ALICE IN CHAINS


Only for fun...

Megadeth, Slayer, Alice In Chains… Les vieux du hard-rock/metal sont des durs à cuir(e). Ils sont tous encore là en 2009, avec autant de succès, en plus du respect qui incombe aux anciens. Mais le retour d’Alice In Chains est différent. Black Gives Way To Blue est seulement le quatrième opus du groupe de Seattle et il sort 14 ans après l’album éponyme, point d’orgue du succès pour Cantrell and Co... Mais surtout, il sort 7 ans après la mort par overdose de Layne (chant) Staley et marque une véritable renaissance pour Alice In Chains. Black Gives Way To Blue est un ultime message d’adieu et d’amour adressé au défunt frère. Et c’est ce qui le rend plus émouvant que tous les autres albums de reformation. Il suffit d’écouter parler Mike Inez et d’apprécier son enthousiasme pour sentir la vie qui anime désormais un groupe qu’on croyait mort et enterré avec Layne.

Interview parue également dans le Metal Obs' 34 d'octobre 2009

Entretien avec Mike Inez (basse) - Par Yath
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Salut Mike ! Je voudrais revenir sur ce premier concert que vous avez donné après le décès de Staley, c’était en 2005 à Seattle, et c’était un concert de charité pour les victimes du tsunami.
Exact. Cet événement nous a énormément marqués, tu sais, surtout Sean (Kinney – batterie). J’espère que ça restera la pire catastrophe que l’humanité n’ait jamais connue... Un nombre de victime ahurissant. Donc, Jerry (Cantrell – guitares) et moi avons pris le premier vol pour Seattle et nous avons été rejoints par pas mal d’amis. Duff McKagan (ex-Guns n’ Roses), Parker Lundgren de Queensrÿche, Pat Lanchman de Damageplan, Manyard de Tool, mais aussi des amis du groupe Heart et Supersuckers… On s’est réunis et on a essayé de lever le plus d’argent possible pour les victimes. Cette première étape a visiblement mené à d’autres évolutions et me voilà en train de te parler d’un nouvel album ! Je n’aurais jamais pu imaginer ça au départ !

Et c’était justement le point que je voulais soulever ! Cette reformation est donc venue naturellement et progressivement.
Tu sais, à la mort de Layne, on a vraiment pensé que c’en était fini d’Alice In Chains. Mais les petits pas se sont succédés et même si on n’avait aucun plan au départ, on s’est laissé embarquer dans l’aventure. Ce premier show s’est transformé en une série de dates dans des clubs. Ensuite, on a été invités par nos potes du groupe Heart pour une apparition télé. On a aussi joué avec des artistes country à la télé. On a chanté avec différents chanteurs et c’est comme ça qu’on a fini par récupérer William (Duvall) qui avait participé avec Cantrell sur son album solo. Ce mec est un chanteur exceptionnel d’ailleurs. L’histoire est simple en fait ! Après ces quelques concerts dans des petites salles, on nous a proposé une tournée mondiale, et on a dit OK, allons refaire le tour du monde une dernière fois avec ces chansons, ça restera petit, intime. Et au bout du sixième concert, on était sur scène devant 40 000 personnes (rires) ! C’était au Portugal, il me semble. On a tourné pendant 2 ans, et on a visité 26 pays. Avec le recul, je pense que tourner avec William intensivement était une excellente manière de souder le groupe. Ça nous a donné confiance et galvanisé pour refaire un album. On ne peut franchement pas espérer mieux. On est en train de vivre des moments parfaits et on essaye d’en profiter. On revient tout juste d’Australie, avec Nine Inch Nails, ensuite on a joué avec Metallica en Europe, là on tourne aux States et après, on reviendra en Europe ! Je pense qu’il y a une date de calée à Paris (Ndlr : Oui, Mike, le 4 décembre). Et ce n’est pas fini ! On parle actuellement d’une tournée en Amérique latine (rires) ! C’est fou, on a une chanson n°1 ici aux States…Incroyable.

