DAATH

Daath nous vient des USA et était sorti un peu de nulle part en 2007 avec The Hinderers, sorte de melting-pot brutal, qui n’était autre en fait qu’une démo remixée par le mighty Colin Richardson, de l’aveu même de son mentor, Eyal Levi. Mais en 2009, ce n’est plus la même histoire : The Concealers atterrit dans nos platines et Daath va en mettre plus d’un par terre avec un album beaucoup plus cohérent. Un train fou lancé à pleine vitesse, voilà à quoi vous pouvez vous attendre ! 

Interview parue également dans le METAL OBS' n°29 d'Avril 2009

 Entretien avec Eyal Levi (guitares) – Par Geoffrey et Breizhjoker
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Vous êtes de retour avec un nouvel album. Comment considérez-vous le précédent ?
Pour moi, The Hinderers est une démo qui a été mixée par le meilleur mixeur au monde, Colin Richardson, donc ça sonne comme un album, mais ce n’est en réalité qu’une démo. Je m’explique : c’est une collection de chansons qui ont été écrites sur une durée de 10 ans et que j’ai commencées à 16 ans. Il y en a sur lesquelles je me suis amusé avec des DAT, d’autres sont du Death, c’est un mélange de différentes expériences, avec différents line-up, différents studios. Nous ne nous sommes jamais retrouvés en tant que groupe pour créer un album. Nous avons fait une démo en 2005, avons été signés, puis nous avons ajouté d’autres chansons. C’est pourquoi c’est une démo pour moi. Ce n’est pas comme lorsque le groupe, le label, le producteur, bref tout le monde, décide « maintenant on va faire un album ». Il y a alors un début et une fin, que ça prenne 6 mois ou 2 ans. Pour The Hinderers, ce n’était pas le cas.

As-tu été surpris du succès de cette démo ?
Oui ! Je n’attendais pas autant de succès pour une démo.

Y avait-il de la pression lors de la composition des nouvelles chansons ?
Il y a toujours de la pression mais personne ne peut me mettre plus de pression que moi-même. Mais nous avons partagé cette pression en tant que groupe car nous voulions vraiment montrer qui nous sommes.

Et concernant le choix d’un nouveau chanteur ?
Pour être honnête, je voulais en changer avant même qu’il ne parte. Je connais Sean depuis très longtemps et il avait déjà une voix énorme alors qu’il évoluait dans des groupes locaux. Aussi, lorsque nous nous sommes séparés de Farber, je l’ai appelé et lui ai demandé s’il avait un passeport, s’il voulait enregistrer… Bien sûr, nous avons essayé d’autres chanteurs car nous ne voulions pas nous arrêter à notre premier choix sans être absolument sûrs que c’était le bon choix. Sean Z a toujours été mon premier choix.

DAATH

Avant de parler de l’album, peux-tu nous dire quel sont les termes de votre contrat avec Century Media et Roadrunner, ce qui est assez inhabituel ?
C’est très simple : Roadrunner fabrique notre album, est impliqué dans le processus créatif tandis que Century Media le travaille, en fait la promotion.

Comment s’est passée la composition ? Quelle était l’idée ?
L’idée était de faire la représentation la plus honnête de ce que nous sommes. Nous voulions faire les meilleures chansons avec les meilleurs plans et la meilleure production dont nous étions capables et nous nous sommes vraiment poussés pour y parvenir. C’est en tout cas le meilleur album dont nous étions capables. Tout le monde a été impliqué dans la composition. Si quelqu’un n’aimait pas quelque chose, on y remédiait. C’est l’album de 5 personnes. En tout cas, nous nous sommes tous poussés les uns les autres pour en obtenir le meilleur. Nous nous sommes surpris nous-mêmes et sommes vraiment fiers de cet album.

Comment décrirais-tu le résultat ? Vous avez vraiment une marque de fabrique.
Je compose depuis l’âge de 13 ans et j’ai ainsi développé un style. Mais par rapport à The Hinderers, la grosse différence est que The Concealers est vraiment un album de groupe et ça se ressent à tous les niveaux : batterie, solos de guitare, chant… Il se passe beaucoup de choses sur cet album, il est beaucoup plus complexe que le précédent.

Comment décrirais-tu ta musique ?
C’est difficile mais je dirais que c’est comme un train fou, c’est un album très brutal et très rapide avec des passages catchy. Nous avons beaucoup insisté sur les solos de guitares car nous pensons qu’Emil est un des meilleurs guitaristes du Métal et nous voulions lui donner une chance de montrer de quoi il était capable. Il y a 18 solos sur cet album. Mais nous ne voulions pas que ça ne plaise qu’aux musiciens, ainsi les solos sont catchy, groovy, heavy et assez universels pour que ça plaise à tout le monde.

De quoi traitent les chansons ?
Nous sommes restés dans la lignée de The Hinderers mais cette fois-ci, nous voulions que l’auditeur tire ses propres conclusions. Les sujets traités sont universels et nous voulions juste nous exprimer sans chercher à influencer qui que ce soit.

Quelle place occupe Daath dans la scène Death Metal américaine ?
Je ne raisonne pas par rapport à la scène Death américaine. Nous faisons notre truc. Nous tournons avec les autres groupes dont nous sommes parfois amis, aussi, je ne raisonne pas ainsi. Nous pouvons aussi bien tourner avec Suffocation que Slipknot. Il y a de très bons groupes mais nous ne nous comparons pas à eux.

Trouvez-vous qu’il y a une grande différence entre la scène US et la scène Européenne ?
Je trouve qu’en Europe, les groupes constituent une lignée, perpétuent l’héritage de leurs prédécesseurs, alors qu’aux USA, on est plus sensibles aux modes. Un jour, c’est le Metalcore, un autre le Deathcore… En Europe, les gens semblent apprécier le vrai Metal et s’attachent aux groupes tant qu’ils ne se plantent pas. Les fans sont fans pour la vie. C’est quelque chose qu’on ne trouve pas trop aux USA.

DAATH

Vous comptez donc beaucoup tourner en Europe ?
J’adorerais beaucoup tourner en Europe. Nous avons quelques festivals de prévus. Nous sommes en train de planifier une tournée européenne. Je veux que ce groupe passe autant de temps que possible en Europe.

La scène est-elle la meilleure façon d’appréhender votre musique ?
Je pense que les 2 façons sont bonnes. Les gens aiment aussi écouter au casque en montant le volume et en fermant les yeux. En live, il s’agit d’une autre expérience. Lorsque l’on se rend à un concert et que le rendu est le même que sur album, c’est sans intérêt. C’est pourquoi nous avons intégré des surprises dans notre show.

Quelles sont vos attentes pour cet album ?
J’espère qu’il ne nous procurera que le meilleur. On ne peut pas prévoir ce genre de choses mais j’ai un bon pressentiment. En tout cas, c’est un disque très honnête car tout ce qu’il y a dessus correspond à notre feeling du moment. C’est un disque de colère, le reste du monde l’est également à cause de la crise économique, des guerres… Personne n’est vraiment heureux. C’est pourquoi cet album peut avoir une résonnance auprès de pas mal de gens.

Penses-tu que la musique a le pouvoir de changer les choses ?
Oui, j’ai reçu un email disant que ma musique avait empêché quelqu’un de se suicider. Là, il s’agit d’une personne mais ça peut être valable pour d’autres. La musique est un langage universel qui peut toucher les gens par-delà les cultures.



DAATH – The Concealers
Roadrunner Records


Myspace : www.myspace.com/daath