logo


HATE ETERNAL revient en février avec son nouvel album, Fury And Flames, dédié à feu Jared Anderson, son ancien bassiste, décédé l’an dernier. Un album d’une noirceur absolue, très brutal et très compact, avec en plus un nouveau line up comptant en ses rangs Alex Webster de Cannibal Corpse à la basse. On a bien cru ne jamais réussir à pouvoir parler à Erik Rutan, tant la communication était pourrie. Finalement, alors que nous ne faisons jamais ça, nous avons rappelé Erik sur son portable aux USA (j’envoie ma facture à Metal Blade bientôt… lol…) pour avoir son avis sur sa nouvelle offrande maléfique.

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°16 de Fév. 2008


Interview d'Erik Rutan (guitars - vocals), par Will Of Death
Rechercher : dans l'interview

Dis-moi, voilà une question que tout le monde se pose et que je voudrais de suite évacuer : tu es revenu définitivement dans MORBID ANGEL ou pas ?
Non, non… En fait, ils ont eu besoin d’un deuxième guitariste l’an dernier pour leur tournée et comme j’avais du temps à ce moment-là, je leur ai filé un coup de main. Ça s’arrête là.

J’étais supposé faire une interview avec toi pour I’, Monarch en 2005… mais ça ne s’était pas fait. A l’époque, je voulais te demander des nouvelles de Jared Anderson. Maintenant, on sait ce qu’il en est advenu malheureusement… Est-ce que sa mort a influencé la composition du nouvel album ?
Oui, énormément ! Tu sais, avant de mourir, Jared allait mieux et il allait probablement réintégrer le groupe. C’était mon meilleur pote. 75 % de l’album a été composé après sa mort et ça m’a beaucoup influencé. C’est la raison pour laquelle cet album est bien différent des autres. Jared était mon pote, ma famille et il a largement participé à ce que ce groupe est aujourd’hui. Cet album est complètement dédié à sa mémoire. C’est ma manière à moi de garder son esprit vivant.

Est-ce la raison pour laquelle cet album est si brutal, si rapide ?
Les choses sont venues comme ça. Ceci dit, il y a quand même plus de variations que dans Kings Of All Kings, qui est de loin mon album le plus rapide. Pour comparer, il y a quand même plus de « mélodies », de solos sur Fury And Flames. Je n’ai rien calculé, rien décidé au départ : j’ai composé et c’est comme ça que c’est sorti.

pix

Le son de cet album est aussi bien plus compact, moins accessible je dirais. Quel était ton but premier en enregistrant ce nouvel album ?
Je voulais que la production sonne plus épique, je dirais. Cet album est plus puissant musicalement que I, Monarch par exemple. Je voulais une prod’ puissante, où l’on puisse bien entendre les instruments mais pas un de ces trucs modernes hyper propres. En gros, quelque chose entre le bien old school et le moderne. Je voulais retrouver les vibrations des anciens albums avec quand même un son acceptable par tous. Je pense que sur Fury And Flames, il y a plein de trucs différents du passé, notamment à cause du changement de line up et de la manière dont nous l’avons enregistré. Pour moi, Fury And Flames se devait d’être un nouveau départ, avec notre arrivée chez Metal Blade. En fait, les gars avec qui je joue aujourd’hui sont plus ouverts à ce que je veux vraiment jouer et ils me suivent à 100 %. J’apprécie vraiment ça.   

Sur I, Monarch, il y avait des backing vocals vraiment bien tranchés, comme sur « Two Demons », « Beyond Judas » ou encore « I, Monarch », pour ne prendre que quelques exemples, avec cette alternance entre ton chant très grave et l’autre plus écorché de Randy Piro, qui faisaient même un peu penser aux vieux albums de CARCASS… Là, sur le nouvel album, c’est beaucoup plus diffus, peut-être à cause de la prod’ d’ailleurs. Pourquoi ?
C’est drôle que tu me dises ça parce que sur cet album, il y a encore plus de backing vocals que sur l’album précédent. Je pense même que je n’en ai jamais faits autant… J’ai doublé énormément de parties, mais comme c’est toujours ma voix, peut-être que ça s’entend moins en effet. Réécoute bien l’album, tu verras. 