Mais ça devait être bizarre au début de vous retrouver sur scène sans Layne, non ?
Oh que oui, ça te déchire le cœur, littéralement. On a toujours été une famille, tu sais, et Layne en était un membre essentiel. Ça fait toujours bizarre, même après toutes ces dates, de jouer sans lui. Il y a des chansons qui sont particulièrement difficiles comme « Nuttshell » ou « Down In A Hole ». C’est toujours des moments remplis d’émotion. Mais on essaye de vivre avec, on n’a jamais essayé de remplacer Layne, il est irremplaçable de toute manière. On a de la chance d’avoir en William quelqu’un de modeste, qui n’essaye pas de remplacer qui que ce soit. Il joue son propre rôle, essaye de trouver sa place et son style. Il faut quand même énormément de courage pour monter sur scène et pour regarder nos fans dans les yeux. J’avais dit dès le départ : ça nécessitera du temps et ça sera difficile. Il n’y a que sur scène, en regardant les fans droit dans les yeux que tu peux montrer ce que tu vaux et les conquérir. Je suis très excité pour lui parce qu’il est récompensé là, on a ajouté trois nouvelles compos qu’il a aidées à écrire à notre setlist.

Et il n’est pas anxieux là, alors que l’album va sortir (NDLR : entretien réalisé fin septembre, quelques jours avant la sortie du disque) ? Sur scène, il a conquis les fans, on est d’accord mais sur disque, il doit encore faire ses preuves…
Hum, ce qui est drôle, tu sais, c’est qu’on est tellement occupés (rires). On n’a pas le temps de se soucier de quoi que ce soit, on vit au jour le jour, heure par heure même ! On vient de se lever, on donne des interviews toute la journée, et après on monte sur scène ! On est vraiment concentrés sur nos concerts, nos performances et on n’a pas le temps d’avoir des états d’âmes. Je pense qu’il doit quand même être excité, pas nerveux ou anxieux. On est trop heureux de jouer ensemble pour être stressés. On est tous dans le même état d’esprit d’ailleurs, moi-même, je suis fou de joie de partager cette aventure avec les gars, c’est ma famille ! On n’a pas besoin de faire ça, on est tous à l’abri financièrement, on pourrait juste trainer à la maison. Le fait qu’on donne tout pour rejouer ensemble, c’est comme un témoignage de notre amitié. On est heureux, c’est tout. C’est ma vie et je ne peux pas exprimer à quel point je suis heureux aujourd’hui.

ALICE IN CHAINS

J’ai pu comprendre que les paroles traitaient de Layne sur Black Gives Way To Blue. C’était une façon de dire qu’il fera toujours partie d’Alice In Chains ?
Ouais, et ce n’était même pas intentionnel. L’album parle de cette période de notre vie et donc forcément, la disparition de Layne y joue un rôle important. Quand tu sors un album après 14 années d’absence, les gens ont tendance à imaginer que rien n’a changé, qu’on va faire la suite logique de l’album éponyme. Mais on a tous grandi, évolué durant cette période en tant qu’individus, en tant que famille et en tant que groupe. La chanson « Black Gives Way To Blue » par exemple est une des compos de Jerry. Il l’a écrite bizarrement, à la fin du processus de composition et elle s’est tout de suite imposée, elle a donné son nom à l’album et elle représente notre adieu à Layne. Et tu sais, Elton John joue du piano dessus, ce qui est assez incroyable. Il a insisté pour participer et on a été trop flattés ! T’imagines ? Elton John sur un album d’Alice In Chains ! On a pris la chanson et on est allé le rejoindre sans son studio à Las Vegas. On a assisté à son show la veille et tout s’est passé parfaitement. C’est une véritable inspiration ce mec. Il adore la musique et continue de travailler avec tellement de passion ! J’adorerais être aussi enthousiaste et passionné à son âge. C’était fou de le voir travailler, il nous a accordé 5h de son temps quand même ! Et peu de gens les savent, mais il est tout à fait à la page niveau actualité musicale. Il nous a parlé de Queensrÿche, System Of A Down… Il aime le metal en fait !

