SLAYER

Playing With Blood...

Depuis un certain temps, Slayer a eu un peu tendance à nous laisser sur notre faim avec ses albums, d’autant que les dernières prestations live du groupe n’avaient également pas été des plus convaincantes. Il semble que les quelques mois de repos qu’a pris le groupe l’an dernier lui aient fait le plus grand bien puisque les Américains reviennent avec un opus beaucoup plus efficace, World Painted Blood, le 10ème album studio de leur carrière. Nous nous sommes donc empressés de questionner, une fois n’est pas coutume, un Dave Lombardo enthousiaste, de passage à Paris pour la promo du disque.
Interview parue également dans le Metal Obs' 34 d'octobre 2009
Entretien avec Dave Lombardo (batterie) – Par Geoffrey & Will Of Death
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Hello Dave ! Comment se passe ton séjour à Paris ? Pas trop marre de donner des interviews après toutes ces années (rires) ?
Non, ça ne me dérange pas, d’autant plus ici. C’est toujours très intéressant de savoir ce que pensent les fans et les journalistes français de notre boulot.

Déjà, bravo pour ce nouvel album, qui est vraiment très bon.
Je le savais, ça (rires) ! Vous savez, il y a des disques sur lesquels j’ai joués dont je n’ai pas parlés parce que je ne les aime pas plus que ça. Par contre, celui-là, j’en suis très fier parce que hormis mes parties de batterie, je trouve que tout sonne d’enfer dessus.

Juste avant de parler de l’album, revenons un peu sur votre tournée canadienne commune avec Megadeth cet été. Comment ça s’est passé ?
Très bien ! On s’est vraiment bien marré. Megadeth a toujours été d’une manière ou d’une autre associé à Slayer et à part avec Kerry, Dave Mustaine n’a jamais eu de soucis avec nous, ni nous avec lui. On s’est beaucoup parlé durant cette tournée et tout est calme. Il n’y avait pas une sorte de vibration old school non plus, c’était juste 2 groupes qui jouaient pour leurs fans.

Comment vois-tu Christ Illusion aujourd’hui ?
Well, on a tous bien répété ensemble, Kerry est très fier de cet album mais nous n’avons pas vraiment eu de producteur pour ce disque. Josh Abraham devait remplir ce rôle mais il s’est plus contenté de superviser les choses sans nous aider d’aucune façon. C’est la grosse différence avec le nouvel album, car Greg Fidelman (Metallica, Slipknot...) s’est beaucoup investi. Je continue de penser que même après tant d’années, nous avons besoin d’un regard extérieur sur notre musique. Sans leur manquer de respect, Kerry et Jeff ne sont pas Jimmy Page, Zakk Wylde ou Trent Reznor, qui sont des mecs qui peuvent tout contrôler, sans producteur. Slayer est un groupe qui a besoin de quelqu’un pour l’aider.
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World Painted Blood, quel est le sens derrière ce titre d’album ?
La fin du Monde ! Y a qu’à juste regarder les infos pour savoir que la fin est proche ! Ceci dit, je ne pense pas que World Painted Blood soit pour autant notre dernier album (rires) mais ce titre est plus une description de ce qui se passe aujourd’hui dans le Monde, où partout coule le sang à foison. La guerre a toujours été un des « carburants » pour nos paroles, une partie de notre culture de groupe... Notre point de vue sur les guerres n’a pas changé depuis nos débuts, c’est vraiment le pire truc qui puisse arriver à un peuple même si c’est vraiment parfois nécessaire pour quelque raison que ce soit. Je dirais même que ça fait partie de la vie.

Après toutes ces années, est-il toujours facile de trouver l’inspiration pour encore aller de l’avant ?
Oui, absolument. Quand tu es un vrai musicien, tu ne perds pas ton inspiration. Moi, par exemple, c’est même la musique elle-même qui m’inspire : si j’entends un truc excellent joué par un autre, je me mets derrière ma batterie pour essayer de refaire la même chose, j’apprends encore tous les jours. Quand je vais voir un groupe en concert, si ça m’a plu, la seule envie que j’aie est de rentrer chez moi et de jouer ! Tu ne perds pas ton inspiration comme ça quand tu es un professionnel de la musique, parce qu’on n’a que ça à faire...

Comment s’est passé le processus de création de cet album ? Des différences ?
Oui, très différent. Pour Christ Illusion, Kerry et moi avons bossé vraiment dur sur tous les titres, les répétant énormément. Cette fois, en studio, nous n’avions que 4 titres prêts mais nous avons décidé d’y entrer quand même pour apprendre les autres titres composés par mes collègues. C’est vraiment la première fois que nous agissions ainsi et en fait, je trouve que nous avons bien bossé tous ensemble, de manière beaucoup plus collective que par le passé. Quand Kerry ou Jeff se pointaient avec une nouvelle idée, nous l’essayions de suite tous ensemble et en discutions, argumentant sur ce qui sonnait bien ou pas. Et je peux te dire que Kerry King qui accepte qu’on discute de ses idées, c’est quelque chose ! Du coup, le feeling entre nous fut très bon, personne n’était frustré.

