ARCH ENEMY
Johan qui ?

Avec The Root Of All Evil, Arch Enemy revisite son passé, celui de ses trois premiers albums. En effet, les Suédois ont réenregistré les titres les plus emblématiques de la période 1996 / 1999 avec Angela et alors que les fans old school du groupe étaient plutôt sceptiques au départ, le résultat se révèle assez bluffant. A croire que tout ce que touche ce groupe peut se transformer en or. Nous avons donc voulu en savoir un peu plus et c’est Michael Amott qui s’est chargé de répondre à nos interrogations.  

Interview parue également dans le Metal Obs' 33 de sept. 2009

Entretien avec Michael Amott (guitares) – Par Geoffrey & Will Of Death
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Il y a un an, on vous a vus en live au Hellfest avec Carcass et vous continuez à tourner. Comment vois-tu cette réunion ?
J’apprécie vraiment, on s’amuse beaucoup. Faut bien voir que même si Carcass existe depuis longtemps, ce groupe a vraiment marqué le début de ma carrière en tant que musicien professionnel et c’est donc très important pour moi. C’est vraiment cool d’avoir pu se reconnecter musicalement et personnellement, avec Jeff, Bill et Ken, sans oublier Adrian qui tient les baguettes maintenant. C’est une très bonne expérience. On se marre vraiment beaucoup.

On avait senti ça au Hellfest, effectivement...
Oh, ce n’était que notre deuxième concert de réunion et nous en avons donné de bien meilleurs après ça mais je pense que l’émotion était palpable chez les fans, c’est le plus important.

Parlons du nouveau CD, The Root OF All Evil. Qui a eu l’idée de réenregistrer tous ces titres, et pourquoi ?
Pour dire vrai, l’idée est venue des fans sur Internet, via notre forum et Myspace. Beaucoup nous ont demandé pourquoi nous ne réenregistrions pas ces titres avec Angela. On est alors rentré en studio pour réenregistrer Burning Bridges dans l’idée de compléter avec d’autres titres des 2 autres premiers albums, un peu sous la forme d’une compilation. Ça a pris du temps parce que nous avons beaucoup tourné pour promouvoir Rise Of The Tyrant, Adrian et moi sommes repartis de plus belle avec Carcass, alors qu’en fait, nous avons eu cette idée il y a plus de 3 ans. Même si l’idée ne vient pas de nous, nous pensons qu’elle était très bonne car nous allons pouvoir rejouer certains de ces titres en live car Angela sera plus à l’aise. Je pense particulièrement à « Bury Me An Angel », « The Immortal », « Bridge Of Destiny »... Il faut comprendre que notre carrière a vraiment décollé depuis qu’Angela est dans le groupe et notre fan-base est donc assez actuelle. Les nouveaux fans sont beaucoup plus nombreux que les anciens (rires) ! C’est un peu aussi une manière pour nous de boucler la boucle de manière un peu plus cool que si on sortait un nouvel album studio. On s’est juste beaucoup éclaté, simplement (rires).

Penses-tu que tout le monde va comprendre cette démarche, en particulier les fans old school (Ndlr : on va vous avouer que nous, on l'a un peu en travers de la gorge...) ?
Cet album n’est là que pour célébrer notre passé, pas le réécrire. Les albums originaux restent de toute façon disponibles si les fans anciens ne veulent pas écouter les nouvelles versions. Ces versions sont plus destinées aux fans d’Arch Enemy de 2009, ceux qui nous suivent depuis une dizaine d’années car beaucoup de choses nous sont arrivées durant cette période. Sharlee D’Angelo nous a rejoints, mon frère est parti puis est revenu et la présence d’Angela a créé une grosse différence vocale ou au niveau du style. Je ne vois que du positif.

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Et ça t’a fait quoi de te replonger ainsi dans le passé ?
C’est un peu bizarre, en fait. En plus, il a fallu que chacun vote pour ses titres favoris et on n’était pas toujours d’accord ; y a même eu quelques engueulades, mais au final, nous avons trouvé un compromis pour les chansons qui se retrouvent sur l’album. Hier, un journaliste a dit à Angela qu’il avait l’impression que ces chansons n’avaient pas été composées entre 1995 et 1999 car elles s’enchaînaient bien, un peu comme sur un vrai album. Je trouve ça très cool, en fait...

Quand tu te replonges dans ces titres, vois-tu une évolution dans ton écriture ?
C’est intéressant parce que quand on a réenregistré ces titres, j’ai redécouvert des choses que j’avais faites à l’époque et j’ai trouvé ça plutôt cool. En même temps, je me suis aussi rendu compte que certains trucs qui me paraissaient difficiles à jouer à l’époque, pour lesquels je me forçais parfois, passaient maintenant comme une lettre à la poste, et là, je me suis dit : « C’est cool, j’ai progressé ! » (rires). Ça a été aussi assez marrant de devoir réapprendre à jouer mes propres titres (rires).

A l’époque de l’enregistrement de ces premiers albums, tu imaginais que le groupe allait rencontrer un tel succès ?
Non car Arch Enemy a démarré doucement, sauf peut-être au Japon, où nous avons fait de gros shows assez vite. Ailleurs, on ne jouait que du vendredi au dimanche, comme tout groupe underground qui se respecte. Quand Angela nous a rejoints, nous avons sorti un super album, Wages Of Sin, qui nous a ouvert énormément de portes et on est passés à un autre niveau au sein de la scène Metal. Nous ne pensions pas en termes de succès car ce qui nous intéressait le plus était de pouvoir jouer la musique que nous aimions. C’est une fois que tu as fini de composer ta musique que tu te demandes comment tu vas la sortir, la promouvoir. Nous, notre truc a toujours été de garder le côté le plus excitant du métier de musicien, celui de simplement jouer. On ne parlera pas de succès planifié mais de beaucoup de travail, notamment sur les tournées.

