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Préparer et retranscrire une interview peut être assez fastidieux… Sauf que dans la montagne de trucs que l’on a à faire tous les mois en plus de nos tafs respectifs, on retrouve parfois vite sa motivation : « Au fait, Will, ça te dirait d’interviewer Tom G. ‘Warrior’ Fischer de Celtic Frost, pour la sortie enfin officielle des 3 démos de HELLHAMMER ? Tiens, voilà son numéro perso, appelle-le le lundi 14 janvier à 13 h chez lui ! » ! Alors, d’habitude, quand c’est nous qui devons appeler, on envoie chier tout le monde, sauf que là, putain, vous vous rendez pas compte ! Pouvoir enfin parler à cette légende qui a donné ses lettres de noblesse à la Noirceur ! C’est simple, sans Hellhammer, il n’y aurait jamais eu le black metal, toute cette imagerie satanique et les corpse-paints, les croix renversées et tout le toutim ! Hellhammer a tout inventé en 1983. Alors, pour fêter les 25 ans de l’enregistrement de ces démos, rendons grâce au Seigneur des Ténèbres et à un Tom G. Warrior toujours aussi torturé, pour ce qu’ils ont apporté à notre musique !
Nous en avons aussi évidemment profité pour demander des news de Celtic Frost !
Interview évènement...

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°16 de Fév. 2008


 Interview de Tom G. Fischer (guitares, chant), par Will Of Death
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Comment es-tu venu à la musique, et pourquoi particulièrement au Métal ?
J’ai commencé à jouer en 1981. Le Métal était pour moi la meilleure échappatoire par rapport à la réalité de ma vie. A cette époque, j’avais de très mauvaises et sombres idées dues à ce que j’ai vécu durant mon enfance et ma jeunesse ; j’avais donc besoin d’écouter la musique la plus radicale possible, et c’est ce que j’ai trouvé dans le heavy metal. Les valeurs véhiculées par le Metal étaient en parfaite adéquation avec mon état d’esprit de l’époque.

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de créer une musique si sombre à l’époque, plus rapide ou au contraire plus doom que les standards de l’époque, qui étaient le heavy metal ?
C’est comme je te disais avant : ma vie jusque là avait été terrible. Je n’étais que frustration, agression et douleur et j’ai eu envie de faire sortir de moi une musique encore plus sombre que ce que faisait le heavy metal de cette époque. Mes sentiments étaient tristes et radicaux ;  du coup, quand je suis devenu moi-même musicien, ma musique se devait d’être radicale aussi… Comme j’ai toujours été très triste, j’avais besoin de musique heavy : j’ai découvert Motörhead en 1979 et j’ai été complètement soufflé par la puissance de leur heavy, je n’avais jamais rien entendu de tel ! Ensuite, j’ai découvert quasiment en même temps les premières démos du groupe punk Discharge et le premier 45t de Venom, « In League With Satan », en 1981. Au travers de cette musique, j’ai été confronté en fait à ce qui se passait en moi… Ces deux groupes n’étaient pas très éloignés en terme de pensée et c’est ce que j’ai eu envie de faire.

Vous vous formez en 1982, et vous sortez 3 démos en 1983. On peut dire que vous étiez ultra prolifiques à cette époque, non ?
On se forme en mai 1982, oui, mais on ne peut pas vraiment parler d’inspiration, plutôt d’émotions radicales. Ce n’était pas un choix artistique à cette époque. C’était juste ma réalité, la vie que j’avais. J’avais de la peine et de la douleur, et l’humanité me dégoûtait. De juin à décembre 1983, on a enregistré les 3 démos ; il faut les voir comme des photos de ce que nous faisions à cette époque, de ce que nous étions, et le contenu des lyrics ne fait que refléter ce que je vivais.

