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VOLBEAT, pas sûr que tout le monde connaisse bien ce groupe en France, d’autant qu’il n’a pas beaucoup joué chez nous depuis sa formation. Le truc, c’est qu’au Danemark, son pays d’origine et en Allemagne, le groupe cartonne littéralement sur la base d’un heavy rock n’ roll très influencé par les 60’s et le rockabilly, sans oublier des touches Metallica. Nous nous devions donc de parler à Michael Poulsen, son leader, à trois semaines de la première venue à Paris d’un groupe original (le 22 février 2008)


Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°16 de Fév. 2008


 Interview de Michael Poulsen (guitares, chant), par Will Of Death
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Vous allez vous embarquer pour une tournée européenne de 8 dates. C’est court quand même 8 dates, non ? Il n’y avait pas moyen de faire plus ?
C’est une petite tournée pour faire la promotion de notre DVD, qui va sortir à la mi-février. On a fait 103 shows en 9 mois et donc, une petite tournée suffit. C’est plus à la demande du label qu’on la fait.

Tu peux nous parler justement de votre DVD, nommé « Live : Sold Out » ?
Il va y avoir au moins deux heures de documentaires divers, des archives du groupe parlant de lui depuis 2003, le groupe en tournée, des images backstages, et 1 h 20 de live filmé un peu partout, dans les salles, les festivals… On a visionné des bandes de 27 festivals où on a joué.

Il me semble que vous n’ayez joué chez nous que deux fois, en 2007 à Strasbourg, et en 2006 à Nancy. As-tu de souvenirs de ces shows ?
Oui, tu sais, on a joué pas mal de shows sold out ces derniers temps, mais pour ces shows français, ça a été plus dur car comme en Italie, nous ne sommes pas venus souvent chez vous. Les gens qui étaient là étaient vraiment cool ; je suis bien content de pouvoir y revenir…

Qu’attends-tu donc de votre premier show parisien, le 22 février ?
Nous aimons tourner et nous recevons maintenant pas mal de mails de France. Je pense donc qu’il y a une plus grande attente et que nous allons pouvoir transmettre une énergie positive au public.

Tu peux présenter un peu mieux les membres de ton groupe à nos lecteurs ?
J’ai formé ce groupe en 2001 au chant et à la guitare, et je compose les titres. Jon, le batteur, est avec moi depuis le début car il est un de mes meilleurs amis. Notre bassiste, Anders Kjølholm, a joué avec moi dans mon premier groupe de death metal, Dominus. Enfin, notre deuxième guitariste, Thomas Bredahl, a remplacé Franz Gottschalk en 2006. Il semble qu’il soit le bon gratteux pour Volbeat depuis ce temps. On forme une très bonne équipe.

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D’où t’es venue cette envie de mélanger rockabilly, rock n’ roll, blue-grass et Metal dans les mêmes chansons ?
He he… J’ai grandi au son du rock n’ roll car mes parents étaient à fond dedans et en jouaient aussi. J’entendais toujours des trucs comme Elvis Presley, Fats Domino, Little Richard, Chuck Berry ou encore Johnny Cash, dans la maison. Quand j’ai grandi, je me suis beaucoup intéressé au heavy metal grâce à ma grande sœur, qui écoutait Iron Maiden, Whitesnake, Black Sabbath, Dio : j’étais très impressionné par ces groupes, ça m’a tout de suite plu. J’ai alors commencé à acheter énormément de disques et j’ai finalement formé mon premier groupe, Dominus, avec qui je jouais du death metal. On a sorti 4 disques mais au bout d’un moment, le Metal a commencé à me saouler. J’ai donc voulu créer un truc plus rock n’ roll ; le problème est que j’adore le son Metal des guitares. Impossible de choisir entre les deux sons, puisque mon inspiration vient à la fois des 50’s et des 80’s. J’ai donc composé comme ça, en espérant que les gens allaient aimer. Je pense que nos chansons sont bonnes puisque les gens y ont finalement adhéré.     

J’ai souvent lu certains commentaires qui disaient que des parties de vos chansons ressemblaient à Metallica. Tu es d’accord ?
Oui, j’ai souvent lu ça et ça ne me dérange pas vu que Metallica a toujours été une grande influence pour moi quand j’étais ado. Ils ont sorti des chansons vraiment solides et des albums très forts. On a eu l’opportunité d’ouvrir pour Metallica au Danemark et je les ai trouvés bien cool en backstages, d’autant que Lars Ulrich est originaire d’ici, ne l’oublions pas. On a pu discuter avec eux pendant 20 minutes et ce fut un grand jour pour moi. M’entendre dire que certaines petites parties faisant penser à Metallica se combinent bien avec ce que je compose est un beau compliment pour moi.

