PESTILENCE

Pestilence, Obituary, Cynic, même combat ! S’il y a bien un groupe dont on ne s’est jamais remis du split, c’était bien celui de Patrick Mameli, qui nous avait ouvert les voies du old school death-metal en 1987 avec sa 1ère démo. Le groupe avait alors sorti des monuments du death, dont la pierre angulaire Consuming Impulse, pour finir sa carrière en queue de poisson en 1993 avec le très décrié Spheres, un album qui ne fut pas compris car trop avant-gardiste pour l‘époque. Mais voilà, le temps a fait son effet et bien que Patrick reste très marqué par cet échec, il a décidé de ressusciter son bébé avec un terrible album, Resurrection Macabre. Nous ne pouvions évidement pas passer à côté de ça. Interview événement avec un mec supra cool ! 

Interview à paraître également dans le METAL OBS' n°28 de Mars 2009

 Entretien avec Patrick Mameli  (guitares, vocaux) – Par Will Of Death
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Tu sais, on avait fait une interview ensemble par mail pour C-187 en juillet 2007 mais au téléphone jamais. Et ça fait 20 ans que je voulais te dire ça : j’ai 37 ans et quand Consuming Impulse est sorti en 1989, il a changé ma perception de la musique. Je suis un fan absolu de Pestilence depuis cette époque, donc, c’est un honneur de pouvoir t’interviewer aujourd’hui.
Oh, merci ! C’est important ce que tu me dis là parce que j’ai souvent des retours comme ceux-là, également de la génération moderne. J’apprécie vraiment.

Comment a été accueilli l’album de C-187 ?
Ce n’est un secret pour personne que de dire qu’il n’a pas reçu la réponse que j’espérais, probablement parce que mon nom est trop lié à Pestilence. A partir du moment où le label a décidé de présenter l’album comme celui d’ex-membres de Pestilence, de Cynic, d’Atheist et de Death, les dés étaient pipés d’avance car les fans s’attendaient à autre chose que ce qu’on a proposé. Les gens s’attendaient à quelque chose de plus death-metal. Je me sens toujours mal à l’aise par rapport à ça parce que je continue de dire que c’est un très bon album et que ça na rien à voir avec Pestilence. Il y a beaucoup de musicalité dedans, des harmonies très riches, de super vocaux : je pense que cet album est une combinaison de sacrés talents. Mais maintenant, j’essaie de me faire une raison.

Est-ce la reformation de Pestilence qui a fait que vous n’avez pas tourné pour C-187 alors que tu m’avais dit que vous alliez donner quelques concerts ? Ou alors, est-ce que cette tournée a été annulée faute de ventes suffisantes du disque, par exemple ?
Non, nous voulions vraiment tourner pour l’album avec ce line-up mais comme Sean (Reinert) a reformé Cynic avec Paul Masvidal, nous n’avons pas pu. Quand nous avons formé C-187, Sean m’avait donné un accord verbal pour tourner mais entre temps, Cynic a refait surface et il s’est trouvé très occupé à répéter et à enregistrer leur nouvel album. Tourner avec un line-up différent de celui de l’album n’aurait eu aucun sens. Finalement, C-187 en restera au stade de projet studio, comme ça avait été envisagé au départ. Va savoir, ce n’est peut-être pas plus mal…

Comme on en avait déjà bien parlé dans l’interview de C-187 faite ensemble en juillet 2007, on ne va pas revenir sur les raisons qui t’avaient poussé à arrêter la musique. Par contre, en 2007, tu n’avais pas du tout évoqué la possibilité de faire renaître Pestilence. Qu’est-ce qui t’y a poussé finalement ?
En fait, depuis 2007, tout le monde me demandait quand Pestilence allait revenir. J’ai vu par exemple que la page Myspace tenue par un fan était très visitée et ça a germé dans mon esprit. Quand j’ai demandé à Patrick (Uterwijk) ce qu’il pensait de l’idée de ressusciter Pestilence, j’ai cru qu’il allait mourir ! Immédiatement, il m’a demandé quand j’allais commencer…

