Comment te sens-tu actuellement ?
Bien (rire). Je profite de quelques jours à Londres. Nous sommes
dans la phase de finalisation de l’écriture de tous les
morceaux pour notre prochain album. Nous avons encore un mois avant
d’entrer en studio... Je stresse un peu car il me reste encore
toutes les paroles à écrire, mais ça devrait aller
(rire) En ce moment, je suis à la maison pour écrire, et
c’est quelque chose que j’apprécie beaucoup. Cela
permet vraiment d’avoir le contrôle sur tout. Tout est plus
simple. Quand tu composes sur la route, tu as presque deux boulots
à la fois, avec la composition plus des dates à assurer
tous les soirs.
Qui a eu l’idée de
t’inviter en tant que Big Brother’s Big Mouth (NDLR : Big
Brother est une émission de télé
réalité anglaise, dans laquelle Dani intervient pour
donner son avis) ?
Je ne sais pas, mais ça me plaît beaucoup (rire).
C’est assez drôle de venir donner son avis sur de la pop
musique en portant un t-shirt Bathory à l’antenne !
As-tu été invité
parce que tu es toujours le pire cauchemar de toutes les mères
de famille anglaises ?
(rire). Je l’espère.
Le sous-titre de cette
réédition de Thornography est Harder, Faster, Darker
(« plus dur, plus rapide, plus sombre » - ndlr). Mais
l’idée derrière Cradle Of Filth a toujours
été d’être plus dur, plus rapide et plus
sombre que les autres…
Alors, disons que c’est un peu plus dur, un peu plus rapide et un
peu plus sombre alors (rire). Le disque est un MVI, c’est une
nouvelle plateforme multimédia qui nous permet de rajouter
de nombreux bonus à l’album d’origine : 6 nouveaux
morceaux, 2 morceaux de l’album d’origine que tu peux
remixer toi-même, des clips, un making of. Tu peux aussi
télécharger les morceaux en mp3 pour les mettre dans ton
Ipod. C’est une formule assez originale, avec d’un
côté un DVD, de l’autre un disque. Les nouveaux
correspondent vraiment à une période de transition entre
Thornography et notre prochain disque. On aurait pu le sortir plus
vite, voir inclure quelques titres dans l’album d’origine,
mais comme le nouvel album ne sortira pas avant septembre, cela permet
de rester dans l’actualité. L’album est
composé à 80%, et je suis très excité par
les nouveaux morceaux. Cela fera 10 ans cette année que Cruelty
And The Beast est sorti et ce nouveau disque est dans la même
veine. C’est un concept album que les Français vont
d’ailleurs adorer. Je pense que nous n’allons pas tarder
à mettre en ligne quelques démos, pour que les fans se
fassent une idée assez vite de ce que sera ce disque.
La musique de Cradle Of Filth est
toujours allée bien au-delà du black metal. Il a toujours
été question de romantisme sombre et de beauté.
Que cherches-tu quand tu composes un morceau ?
Créer des atmosphères, des ambiances uniques, en nous
inspirant de ce qui nous entoure, spécialement
l’endroit où nous vivons en Angleterre, mais aussi les
films, la musique et l’histoire. Mais des thèmes plus
modernes aussi, comme la manipulation par la beauté. C’est
une combinaison de choses en fait, et spécialement quand tu
t’intéresses à la littérature gothique.
Et tu es d’accord quand je dis que vous n’avez jamais été qu’un groupe de black metal…
Complètement…
Regrettes-tu certains excès, certaines provocations de jeunesse que tu as pu faire à une certaine période ?
Non. Plus je vieillis, moins je regrette. Je ne regrette jamais, je
suis toujours en accord avec ce que je fais. C’est un tout qui
fait partie de notre expérience.
Avec Dusk and Her Embrance, Cradle Of
Filth dominait l’underground, avec Cruelty and The Beast, Cradle
Of Filth a sorti la musique extrême pour l’exposer au plus
grand nombre. Et ce fut le début des critiques… Y fais-tu
encore attention ?
