GOD DETHRONED

Enfin la reconnaissance que le groupe mérite ?

God Dethroned… Voilà encore une énigme du death metal ! Pourquoi ce groupe, qui n’a fait que sortir de très bons albums, est toujours cantonné à la deuxième division du death mondial ? Certainement parce qu’ils ne sont pas américains ou suédois… La situation du groupe n’est cependant pas catastrophique et en ce mois de mai, est sorti l’excellent album concept Passiondale, qui traite d’un épisode particulier de la première guerre mondiale, la bataille de Passchendaele (1917), en Belgique, restée célèbre entre autres faits de par l’utilisation pour la 1ère fois du funeste gaz moutarde. On voulait en savoir un peu plus…

Interview parue également dans le METAL OBS' n°30 de mai 2009

Entretien avec Henri Sattler (guitares, chant) – Par Geoffrey - Intro : Will Of death
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Quel a été l’accueil pour votre précédent disque ?
Très bon. Nous avons été album du mois dans beaucoup de magazines. Bien sûr, il y a des gens qui préfèrent toujours la face plus extrême de notre musique, mais au final, The Toxic Touch a été bien accueilli.

As-tu été surpris quand Isaac a quitté le groupe ?
Pas du tout. On l’avait vu venir. Il devait voyager sur de longues distances avant de nous rejoindre. Ça lui prenait 7 heures de train à chaque fois. Ce qui est très long. Nous étions en pleine pause à ce moment-là, il s’est marié, s’est acheté une maison, et avait donc beaucoup de factures à payer. Il a donc décidé de passer à autre chose. Mais ce n’était pas une surprise. J’avais d’ailleurs commencé à écrire l’album tout seul de mon côté alors qu’il était encore dans le groupe. J’avais ce concept sur la première guerre mondiale en tête, qui m’était d’ailleurs venu en allant voir Isaac, qui habite Ypres. Dans cette ville, il y a beaucoup de mémoriaux sur la première guerre mondiale. Et j’ai vraiment été intéressé par cette guerre, sur laquelle je ne connaissais pas grand chose pour être honnête. Donc j’ai fait les musées avec Isaac, suis allé voir des tombes. Et je me suis rendu compte aussi que cette guerre avait été terrible, cruelle, et que peu de gens la connaissaient. C’est de là que j’ai eu l’idée d’un concept album dessus. J’avais déjà utilisé des thèmes historiques dans les paroles par le passé, mais seulement sur un seul morceau par disque. Et je me suis dit : pourquoi pas un album entier cette fois-ci ? Les réactions sont pour l’instant très bonnes. Les gens sont vraiment surpris d’une façon positive. Parce que c’est assez unique ce genre de concept sur cette guerre.

Mais quel est le plus dur dans ce genre de disque ? Les recherches ou trouver la balance entre ses opinions et un point de vue historique purement factuel ?
C’est le démarrage qui a été difficile. Je ne voulais pas donner de point de vue, je voulais rester objectif. J’ai donc commencé à écrire sans savoir où commencer ni où m’arrêter pour être honnête (rire). J’ai commencé à écrire, à décrire les choses sans avoir d’opinion parce que je ne veux pas en avoir sur cette guerre. C’était donc difficile au début, et plus j’avançais dans les morceaux, plus l’ensemble devenait clair, et je savais où aller. Je pense que j’ai réussi à faire une description objective de cette guerre. Il n’y a que deux chansons, celles avec le chant en voix claire, où ces passages ont été écrits du point de vue des soldats, et donc d’une manière subjective. On voulait vraiment faire ressortir ces passages, et le chant clair s’y prêtait parfaitement. On a donc essayé de mixer ces passages tragiques avec des éléments beaucoup plus agressifs.

 GOD DETHRONED

Mais est-ce si facile de rester objectif quand on traite de ce genre de sujet ?
Oui. Je n’ai rien contre la France, l’Allemagne, l’Angleterre ou quelconque autre pays. Il ne faut pas arriver dans une situation où l’histoire que l’on raconte se dresse contre un pays plus qu’un autre. Je veux jouer partout, que les gens aiment la musique, je ne veux pas me faire d’ennemis. C’est le plus gros challenge sur ce genre de disque. Je ne veux pas me retrouver sur scène et que des gens me reprochent d’avoir mal interprété les choses. Quand on regarde l’album, c’est une de nos plus grosses victoires : ne pas avoir pris parti, n’avoir relaté que des faits.

