SKYFIRE


De nos jours, quand on voit « death mélodique et progressif made in Sweden », on est très méfiant car on en a vraiment marre de tous ces groupes qui essaient de ressembler à At The Gates ou pire, In Flames, depuis des années. Sauf que dans le cas de Skyfire, les influences sont plus à aller chercher du côté de Symphony X et de Bal-Sagoth, le tout étant couplé pour donner au final un album très épique, où les arrangements orchestraux sont de tout premier ordre et les riffs de gratte hyper agressifs, tout en restant techniques et progressifs ! Bref, une sacrée mixture que nous vous proposons de mieux découvrir, séduits que nous avons été par Esoteric, le nouvel album...

Interview parue également dans le Metal Obs' 33 de sept. 2009

Entretien avec Martin Hanner (basse/claviers – Par Will Of Death
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Avant de parler de l’album, peux-tu présenter le groupe actuel, stp ?
Joakim Karlsson - vocaux, Joakim Jonsson - batterie, Andreas Edlund - guitares/claviers, Johan Reinholdz - guitares, et moi, Martin Hanner - basse/claviers.

Quand tu regardes en arrière, comment vois-tu votre précédent album, Spectral (2004) ?
Je pense toujours que c’est un bon album et certaines des chansons sont vraiment amusantes à jouer live. Ceci dit, je pense que Spectral aurait pu être meilleur si nous avions passé plus de temps dessus avant d’entrer en studio pour l’enregistrer. En fait, c’est valable aussi pour Mind Revolution (2003). Le point commun de Timeless Departure (2001) et Esoteric (2009) est que nous avons vraiment eu du temps, en tout cas assez pour finir la composition et la préparation des titres avant d’entrer en studio. Mais un truc cool à propos de nos albums, c’est que quand tu lis des chroniques ou des commentaires laissés par nos fans sur les forums, il semble qu’ils ne mentionnent jamais les mêmes titres préférés, ce qui tend à prouver que tous nos titres sont forts. Vu sous cette perspective, je ne peux qu’être satisfait car la seule chose que je ne voudrais pas serait d’avoir UN hit qui éclipserait toutes les autres chansons. Nous voulons que nos albums soient diversifiés et pour la première fois, je pense sincèrement que c’est ce que nous sommes parvenus à faire avec Esoteric.

Le délai entre Spectral et Esoteric a été très long. Pourquoi ?
Nous avons consciemment décidé de prendre notre temps pour écrire l’album et trouver un label digne de ce nom, surtout depuis qu’Arise Rec. a fait banqueroute. Les changements de line-up et certains retards d’enregistrement ont contribué encore un peu plus à rallonger les délais, malheureusement.

Nous voilà avec Esoteric. Déjà, bravo à vous parce que c’est un très bon album ! Y a-t-il un concept précis et quelle était votre idée de départ ?
Ce n’est pas vraiment un album concept. En tout cas, merci pour ton appréciation positive. Notre but était de rendre l’album aussi puissant et épique que possible tout en restant vrai dans notre son. Nous avons inclus des éléments de nos trois albums précédents en reprenant peut-être un peu plus le côté épique du 1er disque. Et comme je l’ai indiqué, la diversité se devait d’être un des mots-clés pour nous. Certains titres d’Esoteric sont plutôt rapides et pas trop mélodiques, certains autres sont progressifs et nous avons aussi un titre comme « Seclusion », qui a beaucoup de choses en commun avec notre ancien matériel de Timeless Departure. 
 
