LATITUDES


Triumph And Agony...


On avait omis de vous parler de Latitudes lors de la sortie - en octobre dernier - d'Agonist, un premier album sombre qui mettait en lumière un groupe aux compositions profondes et raffinées. Et à l'écoute de ce disque bourré de talent, la réussite était trop grande pour ne pas organiser une petite session de rattrapage quelques semaines plus tard.

Interview exclusive Noiseweb

Entretien avec Adam Crowley (guitare), Mike Davies (batterie), Jon Lyon (basse) et Rich Harper (synthé) – Par Gilles Der Kaiser
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Cela fait maintenant un petit bout de temps que votre premier album est sorti. Comment vous sentez-vous ?
Adam : Oui, l'album est sorti en octobre. À sa sortie, on était tous vraiment contents de ce disque. Mais pour une raison que je ne m'explique pas, je ne l'ai pas vraiment écouté depuis. En tout cas, il a bien été reçu et on a beaucoup de plaisir à jouer les nouveaux morceaux en live.

Avant Agonist, vous aviez sorti un EP, Bleak Epiphanies In Slow Motion. Quelles différences perçois-tu entre ces deux sorties ?
Bleak Epiphanies était notre première production en tant que groupe. On en était fiers à l'époque, mais Agonist a été un gros pas en avant dans tous les domaines. Les mélodies, nos capacités en tant que musiciens et la production. Une amélioration dans tous les sens du terme.

L'album sort sur Shelsmusic (tout comme l'EP, d'ailleurs). Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette collaboration ?
Mehdi de chez Shelsmusic étant en studio en train de faire le mix de morceaux de *Shels la semaine après que nous ayons terminé notre enregistrement. Mike et moi sommes allés chercher du matos et Mehdi et Mark Williams (producteur) étaient en train d'écouter nos rough mix. On a donc commencé à discuter et on est resté en contact. Peu de temps après cela, Mehdi nous a proposé de sortir notre EP.

Avec Bleak Epiphanies In Slow Motion vous aviez, me semble-t-il, déjà réussi passablement de choses, comme une participation au Damnation Festival, des premières parties de Baroness, d'A Storm Of Light, etc. Est-ce que toutes ces expériences ont redéfini vos objectifs en tant que groupe ?
On a eu beaucoup de chance de jouer avec certains groupes très réputés. Le Damnation Festival était fantastique : pouvoir regarder les sets de Carcass et de Napalm Death depuis le bord de la scène était mémorable. Notre but est essentiellement de s'assurer que nous relevons des défis en tant que musiciens et que nous apprécions nos répètes et nos concerts. Tout le reste n'est que du bonus.

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Adam Symonds chante sur deux morceaux d'Agonist. Comment ça s'est passé avec lui ?
Adam nous a contactés quelques mois avant l'enregistrement de l'album, nous faisant part de sa motivation quant à poser quelques lignes de chant sur notre musique. On lui a donc envoyé quelques trucs, il est venu répéter avec nous et voilà tout. C'est un super chanteur, avec une très bonne compréhension d'où nous venons.

La combinaison fonctionne d'ailleurs tellement bien que l'on aurait presque pu imaginer qu' « Antechamber » et « Hunting Dance » avaient été écrits avec lui en tête...
Certains plans d' « Antechamber » ont été composés avant même notre premier EP. Nous jouons d'ailleurs cette chanson en concert depuis longtemps maintenant. Mais c'est vrai que l'on a toujours pensé qu'une voix lui collerait bien. Quant à « Hunting Dance », elle a été écrite peu de temps avant notre entrée en studio. On a vraiment eu beaucoup de peine à la terminer, mais on est tous très heureux du résultat final. Et il est vrai qu'on a toujours un peu gardé à l'esprit l'idée d'une voix pour cette chanson.

J'ai trouvé surprenant à quel point une voix aussi douce et plaintive se combinait bien avec une instrumentation aussi sombre et lourde.
Adam a une voix magnifique et à partir du moment où l'on a commencé à bosser ensemble, il est vite devenu évident que la collaboration allait bien fonctionner. Son groupe actuel s'appelle The Rifle Volunteer, un truc plus posé qui vaut vraiment une petite écoute. On avait précédemment essayé des voix plus typées métal et on n'était pas satisfait du résultat.

Est-ce qu'une voix est quelque chose que vous êtes en train de méditer pour vos prochaines sorties (soit avec un membre permanent soit avec des invités) ?
C'est effectivement quelque chose que nous allons approfondir à l'avenir. Maintenant, que ce soit avec un nouveau membre dans le groupe ou des contributions d'invités, ça reste à voir.

À un niveau plus personnel, Rich, comment s'est passé ton intégration au groupe ?
Rich : Fantastique ! Adam Symonds m'avait d'ailleurs envoyé un email pour me dire que le groupe cherchait à élargir le panel de leurs sons (avec des synthés notamment), donc je suis allé à leur rencontre au concert qu'ils ont donné avec Baroness en avril de l'année passée. On s'est mis à discuter de la musique que l'on aimait et de ce que je pourrais apporter au groupe. Initialement, je leur ai fait part de quelques idées pour un titre du EP et tout est parti de là. On pourrait croire qu'intégrer une machine parfaitement huilée comme celle-ci est très difficile, mais j’y suis parvenu sans peine. Après tout, nous sommes juste cinq types qui adorons la musique que nous écrivons.

