Interview NERVECELL Oct. 2009

Pouvez-vous présenter le groupe en quelques mots ?
Nous sommes Nervecell, basés à Dubai, Emirats Arabes Unis. Ça fait 9 ans que nous nous sommes formés mais nous ne jouons à l’étranger que depuis deux ans. Nervecell est en gros un mélange de death old school avec des influences thrash. Nous avons sorti notre premier album intitulé Preaching Venom l’année dernière par nos propres moyens mais Lifeforce vient de nous signer pour le ressortir partout en Europe le 26 octobre. Être le premier groupe du Moyen-Orient à parvenir à être signé sur un label européen est un sacré honneur pour nous. On s’est vraiment éclaté à venir jouer chez vous cet été dans les festivals et là, nous sommes actuellement sur notre propre tournée européenne, qui se passe très bien.

Pouvez-vous définir votre son ? Selon vous, y a-t-il de grosses différences entre votre style et ce qui se fait en Europe ou aux USA ?
Nous jouons une sorte de death metal avec des influences thrash, en incorporant autant d’éléments death moderne que de parties old school, ce qui est aussi valable pour le thrash. Notre son n’est pas vraiment influencé par Dubai, même s’il y a des touches moyen-orientales dans les solos et quelques rythmiques, mais tout ça nous vient naturellement. Nous avons grandi en écoutant à la fois le death / thrash européen et américain, des groupes comme Deicide, Dismember, Cannibal Corpse, Morbid Angel, Bolt Thrower, Entombed, Slayer, Sepultura et plein d’autres. Nous aimons à égalité les deux scènes et nous mixons beaucoup de ses éléments dans notre son. Nous ajoutons juste la “Nervecell touch” : du groove et des petites touches orientales ça et là.

Quelles furent justement vos principales influences ?
Nous avons tous des influences similaires dans le groupe, la plupart death et thrash metal mais aussi du black. Nous avons tous grandi en écoutant des groupes comme Slayer, Cannibal Corpse, Deicide, Pantera, Sepultura (les premiers albums), Morbid Angel, Death, Testament, Megadeth. Personnellement, j'aime aussi beaucoup le prog (Symphony X, Dream Theater, Evergrey), tandis que notre batteur, Louis, est plus influencé par Emperor, Absu, Immortal ou encore Gorgoroth.

Y a-t-il un sens spécial derrière le nom du groupe et Preaching Venom est-il un album concept ?
Preaching Venom n'est pas vraiment un album concept, c'est plus un état des lieux concernant la manière dont des gens contrôlent le monde dans la corruption, et qui se font appeler leaders. Alors que grâce à leur pouvoir, ils pourraient vraiment influer sur les choses pour changer les mœurs et faire la différence. Quant au nom du groupe, il exprime l'état de frustration dans lequel on peut de trouver quand on a les nerfs à vif et qu'on est en colère ou irrité par une situation ou une personne. Le mot « cell » (cellule) ajoute le sentiment de ne pas parvenir à sortir de cet état.

Peux-tu nous dire comment vous avez réussi à avoir ce deal avec Lifeforce et quelles sont vos attentes ?
Juste après que nous ayons sorti Preaching Venom au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, nous avons cherché un label pour une sortie en Europe, aux USA et ailleurs. Ce fut assez compliqué pour diverses raisons mais finalement, Lifeforce s'est montré intéressé. Ce fut juste avant que nous ne jouions au With Full Force 2009, en Allemagne. Du coup, nous avons pu rencontrer les dirigeants de Lifeforce directement et ils ont pu assister à notre performance. Tout s'est donc bien passé pour nous puisque Preaching Venom va sortir en Europe le 26 octobre et un peu plus tard aux USA. Nous attendons beaucoup de Lifeforce, qui est un des plus importants labels de Metal en Europe et pour l'instant, ça se passe pas mal puisque nous sommes déjà en train de tourner en Europe pour supporter ce disque.

