Cette intro est la plus longue de ma carrière sur Noiseweb et Metal Observer mais parfois, il faut savoir se faire un petit plaisir solitaire ! 1980, j’ai 9 ans. Alors que mes seules connaissances en matière de rock un peu énervé se limitent à « Money » de Pink Floyd et à « Come On, Come On » de Gary Glitter, et que la seule voix aigue que j’écoute est celle de Dave sur « Vanina » (lol…), un jour, mon père se pointe avec une cassette d’un groupe français nommé TRUST, car il a entendu plusieurs fois à la radio le titre « Antisocial »… Et là, PAF ! Je me prends une claque monumentale ! Pour moi, tout y est : un son de guitares que je n’ai jamais entendu, des rythmes soutenus, des solos de fou plein de feeling, et des paroles agressives et politisées. Et ouais, déjà à 9 ans, je m’y intéressais… Je suis alors complètement scotché au plafond devant tant de talent !!! Je viens tout simplement de découvrir le hard rock grâce à l’album Répression, sorti quelques semaines avant et qui cartonne partout, et le virus ne m’a plus jamais lâché ! Evidemment, je deviens un fan invétéré du groupe, achetant tous les patches et les badges possibles, devenant par là-même un rebelle dans mon école, avec ma veste en jean patchée, mon sac US avec le TRUST bien en évidence devant, écrit au marqueur et mon bob AC/DC… 26 ans, plus tard, je viens de réaliser mon rêve de gosse : j’ai enfin rencontré mes idoles, Bernie et Nono, qui étaient à Lille en ce mercredi 27 septembre pour présenter à la presse le DVD live qui va sortir le 20 novembre et pour bien sûr nous parler des 4 dates importantes qu’il vont donner en décembre en compagnie de Farid et de Vivi (le line up cultissime de TRUST pour moi…), mais aussi de bien plus encore comme on pouvait s’y attendre avec ces gens… Evidemment, je ne me suis pas privé de faire des photos avec eux et de leur faire signer tous mes vieux trucs en vynil et cette fameuse cassette toute niquée que j’ai toujours !!! Retranscription sans coupure ni modification d’un entretien magique. Juste un truc à rajouter, tout simplement : MERCI pour tout et MAXIMUM RESPECT ! |
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Entretien avec Bernie et Nono, par Will Of Death *
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Votre
retour a été fait cet été en Bretagne sur
ce festival à Bobital. Tout d’abord, qu’est-ce qui a
motivé ce retour en fait ?
Nono : L’opportunité de jouer dans un festival devant
beaucoup de monde, avec une belle affiche… En
l’occurrence, Jean-Louis Aubert, Chuck Berry, Little Richard,
Jerry Lee Lewis sur la même scène, ce qui est assez rare !
Fêter nos 50 ans sur scène… On peut le dire, non,
Bernie (sourires) ? Voilà… Et pourquoi pas, tout
simplement ?
Justement, vous n’avez pas un peu joué aussi ce soir-là pour vos idoles ?
Nono : Ces gens font partie de nos influences, c’est sûr.
Bernie : Ce sont des pères. On a tapé la pose photo avec Jerry Lee Lewis, tout ça quoi…
Bon, moi, je ne vais pas tourner
longtemps autour du pot. Limite, là, en étant avec vous,
je vais me pisser dessus si ça continue (rires), mais ce
soir-là, vous ne vous êtes pas aussi un peu
retrouvés dans la position de fans ? Je pense à Chuck
Berry pour Nono, par exemple…
Bernie : Ouais, grave !
Nono : Ouais, obligatoirement… On est toujours fans de toute façon.
Bernie : Bien sûr ! Quand on a fait la photo ensemble avec Jerry
Lee Lewis, quand j’ai vu Little Richard passer à 30 cm de
moi, ça a été quelque chose !
Pas blasés, donc ?
Bernie : Non, surtout pas… Et surtout ce qui est assez
exceptionnel, c’était d’avoir les trois sur le
même plateau.
