Interview SONATA ARCTICA Sept. 2009

Comment vois-tu Unia, avec le recul ?
Comme un palier qu’il nous fallait franchir, une sorte de passage nécessaire afin que ce groupe continue sa progression dans une direction un peu différente. Alors, je comprends que certaines personnes aient eu du mal à rentrer dedans, qu’il ait pu choquer certains fans mais il fallait ça pour que nous continuions à aller de l’avant. Cet album est peut-être trop sombre pour les fans old school du groupe, mais c’est un album mature qui a par contre plu à de nouvelles personnes, ceux qui ne connaissaient pas forcément nos anciens disques. Ceux qui pensaient que nous allions faire du Stratovarius n’ont pas dû tout comprendre (rires) !

Le groupe qui fait toujours le même album (rires) ?
(Rires) Non, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit ! J’adore Strato et notre 1er album fut très influencé par eux. Pour moi, Timo Kotipelto était un modèle à l’époque. J’ai ensuite trouvé mon propre style mais j’aime toujours ce type de chant haut perché. Sauf que nous sommes Sonata Arctica et que nous avons bien aujourd’hui notre propre son et nous essayons depuis nos débuts de rendre et de garder ce groupe intéressant pour nous-mêmes avant tout. C’est pour ça que nous revendiquons ce que nous avons fait avec Unia ; encore une fois, c’était nécessaire. En ce qui concerne le nouvel album, il y a une petite anecdote rigolote : le titre « Flag In The Ground », est une chanson qui a été en fait écrite en 1996, quand nous avions participé à un concours pour trouver un deal. Nous l’avons complètement réarrangée, de manière plus sombre, avec des paroles différentes mais au final, le feeling de la chanson est le même.

Justement, peut-on parler d’un retour aux sources avec votre nouvel album ?
Par certains côtés, oui mais nous empruntons aujourd’hui des directions plus variées. Vocalement, j’ai essayé de faire des choses plus simples que sur Unia, avec des mélodies qui reviennent, que les fans pourront chanter, ce qui était plus compliqué sur Unia... Les mélodies sont bien plus fortes sur The Days Of Grays.

Quand on écoute cet album, on a parfois l’impression d’écouter la bande-originale d’un film de Tim Burton...
(Rires). Ça me fait rire comme expression mais en fait, vous avez parfaitement raison ! Par exemple, je voulais ce type d’orchestration sur « Deathaura », un truc à la Nightmare Before Christmas, dont je suis totalement fan. C’est vrai que certaines parties de The Days Of Grays sonnent comme de la musique de film.

On parlait justement de « Deathaura ». Ce n’est pas un peu risqué d’ouvrir un album avec un titre aussi long ?
Quand on en a discuté avec le management ou les autres membres du groupe, certains ont dit que ça pourrait être un bon titre pour un single, voire même pour le titre de l’album. Mais personne ne savait s’il fallait le mettre au début ou à la fin du disque mais quand on a eu fini de masteriser l’album, il s’est avéré que ce titre était le meilleur pour ouvrir l’album, sans discussion, simplement parce que « Deathaura » se marie à merveille avec « Everything Fades To Gray », l’intro instrumentale. Les deux réunies font une grosse ouverture pour l’album, un truc qui choquera un peu les gens, mais dans le bon sens du terme. Et moi, en tout cas, je me suis bien amusé avec ce titre... Et puis, si on avait mis ce long titre à la fin, certaines personnes l’auraient certainement zappé avant d’arriver au bout du disque ; là, au moins, c’est impossible, ils sont obligés de l’écouter (rires) !

C’est facile après tant d’années de trouver de nouvelles idées ?
Non, pas vraiment. J’ai mes thèmes de prédilection comme la Nature, les loups, mais je ne peux pas indéfiniment écrire toujours les mêmes choses non plus. Mais c’est très bizarre, il n’y a pas de recette : parfois, tu écris un titre en 10 minutes mais d’autres fois, il te faut 2 ou 3 ans pour réussir à finaliser un titre. Certains riffs aussi t’inspirent parfois, et tu trouves les paroles adéquates immédiatement ; d’autre fois, rien ne sort et là, c’est pénible (rires). Encore pire quand tu sors d’une soirée passablement arrosée et crois-moi, comme tu peux t’en rendre compte, c’est assez facile d’être bourré à Helsinki (rires) !

