Interview MYSTERY BLUE Janv. 2010

Comme c’est notre première interview ensemble, pouvez-vous retracer en quelques mots l’histoire du groupe et présenter le line-up actuel ?
Nathalie : MYSTERY BLUE est né dans les années 80 sous l’impulsion du guitariste fondateur Frenzy. Suivent de nombreux concerts en France, Allemagne et Belgique, dont notamment des premières parties de choix telles que Motörhead, Def Leppard et Saxon. Le premier album Mystery Blue sort en 1984 chez Axe Killer Records, suivi par un second album en 1986, Circle Of Shame (Dream Records). En 1989, le groupe succombe à des problèmes internes, certainement dus à l'ascension trop rapide du groupe ainsi qu'au jeune âge de ses membres. Mais Frenzy n’a pas dit son dernier riff et remonte le groupe quelques années plus tard avec un nouveau line up dont je fais partie (eh oui, une chanteuse au micro de Mystery Blue !) Le 1er album de la nouvelle formation, Spirit Of Your Song, sort en 1998 suivi de Metal Slaves (arrivée de Vince à la batterie) en 2004 (Steelheart Records) après une série de concerts permettant au groupe de peaufiner son style. L’album Claws Of Steel (arrivée de Rikki à la basse), plus abouti au niveau du son, sortira sur Mausoleum Records en 2006 et voici Hell & Fury qui vient de sortir sur Bernett Records.
Le line-up actuel est composé de Frenzy Philippon à la guitare, Nathalie Geyer au chant (+ clavier & didgeridoo en studio), Vince Koehler à la batterie et Rikki Mannhard à la basse. Et très récemment le groupe a été rejoint par un second guitariste, Phil Blazek.

Comment définiriez-vous votre style musical ? Heavy-speed old school ? Quelles sont vos influences (anciennes ou/et récentes) ?
Vince : De nos jours je crois qu’on appelle ça Heavy/Power Metal ! Nous sommes tous de grands fans de Judas Priest, Iron Maiden, Accept… Pour les influences actuelles, elles sont à chercher du côté de Primal Fear, Dream Evil, Nocturnal Rites…

Avant Hell & Fury, vous avez sorti Claws Of Steel et Metal Slaves. Comment furent accueillis ces albums par les fans et la presse ?
Frenzy : Metal Slaves a été une étape importante pour la nouvelle formation de Mystery Blue parce que le groupe avait eu le temps de mûrir et d’affirmer son style. De ce fait, les réactions ont été très significatives, nous avons eu des tas de bonnes chroniques provenant du monde entier et l’album a souvent été classé parmi les meilleures sorties du moment. Claws Of Steel a également été très bien accueilli par les fans ainsi que par la presse internationale et il s’est plutôt bien vendu compte tenu de la situation de plus en plus difficile du marché.

Comment en êtes-vous arrivés à signer avec Bernett Records, qu’est-ce qui vous a motivés ? Et quelles sont vos attentes maintenant avec le label ? Le fait que vous changiez de label à chaque nouvel album signifie-t-il que vous êtes difficiles à contenter ou que les ventes de vos albums soient insuffisantes ?
Nathalie : Lors de l’enregistrement de notre nouvel album Hell & Fury, nous ne sommes pas tombés d’accord avec Mausoleum Records sur les conditions de sortie. C’est pourquoi nous avons préféré changer de label, et Bernett Records nous semblait un bon choix parce qu’il correspond parfaitement au style du groupe ainsi qu’à notre état d’esprit. Nous avons tout de suite eu un bon contact avec eux (ce n’était pas toujours évident avec les labels précédents, souvent peu accessibles) : pour moi, la communication entre le groupe et son label est primordiale, c’est très important d’échanger le plus d’infos possibles et travailler main dans la main pour faire avancer le projet commun.

Je dois dire que j’ai bien aimé le dernier album. Quelles sont les évolutions majeures par rapport à Claws Of Steel ?
Frenzy : Les morceaux sont dans la même veine que les précédents parce que notre style nous colle à la peau et qu’on n’a pas l’intention d’en changer. Par contre, on a passé plus de temps sur les arrangements pour faire vraiment ressortir les ambiances des différents morceaux.

