DELAIN

DELAIN, personne ne connaissait il y a 3 ans. Or, dès leur premier album, Lucidity, les Bataves ont rameuté dans leur sillage des hordes de fans de Metal symphonique à chanteuse, simplement parce que ce premier essai fut une réussite. La pression était donc palpable au moment de faire ce deuxième album très attendu, qui devrait être celui de la confirmation, surtout que depuis le split d’After Forever et la fin de The Gathering, il y a des places à prendre dans ce style. Nous avons donc interrogé le sympathique Martijn Westerholt, maître-penseur du groupe, pour savoir de quoi il retournait cette fois...

Interview également parue dans le METAL OBS' n°28 de Mars 2009

 Entretien avec Martijn Westerholt (claviers) – Par Geoffrey & Will Of Death
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Nous avons appris la semaine dernière qu’After Forever avait splitté (Ndlr : interview réalisée le 9 février). Tu as un commentaire ?
Oui, c’est triste pour les gens qui aiment ce style de musique et ça n’a pas du être une décision facile à prendre. Je leur souhaite à tous le meilleur pour la suite. Sander est occupé avec HDK et pour ce que j’en ai entendu, c’est cool et ça lui correspond bien. Floor va s’occuper aussi dans un autre projet et donc, savoir qu’ils continuent dans la musique est une bonne chose. Je respecte leur choix mais c’est triste pour cette scène.

La bonne chose est qu’il y a maintenant plus d’espace pour Delain (rires) !
(rires) On peut voir ça comme ça !

La dernière fois qu’on s’était parlé, c’était au Raismes Fest, il y a un an et demi. Que s’est-il passé pour vous depuis ce temps ?
Beaucoup de choses ! Déjà, la cohésion du groupe s’est renforcée car nous avons collaboré ensemble pour notre nouvel album, April Rain. Quand tu ne fais pas tout tout seul, tu ressens d’autres émotions. Nos relations sont donc meilleures aujourd’hui. Durant ce laps de temps, nous avons donné beaucoup de concerts pour essayer de grossir un peu plus. Rien de tel que le live pour ça et je ressens aujourd’hui une sorte de sentiment magique à propos de ce groupe. Nous avons composé des titres en tournée pour la première fois, l’équipe qui nous entoure a été super, vraiment, c’est magique.

C’est quelque chose qui se ressent sur le nouvel album…
C’est bon à entendre parce que tu es le premier qui m’interviewe pour cet album et je suis curieux de savoir ce que les gens en pensent. C’est un bon début en tout cas (rires). 

Avant de parler d’April Rain, comment vois-tu Lucidity, maintenant ?
Je me suis rendu compte en répétant cette semaine avec mes collègues que je trouvais ces chansons déjà anciennes parce que je les ai composées il y a longtemps. Ça ne fait que 3 ans en réalité mais si je compare ces titres avec ceux du nouvel album, je me rends bien compte que nous avons franchi un sacré palier. Je regarde donc Lucidity en arrière maintenant.

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Bosser avec toi fut si horrible pour qu’il n’y ait que Marco Hietala (Nightwish, Tarot) comme invité cette fois (rires) ?
L’idée n’était pas qu’il n’y ait que Marco mais ça s’est fait comme ça pour des problèmes de timing. J’avais d’autres personnes en tête mais nous avons dû enregistrer très rapidement cette fois. De plus, la musique nous est venue si naturellement que nous n’avons pas senti qu’il y avait urgence à trouver des gens supplémentaires. Marco, on l’a revu en festival l’an dernier et je lui ai dit que ce serait cool de l’avoir encore une fois avec nous sur cet album parce que nous avions adoré ce qu’il avait fait sur Lucidity. Comme la fois dernière, Charlotte avait enregistré toutes les parties de chant et je savais qu’avec la voix de Marco dessus, ça conviendrait parfaitement ! Il ne lui a fallu que 3 ou 4 heures pour venir à bout de ses parties et j’adore le résultat.