Et est-ce que vous vous posez des limites par rapport à votre style, comme balancer des titres qui ne sonneraient pas comme du Slayer ?
Non. On a enregistré des titres qui vont certainement paraître plus tard, sous forme de bonus tracks.
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Les riffs ont toujours été la clé de votre style mais on pense que sur ce nouvel album, ce sont peut-être parmi les plus efficaces de votre carrière. Tu en penses quoi ?
Je suis entièrement d’accord ! Je trouve que Jeff et Kerry ont encore progressé à ce niveau, je ne sais pour quelle raison, mais c’est comme ça. Et franchement, je ne changerais rien sur cet album, tout est bon.

Parlons de ton travail à la batterie, qui est une nouvelle fois excellent. Quel fut le challenge pour toi sur ce disque ?
Pour moi, le seul challenge est d’enregistrer la meilleure performance possible, de refaire certaines choses jusqu’à ce que ce soit parfait. Ce n’est pas parce que le producteur me dit : « c’est bon, tu l’as, là... », que ça me satisfait pleinement, surtout si j’ai une nouvelle idée pour une partie. Là, il faut absolument que j’essaie cette idée. Sur certains riffs, j’ai essayé jusqu’à 8 schémas de batterie différents et le producteur m’a aidé à garder les meilleures choses. La chose importante également, c’est que j’ai fait tout ce travail sans l’aide extérieure d’ordinateurs ou d’effets, comme beaucoup de groupes le font aujourd’hui, pour au final devenir de vrais robots. Là, c’est un être humain qui a joué et on n’a gardé que les meilleures parties. D’ailleurs, on a édité très peu de choses ensuite au moment du mix.

Quelle est la face de Slayer que tu préfères ? Celle de “Playing With Dolls” et “Beauty Through Order” ou celle de “Snuff” et “None Of This God” ? Tu vois ce que nous voulons dire ?
Je vois très bien ! C’est une question tordue, ça (rires) ! Je dois dire que j’aime ces deux côtés de Slayer mais je préfère des titres comme « World Painted Blood », « Beauty Through Order » et « Playing With Dolls » pour leur groove, pas parce que je deviens vieux (rires). Là, il n’est pas question d’agir sur la vitesse, mais sur la manière dont ces titres sont structurés. Les autres titres rapides comme « Snuff » sont également très bons et j’aime leur puissance.

Es-tu conscient que cet album est amené à certainement devenir un de vos plus grands classiques ?
Je l’ai dit aux autres avant même qu’il ne soit enregistré. Quand nous répétions avant d’aller en studio, je leur ai dit : « les mecs, je sens qu’on tient ici quelque chose de spécial ». En écoutant cet album, les gens ne vont pas se dire qu’on a fait un retour en arrière, en 1986 ou en 1990, ou 1995. Non, cet album sonne bien comme un album de 2009 et j’en suis content pour nous et pour les fans. Je suis très excité par cet album, j’ai l’impression de vivre une seconde jeunesse. A force d’enregistrer des chansons, je ressens à l’intérieur de moi-même quand quelque chose est bon ou pas. Ici, cet album est un disque de pur thrash metal ; rien à voir avec tous ces groupes qui disent faire du thrash, du speed ou du thrash/je-ne-sais-pas-quoi. Non, là, c’est du pur Thrash Metal, tel qu’il a été défini à l’origine.

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Quel est le secret de la force de Slayer, selon toi ?
Je pense que notre force, c’est que chacun dans ce groupe sait ce qu’il a à faire, connaît ses responsabilités. La mienne dans Slayer, est de jouer de la batterie et de rendre les gens contents de ce qu’ils écoutent. Dans d’autres groupes où j’ai joué, j’avais d’autres choses à faire, comme composer par exemple. Là, avec Slayer, c’est clair, mon truc est de bosser le plus possible pour être le meilleur face aux riffs proposés par Kerry et Jeff. La responsabilité est vraiment la clef de voûte de ce groupe.

Un nouvel album signifie de nouvelles tournées. Tu n’en as pas marre après toutes ces années ?
Hum... ça peut devenir très fatigant. Il faut bien comprendre que chaque métier comporte sa part de fatigue et nous ne sommes pas différents. Il faut donc prendre les choses comme elles viennent et accepter cette fatigue, qu’elle soit physique ou morale. C’est juste la vie qui est comme ça. Ça me gonfle aujourd’hui de tourner, d’attendre des avions mais une fois sur scène, j’oublie tout et je fais mon job car jouer devant des milliers de gens est la meilleure chose qui puisse arriver à un musicien. Nous parvenons à trouver l’équilibre entre le plaisir et le boulot car c’est quand même le meilleur travail qu’on puisse avoir, nous sommes chanceux. Même encore aujourd’hui, je trouve parfois bizarre d’appeler ça un « travail » et même si les hôtels, la route et les avions me gonflent, j’accepte tout ça.

Et après tant d’années, tu penses encore progresser en tant que musicien ?
Ecoute juste l’album (rires) ! Tous les jours, j’apprends encore des choses, quel que soit d’ailleurs le style de ce que j’écoute en concerts ou à la radio. Peu importe que ce soit du Metal ou de la pop : quand j’entends un truc spécial à la batterie, je sais me dire : « ça, c’est cool » ! Je suis toujours en quête d’inspiration, toujours en train de penser aux choses que je pourrais expérimenter.

On vous revoit quand en Europe ?
En novembre / décembre (Ndlr : le 13 déc. au Bataclan, à Paris). Merci à vous pour cette interview.

SLAYER – World Painted Blood
Sony Records

Site : www.slayer.net

Myspace : www.myspace.com/slayer