Interview

Il s’est passé pas mal de choses pour Katatonia depuis 2 ans et la sortie de The Great Cold Distance. Plusieurs tournées, la sortie d’un DVD, vous pouvez nous en dire plus ?
Jonas : Nous avons effectué une tournée européenne effectivement juste après la sortie de l’album et deux tournées aux Etats-Unis ensuite.
Anders : Oui, tout à fait, dont une était la première que nous faisions. C’était vraiment quelque chose car ça vient tard pour nous, mais enfin nous sommes allés aux Etats-Unis. Mais quelque part, c’est bien car nous n’aurions peut-être pas été aussi à l’aise en tournant pour un autre album donc c’est plutôt pas mal.

Le public connaissait vos chansons ?
Oui plutôt. Nous nous sommes construit une belle base de fans là-bas et c’était incroyable à voir. Nous étions en première partie de Moonspell et on voyait bien qu’ils connaissaient toutes nos chansons, des plus vieilles aux plus récentes. C’était excellent. C’est pour ça qu’on a fait une tournée ensuite en tête d’affiche. C’était un succès, vraiment. Là, nous faisons des festivals. C’est bien car nous n’adorons pas ça mais ça nous laisse du temps pour composer.

Et concernant votre DVD ?
Jonas : Nous n’y avons pas trop pensé en réalité. Le show était filmé sans que nous nous prenions la tête. Nous avions prévu notre show de festival classique et puis une fois le tout booké, notre maison de disque nous a dit que ça pouvait être filmé car les conditions seraient bonnes. On a donc sauté le pas.
Anders : C’était bien, sincèrement. En plus, c’était de nuit et c’est important pour nous car l’atmosphère peut être présente. On s’est dit : « on filme, on verra bien ; si c’est bon, on garde, si c’est de la merde, tant pis ». Et ça l’a fait, même si le set est classique.

Oui je trouve, pas mal de chansons manquent...
Anders et Jonas : oui carrément...
Jonas : Mais on n’avait que 60 minutes. Ce n’était pas donc un set de DVD. On aurait pu jouer 2 heures mais ça n’aurait pas été possible... (rires). Mais le show est très naturel, sans préparation particulière et beaucoup de personnes pourront dire qu’elles y étaient. C’est un simple témoignage pour le souvenir en réalité.

Donc vous avez trouvé du temps pour créer de nouveaux morceaux ?
Jonas : Oui, un peu comme je te le disais. On travaille tout le temps. On écrit, on modifie, on jette...
Anders : Oui, on a beaucoup jeté...

Pourquoi ?
Anders : Je ne sais pas...
Jonas : On se met beaucoup la pression surtout depuis la sortie de The Great Cold Distance qu’on estime beaucoup.
Anders : On ne veut pas refaire le même album encore et encore, on veut évoluer mais sans trop y penser donc c’est très compliqué. On veut que ce soit naturel et donc c’est un peu lent. C’est vrai qu’on se prend la tête pour ce nouvel album. On veut refaire quelque chose nouveau sans prendre un virage totalement différent.

C’est marrant car c’est ce que vous déclariez avant la sortie de Viva Emptiness, que vous ne vouliez pas refaire Last Fair Deal Gone Down part 2 ?
Et c’est justement ce que nous n’avons pas fait et nous en sommes très fiers. Viva Emptiness fut un gros changement au niveau de la musique... de tout en fait. Du son également même si je n’en suis pas à 100 % content. Celui de The Great Cold Distance est tellement meilleur. C’est ce que nous voulions pour Viva Emptiness mais ce n’était pas possible à l’époque. Maintenant, nous savons vraiment ce que nous voulons. Il faut que ce soit agressif, mélancolique. Mais tu vois, ça ne veut rien dire après l’évolution. Ca doit être quoi ? Plus agressif = plus de distorsion, plus de riffs...

Pour le côté agressif, tu pousses quelques cris sur album maintenant... Alors qu’avant...
Oui c’est vrai. Tu vois, si tu prends tous ces éléments, ça donne le côté agressif. Et pour le côté soft, ça ne veut pas dire qu’il faut plus de guitares acoustiques...
Jonas : Les lyrics doivent porter ce côté mélancolique, la vibe doit l’être également, ça doit se ressentir de l’intérieur. Peut-être est-il temps maintenant pour un Last Fair Deal Gone Down Part 2 !

Je vais te dire, et même si c’était avec mon ex, qu’est-ce que j’ai fait l’amour sur cet album...
Anders : Cool mec, je bois à ta santé ! C’est excellent ce que tu me dis !

Donc c’est impossible pour vous aujourd’hui de dire ce que sera votre nouvel album ?
On veut juste qu’il soit très musical, très prenant. C’est un processus très délicat. On n’est même pas sûr finalement aujourd’hui de savoir ce que l’on veut. Mais je peux t’assurer d’une chose, c’est que nous ne sortirons jamais de nouvel album s’il n’est pas le meilleur que l’on puisse faire.
Jonas : Il se doit d’être excellent.