Pourquoi Hellhammer n’a-t-il sorti que le EP Apocalyptic Raids en 1984 ?
Parce que Hellhammer était un groupe ultra underground, tout simplement ! On n’était pas du tout accepté, sauf par quelques personnes. Ce n’est que bien plus tard, avec l’apparition du black metal en Scandinavie, que Hellhammer a été cité comme une référence. En 1983, personne ne pouvait nous sentir et ce groupe n’avait aucune chance de se bâtir une carrière au début des années 80. Quand nous avons sorti le EP, tout le monde dans la presse l’a détesté, la plupart des fans n’ont pas accroché, pas plus que la maison de disques d’ailleurs. Comment continuer dans ces conditions ? On ne trouvait même pas de musiciens pour jouer avec nous. La maison de disques n’a donc pas voulu continuer. Le mouvement NSBM (National-Socialiste Black-Metal) a alors essayé de récupérer Hellhammer ; pour Martin et moi, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ! Là, on s’est dit qu’il fallait que l’on forme un nouveau groupe. Nous avons donc repris les choses que nous aimions dans Hellhammer pour former un autre groupe, à savoir la noirceur et la lourdeur, laissant derrière nous tout le reste.

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As-tu aussi pensé que Hellhammer était trop limité musicalement, quand vous avez formé  Celtic Frost ?
Ça peut être une partie de l’explication, mais nous savions surtout qu’en formant un nouveau groupe, nous pourrions aller plus loin dans la lourdeur. Nous voulions aussi travailler artistiquement, réfléchir un peu plus. A ce niveau, Hellhammer n’avait aucun futur et nous n’avons jamais réussi à avoir un line up stable en deux ans d’existence, simplement parce qu’il était impossible pour beaucoup de musiciens de jouer une musique aussi radicale à cette époque. Faut bien se replacer dans le contexte de 1983… A part nous et Venom, qui jouait cette musique ? Personne ! La scène Metal Extrême telle que nous l’envisageons aujourd’hui n’existait pas, il n’y avait pas de musiciens branchés par ça. En Suisse, tout le monde voulait ressembler à AC/DC, Ronnie James Dio ou jouer des trucs techniques, taper le solo… Hellhammer fut pour l’époque un groupe hyper extrême et primitif, plus heavy que tout le reste, et pour beaucoup, ce n’était pas de la musique, juste du bruit ! C’était complètement différent par rapport à aujourd’hui…

Avais-tu conscience de créer une musique novatrice à l’époque ? Parce que quand même, maintenant, vous êtes une influence majeure…
Peut-être mais comme je te l’ai dit au début, je voulais juste exorciser ma douleur de manière très personnelle. Voilà ce qu’était Hellhammer, un exutoire, rien d’autre. Jamais, quand j’ai commencé à gratter, je n’aurais pu penser devenir une influence pour quiconque ! J’aurais bien aimé à l’époque jouer des trucs comme Iron Maiden ou Venom, mais ça ne faisait qu’un an que j’avais ma guitare quand j’ai formé Hellhammer ! Je n’étais pas bon, je n’étais qu’un mec qui jouait dans sa cave : comment aurais-je pu penser que j’allais devenir une influence ? Cette pensée ne m’a d’ailleurs jamais quitté, j’ai toujours joué pour moi, sans tenter de devenir quoique ce soit d’autre qu’un musicien. J’ai écrit de la musique pour survivre mentalement ; c’est la seule chose que j’ai pu trouver pour ne pas devenir cinglé. 

Quand le nom de Hellhammer est devenu culte, et aussi celui de Celtic Frost par la suite, comment as-tu réagi ? Ce fut une surprise ?
Oui, mais à cette époque, je n’en avais plus rien à cirer de Hellhammer. Tout le monde s’est mis à citer Hellhammer comme une référence mais moi, je ne parvenais toujours pas à séparer ce groupe de ma vie de l’époque. Je ne pouvais rien faire d’autre que ça en 1982 / 1984, c’était trop douloureux, trop radical. Du coup, j’ai essayé de mettre cette partie de ma vie de côté, et Hellhammer en faisant partie, ce groupe est passé à la trappe aussi dans mon esprit. Voilà pourquoi je m’en foutais qu’on cite souvent ce groupe. Ce sont surtout ces 6 dernières années où j’ai repensé à Hellhammer…

D’où vous est venue cette fascination pour le satanisme à cette époque ? Des démons que tu avais justement en toi ?
Ce n’est pas une fascination pour le satanisme, mais plus pour l’occultisme. Je me suis intéressé à tous les aspects des religions et de l’occultisme. Nous n’avons jamais suivi une seule doctrine, mais il est vrai que c’est ce côté-là qui nous intéressait le plus, Martin et moi, du fait notamment de nos difficultés de vie à cette époque. Il faut plus voir ça comme une échappatoire, pas comme une pensée unique. 

