OVERKILL

Iron Thrashers...


25 ans de carrière, 16 albums studio, un groupe au meilleur de sa forme comme l’a montré la récente tournée du groupe chez nous, voilà ce qu’est Overkill en 2010 : un des piliers de la scène Thrash Metal mondiale. Forts d’un nouveau contrat avec Nuclear Blast, le groupe revient avec Ironbound, un album bien ancré dans son époque mais qui conserve les côtés old school du Thrash tel qu’on l’apprécie. Le toujours très sympathique Bobby Blitz a bien voulu faire le point sur la carrière du groupe avec nous…

Interview exclusive Noiseweb

Entretien avec Bobby Blitz (vocals) – Par Geoffrey & Will Of Death
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Comment vois-tu Immortalis deux ans après sa sortie ?
Oh, je crois que ça a été un grand pas en avant pour nous, car on peut dire que nous nous sommes réinventés avec ce disque, pas dans le sens où nous avons tout révolutionné mais nous avons inclus un tas de nouvelles idées, notamment en mid tempo, tout en restant fidèles aux origines du groupe. Je pense que c’était une étape nécessaire pour faire entrer le groupe dans cette nouvelle décennie. Et je suis donc très excité par le nouvel album, qui est notre 16ème enregistrement studio quand même !

Avec encore une fois un changement de label ! Tu penses que vous allez un jour trouver la bonne maison de disques ?
Non, d’ailleurs, je crois bien que nous en changerons encore la prochaine fois (rires)… Je ne sais pas si Nuclear Blast va être content de lire ça (rires) ! Non, mais ce n’est pas que nous soyons difficiles à diriger mais c’est plus une question d’opportunités : nous avons écrit cet album avec l’espoir d’être signés par Nuclear Blast, j’ai l’honnêteté de le dire... Nous pensons que NB est vraiment le label qui va nous permettre de passer à un stade supérieur, notamment en Europe. Les gens pensent que c’est très mauvais pour un groupe de changer de label ; or, je pense tout à fait le contraire dans le sens où un label montre un niveau d’intérêt beaucoup plus important envers les groupes qu’il signe, notamment sur les premières sorties. C’est quasiment du marketing, j’avoue, mais comme ça fait 25 ans que je suis dans le business, on ne peut plus me la faire (rires) !

Venons-en au nouvel album… Après tant d’années, a-t-il été facile de composer ce nouveau disque, de trouver de nouvelles idées ?
Le processus est toujours un peu le même, nous avons comme une formule de composition et ça marche assez bien : on compose les riffs chacun de notre côté, on met tout ensemble ensuite chez moi et roule ma poule. C’est au niveau des paroles que je me surprends de plus en plus à écrire sur des sujets sociaux, certainement parce j’évolue encore en tant qu’individu et que j’ai de plus en plus confiance en mon écriture, de laquelle j’extrais des choses positives au final. Overkill n’est pas un groupe négatif de toute façon. Mes idéaux et mes valeurs sont plus concrets qu’avant et même si nos riffs demeurent agressifs et noirs, ce qui est propre au Thrash Metal, notre approche est plus positive, le tout avec des nuances. Cet album n’est pas tout blanc ou tout noir, parfois, des choses sont peintes en gris ou en vert, parfois même en noir et vert [Ndlr : allusion à « The Green And The Black », premier titre de l’album…], vous voyez ? Le fait de penser positif, en tout cas pas toujours de manière négative, est selon moi la clé qui me permet d’écrire des choses nuancées et intéressantes et ça a rejailli sur la musique de cet album, qui est également très varié.

