SAMAEL


Alors que depuis des années, les Suisses de Samael sont partis dans une direction assez indus, voilà qu’en ce début mars, ils prennent tout le monde à contre-pied en balançant un pur album de black-metal ! Et oui, vous avez bien lu ! Autrement dit, les gars se sont fait plaisir en revenant à leurs racines. Mais encore fallait-il réussir ce pari et dire que cet Above est une tuerie est un doux euphémisme. Nous avons donc profité de la venue du groupe à Lyon début janvier pour demander aux gars ce qu’il leur était passé par la tête. Retranscription d’un entretien super sympa avec les deux frangins du groupe…

BACK IN BLACK

Interview également parue dans le METAL OBS' n°28 de Mars 2009

 Entretien avec Vorph (guitares, chant) et Xy (programmation) – Par Will Of Death et Breizhjoker
Rechercher : dans l'interview

Bon, pour commencer, une seule question ! Qu'est-ce qui vous a pris (rires) ?
Vorph : (Rires) J’aime bien ! Je savais bien qu’il y aurait ce genre de réaction. A l’origine, c’était un projet, on était parti dans cette optique-là. Ça devait être un concept virtuel, sans que les gens ne sachent que c’était nous. D’ailleurs, Above était le nom du projet. Alors qu’on avait tout terminé, on s’est dit qu’on était peut-être en train de passer à côté de quelque chose. C’étaient des morceaux qu’on n’avait pas trop envie de jouer live au départ mais si on en faisait uniquement un projet parallèle, on allait être privés de ces morceaux en concert. En fait, c’est une vision qu’on a eue en 15 secondes. On est en train de faire un album qui n’allait pas être prêt avant une année alors que là, tout était finalisé, avec des titres valent la peine d’être jouées live. Ce n’était pas la première idée, on voulait quelque chose de beaucoup plus radical que les 3 derniers albums. Là, on s’est fait plaisir. La spontanéité du projet a fait que c’était différent, c’était plus ancré dans notre passé mais en même temps, c’est quelque chose qu’on n’avait jamais fait de cette manière-là, ça ne ressemble à aucun autre album de Samael. Il y a une petite touche qui est là mais c’est quelque chose de nouveau pour nous.

On l’a écouté plein de fois et très franchement, ça nous a troué le c** !
Ah ouais ? En même temps, là, tu vois, sur la tournée avec Deicide, on a une set-list plus traditionnelle. On a déjà tourné pour Solar Soul et on ne voulait donc pas rejouer les mêmes titres. On se tourne en ce moment vers des choses plus percutantes.

C'est en bossant sur ce disque réunissant vos premières démos, sorti en novembre, que vous avez eu envie de refaire du black, de remettre du blast ou au contraire, tout ça fait-il partie du même mouvement ?
Non, l’album était déjà terminé. Ce dont tu parles était purement anecdotique, c’est limité à 1.200 copies sur notre webshop. On avait 3 versions de ce bootleg fait en Grèce, en Amérique du Sud et je ne sais pas où, et la qualité était tellement médiocre par rapport à l’original, qui n’était déjà pas génial, qu’on s’est dit que s’il y avait des gens que ça intéressait, autant le proposer de manière correcte avec un son qui rende justice à cette époque.

Vous en aviez marre qu'on vous dise que vous faisiez du Rammstein, mais en plus extrême, pour refaire un album plus black (rires) ?
Bon, déjà, y a pas tout le monde qui nous ait dit ça ! Alors, comme on a bossé avec la même personne pour mixer nos deux derniers albums, c’est parfois revenu mais nous, nous venons de la scène Métal et pas de la scène New Wave Industrielle comme Rammstein, qui s’est mis au métal bien après. Ce n’est pas la même démarche.

SAMAEL

Comment vois-tu Solar Soul aujourd'hui ? Y avait-il selon toi, des signes annonciateurs dans cet album, de votre retour aujourd'hui vers des choses plus brutales ?
De toute façon, ce qu’on voulait faire avec Solar Soul, c’était un album un peu plus live, avec plus de guitares. C’est pour ça qu’on a pris cette décision de faire Above en tant qu’album de Samael. C’est exactement ce qu’on en train d’essayer de faire et qu’on savait faire, alors autant ne pas se répéter ni se disperser. Autant partir sur un truc qui tienne la route.

Above, en anglais, signifie l'idée d'être au-dessus de quelque chose mais aussi une idée de supériorité… Alors, vous êtes au-dessus de quoi, vous passez par dessus quoi ?
J’aime autant laisser ça ouvert à l’interprétation. On est super contents de la pochette de l’album avec ce côté un peu shamanique, spirituel. Il n’y a pas de message particulier. L’album démarre en trombe, c’est un peu un décollage… Après, on peut donc imaginer ce qu’on veut. 