Mais le fait d’écrire là-dessus a-t-il changé ton opinion sur la guerre ?
Non. J’ai toujours été contre la guerre. J’ai déjà écrit beaucoup de chansons anti-guerre. Et ce disque dans son ensemble est anti-guerre aussi. Tout ce qui se sont intéressés, ou vont s’intéresser à cette guerre, grâce à ce disque ou non d’ailleurs, verront que ce fut une guerre terrible, à cause des conditions, de la violence, des bombardements continus pendant des mois et des mois. L’utilisation du gaz moutarde...

Utilisé pour la première fois à Ypres d’ailleurs (NdWill : voilà pourquoi ce gaz s’appelle l’ypérite aujourd’hui)...
Exactement... Cette guerre fut terrible.

 GOD DETHRONED

Qu’est-ce qui est venu en premier ? Le thème ou la musique ?
Le thème. Pour tous mes albums, j’ai d’abord l’idée avant d’avoir la musique. J’ai le thème, je le laisse courir dans ma tête, puis j’ai des images, et ensuite c’est comme un film qui me vient avec l’ensemble. Et puis j’essaye de trouver la musique qui collerait à ce que j’ai dans la tête. Pour ce disque, je me suis beaucoup documenté, et j’ai eu des images précises de chaque chanson. Ensuite, j’ai cherché la musique qui correspondrait au mieux. Pour la musique, on essaie à chaque fois d’avancer, de développer quelque chose que nous n’avons jamais fait avant. D’apporter quelque chose de frais pour du God Dethroned au moins (rire). Si tu fais deux fois le même album, tout challenge disparaît. Et s’il n’y en a pas, ça ne sert à rien de le sortir. Cet album sonne un peu plus comme un retour aux sources car les morceaux sont rapides de nouveau...

Le retour de Sander derrière les fûts ne doit pas être étranger à cela...
Oui, il avait déjà joué avec nous sur Grand Grimoire et Blood Ceremony. Pour tout ça, l’album ressemble à nos premiers. Mais d’un autre côté, les mélodies et l’aspect mélancolique de certains morceaux contrebalance l’ensemble. Nous ne sommes pas allés aussi loin que pour The Toxic Touch, qui était plus une réflexion sur ma vie au moment de la composition, plus basé sur les mélodies parce que je traversais une période difficile de ma vie aussi. Mais cette fois-ci, j’avais retrouvé toute mon énergie. Une énergie que j’ai mise dans ma musique. J’espère que les gens aimeront...

 GOD DETHRONED

Justement, j’en parlais avec Will, qui s’est occupé de la chronique du disque, et l’on se demandait pourquoi les choses n’ont jamais vraiment explosé pour le groupe, au vu de la qualité des albums...
C’est difficile à dire. Bon, la situation n’est pas mauvaise du tout (rire)...

Tu vois bien ce que je veux dire...
Oui, sur certains aspects, nous devrions être parmi les plus gros groupes du style. Mais venir de Hollande est déjà un très gros désavantage. Si tu viens des Etats-Unis ou de Scandinavie, c’est plus facile, les gens écoutent plus facilement des groupes de là-bas. Et c’est pareil pour la France par exemple, votre scène est sous-estimée, tout comme l’Allemagne ou la Belgique. C’est très difficile d’arriver à un niveau où tout le monde t’aime. Même s’ils trouvent que la musique est bonne, ils auront toujours tendance à préférer la Scandinavie ou les USA. Mais on n’a jamais abandonné et notre base de fans grossit à chaque album. Les concerts sont remplis, les ventes sont bonnes. Mais pour atteindre un niveau supérieur... J’ai toujours espoir avec chaque nouvel album.


GOD DETHRONED – Passiondale
Metal Blade / Season Of Mist



Myspace : www.myspace.com/villavampiria