Le son de cet album est très équilibré et clair… Comment s’est passé le travail en studio ?
Vince : C’est la 3e fois qu’on enregistre aux studios HOFA (Pink Cream 69, Angra, Vanden Plas, Adagio), on apprécie leur compétence et leur professionnalisme. Une certaine complicité s’est installée avec l’équipe, notamment avec l’ingénieur du son Jochen Weyer, qui est un mélange de patience et de perfectionnisme.
Nathalie : Avec la bonne humeur en plus !
Vince : Même si ce sont de longues journées de travail, on y prend énormément de plaisir et je pense que ça se ressent sur les enregistrements. Ensuite, lorsque tu as une prise de son de qualité, tu n’as plus qu’à la faire bonifier en confiant le mix et le mastering à un maître du genre tel qu’Achim Köhler. Ce mec est hyper pointu dans son domaine et en plus, il est très cool et à l’écoute de nos demandes.

Quels sont les thèmes abordés sur votre album, en matière de lyrics ?
Nathalie : Je profite de mes textes pour exprimer des émotions, positives ou négatives (comme dans « Time Is Pain »), un regard personnel sur la société ou l’avenir de la planète (« Welcome To Chaos », « Endangering Species », « Nuclear Skies »). Quelquefois, j’aime aussi raconter des histoires qui me font penser à de petits films - j’ai quand même un faible pour les films d’horreur - comme pour « Hell & Fury » qui raconte l’histoire d’un village tranquille qui, durant la nuit, se transforme en une horde de monstres voraces, ou de façon plus poétique dans « Deadly Nightshade » qui fait le parallèle entre une fleur toxique et une tueuse en série. Et il ne faut pas oublier les "hymnes à la musique et la fête" dans la pure tradition Heavy Metal (« Metal Attack », « Piece of Eternity »).

Nathalie, ton chant sur l’album est assez impressionnant encore une fois... Les aigus que tu parviens à atteindre parfois feraient pâlir d’envie nombre de chanteurs de heavy. Comment bosses-tu ton chant, quelles sont tes influences en la matière et que penses-tu de toute cette vague actuelle de chanteuses lyriques qui sévit dans le heavy/goth symphonico/mélodique, sans personnalité ?
Nathalie : Merci ! En fait, à la base, j’ai une formation classique. Je chantais déjà dans des groupes de reprises mais quand j’ai voulu me mettre sérieusement au chant, j’ai décidé de prendre des cours avec des profs du conservatoire et plus tard un chanteur d’opéra (et oui, quand on a le Metal God comme modèle ultime, il faut s’y mettre sérieusement (rires) ! J’ai ensuite rejoins le MAI à Nancy pour un cursus pro de 18 mois. Là, je me sentais prête à me lancer dans l’aventure Mystery Blue ! Je n’ai rien contre le chant lyrique sauf que je n’apprécie pas le mélange avec le Heavy Metal qui pour moi est une musique pleine d’énergie qui demande un chant en adéquation qui vient des trippes
Frenzy : Ouais, faut que ça arrache, quoi !!
Nathalie : Après, ce n’est que mon opinion personnelle et à chacun ses goûts… Par contre, je trouve cette technique très utile pour se chauffer la voix, je fais des vocalises avant chaque répétition ou concert, d’où d’ailleurs le clin d’œil sur l’intro de « Claws Of Steel » où les mecs viennent interrompre mon interprétation de Mozart en hurlant « it’s time for Metal !!! ».

Qu’est-ce qui est le plus important chez vous, pour qu’une chanson puisse figurer sur un de vos albums ? Comment procédez-vous pour la compo en général ?
Vince : Le plus important à nos yeux est de prendre un maximum de plaisir en composant, si on s’éclate en jouant le morceau, le public devrait aussi prendre du plaisir à l’écouter. En ce qui concerne la compo des morceaux, ça se passe de façon assez spontanée : Frenzy est une véritable usine à riffs, Nathalie et moi on structure le tout en y incorporant les mélodies et les arrangements.
Nathalie : On adore cette phase de création, c’est très excitant de voir le morceau prendre forme.

Si vous deviez choisir 3 titres, peut-être les plus représentatifs de ce qu’est aujourd’hui Mystery Blue, lesquels ce serait ? Et pourquoi ce choix ?
Frenzy : « Slave To Blood » parce que c’est un morceau très représentatif de notre répertoire avec ses riffs acérés et ses mélodies entêtantes. De plus, il marque le début d’une nouvelle aire pour Mystery Blue avec un line-up plus explosif que jamais avec l’arrivée de Vince à la batterie.
Vince : « Claws Of Steel » pour son texte qui décrit bien ce qu’on ressent pour cette musique et notre façon de la faire vivre en la défendant envers et contre tout.
Nathalie : « Metal Attack » qui souligne l’esprit festif et fraternel de la scène Metal, parce que nous adorons par-dessus tout nous produire en live pour partager notre passion avec nos fans !

