MASS HYSTERIA

Un nouvel album sans failles...

Plus qu’une institution, Mass Hysteria est un véritable groupe culte ayant apporté tellement à la scène metal hexagonale ! Après quelques digressions popisantes, leur retour en force avec Une Somme De Détails il y a deux ans se concretise aujourd’hui avec un album sans failles (désolé pour le jeu de mots).

Interview parue également dans le Metal Obs' 35 de Nov. 2009

Entretien avec Mouss (chant) – Par Geoffrey & Will Of Death
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Comment tu vois Une Somme De Détails, sorti en 2007 ?
En fait, c’est l’album qui nous a remis le pied à l’étrier, dans ce qu’on savait le mieux faire : les riffs, la puissance, les machines… Cet album est une sorte de récapitulatif de ce qu’on fait de mieux. On en parlait l’autre jour ensemble, en se disant qu’on s’en sort quand même super bien vue la conjoncture économique actuelle, et Une Somme De Détails nous a vraiment remis en selle après l’accueil en demi-teinte du Black Album. On peut presque dire qu’Une Somme De Détails est notre album « salvateur » (rires), celui qui a signé notre « retour » !

Justement, beaucoup ont dit qu’avec cet album, Mass Hysteria était « enfin de retour » !
Ouais, tu sais, on fait quand même très attention à tout ce qui se dit sur nous même si on n’en tient pas rigueur quand c’est négatif. On est plus attentif quant à savoir si l’album procure des choses positives aux gens, s’il se vend bien aussi. Après, une fois qu’un album est dans les bacs, si des gens le critiquent, l’analysent en profondeur, c’est bien mais ce n’est pas ce qui est le plus important. Ça fait aussi partie de cette Somme De Détails dont on parle… C’est un album qui nous a fait un bien fou psychologiquement, qui était taillé pour le live, chose qu’on avait peut-être écartée avec le troisième album, De Cercle En Cercle où les titres étaient plus atmosphériques et mid tempo. On est allé encore plus loin avec le Black Album, avec des schémas de chansons très traditionnels, des textes de Miossec et Une Somme De Détails est revenu pour foutre un gros coup de pompe dans la fourmilière. Il fallait peut-être passer par ces albums pour revenir avec un truc plus pêchu. On ne pouvait pas faire des Contradiction bis à l’infini, ça aurait été trop facile. On a donc pris des risques qui correspondaient à nos envies du moment. Contradiction a été fait complètement à l’instainct, sans réfléchir ; c’est compliqué de refaire un truc comme ça. On est peut-être devenu trop cérébraux par la suite (rires)…

Ouais, d’autant qu’on vous pose toujours les mêmes questions : pourquoi vous avez fait ci ou ça ?
Bah, les interviews, ça sert aussi à ça, à nous poser des questions auxquelles on ne pense pas toujours et du coup, j’affine mon raisonnement au fil des rencontres (rires) ! Y a parfois des questions vraiment à la con qui méritent des réponses à la con (rires) mais y a aussi des échanges très intéressants en entretien. Mass Hysteria, c’est un peu tout ça d’ailleurs, parfois sérieux, parfois déconneur. Sur tous nos albums, il y a toujours un morceau léger, un morceau « club, « dance », si tu veux… C’est ce qui nous reste de notre époque Boums, quand on était pré-ados et qu’on écoutait tous les styles, en s’en foutant complètement de savoir si c’était Metal ou pas, tout en se tapant des meufs sur des slows, du Schweppes au citron et des Pepito chocolat au lait (rires) ! On essaie de garder cet état d’esprit avec ce genre de morceaux comme « Respect ToThe Dancefloor », « Killing The Hype »…

Ouais, enfin, maintenant, les jeunes de maintenant commencent directement à la bière (rires) !
Et bien pour ça, ils ont nos autres titres Rock / Metal revendicatifs, comportant un message. C’est le fondement même de Mass Hysteria, ça.

