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Warrel Dane est aujourd’hui un des chanteurs incontournables du Metal. Avec Nevermore, voilà des années qu’il nous enchante de ses mélodies puissantes, parfois décalées, mettant toujours dans le mille. Alors, quand Nevermore a décidé de faire un break après des mois de tournée, Warrel a fait appel à des membres de Soilwork et de Himsa pour faire un album solo qui ne plaira peut-être pas à tout le monde, vu le côté un peu plus épuré et personnel de la musique. Il fallait donc que nous questionnions Warrel sur le pourquoi du comment d’un tel album, pour découvrir aussi un peu plus un sacré personnage…  

Interview à paraître également  dans le Metal Observer FNAC n°18 d'Avril  2008

 Entretien avec Warrel Dane (chant), par Geoffrey & Will Of Death
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Comment se passe la promo pour cet album ?
Hormis le fait qu’il fasse un temps de chiottes aujourd’hui en Allemagne (rires), tout se passe bien. Je n’espérais pas de telles réponses positives pour l’album, je suis chanceux on va dire.

Pourquoi sors-tu cet album maintenant ? Pourquoi ça n’a pas été fait plus tôt ?
En fait, il y a eu un moment où Nevermore s’est retrouvé à ne rien faire et pour être honnête, j’ai commencé à m’ennuyer (rire) ! J’ai besoin d’être occupé depuis que j’ai arrêté de boire, ce qui m’avait conduit quand même au coma. J’ai besoin de faire quelque chose et c’était donc le bon moment de refaire de la musique. Quand nous avons tourné pour l’album Dead Heart In A Dead World, Soilwork ouvrait pour nous et je suis devenu bien pote avec eux, surtout avec Peter Wichers (guitares). On s’est mis à parler d’un projet commun mais on picolait trop pour que ce soit sérieux. Sauf que quand mes idées sont redevenues claires, je l’ai rappelé pour lui demander s’il se rappelait de ça, et il m’a répondu : faisons-le ! C’est comme ça que c’est parti.

Tu te souviens quand tu as eu l’idée de ce projet solo, exactement ?
Oui ! C’était dans la ferme d’Andy Sneap, en Angleterre, durant l’enregistrement de Godless Endeavour. J’ai appelé Peter et je lui ai dit qu’après l’enregistrement et la tournée, il fallait que nous écrivions des titres ensemble.

C’est pas un peu bizarre d’avoir pensé à un album solo alors que tu étais en train d’enregistrer un album avec Nevermore ?
Oui, en effet. Les choses se produisent quand il le faut et c’était le bon moment.

Tu avais besoin donc de plus d’espace pour t’exprimer ?
Non, l’idée était plus de pouvoir faire quelque chose de différent. On cherche toujours avec Nevermore à faire des choses techniques, qui speedent parfois, on se focalise sur l’exécution des titres. Qu’on ne se méprenne pas : Nevermore est ma top priorité et le sera toujours mais j’avais juste envie de proposer des choses différentes. Je pense être devenu un meilleur compositeur de chansons avec le temps et du coup, je voulais voir ce que ça donnerait…

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Tu sais, pour nous ici, tu es un des tous meilleurs vocalistes du Metal…
Oh, merci, c’est trop d’honneur, mais c’est pas vrai (rires)…

Allez, tu le sais bien (rire) ! Non, mais penses-tu que tout le monde va comprendre cet album ?
Non, ça m’étonnerait fort ! La musique est une chose très personnelle. Cet album a le potentiel, je pense, de pouvoir être compris par beaucoup de monde du fait de son approche asse simple mais rien n’est fait pour le plus grand nombre. La musique est une chose très subjective, tout comme les goûts de chacun. Et je suis sûr que ça ne va pas plaire à certains parce que ça ne sonne pas comme Nevermore. Ce n’est pas à moi de décider sauf que je sens que j’ai fait le meilleur album possible et j’en suis content.