Nono : Le pire, c’est qu’on a joué en tête d’affiche, après eux !
Bon,
on va évacuer tout de suite la question qui risque de
fâcher : tout a été dit et n’importe quoi
d’ailleurs là-dessus, mais on a parlé d’une
énorme somme d’argent pour que vous fassiez la tête
d’affiche de ce festival. Est-ce que le fait d’enregistrer
ce DVD ce jour-là a été une manière de
légitimer votre présence et de faire taire les critiques
maintenant ?
Bernie : Y a pas à remuer du cul : on fournit un travail, on
fait plaisir aux gens, on est rémunérés en
conséquence. Y a rien de malsain ni de louche. (À ce
moment-là, le manager et producteur du groupe, Fefe, qui est
là, intervient… : « y a toujours des bruits qui
circulent de toute façon ! Tout ça, c’est de la
merde… »)
Nono : De toute façon, on n’a pas été
demandeurs. On nous a fait une proposition et on en a parlé
entre nous. On s’est dit : tiens, pourquoi pas, d’autant
que l’occasion est super et on s’est alors juste dit que
nous allions reprendre un peu de plaisir ensemble, avec Farid et
Vivi… C’est tout simple ! Et en plus, ça a
été très rapide.
Et est-ce que l’idée de
faire un DVD vous avait déjà traversé
l’esprit, avant qu’on ne vous fasse cette proposition ?
Bernie : Ben, là, ce qui était intéressant,
c’était de faire un « one shot », quoi…
On a répété 10 jours et on s’est
retrouvés devant 45.000 personnes ! C’est assez
vertigineux mais c’est aussi très intéressant
à faire !
Nono : Et donc, pourquoi pas l’enregistrer et le filmer,
ouais… ça aurait été dommage de ne pas le
faire !
Carrément !!!
Nono : Voilà… Autant que tout le monde en profite ! Ceux
qui n’ont pas pu venir au concert, notamment et les fans en
général.
Plusieurs fois, le groupe s’est
arrêté, reformé, arrêté…
Comment vous expliquez ça ?
Bernie : C’est comme dans la vie ! Dans la vie, y a des hauts et
des bas dans les couples, ben nous, c’est pareil. Les choses sont
très simples, c’est une longue histoire quand
même… Dans la vie, y a des clashs.
Nono : Exactement ! Des hauts, des bas… Et des envies surtout !
Nous, on vit au présent car on n’a jamais vécu avec
notre passé. Ce qui nous intéresse, c’est le
présent et demain. Le reste, c’est derrière nous et
basta !
Mais
quand même, pour revenir en arrière, et là,
c’est le pur fan que je suis qui parle, c’était quoi
votre intention au départ ? Vous vous attendiez à un tel
succès ?
Bernie : En 1977 ? On voulait tout simplement jouer ! Tout ce qui nous
est arrivé après, c’est un truc de fou. On
n’a rien fait de spécifique pour ça : on a eu
beaucoup de chance, et on a aussi beaucoup travaillé !
Après, on a été les premiers surpris de vendre ce
qu’on a vendu, de toucher les gens comme on les a touchés,
que 30 piges après, que les titres soient toujours là.
Toutes ces choses, on ne pouvait pas les calculer. On s’est juste
contentés de faire ce qu’on savait faire au moment
où on l’a fait. C’est tout…
Et à un moment, vous
n’avez pas senti que vous étiez des chefs de file et que
vous aviez une certaine responsabilité pour la scène
française ?
Bernie : Non ! La seule responsabilité qu’on a eue,
c’était les uns vis-à-vis des autres et des fans
pour la musique. Après, chacun est libre. On a tous notre
libre-arbitre, hein !
Vous avez chanté quand Giscard
était président, et là, y a Chirac et Sarkozy ; y
a que la droite qui vous inspire (rires) ?
Bernie : (rires). Ouais, faut croire qu’ils nous inspirent ! Mais
ce n’est pas en fonction des gens. L’époque
génère certains trucs. Là, par exemple, on a fait
3 nouveaux titres, dont un qui s’appelle « Sarkoland
»…
Et ça parle de quoi en gros ?
