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Unearth fait partie des chouchous de la rédac en matière de metalcore. Pourquoi ? La réponse est simple : le groupe est honnête et intègre. La musique d'Unearth vient du cœur, des tripes. Il y a aussi ce respect, cette modestie et cet amour de la musique qui les rend tellement attachants ! Le fait que le nouvel album, The March, terrasse toute la concurrence, n'est donc pas pour nous déplaire. Mais la question qui tue pour tout groupe de metalcore est : « vous êtes un groupe de thrash un peu hardcore ou un groupe de hardcore un peu thrashy »? Eléments de réponse de réponse avec le sympathique Derek Kerswill (batterie).

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°24 de Nov. 2008

 Entretien avec Derek Kerswill (drums) - Par Yath
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Salut Derek ! On va parler du nouvel album, The March, comment se passe la promo ? Pas trop ennuyeuse ?
Jeff : Oh, t'inquiète, ça se passe très bien, on est supermotivés pour ce nouvel album, et donc on est contents d'en parler ! En plus, les gens ont l'air très excités par rapport au disque, il a de bonnes chroniques un peu partout, donc c'est très cool ! 

Le climat commence à être particulièrement hostile autour de tout ce qui est metalcore en ce moment ; or, pour Unearth, ça continue à bien se passer, vous vous en sortez bien !
Super, ça fait plaisir d'entendre ça... Je pense que dès qu'un genre explose, une tonne de nouveaux groupes se jette dans la brèche pour en profiter, ensuite la scène se sature et tout le monde est écœuré. C'est arrivé avec le grunge notamment, tu vois ? De notre côté, on essaye toujours de nous renouveler, de réinventer notre musique tout en gardant une personnalité propre au groupe. Et c'est le premier album que les gars ont complètement composé avec moi, et donc avec un regard un peu nouveau sur les choses. On a voulu remettre les guitares en avant, un truc heavy, avec des super mélodies et nous lâcher complètement. Mettre des breaks et laisser toutes les idées mûrir pour bien les développer.

On a l'impression que vous vous êtes concentrés sur les bases : des supers riffs, old school, avec des solos partout !
Ouais, tu sais, on est avant tout des thrashers, des fans des années 80. On adore aussi la scène suédoise, les trucs mélodiques tout en étant brutaux genre In Flames. On aime aussi Pantera. Putain, comme ce groupe groovait, tout en étant violent ! Pendant un moment, tout le monde a voulu aller très vite et exploser les limites de la brutalité. Maintenant, ça aussi c'est dépassé. Nous, on voulait avant tout faire un album dynamique.

Ouais, mais toujours sans chant clair (rires) !
(rires) Non, pas de chant clair !

Uneath

The March est le 4ème album du groupe déjà. Où trouvez-vous la motivation pour avancer encore et toujours tout en étant un groupe plutôt stable ?
Probablement parce qu'on est sérieux dans ce que l'on fait. On n'est pas loin de la trentaine là, et on vit bien ensemble. On se respecte énormément, on se comprend, on ne fait pas trop d'excès. On est très liés aussi. Ça fait un an est demi que j'ai rejoint le groupe, sachant que j'avais déjà bossé avec eux sur On Coming Storm.

Vivre comme des frères vous aide à rester stable en somme...
Absolument. On vit plus comme une famille que comme un groupe.

Bien sûr, tu vas me dire que The March, qui est quand même différent de ce que le groupe avait proposé jusque là, est le meilleur album d'Unearth...
Yeah, mais ça me paraît logique. Tu sais, on essaye toujours de progresser. Et c'est vrai que l'album est différent. Tu sais, notre album précédent était très sombre, il reflétait une période bien spéciale de la vie du groupe.

Et pour The March, quel est le thème principal ?
On a essayé de trouver un équilibre entre tous les sentiments que tu peux avoir aujourd'hui. Vu l'état de la planète, les problèmes financiers, politiques. Il y a quand même de l'espoir. On a donc cherché l'équilibre entre cette frustration et l'espoir. Il n'y a pas de colère, juste de la combativité, l'envie de te battre pour défendre tes principes, tes besoins et tes valeurs.