J’ai vu sur votre site que vous aviez fait quelques belles premières parties. Quel est votre meilleur souvenir en tant que groupe ?
Frenzy : L a plus mémorable est sans doute la 1e partie de Motörhead où nous étions des gamins impressionnés par l’imposant Lemmy ; du coup, lorsqu’il est venu nous faire boire du whisky au goulot, nous n’avons pas osé refuser… Sacrée soirée même si le concert reste un peu flou dans ma mémoire (rires).
Nathalie : Personnellement, je dirais la 1ère partie de Girlschool, qui a aussi été mon 1er concert avec Mystery Blue. J’étais donc pas mal stressée, mais les filles de Girslschool avaient vite fait de me mettre à l’aise, elles sont toutes adorables, fun, très natures (une pensée spéciale pour Kelly Johnson qui nous a quittés depuis) ; elles nous ont rejoints dans nos loges avec un coffre de guitare rempli de bières !

Frenzy, toi qui es dans le groupe depuis son origine dans les années 80, comment juges-tu la situation passée et actuelle de ta formation ? Car même après toutes ces années, vous n’êtes pas parmi les groupes de heavy les plus connus en France… Qu’est-ce qui manque à Mystery Blue pour accéder à un autre statut ?
Frenzy : Dans les années 80, c’était évidemment beaucoup plus simple pour les groupes, c’était une époque où ça bougeait de partout, l’industrie du disque était florissante et tous les gros groupes faisaient des tournées avec une date dans chaque grande ville, ce qui offrait de nombreuses possibilités de 1ères parties intéressantes. On s’est vraiment éclatés à cette époque en jouant avec des groupes comme Saxon, Motörhead, Def Leppard… Mais il ne faut pas regarder en arrière, j’ai toujours autant de plaisir à jouer, surtout avec le line-up actuel de Mystery Blue qui s’est récemment enrichi d’un 2e guitariste (le cocktail est détonnant !) et nous avons de belles scènes en perspective ! Si nous sommes moins connus en France, c’est certainement parce que nos 2 précédents labels étaient en Belgique (Mausoleum) et en Italie (Steelheart), ce qui fait que la promo n’était pas concentrée sur la France. Côté concerts, bien sûr, nous jouons plus souvent en Allemagne ou Hollande car il faut bien admettre que ces pays sont plus orientés Heavy Metal et qu’en France, les opportunités de se produire live dans de bonnes conditions sont beaucoup plus rares.

Je suppose que tu dois être ravi de jouer avec Satan Jokers et Nightmare en janvier, à Colmar… Comme on dit, la vieille garde ne meurt jamais…
Frenzy : Ça me fait d’autant plus plaisir que nous avons déjà partagé la scène avec Satan Jokers en 1986 ! Ça va être une super fête Metal avec 3 groupes d’enfer !!

Quelle va être l’actualité concerts du groupe dans les mois à venir, hormis Colmar ?
Frenzy : Les prochaines dates importantes sont Strasbourg le 10 avril (avec 2 groupes allemands Black Hawk et Seven Seas), Frankfort le 15 mai (French Attack Festival), Madrid le 22-23 mai (avec le groupe espagnol Lakeskor) + d’autres dates à confirmer pour l’été.

Merci pour vos réponses… Le dernier mot est pour vous !
Nathalie : Merci à toi Will, continue à promouvoir la musique qui nous fait tant vibrer !
Frenzy : Restez fidèles au Heavy Metal et le Heavy Metal vous le rendra…
Vince : Un grand merci à tous ceux qui se bougent pour que vive le Metal !!

MYSTERY BLUE – Hell & Fury
Bernett Records / Socadisc

Site : www.mysteryblue.com

Myspace : www.myspace.com/mysterybluefr

Devouring frenzy... Mystery Blue, originaires d’Alsace, fait partie de ces groupes français apparus dans les années 80, mais qui n’ont pas connu le succès escompté. Or, après avoir un peu jeté l’éponge, le groupe mené par l’inamovible Frenzy est revenu au milieu des années 90 et a sorti depuis quelques albums de bonne facture. Pourtant, le groupe ne fait toujours pas partie des plus connus. Ça pourrait enfin changer avec leur signature chez le mythique label Bernett Records et surtout la sortie de Hell & Fury, qui montre un groupe au sommet de son art, mené de front par une chanteuse heavy assez incroyable. Découverte, tardive certes, mais découverte quand même…. Interview parue également dans le Metal Obs' 36 de Janvier 2010
Entretien avec Frenzy (guitares), Nathalie (chant, claviers) et Vince (batterie) – Par Will Of Death
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