Nous pensons que c’était aussi important pour le groupe de ne pas avoir trop d’invités cette fois, histoire de prouver à tout le monde que Delain n’était pas que ton projet solo, mais un vrai groupe…
Oui, encore une fois, les chansons sont venues d’elles-mêmes c    ar nous nous connaissons mieux. Je n’étais pas du tout inquiet.

Cet album semble effectivement plus solide pour cette raison. Donc, comment s’est passé la composition cette fois ?
Déjà, j’ai eu 5 ou 6 ans pour peaufiner les titres de Lucidity, pas là. Il nous fallait un nouvel album assez rapidement et nous avons donc commencé à composer en novembre 2007. Ça n’a pas été évident parce que j’étais toujours en mode « live » et il fallait se replonger dans le mode « écriture » et pour ça, j’ai reçu beaucoup d’aide de la part de Ronald (guitares) et de Charlotte. Je sais maintenant plus précisément ce que Ronald peut jouer et apporter, comment Charlotte peut faire les choses. Quand elle a enregistré Lucidity, elle n’avait que 17 ans et elle a vieilli et évolué. Elle a beaucoup plus expérimenté sur le nouvel album et ce fut donc plus facile de s’accorder sur certaines parties.

Nous avons lu quelque part que tu avais déjà des idées pour le prochain album !
Vous n’avez pas fait ça, quand même ?! (rires) Oui, j’ai toujours plein d’idées mais ce n’est pas toujours très clair au départ. Je sais que je dois toujours continuer à écrire quand j’ai le temps parce que si un jour, nous devions faire plus de concerts, je serais peut-être bloqué. Je sais aussi que si un jour nous avons la chance de bosser avec un gros orchestre, j’aurai besoin de plus de temps pour travailler les arrangements et peut-être moins la musique en elle-même. Donc, je reste actif mais pour l’instant, c’est très primitif.

Le fait que tu ais moins de temps, ça vient du label qui vous met la pression ?
Non, pas du tout ! Ça vient de nous-mêmes même si le label veut évidemment toujours un nouvel album. Ceci dit, il n’est aucunement question de précipiter le travail mais plutôt d’être plus cool une fois que c’est fini. Nous avons fait de notre mieux, je suis certain que nous ferons encore mieux la prochaine fois parce que nous aurons encore progressé dans l’écriture : c’est un processus musical normal, en fait.

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Parfois, c’est vrai que certains font de mauvais albums quand ils ont plus de temps mais le contraire est vrai aussi…
Oui. Peut-être que se mettre la pression donne de meilleurs résultats. Mais je ne peux pas te dire si j’ai raison cette fois-ci : le public jugera. Quand un artiste écrit quelque chose, il est toujours satisfait de son job alors que le succès peut ne pas être au rendez-vous. En fait, la pression vient maintenant, avec les journalistes et les concerts qui vont arriver, mais pas pendant l’écriture parce que je suis confiant en mes possibilités de compositeur.

Comment décris-tu le nouveau matériel ?
Il y a plus de contraste et je voulais que ce soit plus puissant sans que les sentiments procurés par la musique n’en pâtissent. Il peut y avoir aussi de la puissance dans les moments les plus calmes de l’album, c’est une notion assez floue en fait. Les titres sont quand même un peu plus rapides mais avec beaucoup de contraste pour varier les plaisirs.

Oui, « April Rain » est d’ailleurs un super titre pour ouvrir l’album.
Oh, merci. La seule chose que je veuille avec ce groupe est de ne pas me sentir mal vis-à-vis de la moindre compo, même dans 2 ou 3 ans. Ce titre est puissant mais en même temps, on reconnaît bien notre patte car il est joué dans un mode mineur. Ça confère au titre pas mal de légèreté et je l’aime beaucoup.

Quels gros changements vois-tu par rapport à Lucidity ?
C’est plus orienté guitares et plus rapide, comme je l’ai dit...

Oui, tout le monde déteste les claviers de toute façon (rires) !
Ah ah… excepté moi, bien sûr (rires) ! Non, mais le fait que ce soit plus orienté guitares est réfléchi : je voulais vraiment avoir des titres qui aillent dans ce sens car je pense que c’est mieux pour le live.

