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Alors oui, c’est vrai, nous n’avons pas vraiment adoré ce premier album d’Ascension Of The Watchers, projet maintes fois repoussé du hurleur en chef de Fear Factory, Burton C. Bell. Trop expérimental, très personnel, ce disque est une thérapie presque égoïste de son géniteur, qui se dévoile plus que jamais tout au long de ce disque. Entre pop planante et expérimentatrice de sonorités, Ascencion Of The Watchers s’éloigne bien souvent du metal au profit de mélodies douces et sucrées. 

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°16 de Fév. 2008


 Interview de Burton C. Bell (chant), par Geoffrey
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Pourquoi a-t-il été aussi difficile de trouver un label pour ce premier disque ?
C’est une bonne question... Je ne sais pas. Peut-être qu’ils n’aimaient pas le disque et sa musique, et qu’ils voulaient entendre du Fear Factory. Ou tout simplement que les labels à qui je l’ai envoyé n’étaient pas intéressés par ce genre de projet. J’ai envoyé le disque à tellement de labels, et je n’ai eu de vraies réponses que d’un seul en fait, qui semblait être intéressé mais qui a abandonné après, c’était Ipecac. Et comme ils venaient de signer The Young Gods, ils ne m’ont pas pris. Après, je me suis dit : « ok, attendons le bon moment, et le bon label se présentera de lui-même ». C’est alors que 13th Planet s’est présenté.

Pourquoi eux alors ? Pas uniquement parce que c’était les seuls, je suppose...
Non, pas seulement. Mais en en discutant avec Al (NDLR : Jourgensen, responsable du label mais aussi leader de Ministry) et Angie, j’ai vu qu’ils comprenaient vraiment l’album. Et la façon dont ils parlaient de leur label, ce qu’ils voulaient faire avec leurs artistes, m’a vraiment donné envie d’en faire partie. L’offre était bonne en plus, donc je me suis dit : « allons-y, faisons-le ».

Et nous voilà avec ce disque, que je perçois comme une vraie thérapie pour toi...
Je suis d’accord avec toi. Toutes les musiques devraient être une thérapie pour les artistes. La musique est un voyage spirituel. Chaque musique dans ce disque décrit une émotion que je traverse ou que j’ai pu traverser et que j’essaye de dépasser. Les paroles aussi sont liées aux musiques de ce disque.

Tu y exprimes de bons sentiments ou tu as toujours tes propres démons que tu cherches à battre ?
Il y a de bons sentiments biens sûr, mais aussi mes propres démons. Il y a de la foi, de l’amour, de l’amitié. Mais à travers ce disque, j’ai surmonté certains de mes démons. Cela fait partie de la thérapie, n’est-ce-pas ?

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Oui. Et musicalement, que voulais-tu créer avec Ascension Of The Watchers ?
L’idée était de créer une musique honnête avec elle-même, vraie. Quelque chose de très organique et symphonique ou du moins très orchestré. Et d’utiliser au mieux les instruments que nous utilisions, d’une manière très moderne. Alors les guitares ne sont pas si modernes, mais le clavier qu’utilise John nous a permis de créer des sons aux nombreuses textures, très hypnotiques et surtout très mélodiques. On ne voulait pas se réunir et faire un disque bien précis, on voulait créer une musique qui, pour nous, sonne bien.

Beaucoup de personnes résument ce disque à toi, mais tu n’es pas seul sur ce projet... Peux-tu présenter tes acolytes ?
Je n’ai jamais parlé d’Ascension Of The Watchers comme d’un projet solo. Ça a toujours été un groupe, composé de moi-même, de John Bechdel, qui a fait partie de Fear Factory il y a bien longtemps en tant que claviériste, mais aussi de Killing Joke, Murder Inc. ou encore Prong. Il fait d’ailleurs partie de Ministry maintenant aussi. Le dernier membre à nous avoir rejoint est Edu Mussi, un brésilien vivant à New-York, que j’ai rencontré au travers d’amis communs. C’est un musicien vraiment talentueux, qui comprend parfaitement ce que John et moi voulons atteindre avec ce groupe.