Quelles étaient pour toi les conditions sine qua non pour que Pestilence puisse revenir ?
Je n’ai pas trop suivi ce qui s’est passé au niveau du business pendant presque 14 ans mais quand j’ai commencé à m’y intéresser à nouveau, je me suis rendu compte que Roadrunner avait signé une tonne de groupes et il y avait donc peu de chances pour qu’ils puissent nous supporter comme ils l’ont fait auparavant. Spheres, notre dernier album, n’a pas marché et je n’en ai jamais parlé avec le label. Je n’avais donc aucune idée de savoir s’ils étaient toujours intéressés pour faire quelque chose avec moi. Quand j’ai discuté avec le boss de Mascot s’il pourrait être intéressé pour me signer, si je refaisais un projet (C-187), il n’a même pas réfléchi. Je suis donc très content d’avoir signé chez eux aussi pour Pestilence parce qu’ils vont tout faire pour supporter le groupe. C’est tout ce dont j’ai besoin.

Mascot Records n’est pas un label énorme mais on voit bien qu’avec Volbeat, par exemple, ils ont fait un super boulot. J’ose espérer que ce sera la même chose pour Pestilence…
Oh oui ! Volbeat est très différent musicalement et ils ont effectivement fait du bon boulot avec eux. Pourtant, Mascot n’était pas forcément super branché rock n’ roll au départ. Ils ont pris un risque avec Volbeat, ce n’était pas comme si le label voulait se faire uniquement du fric. Je préfère donc être signé sur un label comme Mascot plutôt que d’être paumé au milieu de plein d’autres groupes sur un gros label.

N’a-t-il pas été trop dur pour toi de reprendre le micro ?
C’est comme rouler à vélo ! Tu peux ne pas rouler pendant 10 ans, quand tu remontes dessus, tu ne te casses pas la gueule. Pour la voix, c’est un peu comme ça : tu connais la technique. Tu sais, sur la première démo de Pestilence, c’est moi qui chantais, et ça date quand même de 1986 ! C’est vraiment naturel pour moi, en fait. Je pense que la manière dont je chante maintenant est un peu plus grave et plus agressive. 

Il me semble en effet que ta voix n’ait rien perdu, qu’elle est même plus gutturale qu’avant.
Oui, effectivement, mais c’est aussi une question de mentalité : pour Spheres, j’en avais tellement marre de faire la même musique et de tourner, que j’ai voulu faire aussi quelque chose de différent avec ma voix. Et puis, durant toutes ces années qui ont suivi, je croisais des gens qui me parlaient d’autres groupes ; un jour, un gars m’a parlé de Hate Eternal. Je suis donc allé écouter ça sur Internet et j’ai été soufflé ! Quelle voix, quelle batterie ! C’est vraiment ça qui m’a retourné le sang à nouveau : je me sentais prêt à repartir au charbon, à tout détruire ! Je comparerais notre nouvel album au Painkiller de Judas Priest ; je veux dire par là que c’est notre album le plus brutal, une chose qu’on n’avait jamais faite avant. J’avais cette énergie pour sortir des trucs vraiment brutaux cette fois. 

Beaucoup de fans se sont posés cette question, donc, je te la pose à mon tour : as-tu pensé un moment à demander à Martin Van Drunen de revenir dans le groupe quand tu as décidé de remettre en route Pestilence, étant donné que celui-ci a aussi remis les pieds récemment dans la scène death-metal avec Asphyx et Hail Of Bullets ?
Non, pas du tout parce que c’est lui qui est parti après Consuming Impulse. Je ne l’avais pas mis dehors à l’époque. Lors de la tournée américaine qui a précédé l’enregistrement de Testimony Of The Ancients, nous sommes partis dans des directions différentes : je voulais qu’il chante de manière plus grave parce que ça convenait mieux aux compos que j’avais écrites. Or, sa voix ne convenait plus, il ne se sentait plus à l’aise. Les histoires de business, les relations entre nous, tout ça déconnait un peu aussi et il ne se sentait plus à sa place dans le groupe. Comme je te l’ai dit, je chantais déjà pour Pestilence avant que Martin ne fasse partie du groupe et il y a eu deux camps : ceux qui préféraient les titres avec Martin et ceux qui préféraient ma voix. Il y a rarement eu de milieu, ce qui est étrange puisque j’ai toujours écrit la majorité de la musique des albums. Il est parti dans Asphyx et il s’y sent mieux. Chacun trouve son bonheur et c’est bien comme ça. 