Bernie : La France, on l’aime ou on la quitte ! Voilà…
Dans les prochains concerts,
là, vous pensez vous adresser à qui ? A un public jeune
et défavorisé comme à vos débuts ?
Bernie : Non, on s’adressera aux gens qui seront là. On ne
va pas faire de discrimination positive sur notre public !
Après, c’est une question de génération.
Quand on a joué à Bobital, on a rencontré des gens
qui avaient notre âge et aussi plein de jeunes. On brasse
maintenant sur 2 voire 3 générations.
Est-ce que vous trouvez que les
messages véhiculés par des chansons comme « Bosser
Huit Heures », « Police, Milice », « Palace
», sont toujours d’actualité ?
Bernie : Ben, on l’a vu sur les manifestations contre le CPE ;
« Antisocial » était joué partout,
quoi… Après… Il y a peut-être des choses qui
perdurent, ouais. C’est un triste constat, dans l’absolu.
C’est un peu la même chose
pour « Mr Comédie », qui dénonçait
déjà l’intégrisme religieux de
l’Ayatollah Khomeiny, voire même encore pire maintenant !
Bernie : Peut-être pas en fait, c’est encore autre chose
aujourd’hui. Les chansons traversent le temps et elles ont la vie
qu’elles ont… Mon écriture a toujours
été faite à l’instinct en réaction
à quelque chose…
Et
est-ce que tu es toujours aussi énervé face aux maux de
la société, qu’il y a 15, 20 ou 25 ans ?
Bernie : Non, pas énervé, en colère ! Il faut
rester en colère. Ça nous évitera tous de devenir
des vieux cons.
Il y a quelques années, vous
aviez sorti un album avec des reprises, dont une des Rolling Stones.
Comment vous les considérez ? Parce qu’eux aussi, ils sont
un exemple de longévité… ou au contraire, est-ce
qu’ils sont une anomalie dans le paysage musical, vu leur
âge ?
Bernie : Les Stones ? Il faudrait être barge pour dire du mal des
Stones ! Ils ont fait quelques bonnes chansons quand même (rires)
! On a plus été influencés par eux que par AC/DC
par exemple puisqu’on reprenait des chansons des Stones sur
scène dès le départ. On a ouvert des concerts avec
« Jumpin’ Jack Flash » par exemple. Non, mais les
Stones, au-delà de leur longévité, c’est une
référence planétaire et absolue !
Mais faut être clair aussi :
vous êtes vous aussi des sortes d’icônes nationales
du rock français, bien au-delà du hard rock ou du
Metal… C’est un peu pour ça que je parlais un peu
de responsabilité tout à l’heure. Ça
n’a pas été lourd à porter ça des
fois ?
Nono : Ouais, nationales…
Bernie : Nan, mais franchement, quand on a vécu ce qu’on a
vécu, il n’y a rien de lourd ! On a été
servis, on a eu beaucoup de chance, on est heureux d’être
là…
Nono : Ca fait plaisir d’être connus et d’avoir cette longévité…
Bernie : Ca ne peut pas être un poids. Quand on a démarré, on n’avait pas de plan de carrière.
Nono : On a toujours travaillé à l’instinct de toute façon.
Bernie : C’est justement pour ça qu’on a fait des
choses magnifiques, mais aussi des trucs sur lesquels on s’est
royalement plantés. Tout ça reste profondément
humain, quoi… On ne nous a jamais dit comment il fallait faire
les choses même si certains ont prétendu autre chose. La
réussite comme les échecs qu’on a eus, on ne peut
que les imputer à nous-mêmes.
Vous allez donc repartir pour 4 dates dans des grosses salles pour promouvoir le DVD. Vous vous attendez à quoi ?
Nono : On s’attend surtout à prendre du plaisir. Et à en donner, tout simplement. Partager…
La question que tout le monde se pose est simple : est-ce que TRUST a un avenir après ces quatre shows ?