C’est marrant car vous avez plus ou moins toujours sorti vos albums en même temps qu’Opeth, tous les deux ans, et là, Opeth sort Watershed et que se passe-t-il pour Katatonia ?
Anders : T’as raison mec ! Putain, c’est le moment de faire ce putain d’album ! (rires). Et nous le ferons, nous irons en studio en automne pour une sortie en 2009. Il le faut.

Est-ce que Bloodbath vous prend trop votre temps finalement et vous empêche d’avoir des idées pour Katatonia ?
Non, pas du tout. C’est carrément le contraire. Bloodbath est libérateur. Quand nous avons des problèmes avec Katatonia, on met tout de côté et on fait du Bloodbath. C’est comme une thérapie. C’est marrant le Death Metal. Ce n’est pas trop compliqué pour nous d’en faire. Il y a tellement de bons musiciens dans ce groupe que c’est facile. Ca marche vraiment comme ça. C’est comme avec les bières, tu peux en boire plusieurs de différentes. Tiens, je vais prendre celle-là et ensuite je prendrai celle-là. Dès que Bloodbath nous fait du bien, nous revenons à Katatonia.
Jonas : Fredrik a raison. Ca ne nous vole aucune idée, Bloodbath. Katatonia est devenu notre style de vie. C’est notre philosophie alors tout doit être parfait. Alors que Bloodbath c’est du fun, ce sont les vacances de Katatonia mais prises vraiment au sérieux. Pour faire du Katatonia, il faut être dans le mood, alors que pour Bloodbath, on se met avant un bon album de Morbid Angel et c’est parti. Quand c’est du Death, tout marche.

Vous allez être dans le mood si vous allez en studio cet automne. Il fera sombre, il pleuvra, peut-être même de la neige chez vous...
Anders : Oui tu as raison, ce sera parfait. On va même peut-être attendre l’hiver...

Si ça ne vous emmerde pas, vous pouvez nous dire deux mots du nouvel album de Bloodbath ?
Pas de problème mec, on peut parler de Bloodbath. On adore ce groupe. C’est con d’ailleurs que le groupe ne joue pas au Hellfest. Tout était là, la logistique, les mecs et à cause d’une histoire de business, ce n’est pas possible. Tout ce bla bla me gonfle. Bref, le nouvel album est très intense, proche du mini-CD. C’est la même chose avec plus de chansons. C’est très bon vraiment.
Jonas : C’est différent dans le sens que sur l’EP, vous n’avez pas pu vraiment appréhender la musique actuelle de Bloodbath car il n’y avait pas assez de morceaux. Là, ça va le faire. Il y a 11 chansons de Death Metal contemporain mais reprenant des éléments du passé. C’est très rapide et c’est Mickael (NDPA : Ackerfeldt, d’Opeth bien évidemment) qui chante.
Anders : Il est très bon, sincèrement. Je suis plutôt excité par sa sortie en réalité.

J’espère que vous allez tourner pour Bloodbath, cette fois ?
Jonas : On va le faire, j’espère...

Vous pouvez nous éclairer sur l’histoire du limogeage de Dan Swanö ? Ca parait un peu bizarre, vous êtes amis depuis si longtemps...
Anders : Nous sommes toujours amis. Il n’y a pas de problème. Tu sais, il faut connaître Dan Swanö. C’est quelqu’un qui se suffit à lui-même. Il est très déterminé et aussi très lunatique musicalement parlant. Il change un peu trop souvent.
Jonas : Etre dans un groupe avec lui, c’est compliqué. Quand il fait ses projets solo, c’est parfait car il fait ce qu’il veut. Il est complètement libre. Il peut changer d’opinions tous les jours, ce n’est pas grave. Mais être dans un groupe, ce n’est pas ça. Swanö est un leader et nous sommes arrivés à un statut où il n’y a que des leaders dans Bloodbath donc ça ne pouvait plus fonctionner comme par le passé.
Anders : Tu sais, il a exprimé clairement qu’il ne voulait pas faire de concerts avec Bloodbath alors que pour nous, c’est tout le contraire. Nous voulons faire des concerts. Si Mickael avait du temps, ok mais ce n’est pas gagné ; Bloodbath serait en train de tourner. C’est juste une question de temps.
Jonas : Oui mais pour la prochaine tournée de festivals, Opeth sera libéré et donc Bloodbath pourra tourner.

On vous verra donc au Hellfest 2009 ?
Si la proposition est bonne, ce sera le cas... (rires).

KATATONIA – Live Consternation DVD
Peaceville Records

Site : www.katatonia.com

Myspace : www.myspace.com/katatonia

Katatonia fait partie des groupes chouchous de la rédaction que nous suivons donc depuis un bon bout de temps. Toutes les évolutions du groupe ont trouvé grâce à nos yeux et nous attendons donc de pied ferme un nouvel album qui ne devrait pas trop tarder. Alors, quand ceux-ci s’arrêtent au Hellfest, nous plongeons directement dans l’antre aux interviews afin d’avoir nous aussi notre petit moment de bonheur. Merci à Rose V. d’avoir permis au groupe de se détendre avant que nous commencions. Cheers ! Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°22 de Sept. 2008
Entretien avec Anders Nyström (Guitares) et Jonas Renkse (Chant) – Par Pierre Antoine
Rechercher : dans l'interview