Tu ressens plus de pression de nos jours ? Parce que vos albums sont toujours très attendus maintenant...
Hum, je pense que la pression vient de moi-même car je veux que nous enregistrions quelque chose de vraiment bon, de créatif. Les pires critiques que nous recevons viennent de nous-mêmes, en fait. Nous ne sommes pas comme ces groupes de musique à mèches, on s’en fout d’être à la mode. Moi, mon truc, ça a toujours été le Metal extrême, même si ce n’était pas la partie la plus violente. Parfois, je me demande comment se situe Arch Enemy face à tous ces jeunes groupes qui ont du succès mais en fait, nous sommes également très populaires ; il semble donc que nous ayons donc aussi des fans qui apprécient notre style... En ce moment, nous avons la chance de pouvoir jouer et tourner avec le line-up définitif d’Arch Enemy, le plus respecté car nous ne passons pas notre temps à changer de personnel. Je préfère par exemple voir les gars de Judas Priest sur scène plutôt qu’un jeune groupe fabriqué de toute part, même si ça fait vieux croûton de dire ça (rires) !

Tu arrives tous les jours à composer avec les humeurs de chacun ?
(Rires). Ça dépend, il y a des hauts et des bas mais nous sommes avant tout des amis. Je pense que comme nous nous sentons plus forts maintenant, nous nous respectons encore plus car chacun sait que s’il déconne, il y perdra beaucoup au change. Il n’est donc pas compliqué d’être dans la même pièce ou dans la même chambre d’hôtel. On est toujours collés les uns aux autres, mais pas sous un angle sexuel évidemment (rires) !

Tu apprécies toujours autant de tourner ?
Oui, même si les voyages paraissent parfois très longs, les attentes dans les aéroports aussi. En même temps, tu n’as pas le choix avec ce style de vie. Mais quand comme nous, tu joues tous les soirs devant des audiences toujours très réceptives, avec de vrais fans, tu oublies vite tous les tracas des tournées. Jouer, c’est comme se gaver de boisson énergétique (rires) : t’es regonflé pour la journée suivante.

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C’est toujours facile de trouver le bon équilibre entre amusement et business ?
C’est une bonne question. Parfois, c’est vrai que tu as l’impression d’aller au boulot, notamment quand tu passes des journées entières à répéter avant le studio ou les tournées, ou quand tu dois aller poser devant un photographe ou faire l’acteur pour les vidéos. Mais à un moment ou un autre, tu pars en tournée et quand tu as un peu de chance, tu rentres chez toi te reposer (rires)...

Tu arrives à trouver du temps pour toi pour autre chose que la musique ?
Le problème, c’est que je n’ai aucune autre passion à part la musique. C’est bizarre parce que je lis souvent des interviews de musiciens qui disent qu’ils aiment les courses de bagnole, les chiens, le football... mais en fait, tout ça ne m’intéresse pas. Je suis vraiment dans la musique ; je devrais peut-être prendre ma retraite pour faire autre chose (rires) !

Non, tu es un très bon musicien...
Je n’en sais rien. En tout cas, j’essaie.

Depuis Wages Of Sin, le groupe semble inarrêtable. Tu réalises ce succès ?
Ça ne fait que quelques années que nous réalisons ça et je dois avouer que c’est un super sentiment que celui d’être populaire. C’est excellent de pouvoir sortir ces riffs extrêmes non-conventionnels en répètes avec une jeune femme allemande qui gueule par dessus, de jouer les soli que tu veux, sans te demander à chaque fois si ta vie va en dépendre. Nous avons la chance d’avoir une super équipe autour de nous qui s’occupe du business, un label qui fait tout pour que nous fassions de belles tournées, avec surtout la possibilité d’aller jouer partout dans le Monde. On a joué dans des endroits complètement dingues, c’est génial car ce n’est pas donné à tout le monde. Internet, pour ça, a été d’un grand secours pour nous, car notre musique est écoutée partout, même si tout le monde n’a pas payé pour ça (rires) ! Mais explique-moi comment il aurait été possible de jouer devant plus 4.000 personnes à Djakarta, en Indonésie, avec des fans qui connaissaient les refrains par cœur, s’il n’y avait pas eu Internet ? Je dis ça parce qu’on a dû ne vendre en tout que 400 CD’s du dernier album, là-bas (rires) !

Tu t’imagines ne sortir vos prochains albums qu’en mp3 ?
Je ne sais pas trop. Pourquoi pas ? Nous sommes assez ouverts à ce niveau sauf que je pense que nos vrais fans ont une mentalité de collectionneur de tout ce qui touche le groupe et qu’ils veulent donc des éditions limitées des CD’s, avec le livret, l’artwork, etc... Je me rappelle de l’époque où j’allais acheter des vinyles, c’était toujours une expérience de découvrir l’artwork, les paroles. Je pense que nos vrais fans sont encore comme ça.

Vous avez déjà commencé à bosser sur le nouvel album ?
Oui et ce qui ressort pour le moment est très cool et monstrueusement heavy. Vous aurez un nouvel album à vous mettre sous la dent en 2010. Merci pour votre support et à bientôt en tournée, certainement en novembre ou décembre en France. Cheers.
 

ARCH ENEMY – The Root Of All Evil
Century Media / EMI


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Myspace : www.myspace.com/archenemy