GET  A  LIFE

Il y a toujours eu la masse et l'élite. La majorité et la minorité. Chez les labels, il y a ceux qui choisissent l'option « musique pour l'argent » et ceux qui optent pour son contraire. Les premiers s'obstinent souvent à s'assurer que leurs poulains ne dévient pas trop de la norme, alors que les seconds se foutent des conventions et proposent des choses pas toujours très évidentes, mais qui au bout du compte, font avancer le schmilblick. Rencontre avec Get A Life! Records, à classer dans cette deuxième catégorie.

Interview exclusive NOISEWEB

Entretien avec Joël Almendiger (label manager) – Par Gilles Der Kaiser
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D'où vient le nom du label ? Traduit-il l'idée que beaucoup de gens ont des vies routinières et monotones, que nous passons tous beaucoup de temps à faire des choses qui ne servent au bout du compte pas à grand chose ?
Le nom du label a été trouvé par Philippe Henchoz, chanteur/guitariste de Ventura. Mon interprétation en est très simple : fais quelque chose de ta vie. Après, on n’est pas là pour porter des jugements sur la vie des autres, chacun fait ce qu’il veut ou ce qu’il peut. Même s'il est vrai que je trouve que la vie est beaucoup trop courte pour ne pas être vécue aussi pleinement que possible... mais chacun sa croix !

Les groupes que propose le label sont-ils une manière de sortir de la routine ?
Je n’aurais pas cette prétention, par contre je pense qu’ils reflètent une certaine envie de diversité, et peut-être même de curiosité de notre part. Mais bon, ce sont avant tout des coups de cœur, des rencontres, des baffes musicales. Bref, des groupes qui nous touchent d’une manière ou d’une autre.

Qu'est-ce qui a motivé la création de Get A Life! ?
Le label est né par nécessité. Ventura désirait sortir des disques, alors ils ont opté pour la solution de créer une structure propre. Puis avec mon arrivée dans le label, la vision a légèrement évolué. On a eu envie de s’intéresser à d’autres groupes, leur accorder un peu de notre temps et de notre argent, tout en documentant une certaine frange de la création musicale locale.

When Icarus Falls
When Icarus Falls

Dis-nous en un peu plus sur le magnifique logo du label...
Il a été réalisé par Philip Thoeni aka The Sparkplugs, également membre de Unhold (NDLR : dont on ne peut que vous conseiller leur fabuleux dernier album Goldcut). A l’époque, il nous avait proposé 2-3 idées différentes, et c’est sans hésiter qu’on a choisi celle-ci. Personnellement, je ne pourrais pas en être plus satisfait. Il accroche bien, et la symbolique y est très forte !

Comment en viens-tu à signer un groupe sur Get A Life! ? Quels sont les « conditions » qui doivent être remplies ?
Les conditions évoluent au fil du temps. Il est primordial que l’on soit musicalement conquis par ce que l’on entend. À cela viennent s’ajouter une dimension humaine et une question géographique. Pour des raisons pratiques, on essaie de principalement travailler avec des artistes suisses.

Le label ne propose que des artistes très singuliers. Est-ce là un élément central pour Get A Life! ?
Merci ! Oui, je trouve très important en tant que label de pouvoir proposer des groupes dans des styles un peu différents. Je ne vois pas l’intérêt de sortir uniquement un seul style de musique, d’une part parce que c’est un peu ennuyeux (et pas forcément artistiquement très stimulant) et d’autre part parce que personnellement, j’aime toute sorte de musique... mais quand même, faut bien le dire, j’aime surtout les blast-beats (rires).

Votre roster recouvre des styles assez différents (grindcore, post-rock, post-hardcore, ...). Une certaine cohérence entre les différents styles présents sur le label est-elle visée ? Ou n'est-ce pas une préoccupation ?
Je ne me suis jamais posé la question de savoir si notre catalogue était cohérent ou pas, parce qu’à mes yeux, il l’est, puisqu’il s’est façonné le plus naturellement du monde. Je pense que plus ou moins tous les groupes partagent une certaine approche de leur musique, sérieux et sincérité, que ce soit dans un extrême musical ou dans un autre.

