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Moonspell, c'est tout simplement la classe faite Metal. Toujours inspiré, toujours créatif, sans jamais se soucier des attentes des fans, avec une vision très claire des buts à atteindre. Le retour dans la sphère metal pour In Memoriam, accentué par les ré-enregistrements d’anciens morceaux pour Under Satanae, trouve aujourd’hui sa quintessence dans Night Eternal. Un album sublime, raffiné, et fait pour rester…  

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°19 de mai 2008

 Entretien avec Fernando Ribeiro (vocals) – Par Geoffrey
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Il y a eu trois ans entre The Antidote et Memorial, et depuis, vous sortez un album tous les ans... Vous sentez-vous au milieu d’une seconde jeunesse ?

Je le pense, oui. Depuis les débuts du groupe, il y a eu toujours cette vitalité, que ce soit sur scène ou sur album. Un sentiment que nous sommes toujours vivants, créatifs, et que nous ne sommes pas devenus des bourgeois du metal qui ne se remettent jamais en question. Mais évidement, nous traversons un pic de créativité en ce moment. Nous avons beaucoup d’idées... j’en ai d’ailleurs déjà pour les prochains albums. Mais je pense que nous avons atteint un niveau de réelle communion au sein du groupe. Et ce que nous nous sommes prouvés à nous-mêmes est le plus important : qu’il n’était pas temps pour nous de tirer notre révérence, mais bien de revenir en force. Alors, peut-être que c’est une deuxième jeunesse, ou alors que nous vieillissons, et que nous ne voulons pas que la vie passe trop vite (rire). Nous voulons tirer le meilleur de notre esprit et de notre corps tant que nous en avons l’énergie. Et puis, nous sommes trop impliqués dans Moonspell pour arrêter maintenant (rire). C’est une bénédiction d’être dans ce groupe, mais aussi une malédiction (rire). Mais c’est une belle malédiction. Moonspell n’a jamais eu la vie facile, que ce soit avec les fans ou la presse. Nous devons toujours travailler très dur.  Je ne me plains pas bien sûr, c’est juste un constat. Mais les gens ne se précipitent pas sur nos albums, ils prennent leur temps, en se demandant si nous n’allons pas sortir un album de techno cette fois-ci (rire). Chaque album est un challenge, et c’est ça qui nous unit. Nous n’avons jamais autant bossé dans Moonspell que ces trois dernières années. Pour moi, il n’y a que Moonspell et rien d’autre, comme un voyage qui ne se termine jamais. Nous avons enregistré Memorial, nous avons tourné intensément, puis nous avons enchaîné sur le ré-enregistrement de Under Satanae, puis sur sa promotion avec beaucoup d’interviews, puis nous avons composé ce nouvel album, Night Eternal.

Tu parlais de vieillir, mais généralement, en vieillissant, les groupes s’assagissent. Ce qui n’est pas le cas avec vous.
Mais tu sais, nous avons toujours eu cette nature un peu sauvage dans notre musique, avec cette alternance de furie et de beauté. Avant, nous ne nous focalisions que sur une seule direction dans chaque album. Aujourd’hui, nous nous rapprochons plus de la période autour de l’album Wolfheart, pas pour la musique, mais dans notre état d’esprit.  A l’époque, Pedro et Ricardo, les deux compositeurs principaux de Moonspell, voulaient quelque chose de très dur, de très black metal. Et moi, je les calmais un peu en leur disant que nous devions avant tout être un groupe de «chansons», avant d’être un groupe extrême. Ne pas jouer qu’une musique rapide, mais une musique qui joue sur les émotions. Et nous nous sommes dits : pourquoi pas combiner les deux sur un album. Et si c’est un désastre, au moins nous l’aurions tenté. Aujourd’hui, c’est pareil. C’est bien d’avoir dans un album des morceaux comme « At Tragic Height » qui côtoient des morceaux comme « Scorpîons Flower ». Il faut juste trouver le bon équilibre. De la musique créative, mais belle. Ne plus avoir peur de crier tout en ressentant les choses.

Tu penses que le fait d’avoir ré-enregistré des morceaux pour Under Satanae, de vous être replongés dans votre passé, a changé quelque chose à ce nouveau disque ?
Peut-être, mais un tout petit peu alors. Night Eternal était déjà en composition quand nous avons pris un break pour faire Under Satanae. Mais ce disque a été pour moi plus un projet parallèle qu’un véritable album. Un morceau comme « Moon In Mercury », sur notre nouveau disque, a bien sûr un côté très proche de nos premières oeuvres. Mais l’influence d’Under Satanae est très mineure, d’autres choses nous ont beaucoup plus influencés.

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Une fois de plus, Tue Madsen s’est occupé de la production...
En fait, ce disque est une vraie collaboration entre nous, Waldemar, et Tue. Après Memorial, nous avons eu beaucoup de mal à choisir le bon producteur. Nous avons opté pour les deux, en les mettant dans une position où ils servent au mieux le son du groupe. Waldemar était avec nous au Portugal pour arranger les morceaux avec nous, pour nous donner des conseils sur notre musique comme il le fait à chaque fois depuis Wolfheart. Avec Tue Madsen, nous sommes toujours impressionnés par son talent, son attitude, et surtout le son qu’il est capable de faire...