Tu peux nous parler de tes textes ? Sont-ils en adéquation avec la noirceur retrouvée dans la musique ?
Les textes ressemblent assez aux 3 derniers albums. J’ai fait un peu de recherche sur les 3 derniers et là je me suis laissé porter par la musique. Je n’avais pas de textes prêts avant d’avoir la musique donc j’ai écrit par rapport à ça. J’ai retravaillé l’ensemble pour la forme. Les textes des 3 derniers albums peuvent être résumés en quelques mots : l’espérance de la vie, les changements, l’ambition, le sexe, mais le tout exprimé de manière métaphorique. Il y a tout le temps une idée de spiritualité mais c’est plus une recherche personnelle. Je fais une grosse différence entre la religion et la spiritualité. L’idée est d’aller toujours au-delà de ce qu’on est, de repousser les limites.

Encore une fois, c'est Xy qui a tout composé apparemment ? Xy, qu'est-ce que ça t'a fait de revenir à des choses plus brutales ? Comment as-tu composé, en programmant ou avec une gratte ?
Xy : J’ai beaucoup composé avec la guitare, ouais. Ecoute, on avait aussi ce projet, Era 1, qui était plus électronique et j’avais besoin de faire une balance par rapport à ça. C’était plus instinctif, moins réfléchi. Il y a pas mal d’influences d’autres groupes que l’on peut retrouver. Là, on a vraiment laissé libre cours à nos influences alors que d’habitude, c’est quelque chose qu’on essaie d’éviter.

SAMAEL

Mais vous étiez aussi en train de bosser sur un véritable album de Samael…
Vorph : Oui, mais on n’a aucun titre de prêt réellement. On sait que ça sera pour l’année prochaine.

Mais alors, ces titres black, ils n’étaient vraiment voués qu’à être un projet…
Notre idée était vraiment de faire un concept virtuel mais on n’a pas pu s’y résoudre. Impossible de laisser partir ça comme ça alors que la qualité était là.
Xy : On a voulu contrebalancer les albums plus électro que l’on a faits en faisant quelque chose de beaucoup plus métal, de plus cool au niveau de la compo. On avait envie de surprendre un peu aussi car Solar Soul et le précédent étaient 2 albums assez similaires. Et puis il y aura sûrement un lien avec le prochain album. Je n’ai pas l’impression qu’on soit partis dans un truc complètement décalé. 
Vorph : On avait besoin de cette cassure, de ne pas être linéaires. Des gens attendaient plus de Solar Soul, mais bon chacun a son opinion là-dessus, mais il est vrai qu’il était dans la continuité du précédent, dans la même logique. C’est toujours intéressant de briser les logiques.

L'artwork de la pochette a été dévoilé il y a peu… Que représente ce personnage ? Moi, la première fois que je l’ai vue, j’ai pensé à un mélange de Gorgone, du Diable et de dieu hindou.
Oui, effectivement, quelque chose d’un peu shamanique. On avait donné des directives pour la pochette et au bout du compte, il en a été peu tenu compte. J’ai été surpris mais j’ai tout de suite trouvé qu’il y avait un lien avec des chansons dont « Illumination » ou « Earth Country ». Elle reprend bien l’idée des textes.

Le son de l'album est aussi beaucoup plus Metal traditionnel, moins indus en quelque sorte, plus roots… Comment avez-vous bossé et quelle était votre idée de départ ?
Nous avons bossé avec Fredrik Nordström, qui est connu pour ce genre de mix. Il est super rapide et on a mixé ça en 4 jours, contre 3 semaines pour Solar Soul. Il fait moins dans la finesse mais c’est plus live, plus efficace. On ne voulait pas de quelqu’un qui ait un mix plus clinique et qui en aurait fait des tonnes. C’est vrai qu’un peu de synthé a été sacrifié dans le mix mais de toute façon, il y en avait beaucoup moins que sur nos 3 derniers albums.

SAMAEL

Comment vois-tu l'évolution du groupe, entre les premiers albums assez extrêmes, l'album charnière qu'a été Passage et la période plus expérimentale qui a suivi ? Pourquoi Samael a-t-il, comme ça, eu plusieurs vies ?
Déjà, je suis d’accord avec ce découpage. Ça s’est fait comme ça. Il y a un album qui nous ouvre des portes puis on essaye un peu tous les chemins. Si certains ont décroché après Passage, il y en a beaucoup qui sont revenus aussi par la suite. Il y a une question de maturité qui fait que tu n’écoutes pas la même musique quand tu as 30 ans que quand tu en as 15 ; il y a une recherche d’autre chose. Il y a pas mal de gens qui sont revenus avec Rain Of Light. Aujourd’hui, j’écoute par exemple d’autres styles de musiques comme Massive Attack, en plus du Métal.