Depuis quelques mois, tu as pris un deuxième guitariste dans le groupe, en la présence de Shaune Kelley. Qui est-il, pourquoi l’as-tu choisi ? Surtout pour te soutenir en live ?
En fait, Shaune et moi sommes des potes d’enfance, on a grandi ensemble. On a joué ensemble dans des petits groupes quand nous étions ados. Je lui ai demandé de nous rejoindre en mai 2007 car c’est certainement un des rares guitaristes avec qui j’arrive à simplement jammer en répète, alors que d’habitude, je fais tout moi-même. Il peut jouer n’importe quoi techniquement et nous nous complétons vraiment bien. On a fait quelques concerts déjà, les premiers où Hate Eternal jouait avec deux guitares et je peux te dire que ça sonne grave !  

A-t-il pris part à la composition ?
Oui, on a co-écrit deux titres : « Hell Envenom » et « Para Bellum ».

pix        pix

On a été content de voir que c’était Alex Webster qui jouait avec toi sur cet album… Pourquoi as-tu fait appel à lui à ce moment-là ? Tu savais bien que ça poserait des problèmes ensuite avec Cannibal Corpse, non ?
Comme je te l’ai dit, je voulais que Jared revienne dans le groupe. Quand il est mort ……ah, putain de circulation, man !!!… (En fait, Erik répond à cette interview alors qu’il roule en bagnole… NDLR), j’ai tout de suite pensé à Alex car c’est le meilleur bassiste du death metal et un de mes meilleurs amis. Je savais dès le départ qu’il ne ferait que l’album, il me l’avait dit. Il a écouté mes démos et il a composé ses parties. Son travail est remarquable ; il a vraiment imprimé sa marque sur cet album. Qu’il ne tourne pas avec nous est dommage mais une tournée dure quelques mois ; là, cet album avec lui est gravé pour l’éternité. Je voulais que cet album soit le meilleur que je pouvais proposer et je savais qu’Alex était le meilleur bassiste du coin. Vous saurez très vite qui tiendra la basse pour la tournée…

Le travail sur les parties de batterie est impressionnant… Tu peux nous parler un peu plus de Jade Simonetto ? Il n’est pas très connu ici en France…
Il vient de Montréal, Québec. Quand Derek Roddy s’est barré, beaucoup de monde m’a contacté pour jouer dans le groupe. Jade m’a envoyé une vidéo avec quelques titres où il jouait du Hate Eternal, sachant qu’on était déjà un de ses groupes préférés. Je lui ai dit de prendre l’avion jusqu’en Floride pour venir faire une audition et on a bossé une semaine pour voir. Il m’a impressionné car il est jeune et très en colère quand il joue. Finalement, c’est avec lui que j’ai le plus bossé durant des mois pour cet album et il n’a jamais faibli. On a bossé comme un vrai groupe, une vraie équipe, tu vois, en répète, pas chacun de son côté. Il m’a bien écouté mais j’ai été aussi ouvert à certaines de ses propositions de rythmiques. Nous avons vraiment pu pousser notre style avec des parties de batterie vraiment extrêmes, une basse terrible, et des vocaux vraiment evil. Je voulais vraiment essayer de faire mon meilleur album musicalement parlant et Jade y est vraiment pour quelque chose.    

Le titre de l’album est sans ambiguïté et bien en phase avec le contenu… Fury And Flames. Que veux-tu exprimer au travers de ce titre ?
Ce terme était souvent utilisé par Jared pour décrire notre musique, comme un symbole si tu veux. J’ai donc repris son expression en guise d’hommage. Le titre est bien représentatif de cet album je trouve et se marie très bien avec l’artwork. Les flammes entourant ces femmes représentent la mort et la fureur, qui est une des émotions par laquelle je suis passé à chaque fois que des gens de mon entourage sont morts, comme ma femme il y a quelques années ou  Jared plus récemment. Pour moi, ça représente plusieurs aspects de la mort. En même temps, ces gens proches qui sont partis m’ont permis d’apprécier encore plus le fait d’être vivant aujourd’hui. Il faut profiter de ce qu’on a et cet album en fait partie.