Preaching Venom est sorti il y a 1 an et demi par vos propres moyens. Pourquoi ce fut si difficile de trouver un deal et comment l'album est-il déjà perçu par les fans et la presse ?
Ce fut compliqué à cause de la crise du disque qui affecte tout le monde et qui empêche certains labels de pouvoir signer de nouveaux groupes. C'est pour ça que nous sommes particulièrement chanceux que Lifeforce se soit intéressé à nous. Depuis que Preaching Venom a été mis sur le marché l'an dernier, nous avons reçu énormément de bons retours, que ce soit de la part des webzines, des radios ou des gros magazines. Les fans ont été fantastiques ! Car c'est bien beau d'avoir un bon retour de la presse, encore faut-il que ça plaise aux fans. On a aussi eu l'honneur de pouvoir écouter un message audio d'Alex Skolnick de Testament qui disait combien il aimait notre album ! Venant de la part d'un tel musicien, ça nous a fait excessivement plaisir !

Quel était votre but à atteindre quand vous avez composé cet album ?
Ça part toujours des riffs de guitares que Rami et moi composons. Nous mettons ensuite nos idées en commun et en général, elles se complètent assez bien. En accord ensuite avec l'ambiance qui se dégage des titres, nous ajoutons les paroles écrites par James. On n'a pas vraiment de formule magique pour composer ; en général, celui qui amène les riffs a déjà aussi une idée de ce que va devoir produire la batterie, c'est très naturel pour nous et nous n'essayons jamais d'écrire des titres que nous ne sentons pas. Souvent, beaucoup de groupes essaient de montrer avant tout leur habileté technique mais nous préférons plutôt nous concentrer sur ce que nous aimons et de faire progresser notre musique.

Le son de l'album est très bon, puisque vous avez réussi à bosser avec les frères Wieslowscy, pour finalement faire mixer l'album par Alan Douches, le tout sans le support d'un gros label ! Comment avez-vous réussi ce tour de passe-passe et quels souvenirs gardez-vous de ces sessions ?
Merci pour ces mots. Nous les avons juste contactés et leur avons envoyé des démos de la pré-production que nous avions faite de l'album. Ils ont apprécié notre travail et ont accepté de bosser avec nous. Ils ont été très pros et le résultat est à la hauteur de notre investissement. Je me rappelle surtout de beaucoup d'emails et de coups de téléphone (rires) ! Nous avons dû bosser aussi en même temps sur l'artwork, donc ce fut assez intense, avec pas mal de pression ! Mais nous avons énormément appris et ça va nous servir pour l'avenir.

Question plus personnelle de la part d'Adil : je vous suis depuis vos débuts, sur mon ancien webzine, Marock Magazine et je suis fier de ce que vous faites pour la scène arabe, encore plus depuis que vous avez joué au Wacken ! Quel est votre sentiment quant à ce succès ?
Déjà, merci à toi pour le support depuis tout ce temps ! Nous nous sentons très bien dans notre position actuelle car rien n'arrive du jour au lendemain. Ça a été beaucoup de travail et de passion et malgré notre éloignement des gros festivals, nous avons décidé d'aller jouer en Australie, en Europe, et un peu partout au Moyen-Orient, et ça, c'est vraiment excellent. Nous avons donc joué au Wacken cette année, et ce fut un super show, man ! Nous sommes particulièrement fiers d'être le 1er groupe du Moyen-Orient à jouer au Wacken mais aussi au With Full Force, Rock AM Ring et Rock Im Park, Ces festivals allemands sont terribles !

Est-ce difficile d'être un groupe de death metal à Dubai et dans le monde arabe en général ? Car certains gouvernements sont très conservateurs et religieux, parfois même violents envers les musiciens ?
C'est vrai ! Mais à Dubai, c'est plus facile qu'ailleurs car une grande majorité de la population est composée d'expatriés et donc, le gouvernement est très ouvert d'esprit comparé aux pays voisins. La vie nocturne est très développée à Dubai et même si le Metal n'est que très peu représenté, nous essayons de le garder vivant malgré certaines limitations. Le problème est qu'il n'y a pas ici trop de promoteurs Metal et du coup, les groupes locaux ne peuvent pas souvent jouer. Dans tout le Moyen-Orient, être conservateur est normal car le fait religieux est une sérieuse affaire ici. Dans Nervecell, nous faisons notre truc sans penser à tout cela, mais en ayant à l'esprit de n'offenser personne, tout en respectant les différentes formes de religion présentes à l'intérieur même du groupe. Il y a pas mal de groupes de poseurs au Moyen-Orient, qui se disent sataniques et qui font des trucs stupides, uniquement pour offenser les autres. Je crois que c'est un peu en train de gagner du terrain ici, même si ça reste ultra underground. Mais dans ce cas, il ne faut pas s'étonner si ces groupes sont pourchassés par les autorités locales.