Y a-t-il des fautes de goût dans ce parcours, que vous regrettez aujourd'hui ?
Trop de bon goût, c’est souvent du mauvais goût en fait. Non, je ne crois pas, on assume tout ce qu’on a fait, plus aujourd’hui qu’avant même : la décision de sortir Above sous le nom de Samael va dans ce sens. On ne va pas cacher que le black fait partie intégrante de notre identité.

Je suppose que vous écoutez encore d'autres groupes de black… Quels sont les groupes qui vous plaisent en ce moment ?
Le groupe avec lequel on joue, là, The Amenta, je trouve ça très bien. Ça fait 4 fois qu’on joue avec eux, là, depuis le début de la tournée ; je ne les connaissais pas avant mais c’est très bien foutu. Les Dimmu Borgir, Gorgoroth, tout ça, je ne suis pas trop. J’en suis resté à Impaled Nazarene avec leur côté sale, destroy. Il y a un peu de leur influence dans Above…

Vous êtes allés en octobre tourner à nouveau aux USA… Comment ça s'est passé ?
Très bien. On était avec Amorphis, un groupe atypique qui a touché un peu à tout, que l’on retrouve ici avec une histoire de folk metal. Ce n’est pas ce que j’aime le plus comme style mais ils s’en sortent très bien. C’était bien pour nous : c’était une bonne occasion de renouer le contact avec le public. On y retourne en mars avec Carcass. On va essayer de garder un rythme. Quand on y est retourné, là, on nous a dit que ça faisait 10, 12 voire 15 ans qu’on nous attendait. C’est un peu bizarre ! On a beaucoup négligé les USA et ce n’est pas comme ça qu’on constitue une vraie fan-base. On va donc faire un effort.

SAMAEL

Vous voilà donc maintenant sur cette tournée avec Deicide et Vader. N'est-ce pas un peu trop tôt, alors que l'album ne va sortir qu'en mars ?
La tournée était prévue avant même qu’on ne décide de la date de sortie de l’album. On avait prévu après Solar Soul de faire une setlist plus axée sur les anciens titres. On ne jouera donc pas de nouveaux titres sur cette tournée, on va garder ça pour plus tard. Ça n’est pas quelque chose de réfléchi, ça aurait eu lieu même sans nouvel album. C’est bien aussi pour faire savoir aux gens qu’on existe toujours (rires).

Comment ça s'est passé à Vosselaar (B) et à Paris, hier (interview réalisée le 12 janv.) ?
Très bien, c’est intéressant de se retrouver dans ce genre de tournée : c’est un peu plus formaté Death Metal, il n’y a pas grand-chose qui dépasse. On a tourné avec Obituary il y a quelques années et ça s’était très bien passé aussi. Deicide, Obituary et nous, même si on ne fait pas le même style, on a démarré en même temps. C’est même plus tranquille que ce que j’avais imaginé au départ vu que nous sommes 6 groupes sur cette affiche.

Vous avez écouté la reprise de "Baphomet's Throne" par Maroon, pour la compile des 20 ans de Century Media ? Alors, votre avis ?
Xy : Ce sont même eux qui nous l’ont faite écouter personnellement à Wacken, dans leur voiture, bien avant que le disque ne sorte chez Century Media ! C’était roots mais bien marrant.
Vorph : Personnellement, j’ai bien aimé, c’est un clin d’œil sympa. Ils l’ont faite à leur sauce en rajoutant des blasts et je trouve ça sympa. Faire une reprise pour être le plus prêt possible de l’original n’est pas forcément intéressant. Je ne sais pas si nous sommes leurs idoles pour qu’ils nous aient choisis, mais en tout ças, on les remercie de nous avoir repris.

Quel va être le futur, les gars, après cette tournée ?
Une tournée avec Carcass aux USA en mars. Bah, maintenant qu’on est dans le brutal, autant y rester (rires) ! Des festivals cet été : Graspop, Durbuy et d’autres trucs à confirmer. Je ne sais pas s’il y aura une tournée pour Above ; c’est probable mais rien n’est booké, ce sera plutôt à la rentrée.

Bon, les gars, merci pour votre accueil !
Merci à toi et envoie-nous un exemplaire du magazine dès que ce sera publié !



SAMAEL – Above
Nuclear Blast / PIAS



Site: www.samael.info

Myspace : www.myspace.com/samael