Penses-tu que ces genres musicaux, le hardcore et le thrash, qui sont pratiquement nés d'une contestation sociale, aient un rôle important à jouer dans la société d'aujourd'hui ?
Carrément, et à tous les niveaux ! C'est très influent sur les jeunes, et il faut leur délivrer un message résolument positif. C'est une chose très importante que j'ai retenue dans ma jeunesse. Mon seul espoir était de rendre au public ce que la musique m'a donné. On a une connexion importante avec nos fans et on doit les aider à se sentir concernés.

Encore une fois, vous avez une attitude très hardcore !
Ouais, on a certainement une éthique de travail totalement hardcore. On est un groupe de gros bosseurs, un groupe pour les travailleurs aussi. On a fait énormément de sacrifices pour tout donner à nos fans et pour que l'on puisse le faire dans les meilleures conditions.

Vous tournez énormément, c'est assez impressionnant. Comment gérez-vous la fatigue, tu penses que vous tiendrez longtemps à ce rythme ?
Si tu restes en forme, ça va. J'emmène toujours mon vélo en tournée et je pars en vadrouille dès que je peux. Je fais de la muscu aussi. On essaye tous de rester en forme pour tenir le coup. On gère aussi nos périodes de repos. On fait la fête mais pas trop !

Uneath

Si tu devais retenir un moment de toute cette vie sur la route, ça serait lequel ?
Écoute, le meilleur moment de ma vie en tournée, sur ces 10 années qui viennent de passer, est arrivé le mois dernier : au Wacken, devant 60 000 personnes ! On a joué sur la même scène que Maiden, mec ! C'était un des moments les plus intenses de ma vie. J'étais au bord de la scène, je regardais Maiden et je me disais : « Wow, mec, ton rêve est devenu réalité... ».

Voilà votre secret, vous êtes encore des fans !
Voilà ! Tu me donnes une occasion parfaite pour que je t'exposes une théorie que j'ai développée. Tu sais, on voyage souvent et avec pas mal de groupes que je ne citerai pas, et je remarque que beaucoup deviennent aigris et blasés. Ils perdent leur côté « fan ». Et quand tu perds ce côté, tu ne peux plus avoir de connexion avec ton propre public ! Il faut que chaque groupe reste « fan » et respecte à mort ses propres fans. On ne serait nulle part sans eux ! On est très reconnaissants envers notre public et ça, nous ne l'oublierons jamais.

Bon, les pires moments maintenant ? Le groupe avait déjà eu un accident de bus terrible (heureusement, pas de dégâts humains graves) il y a quelques années...
Humm, récemment, je ne vois pas trop... Par contre, tu sais, j'ai joué dans Kingdom Of Sorrow cette année. On a joué la Ozzfest ici aux States, à Austin, Texas, et en partant du site, des gamins ont balancé un truc calciné et hyper lourd sur le bus, on a cru qu'on nous tirait dessus ! En fait, ils ont tapé le pare-brise au pire endroit, le bruit était affreux ! Comme on a cru à un tir de fusil, on s'est précipité comme des fous vers l'arrière du bus et on s'est jeté par terre !

Les fans sont un peu tarés à Austin, on dirait (rires)...
(rires) Ouais, on dirait bien !

Avez-vous testé les nouvelles compos sur scène ?
Ouais. On n'a pas joué toutes les compos, l'album n'est pas encore sorti. Même si on avait vraiment envie de jouer les nouveaux titres ! Ça ne le fait pas de jouer trop de nouvelles chansons que le public ne les connaît pas. En général ça fait même un flop, les fans veulent entendre les trucs qu'ils connaissent et qu'ils attendent un peu ! 

Même si parfois, les fans viennent aux concerts et maîtrisent déjà parfaitement des albums pas encore sortis ! Vous avez eu des problèmes de fuite avec The March ?
Humm, il est dispo sur le net depuis 5 jours seulement (10 jours environ avant la sortie officielle) donc peu de gens l'ont déjà, je pense. Il y avait 3 chansons en avant-première sur Myspace. On a joué 2 de ces titres sur scène et les gens les connaissaient bien !