Les arrangements et les parties orchestrales sont très impressionnants et surtout efficaces sur cet album. Je suppose que ça a dû être un sacré boulot de mettre ça en place...
Ca a été effectivement beaucoup de travail dans le sens où c’est la première fois que nous avons essayé d’inclure des samples d’orchestre de te chœurs. Nous avions planifié d’en utiliser pour cet album mais COMMENT le faire, ça, c’était une toute autre question ! Devions-nous en inclure que dans un titre ou sur tout l’album ? Au final, nous avons décidé d’en inclure que quand ça nous semblait nécessaire et que leur présence ne dévalorisait pas les titres. Il y a toujours un risque, en incorporant de tels éléments, d’en mettre trop. Par exemple, dans Timeless Departure, on avait été jusqu’à inclure 13 parties de claviers différentes sur un titre. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose mais pour moi, à force d’en mettre trop, tu peux arriver au résultat inverse de celui que tu voulais atteindre. C’est quelque chose qu’il faut toujours avoir à l’esprit afin de trouver le bon équilibre. Une autre chose a été de faire la transition (enfin, surtout pour moi) entre les claviers et les samples orchestraux. Avant, j’écrivais beaucoup de parties avec mon Korg X5D mais maintenant, je ne peux plus réellement faire ça, parce qu’il y a énormément de différences entre des instruments orchestraux et des sons de clavier (notamment au niveau du temps d’attaque). Ainsi, pour parvenir à utiliser des instruments orchestraux et les faire bien sonner, nous avons d’abord dû comprendre comment ils étaient utilisés dans de vrais orchestres. Ce fut particulièrement vrai quand nous avons écrit les parties de cor français pour Esoteric, par exemple. Si nous n’avions pas fait ce travail, ça serait vite devenu un vrai bordel, avec des cordes, des cors et des violoncelles dans tous les coins. Nous avons donc essayé d’utiliser tout ça avec parcimonie. J’attends avec impatience de pouvoir écrire du nouveau matériel parce que je pense avoir beaucoup appris ; je sens qu’avec cette addition d’orchestre et de chœurs, le prochain album pourra sonner de manière encore plus épique et tout ça nous a fait grandir en tant que compositeurs et musiciens.  

SKYFIRE

Vous avez produit et enregistré l’album vous-mêmes. En quoi était-ce important pour vous ?
Ce fut la première fois que nous produisions tout nous-mêmes, comme ça. Jonas Kjellgren de Scar Symmetry a mixé et masterisé l’album et a fait un excellent job, mais nous voulions vraiment nous charger de la prod dans notre home studio. De cette façon, nous avons pu prendre autant de temps que nous le voulions sans la présence d’un producteur passant son temps à nous regarder et à nous dire comment nous devions jouer... Ce fut très intéressant, un processus très libre, pour ainsi dire.

Les paroles et l’artwork semblent très proches. Qui est ce personnage au centre de l’image ? Le Diable ?
C’est plutôt un homme ordinaire initié à un culte, mais tu es libre d’interpréter l’image comme bon te semble ! C’est volontairement provocant et mystérieux, afin que l’auditeur ou l’auditrice puisse prendre la pochette et en tirer ses propres conclusions.
 
Vous avez sorti en juillet un EP uniquement téléchargeable sur votre site et il semble que les bonus tracks de l’album soient de vieux titres issus de démos… Est-ce que cela signifie que vous voulez en finir avec votre back catalogue et qu’avec Esoteric, une nouvelle ère s’ouvre pour le groupe ?
On peut voir ça comme ça ! C’est définitivement agréable de pouvoir proposer aux fans tout notre matériel ; certains nous réclamaient ça depuis des années ! Les bonus tracks sont en quelque sorte une idée du label car ni nous ni le label ne voulions utiliser des titres d’Esoteric comme bonus ; nous avons donc fouillé les tiroirs de Skyfire et utilisé ces vieilles démos. Personnellement, je déteste ces chansons mais c’est cool pour les fans afin qu’ils puissent avoir une idée de la manière dont nous pensions notre musique à l’époque.
 
Qu’est-ce que vous espérez, avec cet album ? Partir en tournée, devenir « the next big thing » de Suède ?
Je ne suis pas sûr d’attendre quoique ce soit. Ce que je veux dire, c’est que cet album est un nouveau départ pour Skyfire donc il est difficile de prédire comment ça va se passer. Nous sommes à fond dedans et je suis très impatient que l’album sorte. Nous avons une tournée en Angleterre prévue pour novembre et j’espère que d’autres choses vont venir se greffer rapidement.  
 
Si tu as quelque chose d’important à ajouter pour la compréhension de cet album, vas-y, c’est le moment ! 
Skyfire a toujours été un groupe qui a laissé à l’auditeur la marge nécessaire pour une interprétation personnelle de son art. Nous ne cherchons pas à transmettre de quelconque message ; c’est plus à l’auditeur de rassembler toutes les pièces du puzzle afin qu’il puisse se faire sa propre idée.

Un dernier mot pour les fans Français ?
Merci à tous ceux qui nous supportent depuis tant d’années. Personne ne peut savoir ce qui va advenir de la scène aujourd’hui, avec tous les problèmes actuels, donc, que certains nous suivent depuis si longtemps signifie beaucoup pour nous. Je suis très impatient de repartir sur les routes, de rencontrer de nouvelles personnes et d’avoir des discussions épiques avec tout le monde, autour de quelques boissons fraîches. Nous espérons que vous apprécierez l’album ! A la prochaine et merci à Metal Obs’ et Noiseweb pour cette interview !  


SKYFIRE – Esoteric
Pivotal Rockordings



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