Alors,
ton album est déjà sorti au Japon et il marche bien, et
te voilà prêt à reconquérir l’Europe.
Comment te sens-tu ?
Très content après toutes ces années de break.
Entre mes deux albums solo (Virgo est sorti en 2001), j’ai
bossé avec mon ancien groupe, Shaaman, mais les sorties
européennes ne se sont pas bien passées et nous avons
perdu beaucoup de temps. Avec mon nouvel album solo, c’est un peu
un retour aux sources au regard de la promo et de la distribution,
c’est cool. Au Japon, ça se passe très bien puisque
l’album s’est placé à la 2ème place
des ventes Metal et il y est resté un mois. Nous avons
été invités à jouer sur le plus gros
festival japonais, ce qui ne m’était jamais arrivé.
L’album sort ces jours-ci au Brésil chez Universal et sera
donc bien distribué là-bas aussi. Je suis aussi
très content d’être en France pour bosser sur la
promo, d’autant que les retours sur l’album sont pour le
moment très bons. Ce n’est pas être
prétentieux que de dire que j’espère toujours de
bonnes choses venant de la France mais ma surprise vient du fait que
certains pays comme l’Allemagne, la Suède ou
l’Angleterre, où je ne suis pas forcément
très populaire, ont bien chroniqué l’album aussi.
C’est nouveau dans ma carrière et ça me rend
très positif quant au fait de pouvoir reconquérir le
marché européen et tourner plus.
Il y a toujours eu un lien fort entre toi et la France.
Oui ! Pas de discussion (rires) ! J’ai connu certains des plus
grands moments de ma carrière en France et je suis très
honoré de pouvoir commencer la promo européenne de mon
album solo ici en France. C’est quasiment symbolique en
fait…
Ressens-tu ton retour comme une renaissance ?
Plus ou moins. Tu passes parfois par des choses difficiles et les
splits de mes anciens groupes ont été douloureux. Ce
n’est jamais simple. D’un point de vue personnel,
c’est dur aussi car tu dois te prouver à toi-même
que tu peux faire encore mieux qu’avant. D’un autre
côté, tu te rends compte que ce n’est pas
très différent ; faire un album solo t’oblige
à être aussi concentré que sur ce que tu as fait
auparavant, sauf qu’il faut faire encore plus attention à
certains détails. Je suis perfectionniste et du coup, sur ce
nouvel album, j’ai fait attention à ce que tout soit
parfait.
L’album est nommé « Time to Be Free » (« Le Moment d’être Libre – ndlr), mais libre par rapport à quoi ?
Beaucoup diront que c’est par rapport à mes anciens
groupes, ce qui n’est pas totalement faux mais la raison pour
laquelle j’ai choisi ce titre, c’est que l’album
présente un certain concept : trouver la liberté en
soi-même par rapport à la manière dont fonctionnent
les choses dans le Monde aujourd’hui. Les gens ont tendance
à devenir égoïstes, à se renfermer sur
eux-mêmes, pris dans une sorte de compétition, le tout
allant très vite de par l’utilisation des machines. Ils
oublient donc certaines valeurs humaines essentielles. Peut-être
que la musique est un moyen de les sauver un peu de ce marasme, de les
rendre plus humains et attentionnés par rapport à ce
qu’il y a autour d’eux. Nous ne devons pas oublier que nous
ne sommes pas le centre de l’univers…
C’est quand même le moment
de te dire qu’on a trouvé l’album vraiment
très bon, d’autant qu’ici, nous sommes pas mal
à être fans de ton travail depuis le début de ta
carrière. Encore bravo !
Merci beaucoup !
Allez, question suivante (rires)… Pourquoi finalement tu as donné ton nom à ce nouveau projet ?