Une grosse nouveauté dans cet album de Pestilence est la présence de blast-beats ! C’est quelque chose que tu avais apparemment déjà en tête au début des années 90, non ?
C’est effectivement quelque chose que nous voulions faire mais Marco Foddis ne se sentait pas à l’aise avec ces plans. Non pas qu’il ne pouvait pas le faire (parce que j’ai des cassettes de certaines répétitions où il en faisait et ça pétait grave !) mais pour lui, on pouvait être technique dans autre chose que la rapidité. C’était compliqué pour moi de lui mettre la pression à ce niveau et je ne le voulais pas. Cette idée avait germé à l’époque où Morbid Angel s’était pointé avec Altars Of Madness, qui était fantastique. J’avais adoré cette incorporation de blast-beats dans le death-metal, c’était hyper brutal. Marco était mon pote, il avait toujours fait partie du groupe et je ne me voyais pas le faire chier indéfiniment avec cette histoire. Maintenant, avec Peter Wildoer à la batterie, tout est possible : ce mec est un malade ! Il a la technique et il adore blaster. Il aime jouer rapidement de la double ; je n’ai nullement besoin de le motiver pour ça. Ça sonne compliqué quand tu écoutes l’album, mais pour lui, c’est relax.

PESTILENCE

Certaines rythmiques sont martelées de manière répétitive sur cet album, je pense à celles de « Synthetic Grotesque » ou de « Resurrection Macabre », par exemple. Etait-ce une manière pour toi de revenir au côté old school du death metal qui consistait à avoir de vrais couplets rythmiques et de vrais refrains mémorisables ?
Tu sais, je ne nommerai personne mais au long de toutes ces années, j’ai vu je ne sais combien de groupes jouer des choses hyper technique où il y a 10.000 riffs. Même moi qui suis musicien, je m’y perds. Alors, c’est impressionnant mais en concert ou en festival, tenter de reproduire ce genre de musique est très compliqué et le fait que ce soit toujours à fond les manettes n’est pas très intéressant. Un groupe comme Meshuggah par exemple a cette capacité à jouer des choses hallucinantes mais ils répètent leurs parties, ce qui fait qu’on finit par rentrer quand même dans leurs titres, dans leur groove. J’ai toujours ceci en tête : quand je vais voir un concert, je fais comme si je ne connaissais pas le groupe et j’ai donc besoin de comprendre ce que le groupe veut faire passer. Ceux qui ne connaissent pas Pestilence vont peut-être trouver que certains trucs sont répétitifs, mais si comme toi, tu connais les anciens albums, avec des titres comme « Out Of The Body », tu sais que nous avons toujours fait ça : « maintenant, c’est le refrain. Après, il y aura ce break qui revient, etc… ». Ce sont des grandes lignes qu’on essaie presque de rendre hypnotiques. Alors, nos parties sont toujours techniques mais comme c’est un peu répétitif, les gens pourront entrer dans le groove.

L’album de C-187 semble avoir été un bon warm-up pour le son de Resurrection Macabre, puisque vous avez rebossé avec Jacob Hansen. Quelles différences vois-tu entre le son des 2 albums ?
La grosse différence est que pour le nouvel album, j’ai eu beaucoup plus mon mot à dire parce que j’étais là constamment. Quand Jacob a reçu les bandes de C-187 pour le mix, tout était déjà enregistré et il a fait le travail sans que je ne sois là. Il a un peu fait comme il le sentait. Mais Pestilence et le death-metal, c’est autre chose et je devais vraiment être là pour co-produire l’album avec lui. Je suis content du résultat. Le son de C-187 était plus ouvert, comme la musique d’ailleurs. Le death-metal réclame une autre approche de la production.  