Pour vous faire connaître, vous avez sorti en single une reprise du « I Only Wanna Be With You ». Pourquoi ce choix comme premier single ? Voilà un truc qu’on a qualifié ici de bien commercial, quand même…
(rires). Oui, en effet, j’ai souvent entendu ça. Jusqu’à ce qu’on sorte ce titre, beaucoup de gens ne savaient même pas ici que c’était une chanson des années 60. En fait, on s’est amusé à la reprendre une fois dans notre salle de répète, et ça sonnait très bien. On ne s’est pas dit qu’on allait en faire un single ; d’ailleurs, on ne s’est jamais dit qu’on allait sortir 2 ou 3 singles de notre vie (rires), mais cette chanson a quelque chose de spécial dans la manière où on la joue et c’est différent de ce que tu entends d’habitude à la radio. Ça sonne heavy quand même, on l’a faite à notre sauce ! Les gens se sont dit : qu’est-ce que c’est que ça ? En fait, quand notre album est sorti, certaines radios se sont mises à passer « I Only Wanna Be With You » et on s’est  dit que ce ne serait peut-être pas mal d’en faire un single. C’est quand même le côté un peu particulier d’être un musicien, quand les gens ne reconnaissent pas forcément au départ ton travail au travers de compos originales, mais c’est comme ça. Du coup, dans le deuxième album, pas de reprise, et « The Garden’s Tale » est quand même devenu n°1 dès sa sortie ici au Danemark. C’est cool… On est même le groupe rock qui a vendu le plus de disques au Danemark de tous les temps… Maintenant, du coup, vu comme on la joue, dans l’esprit des gens, « I Only Wanna Be With You » est perçue comme une de nos chansons. C’est assez marrant comme situation.

Tu savais que cette chanson est très célèbre ici, puisqu’elle a été reprise en français par des artistes des années 60, en France, comme Richard Anthony ou Sylvie Vartan (l’ex-femme de Johnny Halliday), sous le titre « A présent, tu peux t’en aller » ?
Non, jamais entendu parler de ces gens. Tout ce que je sais, c’est que cette chanson a été reprise de nombreuses fois un peu partout dans le Monde et pour nous, ce n’était que du fun. Ça nous a bien aidés au final, tant mieux, d’autant qu’on a quand même fait une reprise différente au niveau du son des standards des 50’s et des 60’s encore en vigueur aujourd’hui dans le rock n’ roll…

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Tu as été surpris de voir votre deuxième album arriver si vite au top des charts au Danemark et en Allemagne aussi, dans une moindre mesure ?
C’est fantastique comme situation ! On est passé directement en une semaine devant des gens comme Bruce Springsteen, Britney Spears, Madonna et d’autres artistes bien mainstream. Ça a été bizarre car c’était la première fois que ça se produisaitau Danemark. C’est carrément historique pour un disque de rock ici, de la folie d’un seul coup ! Personne n’y croyait et on a très bien vendu. Ça donne finalement du sens au dur boulot et aux tournées que nous avons faits depuis des années, d’autant que nos titres ne sont pas composés dans le but de passer à la radio, ça reste heavy dans le son, plus taillé pour le live.   

Quelles évolutions vois-tu entre vos deux albums ?
Le son est meilleur, ça sonne encore mieux. Je pense que j’ai progressé aussi dans mon écriture, que mes titres sont plus puissants, plus solides si tu veux. Le style est par contre exactement le même bien qu’il y ait eu un changement de line up.

On n’attendait pas Jacob Hansen aussi à la fête dans votre style ! Il est plutôt habitué au death metal et au thrash… Pourquoi l’avez-vous choisi comme producteur ?
Je connais Jacob depuis des années et j’ai souvent joué du temps de Dominus avec son ancien groupe de thrash, Invocator. Alors, évidemment, il vient de la scène thrash mais ce gars écoute tous les styles de musique en fait ; il est donc aussi très intéressé pour produire des groupes qui ne soient pas forcément Metal dans son studio. Son rêve serait cependant de produire Morbid Angel (ndlr : c’est une info, ça ?). Je lui ai envoyé une démo pré-produite en 2004, faite dans mon home-studio et il a aimé ce que je proposais. On s’est alors rencontré, avons discuté de ce que chacun voulait et pouvait faire. Le truc était de réussir à capter une vibe live en studio. J’aime vraiment bien bosser avec ce gars.  