Heu… non (rire). Des fois, oui bien sûr. Tu sais, plus tu
deviens populaire, plus tu te fais d’ennemis, car beaucoup plus
de gens veulent te voir chuter. Le genre de personnes qui savent
toujours mieux que toi comment ton prochain album devrait sonner. On
s’est toujours essayé à ce que chaque nouvel album
soit différent de celui d’avant. Chaque nouvel album est
toujours une amorce pour le suivant. Nous sommes arrivés
à un tel point de popularité dans la musique
extrême, que le grand public se demande : « What the
fuck is this ? » (NDLR : pas la peine de traduire… lol) et
le public extrême se dit qu’il ne veut pas être
assimilé à un groupe qui touche une plus large audience.
C’est très puéril comme comportement. Mais je pense
que ce nouvel album va réussir à unir les fans de Dusk et
de Cruelty et ceux de nos derniers disques.
Comment expliques-tu le succès du groupe ?
(rire). Je ne sais pas. C’est difficile d’expliquer ces
choses-là. Ça tient de la magie. Les gens se retrouvent
sûrement beaucoup dans ce que nous représentons, ce que ne
faisons.
Mais c’est quoi ? La musique, les paroles, l’image du groupe qui les attirent ?
La musique en premier lieu, c’est sûr…
Les paroles ont aussi toujours été très importantes dans votre œuvre…
Tout est toujours très important dans une œuvre.
Même la façon dont nous nous habillons. Nous faisons de la
musique pour que les gens nous aiment.
Et quand tu as monté le groupe, tu t’attendais à un tel succès ?
Je l’espérais en tout cas. On s’est donné les moyens pour y arriver.
Comment expliques-tu qu’il soit
si difficile de rester dans Cradle Of Filth quand on est musicien ?
Es-tu si difficile à vivre, attends-tu trop des gens ?
Ce n’est même pas ça. Mais beaucoup de musiciens
aiment jouer, faire partie d’un groupe, veulent avoir du
succès. Mais ils ne réalisent pas que c’est deux
fois plus difficile que ce qu’ils ont pu imaginer. Et ce
qu’ils désiraient le plus peut se révéler
décevant, comme le fait de devenir célèbre et
connu ne signifie pas forcément que les gens vont tous
t’aimer. Cela demande beaucoup de travail pour rester au haut
niveau. Mais qu’on ne se méprenne pas : certains
sont partis parce que c’était trop dur. D’autres
pour des raisons complètement différentes. Le
succès du groupe s’est aussi fait sur toutes ces personnes
qui ont fait Cradle Of Filth à un moment ou un autre.
Si tu avais l’opportunité de le faire, changerais-tu des choses dans l’histoire du groupe ?
Non, comme je l’ai dit, tout ce que nous avons pu faire fait
partie de l’histoire de Cradle Of Filth, et c’est ça
qui a fait le succès du groupe. Ce qui est fait, est fait. Je ne
crois pas en la destinée. Quand tu regardes les choses de plus
près, tu te dis que tu aurais pu faire encore mieux, mais tu
sais, tu peux aussi te dire que ça aurait pu être pire, et
que tu es chanceux d’en être arrivé là. Il ne
fait trop regarder dans le passé.
Est-ce facile d’être Dani Filth tous les jours ?
Je ne m’en sors pas trop mal, je trouve (rire). Non, mais je ne sais pas…
C’est beaucoup de pression ?
Oui, beaucoup. Même à la maison, je suis en permanence en
train de travailler, de vivre pour ce groupe. C’est pour
ça qu’une émission comme Big Brother est
rafraîchissante, car elle me permet de faire quelque chose de
totalement différent. Même si je dois y donner mon avis
sur un boys-band ou un acteur.
Et tes proches en pensent quoi de Cradle ?
Je pense qu’ils aiment bien (rire). Du moins, je l’espère.
Joues-tu dans le genre de groupe que tu aimerais que ta fille écoute plus tard ?
Ça dépend de ce qu’elle veut écouter. Mais elle aime ce que je fais.
Cradle Of Filth - Harder, Darker, Faster: Thornography Deluxe
Roadrunner Records
Site : www.cradleoffilth.com
Site : www.myspace.com/cradleoffilth