Impure Wilhelmina
Impure Wilhelmina

Certaines de vos formations, comme Impure Wilhelmina par exemple, sont aujourd'hui reconnues au-delà des frontières suisses. Cela a-t-il permis au label de sortir la tête de l'eau financièrement parlant ?
Le label navigue toujours dans des eaux un peu troubles et c’est vrai qu’une sortie comme le dernier Impure Wilhelmina permet un peu de souffler financièrement, dans le sens où l'on sait que l'on prend un risque financier moindre, même si ce n’est pas Byzance non plus. Pour être tout à fait honnête, je pense qu’on aurait pu faire un peu mieux sur cette sortie, mais les hasards du calendrier et quelques plans qui ne se sont pas concrétisés, ont fait que le groupe a peu joué de concerts depuis la sortie de l’album, ce qui a forcément eu un impact. C’est dommage, parce que cet album est une tuerie et c'est certainement une de mes sorties GAL préférées à ce jour. Impure Wilhelmina fait néanmoins partie des meilleures ventes du label avec The Evpatoria Report (en tête) mais aussi Equus.

Comment perçois-tu une relation entre label et artiste ? Est-ce un partage ? Une alliance ? Autre chose ?
C’est une collaboration. On essaie de leur apporter quelque chose et en retour, on s’attend à ce qu’ils jouent le jeu en faisant le nécessaire de leur côté pour que les choses se passent au mieux. Ce qui sous-entend une certaine autonomie du groupe pour trouver des concerts et se créer une actualité.

Vous avez sorti plusieurs splits (Zatokrev/Vancouver, Ventura/John Sars, ...). Que représente cette formule à tes yeux ?
Tous les splits sortis sur GAL ont été l’initiative des groupes, donc nous n'y sommes pas pour grand chose. Mais il est vrai que c’est un format que j’aime bien, surtout en vinyle, avec un groupe par face, ça le fait pas mal... Et c’est aussi un super moyen de rendre intemporelle une amitié, une rencontre entre groupes, et de prolonger ainsi une tranche de vie fort sympathique.

Cortez
Cortez

Pour toutes les sorties Get A Life!, un soin particulier est apporté à l'aspect visuel et matériel. La qualité de l'objet en lui-même est-il une priorité pour toi ?
J’estime qu’il est primordial de fournir un effort maximal au niveau des pochettes. C’est une forme de respect de la musique et de la personne qui va faire l’effort d’acheter ce disque. Un disque dont tu es super fier, que tu adores et que tu écoutes en boucle, c’est quand même mieux lorsqu'il est associé à une pochette décente. Et c’est encore mieux lorsque la pochette est vraiment mortelle. Même si, à l’heure actuelle, cela a tendance à changer, pour moi, le contenu est indissociable du contenant, parce que c’est un tout qui forme une œuvre complémentaire et cohérente.

Un petit mot sur le petit dernier, When Icarus Falls ?
When Icarus Falls est un jeune groupe lausannois prometteur, se situant quelque part entre post-hardcore et post-rock et nous distribuons donc leur premier EP trois titres. C’est un groupe avec un bon potentiel, tout du moins s’ils persistent à trouver leur voie.

Quels sont les prochaines sorties prévues chez Get A Life! Records ?
Nous avons récemment réédité en digital les trois premiers albums de Impure Wilhelmina ainsi que l’album de Cortez (qui sont donc dispo sur iTunes ou Amazon), et nous allons enchaîner en 2010 avec le deuxième album de Ventura ainsi qu’un nouveau disque d’Equus. Ce sera l’enregistrement de la bande-son créée pour le film “Der Golem”, une pure merveille dont je me réjouis avec impatience! Et 2010 verra également le label fêter ses 5 ans...


GET A LIFE! Records
Myspace : www.myspace.com/getaliferec