Le son du nouvel album me rappelle celui de Consuming Impulse dans le sens où c’est vraiment très heavy, même si c’est plus moderne évidemment…
Oui, nous voulions revenir à l’essence de Pestilence. Ce que je veux que les gens comprennent, c’est que le retour de Pestilence n’est pas un come-back classique dans le sens où le groupe serait revenu avec tel ou tel line-up ancien. C’est un nouveau groupe car on a de nouveaux concepts et de nouveaux membres, mais tout ça se rapproche de Testimony Of The Ancients. Nous voulions revenir au son brutal qui nous caractérisait quand nous avons commencé en 1986 ; or, à l’époque, nous n’avions pas réussi à capter ça. Maintenant, nous avons la technique pour le faire, nous jouons mieux et nous savons bien mieux comment bien produire un album. Bosser avec Peter et Tony a été fantastique parce que j’ai jamais eu à dire à quiconque comment jouer de son instrument. Ils font leur truc et c’est toujours bon ! Tony a par exemple enregistré les 14 chansons en 3 jours ! En 3 jours, Will ! Tu ne te rends pas compte ? C’est complètement dingue… Nous avons enregistré cet album en deux semaines ! C’est de la folie. Il y a tant de talent dans ce groupe que nous pouvions revenir à l’essence de Pestilence tout en proposant du neuf. Pestilence est un terme brutal, il fallait donc que la musique suive à nouveau le concept. Beaucoup de monde a dit que Spheres était un album trop froid pour Pestilence, que ça craignait alors que de nombreuses personnes l’apprécient maintenant. Alors, je ne sais pas trop. Nous avons fait un choix, on verra bien.

Comment expliques-tu que des groupes comme Pestilence, Atheist ou Cynic soient compris aujourd’hui, ayant même un statut culte, alors que vous vous êtes tous séparés dans les années 90 car justement, vous n’aviez pas trouvé votre public à cause de vos expérimentations ? Les fans de death-metal seraient-ils plus ouverts d’esprit en 2009 ?
J’aimerais le croire mais pour l’instant, je n’en sais rien pour la simple et bonne raison que l’album n’est toujours pas sorti et que nous n’avons pas encore joué en live. Il y a deux titres sur notre Myspace et la plupart des réactions sont positives. Certaines personnes croyaient que ça allait sonner comme Spheres et se sont rendues compte que c’était plus old school. Mais ce n’est pas du pur old school death-metal car avec Peter à la batterie, c’est plus fusion-drumming que sur n’importe quel album de Pestilence. Les titres dans leur ensemble sont plus brutaux et il y a très peu de mélodies, comme on avait pu en présenter sur un titre comme «     Land Of Tears » par exemple, notamment au niveau des soli. Là, je joue sur des gammes de LA complètement dingues et ça me rend heureux parce que l’énergie que j’ai retrouvée me pousse. Je pense que cet album pourra plaire à tout le monde et j’attends vraiment de voir quelles vont être les réactions, que ce soit sur album mais aussi en live. J’espère que Peter ne sera pas trop fatigué de sa tournée américaine avec Darkane parce que nous allons aussi les embarquer avec nous sur la tournée européenne. On va bien voir ce que ça va donner…

Peut-on parler de ton approche des paroles sur ce disque ? Là aussi, revient-on à des thèmes purement death-metal ?
Déjà, il faudrait savoir ce que sont les thèmes habituels du death-metal…

Bah, tu sais, le gore, l’horreur, les trucs dingues, ce genre de trucs…
Ok, dans ce cas, je dirais qu’au niveau des paroles, c’est plus dans l’esprit Consuming Impulse. Les thèmes que j’aborde sont assez réalistes puisque je parle surtout de choses que je vois actuellement dans le monde ou quand je regarde les news à la TV. Quand tu liras les paroles, tu comprendras assez facilement de quoi je parle : la haine, l’addiction aux drogues, la violence, tout ce qu’on peut observer dans le monde, quoi, surtout depuis le 11 septembre. Les exécutions continuent partout, des gens se font tuer pour des raisons politiques, etc… Mes textes se veulent plus philosophiques, pas gore ou ce genre de trucs. En aucun cas, je ne veux donner de leçon ; je ne fais que décrire des situations et la musique est beaucoup plus importante que les textes.