Dans un pays calme comme la Suisse, comment fut reçu Hellhammer à cette époque ? Vous deviez passer pour des suppôts de Satan, et être surveillés de près, non ?
On a eu des problèmes avec tout le monde je crois : l’Eglise, les satanistes, la scène heavy-metal en général. En gros, on était haïs par tout le monde ! Ce fut très dur pour nous d’exister en tant que groupe. Personne ne nous prenait au sérieux dans le Metal. Certaines personnes qui gravitaient autour de nous étaient en fait envoyées par l’Eglise catholique et chargées de nous surveiller. Ça, on ne l’a su que plus tard. Certains satanistes purs et durs ne voyaient pas non plus d’un très bon œil que l’on puisse s’approprier leurs thèmes.


Dans quelles conditions les 3 démos ont-elles été enregistrées ? Death Fiend est certainement la plus roots des trois… Quelles évolutions vois-tu entre ces trois démos, sorties à quelques mois d’intervalle ?
Tous les titres de Death Fiend ont été enregistrés la même journée, mais dans des conditions bizarres : un pote à nous est venu dans notre local avec un peu de matos, mais il faisait noir, ça puait et il caillait pas mal. On a donc enregistré 17 titres sur un 4-pistes en une journée ! On n’avait pas un rond et on ne peut que le remercier de nous avoir déjà prêté son matos pour faire ça ! Les conditions furent donc vraiment primitives pour cette 1ère démo ! Satanic Rites, la troisième démo, fut enregistrée dans un studio, mais pas un truc pro, plus un studio pour démos justement, tu vois, un truc en plus où jamais un groupe de heavy n’avait enregistré quoi que ce soit…  Là aussi, c’était encore bien primitif. Ces démos représentent donc bien  les conditions basiques, très underground, dans lesquelles elles ont été faites.

C’est quand même étrange de sortir une démo de 17 titres, comme Triumph Of Death, même si vous repreniez des titres déjà sortis avant…
Oui, certes, sauf que nous n’en savions rien ! On ne savait pas comment faire une démo professionnelle, qu’il ne fallait mettre que 4 – 5 chansons seulement. Personne ne nous l’avait dit. On voulait juste enregistrer notre musique, tous nos titres ! On a créé ce groupe à partir de rien, personne ne nous a jamais aidés, on ne passait dans aucun club. C’était évidemment bien avant Internet, on n’avait aucune connexion avec la scène heavy. Tout était en fait complètement primitif, basique.

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Pourquoi la voix est-elle si différente sur Triumph Of Death, par rapport aux deux autres démos ?
On avait bossé plus dur pour cette démo. Ce n’est pas seulement la voix qui est différente : on avait plus confiance en nous, on jouait déjà un peu mieux, on était plus forts. Je pense que la dernière démo, Satanic Rites, est plus proche de Celtic Frost en un sens. On commençait à devenir plus confiants, plus puissants : on jouait tout le temps, 6 jours par semaine et pendant je ne sais combien d’heures ! En fait, un label allemand était prêt à nous signer si on devenait meilleur. Du coup, ça nous a mis la pression et nous avons répété sans relâche pendant 6 mois pour progresser.

Quels sont les titres les plus emblématiques de Hellhammer, si tu devais en citer trois par exemple ?
Je dirais « Blood Insanity » car il représente bien le Hellhammer radical des débuts, ensuite, je dirais « Triumph Of Death » car c’est un titre qui a beaucoup évolué, en se rallongeant un peu plus, devenant de plus en plus lent, de plus en plus extrême à chaque fois. Pour finir, je mettrais à égalité « Messiah » et « The Third Of the Storms » car ils représentent bien la version la plus poussée du développement de Hellhammer. Ce sont les derniers titres que nous ayons composés avant de devenir Celtic Frost ; ça forme un peu un tout en fait.