Comment composez-vous ? Il me semble que les textures développées au travers des guitares occupent une place très importante...
Adam : Tim et moi ne jouons que très rarement la même chose. Pour que ce soit le cas, il faut vraiment que le riff soit particulièrement monstrueux. Mais généralement, on écrit les riffs, on amène ça en répète et on construit autour. Ou sinon Mike arrive avec un truc à la batterie et c'est ça qui nous sert de point de départ. C'est ce que l'on a fait pour la dernière partie de la chanson « Agonist ». On est d'ailleurs actuellement en train d'écrire un morceau de cette manière : batterie d'abord et riffs ensuite.

Donc la présence de Rich sur l'album n'a pas vraiment changé le processus d'écriture ?
La majorité des morceaux avait été composée avant son arrivée. Par contre, en termes d'arrangements et de perfectionnement des chansons, sa contribution a été très précieuse. Son incorporation pour les dernières étapes de l'écriture nous a beaucoup aidés et permis d’économiser du temps.

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C'est Chris Fielding (Napalm Death, etc.) qui a produit Agonist et le son y est très clair et aide les différentes couches à se déployer. Est-ce que vous aviez une idée bien précise de ce que vous vouliez obtenir en termes de son lorsque vous êtres entrés au Foel Studio au Pays de Galles avec lui ?
Lorsque l'on jouait les morceaux de notre EP en concert, on nous faisait souvent la remarque notre son était beaucoup plus lourd en live. On a donc essayé de capturer ce côté plus lourd de nos performances scéniques. On connaissait un peu le travail de Chris et on lui a fait confiance. Comme il est lui-même guitariste, il a une bonne compréhension de la mélodie. De plus, on adorait la manière dont sonnait la batterie sur ses précédents travaux, donc on savait qu'il allait faire du bon boulot.

D'ailleurs, Mike, j'ai trouvé ton jeu de batterie assez sec et compact. Avec une certaine violence aussi. Qu'en penses-tu ?
Mike : J'adore jouer. Je ne suis pas sûr que j'emploierais le terme “violent“, même si c'est intéressant que tu l'utilises. Mon inspiration principale est Abe Cunningham des Deftones. Pour moi, sa précision et sa puissance n'ont pas d'égal. J'aime taper fort, c'est vrai, mais j'essaie aussi d'y mettre beaucoup  de touches délicates. J'essaie de jouer des choses qui soient intéressantes pour l'auditeur. Il y a des millions de batteurs qui sont techniquement incroyables, mais qui jouent tous la même merde qui ne sert que d'arrière plan. Je me plais à penser que ce que j'écris vient subtilement changer la musique, allant parfois attirer l'attention de l'auditeur.

Une des particularités d'Agonist est le contraste entre ces riffs sombres et lourds et des notes plus éthérées, plus légères. Mais malgré cela, j'ai comme l'impression que le côté sombre l'emporte et qu'il en résulte une forte unité...
Jon : On est très contents que tu penses que l'album a une ambiance cohérente. C'était un de nos objectifs principaux que de proposer une musique qui maintienne certaines émotions sans devenir répétitive. On a aussi passé pas mal de temps à créer un ensemble homogène, s'assurant que les titres, les paroles et l'artwork étaient en phase avec la musique.

J'ai également trouvé votre musique très visuelle. Est-ce qu'un clip, un court-métrage ou quelque chose dans ce goût-là est un projet que vous envisagez au sein de Latitudes ?
Rich : Je suis d'accord avec toi et personnellement, j'aimerais beaucoup voir un projet visuel se bâtir autour de l'un de nos morceaux. Il ne s'agirait en tous les cas pas d'un clip traditionnel. On verra ce qui va se passer.

Pour l'artwork, vous avez choisi de travailler avec Vania Zouravliov. Pouvez-nous en dire un peu plus sur le visuel ?
Jon : J'ai été un grand fan de l'Oncle Vania depuis ses premières pochettes pour The Third Eye Foundation (ainsi que celles pour Matt Eliott). Acheter une version gatefold du vinyle de Howling Songs (avec différents travaux de Vania à l'intérieur) est ce qui m'a mis la puce à l'oreille. J'ai directement su que Hound and Boar serait la pochette idéale pour notre album : le combat, le conflit, la nature à l'état brut. Et Vania est un grand fan de musique et était content à l'idée d'être associé à notre groupe.

Côté scène, vous avez fait quelques dates à Camden (à Londres) depuis la sortie d'Agonist. Une tournée est-elle prévue pour défendre l'album ? Des chances de vous voir en France ?
Adam : Si l'occasion se présentait, on serait ravi de jouer en France, même s'il est vrai que pour l'instant, nous n'avons pas de projets de jouer hors de la Grande-Bretagne. On a fait pas mal de dates ici. Et Londres est bien située pour nous. Les concerts s'y déroulent bien, les organisateurs sont compétents.


LATITUDES – Agonist
ShelsMusic



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