MASS HYSTERIA

Oui, enfin, même couvert de déconne, le texte de « Killing The Hype » est hyper actuel et assez énorme…
Ben ouais, les mèches rebelles à l’anglaise, les guitares en plastique, les derniers tatouages à la mode, on ne voit que ça en ce moment, le tout étant sponsorisé par le gel de L’Oreal ! Nous, dans les années 90, on était lookés aussi mais quand même plus crasseux ; là, c’est vraiment du crasseux propre, du gominé qui vit encore chez papa-maman et qui joue le rebelle au micro (rires). C’est rigolo et ils arrivent parfaitement à duper les jeunes qui arrivent au Metal actuellement. C’est marrant mais à 20 ans, t’essaie quand même d’écouter de la musique d’homme (rires)…

Parlons du nouvel album. Après la réussite d’Une Somme De Détails, vous vous êtes dit : on reprend la même méthode ?
Ouais, en quelque sorte mais j’ai lu beaucoup plus de poésie qu’avant. Les rimes des poèmes m’inspirent une sorte de musique littéraire et la teneur des poèmes peut être sombre ou joyeuse, et donc créer des images mentales bien différentes et réveille en moi un certain vocabulaire qui m’aide ensuite à retranscrire en paroles ce que je ressens. Je me suis donc testé à lire des pages et des pages de poèmes. Du coup, un travail sur les textes avec des double ou des triple sens, mais sans que ce ne soit voulu au départ. Je me suis bien amusé à écrire cet album, même si l’angoisse de la page blanche a été encore un peu présente, mais moins qu’avant. Quand tu dois écrire 12 textes et que tu restes bloqué au 7ème, ça craint mais là, je ne m’en suis pas trop fait, contrairement à avant où ça me stressait à mort. Il y a toujours une espèce de rapport masochiste quand tu écris les textes : tu te fais mal pour essayer de sortir le meilleur truc. Une partie du texte de « Plus Qu’Aucune Mer », par exemple (notre habituelle chanson d’amour de l’album), date de l’époque de l’Album Noir : je ne parvenais pas à me servir à l’époque d’un couplet et là, j’ai réussi à le développer enfin pour Failles, et cette chanson a été écrite pour ma femme, la mère de mes enfants. C’est quasiment une chanson autobiographique et j’ai mis là-dedans ce que j’avais de plus beau à dire. Il m’a quand même fallu 6 albums pour réussir à lui faire une belle chanson. Ce texte est d’ailleurs celui que mes potes du groupe préfèrent sur l’album… Réussir enfin à exprimer tout cet amour qui m’anime - bon, c’est pas très Metal de parler comme ça mais je m’en fous, d’autant que de toute façon, on est plutôt classés en Rock Français dans les magasins – a été jouissif.

Ouais, d’autant qu’il y a une tradition française à essayer d’écrire de jolis textes…
Oui, ce n’est pas comme en Anglais ou tu peux écrire n’importe quoi, tant que la musique est bonne derrière. C’est quand même marrant de voir aujourd’hui des groupes français réussir à s’exporter car ils chantent en anglais, je pense notamment à Gojira, qui en plus allie le fond et le forme. J’ai beaucoup de respect pour eux car ils sont de très bons ambassadeurs du Metal français dans le Monde. Merde, quand même, ouvrir pour Metallica dans des stades aux USA, faut le faire, c’est énorme ! On a joué avec Metallica aux Arènes de Nîmes et à Annemasse, je sais donc ce qu’ils peuvent ressentir.  

Mais vous aussi, vous avez eu de l’influence sur la scène française avec l’album Contradiction.
Oui, mais ça, sur le coup, tu n’en sais rien. C’est maintenant qu’on s’en rend compte, quand un mec de 25 ans vient te dire que quand il avait 15 ans, il a voulu commencer un groupe pour faire comme nous, qu’il s’est mis à militer dans un parti pour dénoncer les mêmes trucs que nous, etc. Moi, personnellement, j’ai vécu la même chose avec les Bérus, la Mano Negra ou encore Metallica. La différence, c’est que les groupes qui font nos premières parties peuvent venir discuter avec nous, tandis qu’un groupe français qui joue avec Metallica aura du mal à aller discuter avec eux, mais c’est un autre problème (rires)… J’espère qu’ils auront été plus bavards avec les Gojira.