Et c’est pour le remercier du son qu’il vous a fait que vous lui avez demandé de faire des backing sur deux de vos titres, un peu comme Hitchcock qui apparaissait dans ses films (rire) ?
He he… Non, pas vraiment. Il a fait des backing sur « River Queen » et « Soulweeper #2 ». En fait, le truc, c’est que j’utilise un équipement très vintage pour obtenir mon son et Jacob me disait toujours : « man, il faudrait que je te fasse des backing avec tes trucs, juste pour le fun » (rires). Au final, comme il sait comment faire sonner ses enceintes et que ses idées sont toujours très bonnes en fait, je l’ai laissé faire et ce n’est pas mal du tout au final ! 

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Sur « The Garden’s Tale », vous avez un invité. Tu peux nous dire qui est Johan Olsen et pourquoi il chante en Danois sur ce titre ?
Oh, il chante dans un groupe danois appelé Magtens Korridorer, en danois d’ailleurs. Il est bien connu ici, ça marche bien pour son groupe, qui est plus pop rock. Il est venu me voir après un de nos shows au Danemark, en me disant qu’il avait été complètement scotché par notre performance. Je lui ai dit que j’aimais bien aussi sa façon de chanter. On est devenu potes et en fait, quand j’ai écrit « The Garden’s Tale », j’avais sa voix en tête sur mes guitares et je lui ai demandé si ça lui plairait de chanter en danois sur un de mes titres. Il a adoré l’idée et il est venu en répète ; comment t’expliquer, c’est comme quand tu rencontres une fille, c’était tellement évident ! Cette chanson était faite pour lui, d’autant que pour lui, c’était nouveau aussi, une chance de faire un truc plus méchant que ce qu’il fait habituellement… Au final, cette chanson a littéralement cartonné au Danemark, on a gagné des awards et même à l’étranger ça a pris puisque nous avons été invités sur de gros festivals Metal et aussi non Metal un peu partout.  

Sur « A Moment Forever », qu’est-ce qui t’a pris de chanter comme ça ? La première fois que j’ai entendu ce titre, je me suis bien marré, sauf qu’ensuite, ça riffe sévèrement…
He he he… Oui, mais en fait, la raison pour laquelle je chante comme ça là-dessus au début, c’est que j’adore le rockabilly et que je voulais combiner ça avec une chanson très heavy. La première fois que j’ai sorti ça en répète devant les autres, ils étaient morts de rire mais en même temps, ça sonne frais et en live, les gens adorent. En tout cas, ça m’est venu comme ça, du cœur ; en fait, ce n’est pas pour faire marrer, c’est sérieux dans le sens où c’est ma façon de rendre hommage au rockabilly. 

Ça n’a pas été trop dur de tout reprendre à zéro avec Volbeat, de devoir repasser par les démos, en 2002 / 2003 ?
Si, un peu mais quand j’ai arrêté Dominus, j’avais besoin de faire un break avec tout ce cirque, la scène en général. J’ai pris mon temps pour écrire de nouveaux titres, bien qu’au départ, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. Quand j’ai eu 5 / 6 titres enfin écrits, j’ai appelé mes vieux potes Anders et Jon et je leur ai dit : « écoutez, je ne sais pas trop ce que c’est, ce que ça peut donner mais ça vaut peut-être le coup d’essayer. Venez dans ma salle, je vais vous montrer ». Au bout de quelques jours, on avait 10 titres prêts ! On a commencé à jouer dans des petites salles, des bars, devant 50 personnes, tu vois. Maintenant, on joue devant 2 / 3.000 personnes au Danemark à chaque fois. C’est dingue quand même. Nous avons été très actifs quand nous sommes revenus, avons joué partout, avons envoyé des démos aux quatre coins du Monde et on a eu un bon retour. C’était reparti !

Vous avez énormément tourné depuis 3 ans, avec notamment quelques festivals fameux… As-tu senti que ton groupe était de plus en plus apprécié par le public Metal parfois un peu sectaire ?
Il me semble, oui. On a joué au Wacken, au Summer Breeze ou encore au Roskilde par exemple, et ça a bien marché. En fait, dans ce genre de festivals, les gens entendent des trucs vraiment extrêmes pendant trois jours et du coup, quand on se pointe avec notre « happy heavy-rock », les gens semblent contents d’écouter un truc un peu plus léger. Les Metalleux sont en fait plus ouverts d’esprit qu’il n’y paraît. Pas mal de groupes combinent d’ailleurs tous les styles de Metal dans leur musique. Evidemment, il y aura toujours des gens qui diront que ce que l’on fait est de la merde, qu’on trahit l’esprit du Metal et bla bla bla, mais globalement, tout roule pour nous en ce moment !


Volbeat - Rock The Rebel / Metal The Devil
Mascot Records

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