L’artwork de l’album a été révélé sur le Net il n’y a pas très longtemps… Tu peux nous en parler ? Ca reste quand même bien dans l’esprit de I, Monarch…
C’est le même artiste qui l’a réalisé, Paul Romano, donc c’est normal. J’adore son style et je trouve qu’il a encore fait du très beau boulot. Les trois femmes de gauche représentent des furies, inspirées par la mythologie grecque et l’homme de droite représente la Mort, quelqu’un qui est passé dans le monde souterrain. C’est pourquoi il porte un masque mortuaire japonais. Ce n’est pas un démon en fait, comme le dessin pourrait le laisser supposer. Il y a aussi une connexion entre ces trois femmes sur la pochette et les quelques vocaux féminins qu’on peut entendre sur le dernier titre très atmosphérique, « Coronach ».

Quelles sont tes attentes au final pour cet album ?
Je ne sais pas trop. Tout ce que je veux retenir, c’est que j’ai donné le meilleur de moi-même pour faire cet album. Si on est passé chez Metal Blade, c’est pour peut-être tenter d’atteindre un niveau supérieur en terme de reconnaissance, pouvoir tourner plus et obtenir plus de choses positives dans le futur. J’espère que toutes les souffrances de ces deux dernières années se transformeront finalement en du positif quand les gens découvriront l’album.

pix

Et comment situes-tu HATE ETERNAL dans le paysage death metal mondial actuel ? Je me souviens d’une chronique d’I, Monarch, où un mec avait dit que le futur du death metal était Nile et… Hate Eternal…
Ah ouais ? Sympa comme mec (rires) ! J’essaie de rester « vrai » envers ma musique et envers les fans, honnête, si tu veux. Aux States, tout fonctionne par mode, et le death metal a de nouveau pas mal de succès ici. Mais je m’en branle, je ne reste fidèle à mes goûts. Je veux juste que Hate Eternal soit reconnu comme un des meilleurs groupes de death metal, un groupe qui respecte le côté organique du death metal. Je ne sais pas si nous représentons le futur ou si nous faisons déjà partie de l’histoire de cette musique mais je sais que Hate Eternal a son propre style, reconnaissable, c’est déjà pas mal. Qu’on soit meilleur ou moins bon qu’un autre, je n’y prête pas attention, c’est trop subjectif. J’apprécie les bonnes chroniques bien sûr ou que des mecs comme toi m’interviewent, mais je ne fais pas ça pour la gloire, juste parce que je veux que Hate Eternal soit reconnu à sa juste valeur par les fans.
 
Il y a deux ans, j’avais vu sur ton site que tu avais été très affecté par la mort de Dimebag Darrel, comme nous tous d’ailleurs... 2 ans plus tard, selon toi, cela a-t-il changé quelque chose au niveau des concerts aux USA ?
C’est clair qu’il y a un peu plus de détecteurs de métaux à l’entrée des salles et plus d’agents de sécurité. Putain, quand même, se faire tuer sur scène en train de jouer, ça a été une tragédie totale ! Les gens sont quand même plus conscients maintenant de ce qui s’est passé et de ce qui pourrait encore se passer si on ne faisait pas un peu plus attention à certains détails.

Quand allez-vous revenir en Europe ?
On va revenir en mai, en tant que tête d’affiche, avec Cephalic Carnage. C’est un bon package.

Un dernier mot pour tes fans français, pour leur donner envie de se diriger vers le nouvel album ?
Merci beaucoup pour cette interview déjà, tu n’as pas lâché l’affaire pour me rappeler ce soir, j’apprécie. Désolé pour cette galère de téléphone... J’aime les fans français qui ont toujours été cool avec moi, que ce soit dans Hate Eternal ou Morbid Angel. J’espère qu’ils seront encore là en mai quand on reviendra jouer et s’ils ne savent pas quoi faire, qu’ils m’apportent de la bonne bouffe française et aussi du bon vin (rires) ! J’aime tellement la France que l’avant-dernier titre de l’album est écrit en français d’ailleurs, je ne sais pas si tu l’avais remarqué… (« Le Tombeau De La Fureur Et Des Flammes » - NDLR)

Merci beaucoup une nouvelle fois pour ton temps et pour ce que tu fais pour le death metal depuis des années, avec Hate Eternal et Morbid Angel ! J’ai été très honoré de pouvoir te parler…
Merci man, ce fut un plaisir. On se voit en mai, j’espère !


Hate Eternal – Fury And Flames
Metal Blade Records

Site : www.myspace.com/haeteternal