Tout d’abord, petit mise en situation : d’où venez-vous et qui êtes-vous ?
Mike : Nous sommes un groupe de Lille, parmi beaucoup d’autres, qui essaie avant tout de s’éclater à travers la musique.
Rom : La formation s’est construite avec le temps et les aléas de la vie de groupe. Nous venons d’intégrer un nouveau bassiste qui amène encore un peu plus de sens à notre musique. Il y a Max au chant, Romain à la guitare, Mathieu à la basse et Mike à la batterie. A noter que cela fait trois ans que Max, Rom et Mike jouent ensemble. Cinq ans entre Max et Rom.

Derrière le nom qu’un groupe choisi, il y a toujours une explication. Alors Om Mani, c’est en rapport direct avec le mantra bouddhiste, je suppose. Pourquoi celui-là ? Qu’est-ce qui vous lie et plaît dans cette philosophie de la vie ?
Mike : Pour ma part, c’est la dimension du mantra « om mani padme hum » qui m’a intéressé. C’est le mantra de la grande compassion qui pourrait se traduire par « salut à toi, ô joyau (caché) dans le lotus ». Le joyau y est vu comme notre sagesse innée, un joyau accomplissant tous nos souhaits, une sorte de pierre philosophale… Le lotus, quant à lui, surgit de la boue pour fleurir, il symbolise la pureté et la beauté. A partir de là, j’aime ce que peut vouloir signifier pour chacun ce mantra, trouver des réponses - de la force - de la motivation - de l’espoir etc…
Max : Les thèmes évoqués dans mes textes trouvent leur signification dans « om mani ». « Om » représente l’esprit, le corps et le langage. « Mani » représenterait la voie à parcourir pour obtenir un esprit pur, un corps pur et un langage pur. Malgré toutes les erreurs que l’être humain a pu commettre envers son environnement et envers lui-même, il pourra trouver les réponses au plus profond de lui-même, et ainsi emprunter un chemin plus juste et plus sage.  
Mike : La notion de mantra nous a aussi beaucoup intéressés, il est basé sur le pouvoir du son. Cette force, nous essayons de la retrouver et de l’utiliser au sein du groupe, c’est aussi pourquoi nous essayons de jongler avec les rythmiques, créer des cycles, des boucles qui, à force d’être répétées, peuvent emmener l’auditeur « ailleurs ». Et je pense que c’est un aspect qui sera encore plus développé à l’avenir.

Je trouve effectivement que votre musique possède un côté spirituel profondément marqué dans les ambiances mais aussi l’exécution du chant. Tout cela est donc lié et voulu ?
Max : Bien sûr. Même si la musique peut paraître violente, grâce au chant, j’essaye d’apporter une ambiance décalée, quelque chose de « posé ». Comme l’a souligné Mike à la question précédente, les instruments renforcent cette atmosphère. Pour les compositions à venir, l’arrivée de notre nouveau bassiste va, je pense, nous pousser davantage dans cette direction.
Rom : Ca, c’est sûr. Il y a fort à parier qu’avec Mathieu à la basse (et peut-être avec d’autres instruments traditionnels), nous approfondirons ce côté spirituel.


L’album s’intitule Apology, mais l’apologie de qui, de quoi exactement ?
Max : « Apology » est le dernier morceau de l’album. Je m’adresse à un enfant qui vient de naître et lui résume les grands thèmes abordés sur les autres titres. Je m’excuse auprès de lui, car je lui offre un monde incertain où beaucoup de choses sont à changer. Je lui laisse une lourde tâche à accomplir afin de retrouver un monde harmonieux. Mais le message est chargé d’espoir… Nous avons donc tout naturellement appelé l’album Apology.  

En 2006, vous avez sorti un maxi intitulé Help Is On The Way, qui fut, il faut le dire, bien perçu par votre scène locale mais aussi par les médias, dont Metal Obs’. Cela vous a-t-il permis de peaufiner votre style ou bien les choses se sont-elles faites naturellement ? Aviez-vous un peu de pression durant l’écriture de l’album, dans le sens où il vous fallait faire tout au moins aussi bien que sur le maxi ?
Mike : Aucune pression extérieure au groupe en tous cas ; on voulait avant tout s’éclater, ça reste très égoïste ce processus de composition, et jamais on n’a pensé à ce qui serait préférable pour le public. Max pose les lignes de chant qu’il aime, Romain sort ce qu’il veut de sa guitare, etc… On est plutôt du genre « voilà ce qu’on aime, si ça vous plaît tant mieux », et j’espère que ça se ressent dans notre musique.
Rom : De la pression ? Ouh la, non. Tout est naturel, sinon la machinerie ne fonctionnerait pas.  Avec le maxi, nous savions que nous faisions à peine naître la tendance et le style Om Mani, un chemin aventureux laissant place à la liberté de chacun et au partage de l’inspiration. Même encore maintenant, après la réalisation du 1er album, il y a encore beaucoup à faire pour arriver à ce que l’on voudrait, ce contraste toujours plus marqué entre violence tordue et atmosphère. Il y a un jeu guitare/batterie qui impulsait beaucoup les compositions, mais maintenant, Mathieu va nous apporter ce qui nous manquait, nous verrons les choses sous un nouvel angle.