En fait, pour être honnête, j’en avais plus que marre
que mes groupes splittent ! Ca ne veut pas dire que je n’ai pas
eu ma part de responsabilité dans ce qui est arrivé avec
Angra et Shaaman mais parfois, les choses ne vont pas comme tu le
voudrais. Il y a toujours des décisions très importantes
à prendre quand tu joues dans un groupe pro et tout le monde
peut ne pas être d’accord. Certains préfèrent
conserver une situation donnée pour le fric, le statut du
groupe, la musique par exemples, mais je n’ai jamais pensé
comme ça. Je ne peux faire de la musique que si je suis à
100 % concerné par les choses et s’il faut toujours
refaire les mêmes choses, je trouve que ce n’est pas
très honnête. C’est ce qui s’est passé
avant et j’en ai eu marre de telles discussions. Ce que je fais
aujourd’hui n’est pas forcément un solo-project mais
un vrai groupe, sauf que là, c’est moi qui décide.
Je ne peux quand même pas splitter avec moi-même (rires) !
En fait, beaucoup de gens m’ont demandé par le
passé pourquoi je ne faisais pas un album solo, mais je
n’en voyais pas la raison puisque j’étais content de
mon groupe. Maintenant, j’avais assez de matériel pour me
lancer dans cette aventure de responsabilité. D’un autre
côté, en réalisant un album sous le nom
d’Andre Matos, les gens savent à quoi s’attendre.
Revenir avec un nouveau groupe encore une fois aurait pu paraître
déplacé…
Mais le sortir sous ton nom te poussait à sortir le truc parfait !
Aussi (rires) ! Ca m’a donné une sorte de liberté
pour aller au bout de mes idées, ce que j’avais
déjà effleuré avec Viper, puis Angra et Shaaman.
Mon projet actuel est une sorte de résumé de tout
ça et en live, rien ne m’empêchera de jouer les
classiques de ma carrière car beaucoup de ces titres sont ma
propriété. Mon groupe actuel me permet de jouer ce que je
veux, c’est bien cool.
Tu peux justement nous parler de tes partenaires de crime ?
En fait, ce sont des gars que je connais depuis longtemps puisque
j’ai déjà joué avec eux par le passé.
Luis et Hugo Mariutti, tout le monde les connaît puisqu’ils
ont fait partie d’Angra et de Shaaman, Fabio Ribeiro a
été le claviériste d’Angra aux tous
débuts du groupe et a aussi fait partie de Shaaman et
André « Zaza » Hernandes, le guitariste soliste, a
en fait formé Angra avec moi mais a quitté le groupe
avant l’enregistrement du 1er album. J’ai toujours
gardé en tête l’idée de travailler à
nouveau avec lui, car il faut savoir que c’est lui qui a fait la
plupart des arrangements d’Angel’s Cry et il est
très bon. La principale surprise vient de notre batteur, Eloy
Casagrande, qui n’a que 16 ans ! J’étais très
sceptique au début et j’ai donc fait passer pas mal
d’auditions, mais quand Eloy s’est pointé et a
commencé à jouer, je n’avais plus de doutes !
J’ai été assez effrayé par la
différence d’âge entre nous et comment ça
allait se passer dans son esprit mais quand nous avons commencé
à jouer ensemble, il y a eu une communication aisée car
nous parlons le même langage musical. Il joue très bien et
il a un bon état d’esprit. C’est une grande chance
aussi pour lui car il n’avait pas encore eu l’occasion de
jouer avec des musiciens expérimentés et pour nous,
c’est bien aussi car il apporte une fraîcheur bienvenue au
groupe. Ça marche en fait à la perfection.
Là,
c’est plus une question de fan. Pourquoi as-tu pris
quelqu’un d’autre pour les claviers ? Pourquoi pas toi ?
Oh, et bien, pour être libre justement (rires) ! C’est
quand même moi qui joue toutes les parties de piano classique de
l’album. Et puis, Fabio est certainement le meilleur
claviériste du Brésil, donc, je ne vois pas pourquoi je
ne l’aurais pas pris. Ceci dit, j’avais
décidé dès le départ que je ferais les
parties de piano. Fabio est vraiment un spécialiste pour
certains effets, ça fonctionne parfaitement.