Le son de ce nouvel album est phénoménal. On reconnait Alice In Chains immédiatement, mais le son est plus moderne, très puissant. Avez-vous réfléchi avant de composer et de produire ou avez-vous juste suivi votre instinct ?
Je pense que c’est un album organique. Ça nous fait rire quand les gens soulignent que l’album sonne comme du pur Alice In Chains ; mais Sean, Jerry et moi-même ne pouvons pas faire autrement ! Quand on est ensemble et qu’on joue, ça sonne toujours comme ça ! C’est totalement naturel. Ceci dit, notre producteur Nick Raskulinecz a fait un excellent boulot, on a adoré travailler avec lui. Un technicien et un homme formidable. Il a su créer une atmosphère de travail idéale, dans les studios de Dave Grohl, un endroit hyper moderne et complet. On s’est éclaté là-bas, des amis venaient nous voir tous les jours ! On a vraiment été cool et détendus. Tu sais, on a autoproduit ce disque, au cas où s’il ne nous plaisait pas ou s’il ne nous correspondait pas, on ne l’aurait jamais sorti, on ne voulait pas ternir l’image du groupe. Je te parlais des étapes progressives de notre reformation au début, et là c’est pareil. On s’est demandé si on voulait essayer de composer, si on voulait faire des démos, enregistrer, si on voulait signer un contrat, et enfin si on voulait sortir l’album… Le processus a été long, mais on a pris le temps de réfléchir à chaque étape et on est content qu’il ait abouti. C’était émotionnellement difficile et ça nous a déchiré le cœur par moment, mais j’ai l’impression qu’on avait vraiment besoin de faire cet album. Comme si on avait besoin de sortir cette tristesse de notre corps pour pouvoir avancer et là, on parle déjà du prochain disque (rires) ! Je suis extrêmement motivé et excité pour l’avenir d’Alice In Chains.

Tu dois savoir qu’il y a un album de Pearl Jam qui sort ces jours-ci et c’est drôle de voir que cette scène de Seattle est toujours d’attaque, alors qu’elle était souvent décriée à l’époque.
(Rires) ! Mais cette scène est juste une bande de copains ! Avec Pearl Jam, Alice In Chains, Nirvana et Soundgarden, le « big four » de Seattle, on a toujours eu d’excellents rapports. On s’est connu avant le succès et on continue à se voir et à échanger des nouvelles aujourd’hui. On a traversé cette explosion pop de l’époque, c’était génial ! Ça nous inspire de voir Pearl Jam au top, et j’aimerais tellement voir une reformation de Nirvana… C’est impossible évidemment et Dave a fait son bout de chemin depuis, mais j’aimerais voir Chris revenir à la musique aussi. Et Soundgarden ! Ils doivent se reformer, je n’arrête pas de le leur dire !

ALICE IN CHAINS

Vous allez donc embarquer sur une interminable tournée. Vous organisez comment vos setlists ? Il risque de ne pas y avoir beaucoup de place pour les nouvelles compos parmi les classiques que vous DEVEZ jouer.
On décide quelques minutes avant de monter su scène en fait. Il y a, comme tu le dis, des chansons obligatoires, comme « Nutshell », « Would », « Angry Chair », « Man In The Box »… Une fois qu’on a intégré ces chansons, on essaye de varier les plaisirs en changeant un peu tous les soirs. Et ce n’est pas que pour les fans, c’est pour nous aussi, pour éviter l’ennui. L’avantage avec Alice In Chains, c’est que le groupe est tellement fou qu’on pourrait jouer des sets entièrement acoustiques par exemple, et c’est agréable d’avoir un tel choix. Mais c’est vrai qu’il y a des chansons que tu détestes jouer et que t’es obligé de faire tous les soirs. Pour moi, c’est assurément « Man In The Box ». C’était pareil quand j’ai joué avec Ozzy, je haïssais « Shot In The Dark » (rires). Mais bon, le public adore, donc t’es bien obligé de leur faire ce plaisir !

Ecoute, c’est juste génial de t’entendre parler avec autant de motivation et de vie. Tu me disais tout à l’heure que vous pensiez déjà au futur d’Alice In Chains, au prochain album.
Oh mais tu sais, on n’a rien planifié de tout ce qui nous arrive aujourd’hui donc on continue comme ça ! On a nos portables, on se débrouille pour jammer en tournée et on enregistre nos idées. Même si je ne sais pas à quoi ressemblera le prochain disque, je peux te dire qu’on se sent mieux. On n’a plus cette anxiété liée à la nouveauté, on est plus sûrs de nous. Black Gives Way To Blue a occupé une place très importante de notre vie et on est content qu’il sorte enfin. On est très heureux en ce moment et excité quant à l’avenir du groupe.

Et donc quelle est la plus belle chose qu’on peut te souhaiter aujourd’hui ?
Et bien, qu’on puisse se surpasser sur scène tous les soirs ! On va aller partout où on nous demande. C’est génial de visiter dans toutes ces villes nouvelles pour nous. A l’époque, on n’était pas allé à Varsovie, Prague, et on y joue bientôt, pareil pour Dubaï. On négocie aussi pour l’Amérique latine et pourquoi pas en Afrique. C’est fou !


ALICE IN CHAINS – Black Gives Way To Blue
EMI



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