BRUTAL TRUTH

Brutal Truth, tout le monde en a déjà entendu parler, surtout dans la scène extrême. Pionniers du grindcore US, le groupe fondé à New York par Dan Lilker (Nuclear Assault, SOD) a sorti quelques-uns des albums les plus brutaux des années 90, pour finalement splitter en 1999, rongé par des problèmes internes. Mais voilà qu’en 2006, le groupe refaisait surface pour plusieurs shows, dont un va bientôt sortir en DVD, celui donné en 2007 à l’    Obscene Extreme Fest. Mais en 2009, ce qui nous intéresse le plus, c’est la sortie du nouvel album du groupe, le premier depuis 10 ans, un condensé de brutalité. Le mythique Dan Lilker a bien voulu répondre à nos questions au téléphone.

Interview parue également dans le METAL OBS' n°29 d'Avril 2009

 Entretien avec Dan Lilker (basse) – Par Geoffrey & Will Of Death
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Comment se passe la réunion du groupe jusque là ?
Oh, très bien. Ça fait 3 ans qu’on s’y est remis maintenant et les shows comme les enregistrements se sont bien passés. On va sortir un nouvel album pour Relapse, là, ce qui est très cool.

As-tu été surpris par la réaction très enthousiaste des gens quand ils ont appris que le groupe revenait pour de bon ?
Oui et non. Oui de par l’ampleur que ça a pris mais non dans le sens où j’étais resté actif dans d’autres groupes et que j’ai continué à jouer un peu partout. Les gens n’arrêtaient pas de me demander quand Brutal Truth allait revenir, parce que nous étions des légendes du grind-core et que nous pouvions délaisser la scène comme ça, etc, ce genre de conneries… Waow ! Je me suis dit que nous étions quand même très populaires. Je me suis alors demandé si ce ne serait pas bien de revenir et de jouer plein de vieux trucs dans un premier temps, pour relancer la machine. Voilà comment ça s’est passé et depuis, tout se passe bien, les gens sont très enthousiastes.

Justement, à l’écoute du nouvel album, on peut se dire que vous aviez bien fait de splitter en 1999, car vous revenez encore plus forts !
Well… On ne parle pas du split en ces termes parce que quand c’est arrivé, il y avait de sérieux problèmes personnels dans le groupe et il était devenu impossible de continuer. Ces problèmes sont derrière nous aujourd’hui. On est de retour maintenant avec un nouveau guitariste, Erik Burke, qui a beaucoup contribué à l’écriture des nouveaux titres, donc, ça roule.

Et il était clair pour vous dès le départ, que cette réunion n’était pas seulement vouée au live, mais aussi pour faire un nouvel album ?
Quand on a réactivé le groupe, nous n’avons pas fait de plans sur la comète. Nous sommes juste repartis sur la route pour s’amuser mais évidemment, tous les gens nous ont demandé si nous allions faire un nouvel album. Les choses sont venues d’elles-mêmes, en fait.

Mais cette réunion ne s’est pas faite que pour les fans, mais également pour vous !
Oh, absolument ! Alors, évidemment, on espère toujours que les fans vont s’éclater mais ce fut d’abord une joie pour nous de rejouer ensemble. Heureusement !

Ça a été une bonne chose pour vous de rejouer tous ces anciens titres, pour retrouver les bonnes vibrations, avant cet album ?
Définitivement, oui. Avant de composer pour cet album, ce que les gens connaissaient de Brutal Truth datait de plus de 10 ans. Rejouer tous ces vieux titres avec notre nouveau gratteux, Erik, nous a fait retrouver beaucoup d’énergie, celle qui nous animait quand nous avons commencé ce groupe.

BRUTAL TRUTH 

Parlons du nouvel album. Tu as cité plusieurs fois Erik mais pourquoi lui précisément ?
Quand nous nous sommes reformés, notre guitariste originel a participé à la cover de Eyehategod que nous avons faite au bénéfice des sinistrés de l’ouragan Katrina, raison pour laquelle d’ailleurs nous sommes aussi revenus. Mais c’est la seule chose qu’il pouvait faire : il ne pouvait plus partir en tournée à cause de sa famille, de sa maison, etc… Erik est un gars que je connaissais déjà, originaire de Rochester, NY, là où je vis aussi depuis plusieurs années (je ne vis plus à New York) et il a même joué avec nous avec Nuclear Assault. Je savais donc qu’il était un bon guitariste, qu’il aimait le grindcore, pour en avoir parlé plusieurs fois avant avec lui et surtout, qu’il était un mec facile à vivre. Jusque là, je pense ne pas m’être trompé.

Comment s’est passée la composition ? Ce n’était pas un peu étrange d’être à nouveau ensemble dans la même pièce ?
Un peu, si mais le processus est différent maintenant : nous ne vivons plus dans la même ville avec les autres. Donc, la composition a essentiellement été réalisée par Erik et moi, car on pouvait aller facilement l’un chez l’autre échanger nos idées. On composait 2 / 3 titres et alors, Rich (batterie) venait de Philadelphie une fois par mois pour les essayer avec nous, puisqu’on a une salle de répètes ici sur place à disposition, du fait qu’Erik joue dans un autre groupe, Sulaco. En gros, on a donc composé 3 titres par mois, jusqu’à ce qu’on ait le compte pour faire l’album.