Tu sais qu’il y a un gars célèbre dans le black, du nom de Euronymous, qui a été tué au début des années 90. Du coup, ce terme est célèbre. Sauf que vous aviez déjà une chanson avec un tel titre, en 1983. Tu peux nous dire qui est « Euronymous » ?
Faut savoir que quand nous avons formé Hellhammer, notre but était d’être une copie totale de Venom, que ce soit musicalement ou au niveau des paroles et du son. Le titre « Euronymous » n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, juste parce que Venom en avait parlé. (NdWill : Le Euronymous peut être présenté comme Hadès en fait, une créature souterraine du royaume des morts, siégeant aux côtés de Hecate, dans la mythologie grecque…En fait, le nom actuel vient d’une mauvaise traduction latine dans la Bible du nom grec Eurynomos…)

Que répondras-tu aux gens qui vont vous taxer d’opportunistes, de sortir ces rééditions maintenant que Celtic Frost rencontre à nouveau le succès ? Qui en a eu l’idée ?
Je répondrais à ces gens d’aller se faire enculer !!! Et ce, pour trois raisons : premièrement, si j’étais vraiment opportuniste, tu crois que j’aurais attendu 25 ans pour sortir ces démos sur disque ? Durant ces 25 ans, tout le monde s’est fait du pognon sur ces démos, mais pas moi ! J’ai payé pour enregistrer ces démos, j’ai écrit les titres. Les bootleggers n’en ont jamais rien eu à foutre de ça, se faisant payer pour sortir ces démos. Sans arrêt, sur eBay, je vois des bootlegs de mes démos ! Les opportunistes, ce sont ces gens-là, ceux qui sortent ma musique sans autorisation, sans me payer pour ça !
Deuxièmement, il n’était pas question de sortir ça sans que ça ne soit mis dans un packaging sérieux, luxueux. Et personne ne nous a payés pour faire ça, aucun label. On a passé des heures à réfléchir comment on allait sortir ces démos, à l’artwork, etc… On voulait marquer le coup car au final, pour Martin et moi, Hellhammer est plus un symbole qu’un groupe : c’est le début de tout pour nous. Nous avons créé ce que nous sommes devenus : de la musique doom, sinistre, dépressive, et Celtic Frost n’est que l’expression actuelle de cette création. Ma vie depuis 25 ans n’est que la suite de ce que nous avons crée dans Hellhammer. Du coup, sortir ces démos 25 ans après leur enregistrement est un sacré symbole ! Si les gens pensent qu’on fait ça pour le pognon, qu’on va se faire des millions avec Hellhammer, ils se fourrent le doigt dans l’œil ! Ca a été pareil quand nous avions reformé Celtic Frost : on a fait ça sous aucune contrainte des promoteurs, des labels, du management ou de je ne sais qui d’autre ! C’est même tout le contraire : on a fondé notre propre label pour ça, avec 80.000 € qu’on a mis de notre poche pour enregistrer Monotheist, en prenant un sacré risque financier.
Au début des années 90, quand la vague black-metal a explosé, tout le monde nous disait qu’on pouvait se faire un maximum de fric si on se reformait et on a toujours dit non ! Bref, troisièmement, notre but n’est qu’artistique. Si les gens continuent de penser le contraire, qu’ils aillent se faire enculer et qu’ils crèvent ! Fuck Off and Die !

