Interview MYRATH Fév. 2010

Pouvez-vous présenter votre groupe et son histoire à nos lecteurs ?
Malek : Myrath est un groupe 100% Tunisien que j'ai formé en 2001 sous le nom d’X-tazy. Après avoir joué pendant 4 ans des reprises de styles très variés (Blues, Heavy, Death, Prog), nous nous sommes lancés dans la composition de notre propre musique. Ainsi, en Avril 2005, nous avons sorti notre premier album autoproduit Double Face et en septembre 2007 l’album Hope chez Brennus Music. L'accueil encourageant de l'album Hope nous a permis de jouer en Europe (notamment à PROD’SUD) et de signer 2 contrats pour notre album Desert Call (XIII BIS RECORDS pour l’Europe et NIGHTMARE RECORDS pour les autres continents).

Myrath est décrit comme un groupe tunisien. Est-ce que vous habitez en Tunisie ? Y a-t-il des conditions facile pour former un groupe, répéter, voire enregistrer sur place ?
Elyes : Oui nous habitons tous en Tunisie mais notre producteur (Kevin Codfert) habite en France, ce qui facilite pas mal de choses. Former un groupe en Tunisie est très facile ; il y a des dizaines de groupes constitués pour la plupart de jeunes lycéens et étudiants. Mais faute de moyens et d’encouragements, beaucoup d’entre eux finissent par abandonner. Trouver un local pour répéter est un problème commun à tous les groupes, la majorité d’entre eux ne trouvent pas d’autres alternatives que de s'entraîner à la maison, c’est d’ailleurs le cas de Myrath. Quant aux studios d’enregistrement, ils existent en grand nombre mais sont principalement destinés aux chanteurs de musique arabe et pratiquent des prix inabordables pour les groupes de Metal. En outre, ils ne sont pas vraiment conçus pour l’enregistrement de ce genre musical, ce qui oblige chaque groupe à se débrouiller seul pour produire ses démos ou albums.

Beaucoup de gens pensent qu’un groupe de metal dans un pays arabe est traqué, interdit, arrêté par la police… Je sais que ce n’est pas du tout vrai, mais il y a quand même un manque de moyens et de reconnaissance, non ?
Malek : En Tunisie, nous n'avons pas les mêmes problèmes que ceux connus dans d’autres pays arabes, nous avons beaucoup plus de liberté d’expression, les gens (surtout les jeunes) sont très ouverts aux cultures occidentales, il y a même un nombre relativement élevé de fans de metal (sous toutes ses formes). Mais le plus grand problème des groupes Tunisien reste le manque de moyens et l’absence de producteurs et de labels. Ceci dit, même si en Tunisie le metal reste un mouvement très underground, on a quand même un festival méditerranéen de la guitare qui se tient chaque année et qui a permis à de grosses pointures comme Robert Plant, Adagio, Bertignac, Epica, Firewind et After Forever de jouer à Tunis ces dernières années.

Justement, comment avez-vous enregistré/mixé Desert Call ?
Zaher : L’enregistrement de l’album a été réalisé à Tunis par Kevin Codfert et a duré un peu moins d’un mois fin 2008. Le mixage et la production ont été réalisés également par Kevin dans son studio X-Fade à Nanterre et le mastering en Allemagne par House of Audio.

Comment avez-vous été amenés à signer chez XIII Bis ?
Malek : A notre connaissance, XIII Bis Records ne signe pas beaucoup de groupes de Metal mais quand ils ont écouté l’album Desert Call, ils ont beaucoup aimé et sont entrés en contact avec Kevin. Ensuite, le contrat a été finalisé dans des délais très courts. Nous sommes vraiment fiers et honorés de faire partie d’un label aussi prestigieux que XIII Bis Records et souhaitons saisir cette occasion pour renouveler nos remerciements à toute l’équipe et notamment à Mehdi El Jai, Samuel Pernes et Emmanuelle Charles.

Vous pratiquer un metal prog’ très original, mais on sent que vous êtes influencés par certains groupes référence comme Dream Theater, Symphony X et d’autres ?
Saif : Je pense que chaque musicien est influencé (à ses débuts) par les groupes qu'il écoute. Pour Myrath, les influences que vous citez étaient très présentes sur les premiers albums. Avec Desert Call, on pense enfin avoir notre propre style, même si les bases restent communes.