Quel était votre état d’esprit avant de commencer ?
Nous étions conscients que nous devions faire un album très agressif pour montrer aux gens qu’ils pouvaient encore flipper devant un album de Brutal Truth, même si nous avions disparu de la circulation depuis 1999. Un truc bien aussi, c’est que nous n’étions aucunement stressés car nous savions qu’en sortant un nouvel album de Brutal Truth, de toute façon, les gens allaient l’attendre avec impatience (rires) ! Mais ce n’est pas une mauvaise pression pour nous : depuis les débuts du groupe, c’est comme ça d’ailleurs. On est comme dans une bulle : on joue nos trucs, on fait du bruit et on fume de l’herbe. Pour le reste, on s’en balance de savoir si les gens vont aimer ou pas. On sait qu’on a de vrais fans, les autres n’aimeront pas de toute façon parce qu’on est trop noisy. Ce qu’on fait est vraiment naturel…

Y a-t-il un sens précis derrière le titre de l’album, Evolution Through Revolution ?    
Ça se rapporte un peu à ce qui vient de se passer aux USA : nous avons maintenant un président avec un cerveau ! Je ne sais pas comment il a été perçu en Europe mais George Bush était un vrai trou-du-cul ! Donc, Evolution pour les changements que nous espérons voir venir et Revolution pour ce que les partisans de George Bush, très mécontents, voudraient qu’il se passe maintenant… Si les choses pouvaient vraiment changer socialement dans ce pays, ce serait aussi une révolution. George Bush et son administration ont créé un tel bordel aux USA que si on arrivait à retourner la tendance, ça serait comme une révolution.

Tu ne penses pas que les gens espèrent beaucoup trop de Barack Obama ?
C’est possible mais tout ce que nous avons à espérer, c’est que les choses vont s’améliorer. Il y a beaucoup de merdes à changer, certes, mais bonne chance à lui et à nous du coup, parce que nous allons en avoir besoin !

Penses-tu que la musique ait le pouvoir de changer certaines choses au niveau de l’état d’esprit des gens ?
Je pense que oui bien que ce ne soit pas la première chose à laquelle on pense quand nous faisons un album avec Brutal Truth. Nous ne sommes pas non plus un groupe de protest-punk ! Il y a plein de versions du grindcore : tu as du porn-grindcore, du débilos-grindcore… Nous sommes loin de ces trucs et je pense que dans nos textes, nous essayons d’être plus positifs afin que les gens ne replongent pas dans leurs problèmes quand ils nous écoutent. Dans ce sens, peut-être les aidons-nous, qui sait ?

BRUTAL TRUTH

Brutal Truth est considéré comme une légende du Métal extrême mais la scène Metal en général a beaucoup évolué depuis 10 ans. Comment la vois-tu aujourd’hui ?
Je pense que c’est une chose positive car la musique se doit d’évoluer. Le grindcore et le Metal extrême en général ont pris plus d’importance et c’est bien car ça permet aux choses de rester intéressantes. Ça me va très bien.

Et est-ce que tu réalises l’importance de votre groupe pour tous ces jeunes groupes ?
Je commence définitivement à le réaliser maintenant rien que par rapport au fait que les gens soient si contents de notre retour. Les réactions des gens qui ont pu déjà écouter l’album semblent être unanimes, c’est cool.

Et toi, qu’attends-tu de cet album ?
J’espère que les gens vont l’aimer et que ça nous permettra de jouer un peu partout, au Japon, en Australie. Nous serons également chez vous pour jouer au Hellfest. C’est un peu difficile de dire ce que j’attends exactement de cet album, sauf peut-être que j’espère que les gens l’achèteront au lieu de le télécharger. Nous sommes de retour pour de bon, nous verrons bien de quoi demain sera fait !

Avec ton expérience, comment vois-tu le music business ?
Ahhh, voilà une question qui pourrait s’avérer être dangereuse ! Disons que pour le moment, nous sommes sous contrat avec Relapse, un label qui est complètement dédié à la musique extrême, qui croit en nous. Nous avons aussi une agence de booking qui bosse sur les concerts, ce que je n’aime pas trop à vrai dire, mais les gens qui sont derrière nous pour le moment semblent bien faire leur taff. A partir du moment où tu veux sortir des albums, jouer dans des festivals, etc., tu dois bosser avec des gens du business. Faire du pognon est une nécessité pour tout le monde, il faut l’accepter.

Et comment te sens-tu à quelques jours de la sortie de l’album ?
Excité, d’autant que les gens à qui j’ai filé un mot de passe pour l’écouter en streaming ont été enthousiastes. J’ai un bon sentiment et j’ai hâte d’être à cet été pour voir comment les gens vont nous accueillir. Ça va être fun, je crois.

Comment tu vois Brutal Truth aujourd’hui, au milieu de tous les groupes existants ?
De la même manière qu’avant parce que nous sommes cinglés ! Nous avons le pouvoir d’être nous-mêmes avec ce groupe, sans problème d’égo. Nous allons encore botter bien des culs, crois-moi !!!


BRUTAL TRUTH - Evolution Through Revolution
Relapse Records


Site: www.brutaltruth.com

Myspace : http://www.myspace.com/brutalfuckingtruth