Avec ton expérience et les différents albums que tu as déjà enregistrés, est-ce facile de trouver l’inspiration tous les jours ?
Non, pas forcément parce qu’il faut essayer de s’éloigner de ce que tu as déjà fait. Il faut à chaque fois essayer de trouver un sentiment différent et en fait, quand tu as déjà écrit pas mal de chansons, tu deviens encore plus critique envers toi-même. Là, par exemple, la dernière chanson de l’album est lente mais aussi plus ténébreuse. Je cherche à chaque fois de nouvelles directions.

Une question un peu chiante, mais de quoi parlent les nouvelles chansons ?
C’est une bonne question en fait (rires) parce que les titres parlent pas mal des expériences personnelles de Charlotte et je vais t’avouer un truc : je ne les lis jamais.

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Tu déconnes…
Non, parce que certains trucs trop personnels risqueraient de m’ennuyer. Je suis vraiment plus spécialisé dans la musique et donc, j’écoute les paroles plus que je ne les lis. Les sentiments exprimés par Charlotte sont différents de ceux que je ressens quand j’écris la musique. C’est assez étrange mais je me focalise plus sur la manière dont ses mélodies vont s’intégrer à ma musique. Mais si ça ne me plait pas, je le fais savoir. Charlotte est spécialisée dans l’écriture des paroles, pas moi. Je n’en ai jamais écrites, même si je sais que je ne serais pas mauvais là-dedans. Pour cet album, ce que j’aime bien, c’est qu’elle a écrit des choses que tout le monde peut immédiatement comprendre mais en même temps, ce n’est pas trop direct. Plusieurs interprétations peuvent apparaître. C’est aussi pour ça que je ne suis pas constamment derrière elle pour lire ses paroles, j’ai confiance en son écriture. A elle de ne pas nous décevoir…

C’est quand même pas mal de pression pour elle, du coup, par rapport à ce que tu dis là…
Oui, mais il faut savoir trouver le bon équilibre entre les riffs et les refrains. Charlotte est douée pour ça. C’est pour ça aussi que l’ambiance est meilleure dans le groupe : mes compères se sont rendus compte que je leur laissais leur part de liberté, leur espace. Je ne suis pas un dictateur : je pense que c’est assez facile de bosser avec moi. Le but est que chacun puisse exprimer ce qu’il a de meilleur en lui et ce n’est pas en disant toujours ce qu’il y a à faire qu’on y parvient. Même si mes collègues semblent apprécier ce que j’écris, avant de valider, je leur demande toujours ce qu’ils en pensent. Ça m’aide à rester critique envers moi-même. J’accepte les critiques.

Qu’attends-tu de cet album ?
J’espère qu’il va surprendre les gens parce que je pense que les auditeurs ne s’attendent pas à la direction un peu plus dure que nous avons prise. Peut-être s’attendent-ils à quelque chose de plus pop, alors que c’est plus Metal. Ça vient aussi de la production qui est plus heavy. J’ai un bon pressentiment par rapport à l’accueil qui va être réservé à cet album mais évidemment, on ne sait jamais. J’y crois très fort.

Quel est le futur du groupe, là ?
Jouer (rires) ! Jouer le plus possible ! On va jouer avec Kamelot, faire une tournée en tête d’affiche également, en Allemagne, Autriche, Pays-Bas et Espagne.

Pas en France ?
Non, pas cette fois mais nous jouerons certainement en France avant l’été sur une autre tournée (Ndlr : finalement, le groupe sera bien à Toulouse le 1er avril avec Kamelot). Je veux vraiment faire plusieurs dates d’affilée chez vous donc nous allons bosser là-dessus. Avec l’Allemagne, vous êtes le pays le plus important pour nous parce que le public français est vraiment excellent et vous êtes un gros marché. Les shows que nous avons donnés à Lille et à Paris ont vraiment été fantastiques, par exemple. En Allemagne, les gens écoutent plus qu’ils ne participent mais en France, vous êtes de vrais cinglés. Et on adore ça !

DELAIN – April Rain
Roadrunner Records



Site: www.delain.nl

Myspace : www.myspace.com/delainmusic