Il n’y a pas trop de pression à sortir un album solo quand on s’appelle Warrel Dane ?
En fait, absolument pas ! La compo, l’enregistrement, tout s’est déroulé parfaitement. Je n’ai jamais eu aussi peu de pression avant de sortir un album que j’avais enregistré. Le sens que je donne à ça, c’est que le temps où je faisais dans mon froc avant la sortie d’un album est révolu (rires) !

Tu peux nous parler des autres criminels qui ont joué avec toi ?
Peter (ex-Soilwork), tout le monde le connaît, Dirk Verbeuren (batterie – Soilwork, ex-Scarve), vous le connaissez bien aussi et pour cause puisqu’il est de chez vous, Matt Wicklund (Himsa), bien que ce qu’il fait est beaucoup plus hardcore, a écrit quelques trucs avec Peter et moi. J’aime vraiment son groupe ! Jim (basse) est le bassiste de Nevermore et était dans Sanctuary avec moi dès le départ. La composition s’est très bien passée et mon but était aussi de créer un line up capable de faire des concerts sans trop de répétitions, vu nos emplois du temps.

Tu savais exactement comment l’album devait sonner quand tu as commencé à composer ?
Non, pas du tout et justement, je pense que c’était la chose la plus importante, ne pas avoir de préjugés. C’est sorti comme ça… Quand j’ai appelé Peter, je lui ai dit que j’avais besoin de titres et il m’a filé des chansons, c’est aussi simple que ça. Je pense que si tu as des idées trop arrêtées avant de composer, tes chansons ne seront pas efficaces et sonneront trop cliniques. Il faut laisser les choses couler naturellement.

Parlons un peu des paroles. Pour beaucoup d’artistes qui font un album solo, on parle de thérapie… C’est comme ça pour toi ?
(rires) Je pense, oui. Quand tu parles de choses personnelles, il me semble que les gens ont plus de facilités à s’identifier à ce que tu racontes, plus que quand tu parles de donjons et de dragons qui crachent des flammes. Tu sais, les trucs où « le sang coule, répandu par l’épée qui tue » (rires) ! Il est plus facile de toucher les gens avec les émotions que véhiculent tes paroles. Je préfère la réalité à la fantaisie.

Tiens puisqu’on parle de connexion au niveau des textes, quel est le lien qui t’unit à Simon And Garfunkel ? Ce n’est pas la première fois que tu fais une reprise de ce groupe…
J’aime tout simplement la manière dont les textes sont écrits. C’est carrément brillant. En plus, ils sont arrivés à un moment, dans les 60’s, où il y avait pas mal de revendications sociales et ces mecs ont réussi à exprimer de la meilleure manière le côté sombre, effrayant et sanglant de certaines situations de l’époque. Des textes absolument incroyables ! C’est encore leur style qui me guide aujourd’hui, honnêtement.

Parlons un peu plus de toi. Tu te rappelles de la première fois où tu as entendu du rock ?
Oui… J’étais très jeune, j’ai allumé la radio et j’ai entendu Black Sabbath. Je me suis dit : je veux faire ça aussi (rire) ! Je me suis mis à acheter tous leurs albums ; Iron Maiden, Judas Priest ont suivi : et là, j’avais le triptyque infernal des chanteurs de heavy-metal, Ozzy, Rob Halford et Bruce Dickinson. Là, j’ai réalisé que c’était Sainte-Trinité des chanteurs de Metal et j’ai décidé que je ferais comme eux (rire) !  