Nono : On verra ! Bernie a pas mal d’occupations
cinématographiques, moi aussi. Comme je le disais tout à
l’heure, pour l’instant, on vit au présent. On va
déjà faire ces concerts et on verra après.
Bernie : Y a rien de planifié. Les choses seront faites de manière très simple, comme on les sentira.
Justement, tu es impliqué dans le cinéma maintenant, Bernie. Tu en es où, là ?
Bernie : Justement, je commence le tournage de mon 4ème film en
janvier. Le fait de jouer, de faire de la musique, c’est une
sorte de respiration pour moi maintenant. Je le prends comme ça.
Sur l’affiche des concerts, vous
avez mis un message autour du mot « campagne ». C’est
dans un sens rural ou politique ?
Bernie : Non, je pense que les gens doivent aller absolument voter lors
des prochaines élections. C’est clair et net.
Tu as un favori ? Plutôt vers la gauche, je suppose ?
Bernie : Ouais, plutôt vers la gauche évidemment. En tout cas, contre Sarkozy, ça c’est clair !
Tu ne donnes pas de nom ?
Bernie : Non. Je ne dis pas de voter pour quelqu’un, mais contre
quelque chose. Contre une idée, ouais ! Même pas contre le
bonhomme, mais contre une idée qui est détestable. Contre
sa xénophobie et son racisme.
Vous avez toujours été
un exemple vous, avec un Français, un Arabe, un Juif, un
Italien et maintenant un Noir dans le groupe… Vous
êtes à même de pouvoir critiquer certaines choses.
Nono : Ben ouais !
Et qu’est-ce qui vous fait vraiment hurler ?
Bernie : D’entendre ce qu’on entend et de voir ce
qu’on voit ! De voir que les CRS chargent les lycéens, que
des flics aillent chercher des gosses jusque dans les maternelles, de
vouloir karschériser les lieux et les gens. La France, on
l’aime ou on la quitte, quoi ! Ces gens-là, on est
allés les chercher, ils n’ont pas demandé à
venir. Pourquoi on leur demanderait de partir aujourd’hui, quoi ?
On a un problème de mémoire dans ce pays : on a
passé des années et des années à aller chez
les autres parce qu’on était des colonisateurs, à
les spolier, à les piller. Après, on est partis en les
laissant juste avec les yeux pour pleurer. Maintenant, on se plaint que
ces gens-là veulent venir ici. Y a un moment où tu dois
payer toutes ces choses-là, c’est normal. C’est
logique : un moment, ces gens-là sont en droit de venir
rechercher ce qu’on leur a volé, quoi ! Alors,
s’insurger contre ça, je trouve ça vraiment
détestable et je le dénonce. Ce n’est pas par du
pur répressif que les choses vont s’arranger ; il faut
s’attaquer à la cause du mal pour résoudre les
problèmes, pas au mal lui-même, tu vois. Et de toute
façon, ces gens s’y prennent très mal, de
façon détestable. Quand on tient des propos comme
ça en Amérique du Sud, c’est choquant mais je
dirais qu’on est rôdés parce que là-bas,
c’est presque constitutionnel, quoi, mais d’entendre
ça ici, moi, ça me fout les j’tons ! Il y a 60 %
des gens actuellement qui pensent qu’il a raison, qu’on
doit être plus répressif avec les mineurs. A un moment, je
pense que les gens vont quand même devoir ouvrir les yeux un peu,
quoi !!!
Vous n’avez pas un peu
évolué politiquement quand même depuis les tous
débuts du groupe ? Parce qu’au départ, vous
étiez plutôt un groupe anarchiste et là, vous
appelez à voter (alors que vous étiez plutôt
ironiques sur ça sur Marche Ou Crève d’ailleurs,
dans « La Grande Illusion »…) ?