Une de vos particularités est, évidemment, l’inclusion d’éléments « arabisants » dans votre musique. Comment intégrez-vous ces passages à vos compos ?
Anis : Cela se fait très naturellement. Grâce à l’inspiration qui nous vient de nos origines arabes, nous mélangeons tout naturellement les influences occidentales et orientales pour finalement officier dans un style qui est propre à Myrath.

Ce n’est pas difficile d’intégrer ces mélodies très différentes, ou ces rythmiques particulières qu’on ne rencontre pas forcément dans les schémas rock classiques ?
Malek : En fait, je pense que c’est la complémentarité des membres du groupe qui facilite cette intégration : l’apport d’Elyes (claviériste) et de Zaher (chanteur) côté mélodies arabes et orchestrations, combiné à la section rythmique (Anis à la basse et Saif à la batterie) côté groove et tournures plus rock, ont permis à Myrath d’avoir un style de musique qui lui est propre. Il faut également citer le travail de Kevin au niveau du mixage qui a permis de mettre en valeur ce mélange des genres.

Connaissez-vous d’autres groupes qui mélangent le metal avec des influences magrébines ? Vous êtes le seul groupe tunisien que je connaisse !
Anis : Nous ne connaissons pas tous les groupes Magrébins mais en Tunisie, Il y a bien quelques groupes qui ont fait ce mélange, mais à leur propre façon. Certains de ces groupes se sont séparés mais il y en a d’autres qui continuent de travailler sérieusement et nous leur souhaitons bonne chance.

Avez-vous beaucoup tourné pour votre précédent album, Hope ?
Zaher : En Tunisie oui, en Europe nous avons joué au PROG’SUD et nous avons été invités au ProgPower Europe et au Metal Rock Festival (Norvège).

Et allez-vous tourner pour défendre celui-ci ?
Saif : On espère bien faire une tournée en Europe (particulièrement en France) et jouer dans quelques festivals, on y travaille sérieusement. On y verra sûrement plus clair après la sortie de Desert Call.

Myrath existe depuis quelques années maintenant, vous avez fondé le groupe alors que certains d’entre vous n’avaient que 13-14 ans ! Comment jugez-vous l’évolution de votre son, de votre musique ?
Malek : Je pense qu'il est très difficile d'avoir suffisamment de recul pour correctement juger l'évolution de son propre groupe. Ce qui est clair, c'est qu'au fur et à mesure des années, Myrath puise de plus en plus son inspiration dans ses propres terres. Nous sommes très honorés d'être le premier groupe tunisien signé par un gros label étranger et pour nous, c'est déjà une évolution énorme. Cependant, Myrath est au tout début de sa carrière et le chemin reste encore très long avant de parler de succès…

Comment décririez-vous Myrath à un novice ? En 3-4 mots ?
Elyes : Myrath est un jeune groupe de Metal oriental. Ecoutez Desert Call et vous ne le regretterez pas (rires).

Quels sont vos ambitions pour l’année à venir et pour le futur de Myrath ?
Malek : Notre ambition pour l’année 2010, c’est de jouer le maximum de concerts possible en Europe (principalement en France) et terminer la composition du nouvel album (sur lequel on travaille actuellement) en espérant que Desert Call aura beaucoup de succès. On voudrait d’ailleurs saisir cette occasion pour souhaiter une bonne et heureuse année à tous vos lecteurs !

MYRATH – Desert Call
XIII Bis / Sony

Site : www.myrath.com

Myspace : www.myspace.com/myrathband

Prog Metal from Tunis La mondialisation, ce n’est pas que des jeans Levis pour tout le monde et du McDo. C’est aussi l’accessibilité de tous, à tout. Et en matière d’art, le mélange a souvent engendré des miracles. Myrath, jeune groupe de Metal Prog’ tunisien, n’est pas loin d’en être un. Ce groupe autant inspiré par Dream Theater et Symphony X que par sa propre culture, nous a littéralement soufflé avec son nouvel album, Desert Call. C’est Heavy, progressif, technique, arabisant, différent : que de qualités sur Desert Call ! Rencontre avec un groupe pas comme les autres, qui s’est en plus montré hyper enthousiaste et modeste. Mais que demande le peuple ??? Interview exclusive Noiseweb
Entretien collégial - Par Yath
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