Sur ce, on est restés un peu sur le cul et c’est parti de là. Je suis content de ce featuring qui n’est pas du tout commercial parce que c’est quand même bien brutal et rien n’avait été prémédité. On verra bien pour le prochain album ; si ça se trouve, aucune chanson ne se prêtera à ça !

Donc, prochaine tournée : DIMMU BORGIR avec DAGOBA en première partie…
Oh, ça serait pas mal, hein (rires) ! Ce n’est pas ici que ça se décide, mais un truc comme ça nous ferait bien rêver ! Surtout que je pense que le public de Dimmu Borgir n’est pas un public true black metal ; c’est un public qui est plus ouvert et on ne se prendrait pas de canettes pour autant… Si jamais une telle tournée peut se faire, nous, on fonce à 200 % !

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sC’est vrai aussi que si vous avez pu franchir un palier, c’est grâce au soutien de votre label, Season Of Mist, non ?
Déjà, Season Of Mist nous ont procuré ce qu’on voulait depuis longtemps, c’est-à-dire une distribution internationale. C’est quelque chose qui n’est pas évident à trouver pour un groupe français. Eux, ils nous l’ont offerte d’emblée ! Ensuite, ce label commence à être assez puissant et peut donc faire marcher ses contacts pour nous mettre sur des tournées intéressantes. On a pu faire cette tournée avec Sepultura et In Flames grâce à ça et c’est certainement aussi grâce à eux qu’on va pouvoir faire quelques gros festivals d’été l’an prochain. Donc, en dehors de leur apport financier avec lequel on a pu enregistrer un bon album, Season Of Mist nous offre donc surtout ces contacts qu’on n’avait pas avant avec nos producteurs indépendants.

Bon, je crois qu’on a fait un tour intéressant de la question. Un dernier mot à rajouter ?
Ouais, je voudrais dire aux fans de DAGOBA que le groupe les remercie à fond parce que c’est grâce à eux qu’on en est là ! On compte donc sur leur soutien futur pour que l’aventure continue comme ça. Et merci aussi à toi pour cette interview…

Site : http://www.dagobaonline.com

* All live pics by Will Of Death – Raismes Festival – September 2006