Bernie : La gauche nous a tapés dessus en disant qu’on
était de droite, et la droite disait qu’on portait le
drapeau rouge ! C’est encore des histoires de papiers…
Nous, on n’a jamais appelé à voter pour un parti,
on a fait des concerts de soutien pour des usines en grève, pour
les ouvriers, on a joué avec tout le monde et
voilà… Après, les gens votent la couleur
qu’ils veulent. Mais de toute façon, là, il faut
voter ! C’est clair… On a encore la possibilité de
le faire. Faut que les gens se bougent pour les adolescents par
exemple. Une démarche citoyenne est nécessaire. Le vote
peut être aussi un moyen de sanctionner aussi… Pas en
brûlant la voiture du voisin qui risque de perdre son boulot
après. Il faut voter ! C’est très important.
Et votre vision de l’Europe, par
rapport au moment où vous aviez sorti Europe Et Haines, elle a
évolué aussi ?
Bernie : J’sais pas, l’Europe est morte à Sarajevo, non ?
Nono : L’Europe, c’est une belle chose mais ça prendra du temps.
Bernie : Sur le papier, c’est super mais l’Europe a
été incapable de régler une épuration
ethnique et des tueries en masse en Bosnie. L’Europe,
franchement, ça ne veut pas dire grand-chose…
Pour revenir un peu à la
musique, et notamment au DVD, à part le concert en
lui-même, on trouvera quoi dessus ?
Nono : Y aura ces trois morceaux totalement inédits qu’on
a enregistrés en studio juste après le festival, et des
bonus comme des archives de concert de 1989, des petits extras…
Donc, à part « Sarkoland », comme nouveaux titres,
il y aura « La Mort Rôde » et « Chaude Est La
Foule ». (NdWill : après écoute ce jour-là,
on peut dire que les titres sonnent comme ce que TRUST a pu proposer
assez récemment sur Europe Et Haines ou Ni Dieu Ni
Maître…). Ça sera toujours du TRUST de toute
façon, c’est une couleur qu’on a…
Bernie : Après, il y aura des additifs : sur scène, par exemple, on aura un DJ.
Tu es sérieux, là ?
Bernie : Ouais, c’est vrai…
Nono : Pourquoi pas ? Sur les premiers albums, y avait bien du piano et du saxo !
Bernie : C’est un mariage intéressant et nous, on trouve que ça fonctionne, donc…
Toujours l’idée d’ouverture d’esprit, quoi, même dans la musique…
Bernie et Nono : Ouais, ouais…
Nono : C’est aussi histoire de rester à la page et de
continuer de faire ce qu’on a envie de faire ! Tout
simplement…
Et en ce qui concerne les gens qui
vont vous accompagner, vous avez demandé à vos anciens
collègues de vous accompagner alors… C’est cool,
ça !
Nono : Ouais, y a Vivi Brosco qui était avec nous depuis 1980,
quasiment depuis le début, Farid Medjane à la batterie et
un nouveau, Iso Diop, le petit nouveau, qui est black. Il est jeune et
il nous donne ce petit côté fraîcheur, entre
guillemets…
Bernie : Il est programmateur, bassiste, guitariste, il fait tout et humainement, c’est un bon gars !
Comment se sont passées les
retrouvailles, plus en terme musical, quand vous avez commencé
les répètes ? Le feeling était tout de suite
là ?
Nono : Ouais, carrément ! C’était du genre : allez, 3, 4 et on fait de la musique.
Bernie : Puis on n’avait pas trop le temps non plus… On
n’a répété que 10 jours pour Bobital,
c’est très court pour jouer un set de 2 heures et demi,
quand même !
Nono : Ca a été musique, musique, musique, pendant 10 jours…
Pour un fan comme moi qui ai
commencé à écouter du hard rock avec vous aux
débuts du groupe, c’est carrément la dream team de
TRUST qui est réunie, là, le line up ultime, sauf Moho
peut-être !
Nono : Bon, ben, tant mieux alors (rires) ! Comme on l’a dit, on
est là pour prendre du plaisir et en donner. Donc, ça
devrait pouvoir le faire !
Nono, tu peux nous parler de ton aventure musicale avec Johnny Hallyday ? Tu en gardes quand même des bons souvenirs ?