C’est le premier album avec Elias Viljanen à la guitare. Pourquoi votre choix s’est-il porté sur lui ?
Quand Jani a décidé de partir, nous avons dû faire un choix très rapidement et tout de suite, nous avons senti qu’Elias allait convenir pour le poste, d’autant que nous le connaissions déjà et nous savions qu’il était fan du groupe. Au départ, nous l’avons employé pour remplacer Jani en tournée mais au bout de 2 / 3 mois, nous lui avons dit que pour nous, il faisait partie du groupe et il a été ravi de l’apprendre. Il peut jouer n’importe quoi et il est marrant. Pour l’enregistrement, il a assuré, ce fut facile et très professionnel avec lui. Avant de finaliser la compo de l’album, nous lui avons demandé de nous proposer des démos, histoire de voir de quoi il était capable, mais comme c’est un grand fan d’extrême, ce qu’il nous a donné était trop rapide (rires). Mais ce ne fut pas un problème car nous avions déjà pas mal de matos. Avec Jani, les choses étaient devenues trop difficiles. Elias assure sur scène, il est d’une politesse sans bornes, c’est vraiment un gars fantastique.

Comment ça se passe la composition dans Sonata Arctica, sachant que tu en es le principal compositeur ? Tu es une sorte de dictateur ou les autres peuvent-ils proposer quand même leurs idées ?
(Rires) C’est un peu comme une démocratie : je dis aux autres qu’ils peuvent toujours me proposer leurs idées et que j’y réfléchirai (rires). Non, mais c’est une plaisanterie entre nous. En répète, parfois, des choses étranges surviennent : un des gratteux se plante en jouant une note trop longue et là, je dis à tout le monde d’arrêter ! Mais c’est pour leur dire qu’en fait, le passage sonne mieux comme ça (rires). Non, mais on bosse vraiment ensemble même si les idées principales sont souvent de moi.

Mais tes idées sont toujours les meilleures (rire) !
(Rires) Non… Je me sens comme le père de mes chansons, donc c’est toujours difficile de devoir les retravailler. Mon job n’est pas facile dans le groupe. Je travaille comme un esclave. Mais personne ne veut prendre ma place, donc je n’ai pas le choix (rires).

D’ailleurs, comment composes-tu ? Es-tu le genre de musicien qui se réveille au milieu de la nuit pour noter des idées qu’il a eues en dormant ?
Des fois, c’est comme ça. Surtout quand je suis dans une phase créative pour un album, je me ballade toujours avec un bloc-notes pour écrire ce qui me vient à l’esprit. Je me lève au milieu de la nuit pour me jeter sur mes notes, en réveillant ma femme qui dormait paisiblement à côté (rires). Et puis souvent, en relisant mes notes au petit matin, je me dis : « Mais qu’est-ce qui m’est passé par la tête, là ? » (rire).

Et quand tu composes, tu pars d’une mélodie, d’un riff, ou tu as déjà la chanson en entier dans la tête ?
Je commence par les mélodies ou des bouts de mélodie. Les paroles viennent bien après. Ce qui parfois est un peu particulier pour le reste du groupe, car ils travaillent sur des bouts de chansons sans savoir ce que cela va donner quand le puzzle sera terminé.

De quoi parles tes textes cette fois-ci ?
Sur le fait de grandir, sur la faiblesse humaine, sur le fait d’avoir à se battre pour trouver sa place dans notre société moderne. Sur le fait de devenir plus vieux aussi.

SONATA ARCTICA – The Days Of Grays
Nuclear Blast / Pias

Site : www.sonataarctica.info/site07

Myspace : www.myspace.com/sonataarctica

Helsinki, le 12 juillet 2009. Sur invitation de Nuclear Blast (Merci Val’), nous voilà donc dans le studio où Sonata Arctica a enregistré le successeur du très controversé Unia. Et la surprise est de taille. Tout en revenant à ses racines heavy-speed ultra mélodiques, Sonata Arctica a mûri, et s’est orienté vers des morceaux bien plus longs, à la limite du prog’. Une vraie réussite, comme nous l’explique Tony Kakko (chant). Interview parue également dans le Metal Obs' 33 de sept. 2009
Entretien avec Tony Kakko (chant) - Par Geoffrey & Will Of Death
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