Depuis vos débuts, le groupe a connu quelques changements de line-up, notamment concernant le poste de bassiste. Avez-vous eu peur de devoir tout arrêter, d’autant plus que l’album était en marche. Et cela n’a-t-il pas retardé la sortie d’Apology ?
Mike : On n’a jamais voulu arrêter, on ne s’est même pas posé la question de savoir si on se sentait prêts à jouer avec une basse sur bande en attendant de trouver un bassiste motivé. Heureusement, on a finalement rencontré Mathieu, dont l’univers musical va à mon avis nous amener de nouvelles sonorités. Il a très vite réussi à s’intégrer, comprend très vite nos idées et surtout, il est très créatif.
Rom : Ca nous a retardé, ça, oui. On ne pouvait pas faire autrement. Que le groupe s’arrête, non. Avant de trouver notre nouveau bassiste, nous étions toujours soudés, toujours envieux de nous voir et de jouer. Cela veut dire beaucoup. L’album est là, nous voulons le diffuser car nous l’aimons. Puis nous voulons jouer. Et surtout repartir dans de nouvelles aventures, évoluer toujours un peu plus. Surprendre tant que possible.


Samuel de Hacride est en featuring sur l’un des titres de l’album, « The Call ». Comment s’est fait cette rencontre, et pourquoi sur ce titre ?
Mike : J’ai eu la chance de rencontrer les Hacride en 2006 car ils avaient besoin d’un batteur pour une tournée en Espagne, le leur étant indisponible. Le courant est très vite passé, et de fil en aiguille, on a voulu proposer à Sam de venir chanter sur l’un de nos titres. On lui a proposé « The Call », c’était le titre sur lequel on le voyait : il a tout de suite accroché, l’affaire était bouclée. Je vais encore collaborer avec Hacride jusqu’en décembre prochain, à moi maintenant de le motiver pour venir concrétiser ce featuring sur scène !
Max : Partager « The Call » avec Sam a été une bonne expérience (pas facile de partager son bébé…). J’aime beaucoup le résultat. « The Call » est efficace, sans concession, et se prêtait bien à un duo. Mike a raison, vivement une date commune pour pousser la chansonnette avec l’ami Sam. 

L’album est donc disponible en libre téléchargement sur Internet. Pourquoi avoir choisi ce mode de diffusion ? La politique des labels ne vous convenait pas ?
Rom : Le marché de la musique est sa-tu-ré !! Les labels regardent tout à la loupe. Le support CD disparaît. C’est notre 1er album. On est réalistes sur notre position dans tout ça, voilà tout.
Max : Il est vrai que nous prenons peut-être un risque sans label, mais je pense que ça en vaut la peine. Internet est pour nous un moyen de se faire connaître au plus grand nombre, et de démarcher des lieux de concerts. Jouer sur scène pour partager notre univers est l’unique but à notre démarche.


Ainsi contrairement à l’idée générale sur le sujet – notamment concernant la mort lente de tout support physique - pour vous, Internet est le meilleur moyen de diffuser sa musique ?
Rom : Sachant qu’un Japonais peut télécharger en même temps qu’un Brésilien ou un Groenlandais, moi j’dis génial !! Même si le support physique reste important. C’est plutôt triste de le voir disparaître. Avons-nous le choix ?

Comment définiriez-vous votre musique à quelqu’un qui ne l’a jamais écoutée, pour ainsi le motiver à télécharger votre album ?
Max : Nous jouons un métal brutal, asymétrique, saupoudré d’ambiances ‘spirituelles’, accompagné d’une voix tantôt hurlée, tantôt chantée. Les mélodies vocales accompagnent au voyage, en douceur. 
Rom : Atmo, asymétrie, mélodie et power tordu blasté. Si t’aimes te faire défriser en lévitation, y a des chances que t’apprécies.

A quoi doit-on s’attendre pour la fin de l’année et le début de l’année prochaine de la part d’Om Mani ?
Rom : Des live, tout simplement. Nous composerons dès que possible une fois notre new bassiste intégré sur le set et donnerons une nouvelle tournure à notre univers.
Max : Et nous voulons tout mettre de notre côté pour jouer hors de notre région, partir à la rencontre de nouvelles personnes et de toutes celles qui nous ont déjà faites part de leur soutien via le Net.