...plus organique.
Oui, plus organique. Et surtout, il arrive à créer une véritable atmosphère, pas seulement dans les chansons, mais au sein du groupe. Nous avions vraiment l’impression d’être en famille et de temps en temps, nous enregistrions un album de metal (rire). Il arrive à tirer le meilleur de la pression autour du groupe. Il y a toujours une pression, car nous voulons toujours faire le meilleur album possible. Il arrive à transposer cette pression en une interprétation sans faille du groupe. Nous sommes à notre 8ème album, et je peux dire sans hésiter que cet album a deux choses : les meilleures chansons et la plus belle pochette. Et quand j’écoute Night Eternal, même en mp3, je le trouve si bon, avec un son si puissant et cristallin à la fois !

Donc on peut dire que c’est votre meilleur album pour l’instant...
(rire). C’est toujours une réponse difficile à donner. C’est comme de désigner son enfant préféré. Et quand tu en as déjà beaucoup, tu n’arrives pas à choisir le plus musclé par rapport au plus chétif, le plus timide par rapport à celui qui parle beaucoup. Ils font tous partie de nos vies, de nos envies, de nos besoins. Certains ont plutôt bien marché, en se rapprochant au mieux de ce que nous voulions, d’autres beaucoup moins. Mais Night Eternal se rapproche le plus de ce que nous avions en tête avant de le composer.

Comme pour The Antidote, Niklas d’Amorphis a enregistré les parties de basse... Donc, en ce qui concerne l’écriture, Moonspell restera dorénavant toujours à quatre ?
Complètement. C’est difficile à expliquer, mais moi, Pedro, Ricardo et Mike, nous sommes ensemble depuis 1995. Nous avons bien entendu eu Sergio avec nous pour deux albums, mais nous n’avons jamais réussi à être sur la même longueur d’onde. Avec les autres, nous avons tellement partagé, tellement souffert ensemble, travaillé tellement ensemble, que personne n’arrivera jamais à intégrer l’entité que nous formons. Le poste est toujours vacant bien sûr, mais je pense que nous serons toujours quatre. Quatre pour les discussions, pour la composition, et pour les choix à faire pour le groupe. Je ne vois pas Moonspell continuer sans un seul de nous quatre, et pour la basse, nous avons toujours la chance de pouvoir choisir des gens de talent.

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L’album sonne parfois comme une bande-originale de film, sans être pour autant un concept-album...
C’est toujours difficile de dire que ce n’est pas un concept album, car tout est toujours plus ou moins lié. Je pense que le flot d’idées et de sujet sur ce disque est conceptuel. Nous avons vraiment essayé que toutes les choses, des textes à la musique en passant par l’artwork, soient liées. Nous essayons toujours de donner une certaine unité. Je déteste écouter des disques où la pochette comme les paroles n’ont rien à voir avec la musique. Night Eternal est comme le jour que tu ne verras jamais, comme une période de profond sommeil dont tu ne te réveilleras jamais. Il y a aussi une connexion très forte avec la terre, sur les abus qui lui sont faits. Ce n’est pas un album écolo, mais plus une vision métaphorique, car je compare la terre à une femme qui souffre. Les femmes à travers l’histoire m’ont toujours fasciné, comme Marie-Madeleine, Aphrodite, Eurydice... Ce mélange de souffrance et d’amour. Cela m’a inspiré, mais aussi une lecture que j’ai pu faire d’un magazine qui parlait de la fin du monde. Et cela me fascine d’une certaine manière (rire). Il y avait une photo de Lisbonne après le chaos, juste après l’extinction de la race humaine et il y avait les ponts, les bâtiments, tous ces restes de civilisation. Et puis on voyait les animaux revenir dans cette ville. Et ce qui peut être une nuit éternelle pour nous (Night Eternal), peut être une renaissance pour eux. Ce disque est donc plus une mise en garde qu’un signal d’alarme.

Il y a aussi une invitée de marque sur ce disque...
Oh oui, une invitée très spéciale...

Anneke Van Giersbergen (ex-Gathering, Agua De Annique). Comment cette collaboration est-elle arrivée ?
« Scorpion Flower » est une chanson que je voulais rendre vraiment spéciale. C’est une chanson composée principalement par Pedro. Il n’avait pas l’air convaincu, mais je me suis penché dessus, nous l’avons retravaillée pour en faire ce morceau que je trouve très bon. J’étais en train de travailler le morceau, pour le rendre plus émotionnel encore, et j’ai d’abord demandé à ma femme, qui est actrice et qui chante aussi très bien, de travailler un peu avec moi. Et il est apparu évident que ce morceau devait être un duo. J’ai alors réfléchi, regardé toutes les options possibles. Et puis, je me suis rendu à l’évidence ; c’est Anneke qu’il nous fallait. Elle représente vraiment le groupe d’une certaine manière. Nous avons déjà tourné ensemble avec The Gathering... Nous avons vraiment une histoire en commun. Et Anneke est vraiment une lumière positive, une vraie représentation de la beauté. Et quand je lui ai envoyé le morceau, je lui ai dit de me dire seulement si elle aimait le morceau. Parce que je sais qu’elle trouve Moonspell normalement trop extrême (rire). Elle a adoré le morceau, et l’a transformé en un moment magique. Le morceau n’aurait pas été le même sans elle. Nous avons fini le clip d’ailleurs...

Ce sera donc le premier single de cet album...
Oui, elle a été suffisamment gentille pour en plus accepter de faire le clip avec nous. Et le résultat est magnifique.


 
MOONSPELL - Night Eternal
SPV / Wagram


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