Alors, bien sûr, nous avons eu les promos, sauf que les gens qui vont acheter l’album, non. Peux-tu nous parler du son d’abord, juges-tu le re-mastering digital de celui-ci ?
Nous avons fait très attention de ne rien changer aux titres, d’en faire un document historique en quelque sorte. On n’a rien ajouté, rien remixé. On s’est juste contenté de faire un transfert digital des enregistrements, le plus proche possible du son originel. Tu sais, je crois bien avoir ici tous les bootlegs de Hellhammer qui sont sortis sur le marché et quand je compare celui qui a le meilleur son avec la version remasterisée que nous proposons là, le produit final est beaucoup plus agressif et direct. Ça permet en fait de retrouver le son le plus proche de celui qui sortait de nos amplis quand nous avons enregistré en studio en 1983. Nous en avons profité pour tenter d’éliminer le plus possible toutes les petites imperfections parasites des titres, ces petits craquements propres au vinyle, ce genre de trucs, rien de plus. Nous réalisons que cette musique est maintenant légendaire !

Vous n’avez donc plus les bandes d’origine ?
Non car nous n’avions pas assez d’argent pour les racheter à cette époque. Encore une fois, nous n’imaginions pas il y a 25 ans que nous allions devenir légendaires à ce point ! Il y a des copies qui ont été faites de ces bandes, très proches du master original, et c’est ce que nous avons utilisé pour cette réédition. C’est ce que nous pouvions faire de mieux !
 
On dit que Hellhammer et Celtic Frost ont inventé le black metal, or, dans ces démos, c’est plutôt le mot Death qui revient… Qu’en penses-tu ?
Franchement, ça ne m’a jamais plu plus que ça d’être décrit comme un groupe de Black Metal car ce n’est pas comme ça que je décrivais notre musique. Le terme Death Metal a été plus utilisé par les médias de l’époque pour décrire Hellhammer mais rien à voir avec ce qu’est devenu le death metal au niveau du son par la suite. C’est plus tard, en discutant avec les gens de la presse et les groupes de black, que j’ai compris que Hellhammer avait tout pour être un groupe de Black. 
 
Tu écoutes du black moderne aujourd’hui ?
Oh oui ! Enormément de trucs. Des groupes comme Gorgoroth, Watain, un groupe français nommé Deathspell Omega sont très bons. 

J’ai entendu dire que tu étais aussi en train d’écrire un livre sur les premières années de ta carrière. Tu peux nous en parler un peu ?
Il est même fini ! Il s’appellera "Only Death is Real - An Illustrated History of Hellhammer and early Celtic Frost", jusqu’à la période Morbid Tales en fait. Nous avons passé plusieurs années à rassembler des vieux trucs sur Hellhammer, notamment des centaines de photos. J’ai mis aussi les premiers artworks, les différents logos que nous avons créés, et le manuscrit de ce livre est vraiment radical, intense, autant que la musique en fait. C’est plus ma propre vue du groupe mais pour être complet, j’ai interviewé les autres membres qui ont fait partie de Hellhammer. C’est la stricte vérité de leur propos, sans déformation, et il y a plein de détails sur ce qu’a été ce groupe, dont personne n’a jamais entendu parler. Je pense que les gens pourront enfin comprendre pourquoi nous avons joué une musique aussi radicale à cette époque. J’essaie de faire en sorte que le livre sorte avant juin, dans un format assez large pour que les photos soient mises en valeur.

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A propos de CELTIC FROST...

Si ça ne te dérange pas, j’aimerais quand même revenir un peu sur Celtic Frost, car on devait faire une interview l’année dernière et ça avait été annulé… Qu’est-ce qui vous a décidés à relancer CELTIC FROST en 2002 ?
C’est vraiment notre affaire, à Martin et à moi. J’ai fondé une maison de disque en 1999, et Martin et moi, on s’est remis à écrire ensemble, après tant d’années ! C’était bien cool ! Notre créativité était encore là, avec beaucoup de fraîcheur, probablement même encore plus forte qu’elle ne l’avait jamais été. Mais on ne s’est pas contenté de jouer nos vieux titres. Des idées ont jailli de partout et il était donc temps de créer une nouvelle incarnation de Celtic Frost.