Comment tu décrirais ta voix ?
Je la décrirais comme l’expression d’un esprit très confus (rire) ! C’est tout ce que je peux te dire… Ah ah ah…

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Pour la pochette de l’album, tu as de nouveau fait appel à Travis Smith mais c’est assez étrange…
 Il a déjà fait un tellement bon boulot pour Nevermore que je voulais bosser avec lui à nouveau ! Je pense qu’il a bien compris le concept de mes paroles et que son illustration colle bien au titre de l’album. C’est effectivement un peu dérangeant mais notre époque est comme ça…

Comment tu vois notre société moderne ?
Je pense que nous sommes entrés dans une période de déclin de l’humanité. Il suffit de regarder tout autour pour s’en rendre compte, c’est vraiment le bordel partout. Ce n’est pas vouloir à tout prix avoir une mauvaise attitude de dire ça, c’est juste la réalité malheureusement. Il faut juste espérer que des gens puissent encore ouvrir leur esprit pour traiter leurs congénères de meilleure manière, pour faire du Monde un meilleur endroit. Sauf que je ne pense pas que ça va arriver de sitôt…

Comment tu juges ta carrière ?
C’est une longue route sinueuse ! Je suis heureux et je sais que je suis chanceux d’en être arrivé là. J’ai commencé avec Sanctuary si jeune… Je suis dans Nevermore et je fais un album solo aujourd’hui, c’est cool. C’est quand même beaucoup de chances qui m’ont été offertes de pouvoir faire ça alors que je sais que beaucoup de musiciens n’enregistreront peut-être aucun album de leur vie. Quand je me lève tous les matins et que je me regarde dans la glace, je me dis que je suis un mec chanceux de pouvoir continuer à faire ça.

Des regrets ?
On en a toujours mais quand je regarde en arrière, je me dis que tout ça a été une expérience enrichissante. (et là, Warrel tousse…) Putain de temps de merde !

Penses-tu que cet album solo soit le commencement de quelque chose ou juste une continuation de ton boulot ?
Une continuation, juste une extension de ce que je veux faire en tant que musicien. Je suis en train de bosser sur le nouveau Nevermore là, j’ai déjà 6 ou 7 chansons de prêtes, je suis dans une piaule d’hôtel en train de faire des interviews, j’ai mon carnet avec moi pour écrire des textes… Tu vois, tout ça fait que je reste occupé, c’est un tout.

Il te reste du temps pour toi ?
(rire) Oui ! J’en prends. Tu sais, je ne suis jamais aussi heureux que quand je bosse sur de la musique.

Tu as des attentes particulières avec cet album solo ?
Je ne sais pas trop. Les réactions un peu partout ne seront pas forcément très fortes mais comme j’ai appris à ne rien attendre de particulier, ça va, je gère. Je suis en train de bosser sur des dates là, peut-être des festivals cet été. Le truc est d’essayer de faire aussi une tournée complète vers la fin de l’année, tout en continuant de bosser sur le nouveau Nevermore. De plus, vers la fin de l’été, un DVD live de Nevermore devrait sortir avec un CD live, et le nouvel album l’année prochaine.

Je ne t’avais pas encore parlé de Nevermore parce que le label nous a demandé de ne pas le faire au travers de cette interview (rire) !
Ah ah ah… C’est bien un truc de label, ça… Pas grave, je le fais pour toi (rire) !

Y a-t-il d’autres buts que tu veux atteindre en tant que musicien ?
Je pense que le but ultime de chaque musicien est de parvenir à écrire une chanson qu’il a trouvée lui-même. Peu importe ton âge ou le nombre d’albums que tu as sorti, le but est de faire progresser ton groupe musicalement, explorer de nouvelles choses, changer des détails… Je suis déjà très fier de ce que j’ai accompli donc on verra ce que ça va donner. Il faut juste garder en tête que tu veux progresser.

Ecoute, merci pour ton temps… Encore une fois, bravo pour l’ensemble de ta carrière ; pour nous, tu es un de nos chanteurs préférés, et ce n’est pas prêt de changer !
Merci beaucoup à vous aussi et on se voit sur scène bientôt j’espère ! Bye !

Warrel Dane – Praises To The War Machine
Century Media

Site : http://www.myspace.com/warreldane