Est-il facile de trouver des disques de Metal chez vous ? Je pense que ce doit être possible car tout semble possible à Dubai (rires) !
Ah ah ah... “tout semble possible à Dubai” ! En fait, tu serais choqué d'apprendre que nous ne pouvons trouver des disques de Metal que depuis 2005 ici ! La raison principale pour ça, c'est que depuis 2005 existe le Dubai Desert Rock Festival. Le festival a réussi à faire venir des groupes comme Megadeth, Testament, Iron Maiden, Machine Head, Sepultura, etc., alors que leurs CD's n'étaient même pas disponibles ici. Du coup, le gouvernement s'est rendu compte qu'il y avait un vrai intérêt pour cette musique à Dubai et que les gens qui venaient à ce festival en profitaient aussi pour dépenser du fric en faisant du tourisme. Ça les a convaincus de ne plus bannir le heavy-metal et c'est un sacré signe de progrès ici !

Quand vous dites que vous êtes le premier groupe du Moyen-Orient à s'exporter en Europe et ailleurs, ça me gêne un peu car c'est vite oublier Melechesh, qui est originaire du côté arabe de Jérusalem, à ce que je sache... En plus, ce sont des potes ! Vous les connaissez ?
Oui ! Ils sont très cool et on est potes aussi avec eux, surtout Ashmedi qui est encore venu ici il n'y a pas très longtemps. Nous devons jouer le 25 septembre à La Cave, à Amsterdam, et il est prévu que les gars de Melechesh viennent nous voir. Si tu les connais, tu peux imaginer ce que ça va donner (rires) !

Connaissez-vous des groupes français ?
Pour être honnête, pas trop. Par contre, je sais que vous êtes également bien cinglés car nous avons déjà eu la chance de jouer avec des groupes français cet été comme Benighted et Kronos. Il y a plein d'autres bons groupes français comme Gorod et bien sûr Gojira ! Nous espérons pouvoir avoir la chance de jouer en France bientôt, nous sommes très impatients.

Justement, qu'est-il prévu dans les semaines à venir ?
Déjà, comme je te l'ai dit, j'espère qu'on pourra très vite venir en France car c'est un très beau pays et nous espérons pouvoir au moins donner 1 ou 2 concerts. Nous terminons actuellement notre tournée européenne donc c'est con que nous n'ayons pas pu jouer chez vous cette fois. Peut-être pourrons-nous jouer l'an prochain au Hellfest !

Bon, et bien, merci pour vos réponses et bonne chance pour la suite !
Merci à vous deux pour le support ! Nous séjournons actuellement en France chez un pote entre nos concerts européens et c'est juste trop beau ! Notre album sort le 26 octobre donc allez y poser une oreille, en espérant que ça vous plaira !

NERVECELL – Preaching Venom
Lifeforce / Pias

Site : www.nervecell.net

Myspace : www.myspace.com/nervecell

A l'Est, enfin du nouveau... En 2008, Adil, de Marock Magazine, nous contacte en nous demandant si nous ne pouvons pas chroniquer Preaching Venom, le premier album de Nervecell, un groupe en provenance de Dubai qu'il connaît bien. Pourquoi pas ? Au final, nous avons découvert un groupe de death au très fort potentiel qui vient justement de signer chez Lifeforce un contrat mondial pour ressortir leur disque, après avoir écumé cette année les festivals d'été. Nous avons justement profité du séjour du groupe en France lors des day-offs de sa tournée européenne pour lui poser quelques questions... Interview parue également dans le Metal Obs' 34 d'octobre 2009
Entretien avec Rami Mustafa et Barney Ribeiro (guitares) – Par Will Of Death & Adil
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