Que signifie justement le titre « Y2H »? Ce titre est énigmatique pour moi…
Y pour Year (année), 2 pour to (pour) et H pour Haine. Donc, c’est Year To Hate (l’année pour haïr). Ce titre parle des gens qui n’ont pas grand chose mais qui aident quand même ceux qui n’ont rien. Quand tu vois tous ces mecs qui se font du fric et qui insultent les gens dans la rue qui leur demandent un peu de fric, c’est révoltant. Ou quand tu regardes la télé : tu vois un jeune enfant noir en train de crever de faim ; tu changes de chaînes et tu vois alors des mecs jeter de la bouffe. Ça fout la rage. Ces gens ne semblent pas affectés de faire ça. Avant, quand on voyait un gosse dans la rue, on se disait « oh, mon dieu ! ». Maintenant, ça semble presque normal, on n’y prête plus attention.

PESTILENCE

En bonus de l’album, tu as réenregistré 3 titres issus de tes 3 premiers albums, qui ont été élus par les fans. D’où t’es venue cette idée et comment analyses-tu ce vote ?
C’est en fait une idée de ma femme : elle s’est demandée quelles seraient les chansons que les fans voudraient réentendre en premier. On en a discuté avec le label et ils se sont dits que l’idée de voir comment ces titres pourraient sonner avec un son plus actuel était bonne. Certains ont dit que ce n’était pas nécessaire parce que ces titres sont des classiques et qu’on ne devait pas y toucher mais comme je l’ai dit, ce sont mes chansons et je peux en faire ce que je veux, peut-être même montrer aux gens que ces titres peuvent encore être meilleurs joués d’une manière différente. Par exemple, je trouve que « Out Of The Body » est bien supérieur, là, que l’ancienne version, notamment au niveau de notre habileté rythmique, car Peter est un excellent batteur. Marco l’était aussi à sa manière mais je me souviens très bien que quand nous avons démarré Pestilence, il n’avait jamais touché de batterie ! Je voulais démarrer un groupe et comme il était mon meilleur pote, je lui ai dit : « Tu seras le batteur ». « Mais, Patrick, je ne sais pas jouer de batterie ! »… « Et bien, tu apprendras ! » (rires). Il a donc acheté un kit de batterie et la manière dont il a évolué jusqu’à Spheres est fantastique pour quelqu’un qui a appris tout seul. La grosse différence avec Peter, c’est qu’il est prof de batterie. Il est à un autre niveau. Les titres sonnent donc de manière différente et c’est tout bonnement excellent.

Il n’y a pas de titre de Spheres parmi ces chansons élues par les fans. Je me suis dit : mais pourquoi n’a-t-il pas justement réenregistré de titre de cet album ? Ça aurait été le meilleur moyen de montrer aux gens à quel point ces titres étaient bons !
Oh oui, je suis totalement d’accord avec toi ! Le truc, c’est que parmi les gens qui ont voté, pas grand monde n’a choisi ces titres. J’aurais adoré refaire « Soul Search » ou « The Level Of Perception » avec le niveau de brutalité qui est le nôtre aujourd’hui, ça aurait sonné de manière énorme. Mais n’aie crainte, il y a de fortes chances que nous jouions ces titres en tournée à notre façon…

Super ! Je n’attends que ça, parce que moi, cet album, je l’apprécie.
Merci à toi. Mais les gens m’ont tellement dit que cet album était de la merde que j’ai eu du mal à réécouter ma propre musique ! Mais tous ces titres font partie de moi et on en jouera en live, définitivement.

Tu sais, je t’ai dit que j’étais un fan ultime de Consuming Impulse et c’est vrai que la première fois que j’ai écouté Spheres, ce fut… étrange. J’ai eu la même réaction avec Cynic ou Atheist à l’époque. Or, maintenant, vos albums sont cultes pour moi. C’était peut-être trop avant-gardiste pour l’époque, je ne sais pas…
Je suis d’accord. Avec le recul, j’aurais peut-être dû sortir Spheres sous un autre nom que Pestilence. C’était différent mais la manière de riffer était du Pestilence. L’approche était différente, avec plus de groove et moins de rapidité. Nous voulions montrer que nous pouvions aussi jouer de nos instruments d’une façon plus jazz ; Cynic a fait exactement la même chose et le résultat a été identique, malheureusement. Puisqu’on ne me comprenait pas, j’ai arrêté.