Le titre « Endless War » [Trad : Guerre sans Fin] serait-il plus politique ?
Ce titre a un double sens. Le premier est politique dans le sens où nous avons des connaissances et des fans qui sont engagés dans cette guerre interminable en Irak et qui nous ont fait part de leur désarroi face à certaines situations. Le deuxième sens est plus axé sur Overkill, le groupe composé de 5 mecs ainsi que notre équipe : nous sommes engagés dans une lutte de tous les jours pour que perdure l’aventure. Depuis 25 ans que nous existons, nous avons dû mener des batailles contre les labels, contre l’indifférence, la maladie, la perte d’êtres chers, etc… Mais 25 ans plus tard, nous sommes toujours là, une nouvelle tempête de Metal du nom d’Ironbound va ravager vos platines et nous ne sommes pas prêts de baisser les bras. La guerre continue donc…

OVERKILL

Et quelle a été le plus dure bataille pour le groupe ?
Hum… Personnellement, ça a été de voir que mon cancer s’est trouvé étalé dans la presse alors que je luttais contre la maladie sans avoir rien dit à personne mais pour le groupe, le milieu des années 90 a été très difficile à cause de l’omniprésence du grunge, notamment aux USA, qui a failli balayer tous les autres styles de Metal. Tous les groupes qui étaient apparus dans les années 80 et début des années 90 étaient d’un seul coup tous devenus des has-been et on ne vendait plus. On s’est posé la question de savoir si on devait laisser tomber mais pour nous, ça ne signifiait rien d’autre que le néant, puisque jouer live et composer est la seule chose qu’on sache faire (rires) ! C’est notre vie et nous avons survécu grâce à l’underground qui ne nous a pas lâchés. Et ça a été une sacrée leçon pour nous, et certainement pas mal d’autres groupes : une formation comme Overkill n’a de légitimité et d’existence que dans et grâce à l’underground. Ça nous a rendus certainement un peu plus humbles et on s’est rendu compte de l’apport indéniable des webzines sur Internet, qui sont apparus également à cette époque. Grâce à eux, le nom d’Overkill a continué d’exister…

On observe d’ailleurs un retour en grâce de tous les vieux groupes de Thrash et de Death depuis quelques années… Tu penses que c’est dû au fait que les nouveaux groupes craignent à mort ?
Ah ah ah, excellent ! Non, je pense que nous vivons actuellement une période unique pour le Thrash, parce que tu peux à la fois te régaler avec les anciens groupes comme Testament, Overkill, Megadeth, Slayer et découvrir un tas de nouvelles formations. Sérieusement, si tu es un jeune fan de Thrash à l’heure actuelle, le fait de pouvoir écouter les groupes des deux périodes en même temps est vraiment une grande chance. D’ailleurs, le fait de voir ces deux générations de fans en live actuellement me donne une patate pas possible ! Malgré tout, je pense qu’il y a trop de groupes inutiles, que ce soit aux USA ou en Europe, et trop de mecs qui montent des labels, enfin, si on peut appeler ça comme ça… Ce n’est quand même pas normal de se dire que dans un public de 300 personnes, il y a parfois 200 mecs qui ont leur propre label (rires) ! Le côté positif de tout ce chaos, c’est que seuls les meilleurs et les plus intéressants restent et permettent à la scène de se renouveler. Mais ce qui se passe aujourd’hui avec le Thrash s’est passé dans les années 80 avec le Glam, à la fin des 80’s avec le Death et à la fin des 90’s avec le Black Metal. Je ne m’inquiète donc pas car il y a de très bons jeunes groupes dans tout ça...

Votre album est justement très bon pour ça parce que vous avez réussi à trouver un équilibre entre votre côté old school et un son plus moderne. Tu es d’accord ?
C’est surtout dû à la production : on voulait un gros son de batterie, de basse et de guitares et le mix qu’a réalisé Peter Tägtgren d’Hypocrisy est fantastique. Peter a bossé dans son studio en Suède, tandis que nous sommes restés au New Jersey. On s’est donc échangé les fichiers via Internet et c’était bien la première fois que nous fonctionnions comme ça… En même temps, je ne vois pas pourquoi on aurait dû aller se geler le cul en Suède (rires) ! Peter a réussi à saisir exactement ce que nous voulions et le mix met bien en valeur ces deux conceptions old school et moderne de ce qu’est aujourd’hui Overkill. Je suis vraiment fan de cet album !


OVERKILL – Ironbound
Nuclear Blast / Pias



Site : http://wreckingcrew.com/Ironbound

Myspace : www.myspace.com/overkill