Tu penses que tout le monde va comprendre ce disque ?
Oh non (rire). Je pense qu’il ne va pas faire l’unanimité auprès des fans de Fear Factory. Mais j’espère qu’une partie d’entre eux le comprendront. Cet album s’adresse plus à des personnes de mon âge ; j’ai 38 ans, donc des gens plus matures, qui élargissent leurs goûts musicaux avec des groupes qui sortent un peu de l’ordinaire, qui ne recherchent plus seulement quelques chose d’énervé et d’agressif, mais qui apprécient d’autres choses aussi.

Deviens-tu plus sage à mesure que tu vieillis ?
(rire). Pas plus sage. J’ai n’ai juste plus la même colère que celle que j’avais quand j’étais plus jeune. Et pour l’exprimer à cette époque, j’avais Fear Factory. Comme on l’a dit, la musique est une thérapie. Et je pense qu’après 17 ans, la thérapie a marché (rire). Avec l’âge, la colère a changé. Avec l’expérience, on s’aperçoit qu’il y a des choses dans la société, le monde, qu’on ne peut pas changer. Alors avec un tel constat, on peut se résigner ou alors persister avec toujours les mêmes morceaux. Mais je ne veux pas.

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Ce projet est-il aussi très important pour montrer aux gens que tu es un véritable compositeur aussi ?
Non, pas vraiment. Pas de le montrer aux gens, mais de me le montrer à moi-même. Il fallait que je fasse sortir ces chansons, il fallait que je fasse une musique qui reflète ma vraie personnalité.

Quelle face de ton chant préfères-tu? Quand tu hurles ou quand tu es plus sage et plus mélodique ?
J’aime chanter. J’ai toujours aimé chanter. Même hurler, faire sortir mes tripes, est quelque chose que j’ai appris avec Fear Factory. Quand j’étais plus petit, j’étais dans une chorale, j’adorais chanter aussi beaucoup de pop.

La pochette du disque représente un rêve que tu as eu une nuit, que tu as ensuite immortalisé sous forme de photos...
Absolument. Tout le disque a d’ailleurs commencé comme un rêve. Sans savoir pourquoi, tout s’est assemblé quand j’ai enfin pu comprendre la signification de ce rêve. C’était en 2000, je rêvais que je traversais des champs et des vallées que je ne connaissais pas, mais qui semblaient familiers. Et j’avais l’impression de fuir quelque chose, qu’une ombre me poursuivait, et j’essayais de fuir quand je suis arrivé au bord d’un précipice. L’ombre m’a rattrapé, et j’ai commencé à voler au-dessus des terres que je venais de traverser. Et j’ai atterri près d’un arbre, celui que l’on voit sur la pochette, et l’arbre était illuminé. Je sentais une présence derrière moi, je me suis retourné, et avant de voir ce que c’était, je me suis réveillé. Je n’ai fait ce rêve qu’une fois, mais à cette époque, je voyais un thérapeute, spécialisé dans les rêves, qui m’a expliqué que c’était un numinosum. Et puis plus tard, en reprenant ma passion pour la photo, je suis tombé sur un arbre, que la lumière du soleil faisait ressembler à celui de mon rêve, et je l’ai alors immortalisé et aujourd’hui, il est sur la pochette de ce disque.

Impossible de parler avec toi sans te demander des nouvelles de Fear Factory...
Pour l’instant, il n’y a rien de planifié. Nous n’avons d’ailleurs même plus de maison de disques. Tout le monde s’occupe dans son coin...

Mais y aura-t-il un nouveau disque de Fear Factory ?
C’est possible (rire), mais je ne sais pas.


Ascension Of The Watchers - Numinosum
13th Planet / Underclass

Site : www.thewatchers.org

Site : www.myspace.com/aotw