Comment vois-tu la scène death metal de nos jours ?
Je n’en ai aucune idée, vraiment ! Plus diverse certainement. Toi, par exemple, tu fais partie de la vieille garde du death-metal, comme moi, et tu continues d’écouter nos albums, mais les plus jeunes ne connaissent pas Pestilence et n’ont aucune idée de la manière dont la scène death a évolué depuis 1984 et l’apparition de Possessed et de Mantas (premier nom de Death). Nous faisions du tape-trading et quand nous avons découvert ces groupes, nous sommes tombés sur le cul. Tout ce que j’espère, c’est que nous parviendrons à impressionner à nouveau les vieux fans et à s’en faire de nouveaux parmi les plus jeunes. 

Alors, question primordiale pour moi : Pestilence est-il de retour pour de bon, à l’instar d’un Obituary ? Autrement dit, prévois-tu d’autres albums ?
J’aimerais le penser mais tu sais, j’ai 41 ans et je ne n’ai plus les mêmes responsabilités qu’auparavant : j’ai une famille, deux garçons et un boulot normal. Quand je jouais dans Pestilence, la musique était ma top priorité, plus maintenant. Je dois prendre soin des miens avant tout. Mais si ce nouvel album est un succès, sache que je mettrai tout en œuvre pour en enregistrer un autre, définitivement. 

Qu’attends-tu des dates qui arrivent, là ? Impatient de retrouver les fans, je suppose ?
Oh oui, je n’en peux plus d’attendre. Mais je suis assez nerveux en ce moment parce que la seule fois où tout le groupe a été réuni dans la même pièce, c’est quand nous avons enregistré au Danemark. Avant de partir en tournée, nous n’aurons qu’une semaine pour répéter les vieilles et les nouvelles chansons…

…Oh, je suis sûr que vous allez y arriver ! Vous êtes tous trop bons (rires) !
(rires) Oui, comme je le disais, c’est comme rouler à vélo. En tout cas, j’ai retrouvé ma passion, mon énergie pour être encore plus brutal sur scène. La seule différence est que nous n’avons plus de cheveux et que nous ne pourrons pas trop headbanguer (rires) !

Ne t’inquiète pas pour ça, c’est la même chose ici bien qu’il me reste un peu plus de tifs que toi (rires) ! Mais tu sais, je serai au Biebob de Vosselaar le 26 avril pour vous voir ! Ca va me faire faire 1.400 km aller-retour mais tant pis, je ne peux pas louper ça !
Ecoute, il n’y a pas 36 solutions : tu contactes le promoteur là-bas et tu lui dis que tu es automatiquement sur la guestlist. Je ferai en sorte de vérifier que ça sera bien noté afin qu’on puisse se serrer la pince et boire quelques bières.

Que peut-on te souhaiter maintenant, à l’aube de la sortie du disque ? Es-tu nerveux ?
Tout ce que j’espère, c’est que l’album ne va pas se retrouver sur Internet avant la sortie. Tu peux nous souhaiter bonne chance par rapport à ça parce que le C-187 a été divulgué un mois avant sa mise en bac. Pour nous, ça serait terrible par rapport au choc que nous voulons produire lors de sa sortie. 

Ecoute, voilà, on a fait le tour. Merci pour ton temps et tes réponses !
Merci à toi surtout pour ton support depuis 1987 et aussi pour avoir parlé de Spheres parce que trop de mauvaises choses ont été dites à son propos et ça m’a beaucoup desservi. C’est un album qui aurait mérité un autre traitement. En plus, ça fait un moment que je n’avais pas fait d’interview pour parler de Pestilence et comme tes questions étaient cool, je te remercie vraiment vivement !

Un dernier mot pour les fans français ?
Quiconque lira cette interview dans le magazine ou sur votre site, sachez que j’aimerais avoir la chance de tous vous voir en live, parce qu’après le show, nous viendrons à votre rencontre. Nous savons que vous êtes des passionnés en France. J’espère donc que nos concerts vous combleront. 



PESTILENCE – Resurrection Macabre
Mascot Records / Socadisc



Site: www.pestilence.nl

Myspace : www.myspace.com/pestilenceofficial