Nono : Quoique je fasse, je ne garde toujours que les bons souvenirs !
Ça a été une grande expérience, ouais !
Bon, tu dis que tu ne gardes que des
bons souvenirs de tes expériences, mais là encore, en
tant que vrai fan, j’ai quand même encore une question qui
va peut-être vous faire chier mais je vous la pose quand
même : vous me faites un peu penser vous deux à Jane
Birkin et Serge Gainsbourg, ou à encore Bruce Dickinson et Steve
Harris dans IRON MAIDEN. Votre relation, c’est quand même
un peu « je t’aime, moi non plus », non ?
Bernie : Je ne connais pas suffisamment l’histoire d’IRON
MAIDEN pour te répondre, là (rires généraux
dans la salle, devant cette admirable « pirouette
»)…
Nono : Tu sais, je crois que chaque histoire est personnelle et ça, c’est notre histoire…
Ouais, c’était pour vous
titiller un peu... Je crois que je ne me tromperais pas beaucoup en
disant au nom des fans que le plus important est que vous
reveniez…
Nono : Ouais, voilà quoi ! On est contents d’être là et ça, c’est important !
Comment
vous expliquez le succès fulgurant de votre début de
carrière ? Parce qu’on se rappelle que vous avez
joué ici dans le Nord en 1980 à Roubaix devant 20
personnes et encore, y a des gens qui n’avaient pas payé,
et vous aviez assuré le set complet avec une vraie ardeur. Vous
mettiez un cœur terrible à assurer votre show. Un mois
plus tard, vous jouiez à l’ancienne Foire de Lille qui
avait affiché complet (au bas mot, devant 4 / 5.000 personnes si
mes vieux souvenirs de cette salle sont bons) ! Du délire, non ?
Nono : C’est vrai, je me souviens très bien de cette salle
de Roubaix. Mais ce qui nous est arrivé, c’est parce
qu’on a toujours été sincères et qu’il
y ait 20 personnes ou 10.000, c’est pareil. Quand on est sur
scène, il faut se donner, on est là pour ça, pour
faire de la musique et s’éclater.
(Un collègue belge prend alors
la parole) Vous avez aussi failli jouer aussi une fois à
Mouscron dans une salle toute pourrie avec le sol en terre battue mais
le concert avait été annulé parce que
l’électricité était catastrophique, pour des
raisons de sécurité. Vous vous souvenez de ce concert ?
Nono : Ouais, c’était hyper dangereux ! On a passé
la soirée à l’hôtel en fait…
Bernie : C’est alors qu’on a tapé un foot sur le
parking et ça s’est fini au poste parce qu’il
paraît qu’on faisait trop de bruit (rires) !
Nono : Trois de nos technicos ont fini à l’hôpital
parce qu’ils avaient eu maille à partir avec la police
belge (rires) et finalement, c’est tout le groupe a fini au
poste, en prison ! Belle expérience ! On s’en rappelle
bien, ça n’arrive pas tous les jours quand même
(rires) !
Et l’épilogue de cette histoire ?
Nono : Et ben, on n’est jamais retournés à Mouscron (rires) !
Bernie : On avait dû signer une décharge comme quoi on
n’avait pas été battus, tout ça quoi…
Je me souviens très bien de cet organisateur de merde, là
: Delahaye… Lui, son souvenir est gravé.
Nono : Tout est de ta faute d’ailleurs, tu ne voulais pas montrer tes papiers ! (Bernie se marre…)
Bernie : On a quand même beaucoup joué par la suite en
Belgique, dans des conditions parfois folklo, d’ailleurs…
On te conseille quand même de venir le 13 décembre nous
voir à Lille parce qu’on ne passe pas en Belgique,
là… On rejouerait bien chez vous parce que je trouve que
vous avez une ouverture d’esprit qu’on trouve difficilement
ailleurs, c’est différent. Dans le cinéma aussi,
comme ce sacré Benoît Poelvoorde que j’ai
déjà croisé pas mal de fois et qui est un
phénomène… C’est un acteur magnifique. (Fin
de l’intermède belge)
Même encore aujourd’hui, vous seriez capables de ne jouer que devant 50 personnes ?