Cet album semble avoir été composé dans le but de montrer les différentes facettes de l’identité musicale de CELTIC FROST, comme une sorte de synthèse, avec des titres bien Métal et d’autres très atmosphériques. C’était ton but au moment de relancer le groupe ou est-ce le hasard de la composition qui a donné ce résultat ?
Tu peux réécouter n’importe lequel de nos albums, tu as cette dualité. Alors, bien sûr, Morbid Tales est très représentatif de ce que tu dis mais c’est aussi ce que nous avons toujours fait ensuite. C’est notre style en fait. Jouer 10 fois la même chanson dans un album, c’est chiant. Mais derrière Monotheist, il n’y avait pas cette pensée. Le but était juste de créer un album qui nous plaise en premier ! Nous n’avons pas fait cet album pour le monde ou les critiques, juste pour laisser vivre notre créativité. Celui qui dit que ça ne ressemble pas à du Celtic Frost n’a qu’à réécouter nos anciens albums et réfléchir un peu…

Les morceaux Métal sont très doom dans l’ensemble, révélant peut-être un état d’esprit très sombre au moment de leur composition. Le Tom Warrior qui a composé ça en 2005 / 2006 n’était toujours pas en paix avec lui-même ?
(Soupir) Je crois bien que je ne serai jamais en paix avec moi-même ! Je dirais même que je traverse actuellement une des périodes les plus sombres de ma vie... Les parties doom qu’on composait il y a 25 ans reflétaient déjà un certain état d’esprit, il en est de même sur Monotheist. Pour certains membres du groupe, ça n’allait pas très fort au moment d’enregistrer cet album.

Vous avez fait pas mal de shows pour cet album. Comment ça s’est passé ?
C’est la plus grosse tournée que nous ayons pu faire et ce fut fantastique pour la simple et bonne raison que nous contrôlons tout maintenant. Les gens qui nous accompagnent sont beaucoup plus professionnels aussi. On a joué dans plein d’endroits où nous n’étions jamais allés, comme l’Australie ou le Japon, sans oublier la France qui nous a très bien accueillis. Ça a été assez fatigant de faire autant de voyages et de faire tous ces concerts mais jouer avec le Celtic Frost aujourd’hui est tout simplement fantastique. Je suis très fier de faire partie de cette aventure.

Tu sais, je vous ai vus en mars à Anvers, avec Kreator, et très franchement, avec le son et les lights que vous aviez ce soir-là, je suis resté sur le cul ! C’était vraiment evil ; un pur plaisir !
Merci beaucoup.

Quel va être le futur du groupe maintenant ?
Je suis en train d’écrire des titres pour le nouvel album, Martin aussi de son côté. On va jouer aussi quelques shows spéciaux cette année, et nous sommes aussi en train de bosser sur un beau projet de concert / film. C’est un truc de fou pour un groupe comme Celtic Frost, probablement beaucoup trop gros pour nous mais on va essayer quand même de le faire car c’est novateur.  

Y a-t-il une chance que vous jouiez des morceaux de Hellhammer à nouveau sur scène un jour ?
Non ! Nous avons bien essayé de jouer certains titres de Hellhammer en répète, histoire de voir ce que ça allait donner, mais Celtic Frost n’est pas Hellhammer et il n’y a plus cette ambiance particulière qui nous animait à cette époque. Ce n’est quand même pas à Celtic Frost d’essayer de sonner sur scène comme Hellhammer ! Ce serait le monde à l’envers, une sorte de trahison. J’en suis arrivé à la conclusion que jamais on ne jouerait du Hellhammer sur scène ; c’était quelque chose d’unique qu’on ne peut pas recréer comme ça…

Dernière petite question… Comme je sais que tu les connais, tu as des nouvelles des mecs de Coroner ?
Je n’en sais rien du tout ! Aucune nouvelle. La dernière fois que j’ai entendu parler d’un d’entre eux, c’est quand j’ai essayé de jouer un peu avec Marky, il y a 8 ans de ça. Mais notre association n’a pas été très fructueuse et depuis, je n’ai plus aucune nouvelle.

Ecoute, un énorme merci pour cette interview. Ce fut un réel honneur que de pouvoir t’appeler chez toi et  te parler ! Bonne chance pour 2008 !
Merci bien, et bonne chance à toi aussi.

Site : http://www.hellhammer.org/