Je pense que des chansons comme
« Letting Go », « Rio », « Looking Back
», « Face The End » ou « Time To Be Free
» sont parmi les meilleurs titres que tu n’ais jamais
écrits. Les fans ne devraient pas être
déçus…
Pas mal de gens m’ont demandé quel était mon titre
préféré de l’album. Il est très
difficile de le dire ! Je ne pense pas qu’il y ait une chanson
qui domine ; il y a d’excellents titres et des très bons
aussi (rires) ! Ce qui fait qu’un album est bon, ce n’est
pas la production ou la manière dont tu joues, ce sont les
chansons en elles-mêmes. Si les chansons sont bonnes, tu as une
chance de succès. « Letting Go » est quand
même assez représentatif de l’album, « Rio
» aussi, « Looking Back » également.
J’aime beaucoup aussi la chanson lente qu’est «
Endeavour » car elle n’était pas évidente
tandis que « Time To Be Free » me paraît être
la chanson la plus complète de l’album.
Quelle était l’idée quand tu as commencé à les écrire ?
C’est toujours un enfer car je veux faire ce que je sais faire de
mieux mais sans imiter ce que j’ai fait auparavant. Jamais faire
une copie de mon histoire, qui est d’ailleurs une partie de
l’histoire des autres aussi… Je voulais une approche
moderne de mon style et à ce propos, Roy Z et Sascha Paeth
m’ont été d’un grand secours pour la
production.
Tu dois te douter que les gens espèrent toujours beaucoup de toi. C’est facile à vivre ?
NON (rires) ! Pas du tout. Ceci dit, si j’étais fan du
groupe, je ferais pareil (rires) ! C’est quand même pas mal
de pression d’écrire pour un projet qui sort sous ton
propre nom. Je me demande beaucoup de choses en fait et je
n’arrive jamais à être totalement détendu,
même quand un album est terminé. Maintenant, je ne
regrette rien, c’est là, c’est comme un ami. Si je
m’écoutais, je referais 10 fois le mix à chaque
fois par exemple car je sais exactement ce que je veux avant
d’entrer en studio. C’est d’ailleurs pour ça
qu’il est parfois difficile de bosser avec moi, car même si
je suis cool avec les gens, dans le boulot, je ne fais aucun sentiment.
Je connais quand même beaucoup de monde comme ça,
c’est juste une manière perfectionniste de bosser ;
c’est un trait de ma personnalité, ça ne changera
pas et je pense que ce n’est pas plus mal. C’est ce qui te
fait progresser même si parfois, je m’énerve
moi-même (rires).
Quand tu regardes en arrière, comment juges-tu ta carrière ?
Well, je dirais que ça a été crescendo depuis
Viper. On faisait de la musique juste comme ça, pour le plaisir,
on ne se donnait pas de limites. On était comme des guerriers du
Metal, on croyait à ce qu’on faisait, peu importe les
remarques. A cette époque, je n’aurais jamais
imaginé pouvoir être là encore 20 ans après
à faire ce boulot. Je réalise que c’est quand
même un sacré cadeau. La deuxième période
fut celle avec Angra qui s’est terminée en split, mais ce
fut une période très professionnelle. C’est
là que nous avons compris ce qu’était le show
business, ce que c’était que d’avoir un statut
international, faire des tournées, enregistrer des albums dans
de grands studios. Ensuite est venue la période Shaaman qui fut
plus un développement de ce que nous avions fait auparavant.
Ça a plus été un côté personnel de ce
développement musical. Nous devions nous prouver que nous
pouvions aller encore plus loin musicalement et ce fut très
intéressant. Mais comme je l’ai déjà dit,
j’en avais assez des expériences de groupe et il fallait
que j’arrive à ce projet solo un jour ou l’autre. Je
suis confiant. Je n’ai pas de regrets vis-à-vis du
passé, les choses devaient se faire comme ça. Je
n’ai pas changé…
Quels sont donc les projets de tournées, là ?
On a déjà joué en Amérique du Sud et au
Japon l’année dernière et j’ai hâte de
rejouer en France. Je suis vraiment content de faire ces trois shows
acoustiques de présentation de l’album à Paris,
Lyon et Clermont-Ferrand, de revoir pas mal de monde et de ressentir
à nouveau l’atmosphère particulière qui
règne chez vous. J’espère vraiment que les fans
français vont aimer l’album pour revenir ici le plus vite
possible !
Andre Matos - Time To Be Free
Marquee / Avalon Productions
Site : www.andrematos.net