Nono : Avec grand plaisir !!!
Bernie : Ce serait une hérésie que de dire qu’on ne
joue qu’à partir du moment où il y a 10.000
personnes ; quand on décide de faire de la musique, faut
accepter le fait que des fois, y a pas beaucoup de monde. Après,
s’il y a du monde, tant mieux évidemment.
Mais là, vous n’allez faire que très peu de concerts, et encore, dans des salles immenses…
Nono : C’est uniquement pour des questions de planning. On ne peut pas faire plus.
Bernie : Ouais, et puis, c’est bien, tu vois, on va y aller à notre mesure, prendre le temps de faire les choses.
Oui,
d’autant qu’en janvier, donc, tu enchaînes sur un
nouveau film que tu vas réaliser, ton quatrième…
Bernie : Ca va s’intituler « Yehmma, la France
d’En-Bas » (NdWill, ce qui veut dire « Maman »
en arabe mais je ne suis pas sûr du tout de l’orthographe,
là, 1000 excuses par avance…), c’est une chronique
sociale.
Les Démons De Jésus, ou
encore Les Grandes Bouches, en quelque sorte, c’était
déjà aussi des chroniques sociales, tout comme Blanche
d’ailleurs, dans un autre style… Ca reste donc dans le
style…
Bernie : Carrément, ouais !
Les films comme les textes de tes chansons, tout ça ne forme qu’un tout, quoi…
Bernie : Exactement.
Et où est-ce que tu as pris le plus de plaisir ? Sur scène ou derrière une caméra ?
Bernie : Je crois que ce n’est pas en terme de plaisir, mais plus
en terme de plénitude. J’adore communiquer sur
scène et j’adore l’attitude que j’ai sur un
plateau de cinéma. Ça ne me dérange pas du tout de
ne pas être dans la lumière quand je réalise un
film.
Et toi, Nono, d’autres activités hormis ces dates avec TRUST ?
Nono : Moi, c’est la musique, toujours la musique. Des projets
avec d’autres artistes, des copains, un truc solo aussi. Jouer,
toujours !
Tiens, y avait le salon de la musique
là, dernièrement, à Paris, je suppose que tu y
étais… Que penses-tu de tous ces guitar-heroes qui ont
une technique et une vitesse hallucinantes mais qui manquent selon moi
complètement de feeling, contrairement à toi qui a un
feeling carrément rock n’ roll ?
Nono : Effectivement, j’y étais. Ben, je dis qu’il y
a de la place pour tout le monde même s’il y en a beaucoup
plus qu’avant. Moi, je dis que c’est bien : la barre est
très haute et la technique a évolué. Après
chacun reçoit la musique selon sa sensibilité et chacun
fait son tri…
Quand vous avez sorti vos premiers
albums, vous étiez novateurs. Maintenant, il y a une multitude
de groupes, d’autant que le support CD est quand même moins
restrictif que le vynil. Est-ce que vous pensez que si vous
débarquiez maintenant, vous pourriez avoir le même
succès ?
Bernie : Je ne sais pas !
Nono : Ouais, peut-être qu’il y a plein de groupes mais en
ce qui nous concerne, je ne me pose même pas cette question de
savoir si ça va marcher ou pas. De toute façon, on ne se
l’est jamais posée ! On le fait, c’est tout…
Bernie : Ca serait prendre le problème à l’envers,
ça… Ca serait calculer. L’important, c’est de
le faire ! Après, les choses viennent ou pas. C’est comme
les rumeurs, les machins, là… Les gens parlent beaucoup
mais le plus important, c’est de FAIRE ! Le reste, on s’en
branle…
Nono : Entièrement d’accord !
PS
: Un très grand merci à Bernie et Nono pour leur temps et
aussi à Arno Geenens, régisseur du Splendid à
Lille, pour sa précieuse aide pour cette interview !
Site de TRUST : http://www.trust.tm.fr/