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Parlons à nouveau de Failles : quelles sont les nouveautés musicales ? On a l’impression que l’album est découpé en 3 parties, avec des ambiances différentes.
Je t’avouerais que l’ordre des morceaux, c’est toujours Rapha (batterie), aidé de Yann et de Stephan, qui propose le squelette de l’album. Moi, je m’en fous complètement et depuis le début de Mass, je n’ai jamais pris parti. J’ai confiance en Rapha mais tu n’es pas le premier à me dire ça pour l’ordre des  morceaux de Failles et la dynamique que ça procure. Je sais que l’ordre des titres est important mais je suis incapable de le faire.

Et les morceaux en eux-mêmes, tu les décrirais comment cette fois-ci ?
Je dirais « décomplexés ». Ce n’est peut-être pas perceptible par les gens mais si tu prends le riff de « L’Archipel Des Pensées », je pensais qu’un tel riff ne pourrait jamais être utilisé par Mass. Je n’arrive pas trop à dire ce que c’est, c’est une sorte de blues / stoner mid tempo (même si je sais que les autres vont me tuer quand ils vont lire ça – rires) et moi, je ne trouvais pas que ça collait avec notre style. Sauf que tous les autres du groupe étaient fans de ce morceau, donc on l’a fait et il se trouve que c’est un des titres les plus appréciés de l’album, un belle surprise, quoi… Ce genre de titres nous envoie un peu ailleurs et c’est cool de pouvoir faire un morceau comme celui-là, bien décomplexé, plutôt que des choses toujours formatées.

C’est ce qui fait d’ailleurs que le groupe marche toujours, non ?
Oui, et Mass Hysteria est un groupe collégial où la majorité l’emporte toujours pour les choix finaux même si on se bouscule de temps en temps. Je suis persuadé que c’est la raison pour laquelle on est toujours ensemble aujourd’hui sans se faire la tronche. L’argent qu’on gagne est toujours divisé en 5, par exemple, y a pas de leader et du coup, on est très solidaire l’un envers l’autre… On n’est plus surpris quand y en a un qui fait la gueule. Moi, mon principal défaut est de ne jamais être à l’heure, c’est un véritable cauchemar (rires). Même moi, j’arrive à m’énerver avec ça (rires). Les mecs gueulent toujours sur moi mais ça ne sert à rien, y a rien à faire (rires) ! Du coup, je ferme ma gueule quand j’arrive et je les aide un peu plus sur certains trucs pour me rattraper ! Ah ah… On est très conscients de la chance qu’on a de pouvoir faire ce métier, de vivre notre passion à fond : pour nous, que l’on joue devant 300 personnes (même si ce n’est plus arrivé depuis longtemps) ou devant 45.000 dans un festival comme les Vieilles Charrues, c’est le même privilège.

Pour revenir à Failles, après autant d’albums, avez-vous les mêmes attentes ?
Je dirais que le premier prétexte est de pouvoir repartir en tournée, à l’aventure… avec le meilleur et le pire parfois. C’est l’inconnu, le pied, de faire les cons sur scène ! Tourner, c’est une aventure humaine avant tout et Failles est un album vraiment taillé pour la scène. Physiquement, il faut aussi pouvoir se gérer : je ne peux plus envoyer à 38 ans comme je le faisais à 25 pour Contradiction, où on faisait 22 dates par mois. Du coup, un nouvel album, comme ça implique une tournée, ça nous discipline aussi physiquement. Moi, ça me fait faire du sport pour m’entretenir, comme le footing, alors que je déteste ça, putain (rires) ! Y a rien de plus chiant que de courir dans le vide, surtout quand il pleut (rires)… Mass Hysteria, c’est aussi une hygiène de vie à maintenir avec le temps, parce que je suis un petit joueur avec l’alcool ! Le jour où on ne pourra plus se supporter, on arrêtera, mis pour le moment, en 6 albums, ce n’est pas le cas. On n’est pas prêt de s’arrêter, en espérant que le téléchargement illégal ne nous foutra pas en l’air comme d’autres en ce moment (Ndlr : lire notre interview d’Aqme le mois dernier)


MASS HYSTERIA – Failles
At(h)ome



Site : www.masshysteria.fr

Myspace : www.myspace.com/masshysteriaofficial

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