C'est intéressant que tu parles de Myspace par exemple. Car voilà un exemple d'outil Internet très intéressant pour les groupes de metal, en revanche, les mp3 téléchargés gratos, c'est aussi des ventes en moins pour les groupes...
C'est vrai, tout à fait. On parle tous de ça, de manière régulière. Je pense que la musique a carrément changé de statut. Je pense à ça tout le temps, honnêtement. La musique n'est plus le produit, elle est devenue un outil de promotion. Un outil promotionnel supplémentaire pour inciter les gens à venir te voir sur scène. T'es obligé de présenter de bonnes compos, qui collent à ce que tu proposes sur scène, que ce soit sur CD ou en mp3 (rires). Bien sûr qu'on achète encore des disques, mais rien de comparable à ce qui se faisait avant... Maintenant, quand un album vend 6000 copies, il entre dans le « Billboard top 200 », c'est assez dément tu vois. C'était dément, maintenant, c'est monnaie courante.

Uneath 

Le gratteux de Dismember m'avait confié une fois qu'il préférait vendre 70 CD, avec 330 personnes qui téléchargent l'album et voir les 400 personnes au concert, que de vendre 100 CD et d'avoir 100 personnes qui se pointent au concert...
Ouais, il a raison... C'est exactement ça. Bon, on a tous des maisons de disques, qui doivent vendre des CD, c'est normal, c'est leur travail. C'est un problème qui touche plus les labels que les groupes, puisque les gens continuent d'écouter la musique. Si un jour les gens n'écoutaient plus de musique, là on serait dans la merde...

Vous avez déjà entamé votre tournée pour défendre The March ?
Ouais, depuis une semaine environ, on vient en Europe en novembre normalement. On joue à la Loco à Paris.

C'est une super salle avec une ambiance intime et très chaude ! 
Super, j'adore les petites salles. Bon, je vais pas cracher sur les 60 000 personnes du Wacken (rires) ! Mais ces petites salles nous donnent l'occasion de vraiment fusionner avec notre public. On voit toutes les têtes, ce qui est impossible dans les stades par exemple !

Dans tes rêves plus fous, avec qui aimerais-tu tourner ?
Super question ! Je dirais : hummm… Pantera, qui ne reviendra évidemment jamais malheureusement... Tu sais que j'ai joué avec Pantera sur leur dernier show ?

C'est vrai ??
Yeah, c'était au Japon en 2001. J'étais dans Shadows Fall à l'époque et on a ouvert pour eux. J'ai appris il y a quelques mois que c'était leur dernier show...

J'espère que tu te rappelles bien de cette soirée alors !
Ouais, c'était très spécial... Pour revenir à ta question, si on pouvait faire une tournée avec Pantera et Testament, ça serait le pied !!

Et Testament vient de sortir un album, ça peut se faire, ça !
Ouais, j'espère ! En plus, on connaît bien leur manager, pourquoi pas ? Personnellement, j'adore Queens Of the Stone Age, mais ça serait pas très intelligent comme tournée, ça (rires) !

C'est une bonne année pour le thrash. On a parlé de Testament, il y a aussi le fameux Death Magnetic de Metallica... Pas trop dure la concurrence ? Vous sortez votre album le même mois !
Ahhh… LA question du nouvel album de Metallica... Tout le monde parle de Metallica, c'est l'unique sujet de conversation ce mois-ci (rires) ! Écoute, je suis plutôt un « pro » Death Magnetic, c'est leur meilleur album depuis le Black Album... Mais franchement, Lars... parfois la batterie est tellement molle que ça en devient gênant !

J'ai pu écouter les shows des « release parties » proposés dans l'édition spéciale de l'album (merci chef -ndlr-) et comme tu dis, la batterie est « étrange » par moments !
(rires) Ouais, étrange est le mot ! Mais je ne sais pas pourquoi, ça passe pour Metallica !

Bon, question du Manager pour finir : que dirais-tu à un fan français de metal pour le convaincre que The March est son album du mois et qu'il doit venir vous voir sur scène en novembre ?
Si tu veux te prendre un poing dans la gueule, achète ce disque et viens nous voir en concert ! 100% Pur Metal !

Merci beaucoup pour cette interview, man, et à bientôt !
Merci à toi et à toute l'équipe, à bientôt sur la route !



UNEARTH – The March
Metal Blade Records

Myspace : www.myspace.com/unearth