LES DISCRETS

Quand tombent les feuilles...

Fursy est un homme présent sur tous les fronts. Connu à l’origine comme illustrateur, Fursy se lance dans un nouveau projet musical : Les Discrets. Ambitieux, fin, complet et très français dans l’esprit (cocorico !), ce premier album illustre bien la qualité de la scène Rock française. Mais il démontre surtout que la fameuse « exception culturelle » de notre beau pays n’est pas juste une particularité, mais bien une force.  Rencontre avec un artiste qui monte.    

Interview parue également dans le Metal Obs' 39 d'Avril 2010

Entretien avec Fursy - Par Yath
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Peux-tu nous présenter brièvement le groupe, sa genèse et l’idée « fondatrice » des Discrets ?
Les Discrets est un projet qui est né en 2003, pendant les derniers temps de mon premier groupe, Phest. Je composais beaucoup de morceaux qui étaient trop personnels et qui ne collaient pas à ce projet-là, et j’ai donc décidé de créer mon projet personnel, afin de les regrouper dans quelque chose de concret, mais sans la perspective d’en faire un projet aussi sérieux que ce qu’il est devenu. J’y exprime la plupart de mes questions existentielles, réflexions et envies. Je suis seul et n’ai pas de concessions à faire, c’est donc un terrain complètement libre dans lequel j’intègre l’approche musicale de mes démarches artistiques.

On a plutôt aimé l’album par ici, es-tu anxieux à l’idée qu’il sera critiqué (en bien ou en mal !) par la presse ?
Non, pas anxieux. Je suis même plutôt très pressé et impatient, car les morceaux ont entre 7 et 1 an d’existence, et j’ai hâte de savoir comment les gens autres que mon entourage vont les recevoir. Ce n’est pas mon travail, je n’en vis pas, et donc je n’ai aucune pression financière, simplement artistique, de savoir si mes objectifs ont été atteints. Je ne parle pas de comprendre ma musique, car il n’y a rien à comprendre, ce n’est pas une musique cérébrale. J’espère simplement que les gens la ressentiront à leur manière, et que certains y trouveront quelque chose de personnel.

Septembre Et Ses Dernières Pensées semble être bien plus qu’un album Rock ou Metal, puisqu’il véhicule tout un univers. On dirait que sa genèse a été longue !
Le concept de Les Discrets, la plateforme artistique derrière laquelle je me cache (hé hé), me permet de regrouper tout un tas de choses que je veux partager ou exprimer. En cela, Les Discrets est non seulement mon projet musical mais également ma signature pour mes illustrations, films d’animation et musique. C’est effectivement un travail en trois temps, trois mondes, qui véhicule des tas d’émotions sous des formes différentes que j’apprécie et que j’ai la chance de pouvoir faire. Septembre Et Ses Dernières Pensées est un peu la synthèse de mes réflexions de ces sept dernières années !

Qui sont ces fameux « Discrets » ?
Ha ! Première question de toutes les interviews auxquelles j’ai répondu. C’est fou quand même ! A ses débuts, le projet parlait essentiellement de mysticisme autour de la nature, et de toutes ces choses que l’on y ressent  dedans, mais sans les voir. Ces sensations, j’ai décidé qu’elles étaient des créatures invisibles, celles qu’on vulgarise sous le nom d’elfes ou lutins. Mais pour moi, elles ne sont pas anthropomorphiques. Les Discrets ont donc été pendant longtemps ces créatures qui font vivre la nature, que l’on ressent, mais qu’on ne voit pas, d’où le nom. Ensuite, lorsque j’ai réalisé mon premier dessin-animé Tir Nan Og, les discrets sont devenus deux amants dans l’Au-Delà, sous la forme d’oiseaux.

L’album sort en plusieurs éditions, avec notamment un digibook très copieux, que va-t-il comporter en plus de la musique/paroles ?
Chaque morceau a son image, l’image que je propose en tant que créateur de la musique. Ce n’est pas forcément celles-ci qui parleront à tout le monde, en tout cas, elles appuient mon propos. Il y a un texte d’introduction sur l’album et son concept, les traductions anglaises de tous les textes et informations, une immense galerie de photos prises par Andy Julia (www.andyjulia.com) et surtout, car il est extrêmement lié au concept de l’album, le DVD de mon premier film d’animation Tir Nan Og.

Justement, rentrons dans le vif du sujet en ce qui concerne le Metal Obs’ : la musique. J’ai beaucoup de mal à mettre des mots sur la musique de Les Discrets. Comment décrirais-tu votre son à des novices ?
C’est toujours très difficile pour le musicien de décrire sa propre musique, mais personnellement, je dirais que c’est  un peu comme si quelqu’un qui a conscience qu’il arrive à la fin de sa vie se souvient de ses moments de bonheur, de tristesse, de ses peurs passées et futures. C’est une grande réflexion sur la vie et l’amour au-delà de la mort, l’idée d’absolu et d’extemporanéité. Sur la forme, c’est du Metal avec de fortes influences post-punk et post-rock !

LES DISCRETS

Est-ce que tu penses avoir fait le tour de ce thème ? 
Je n’aurais jamais fait le tour de ce concept car la musique et les paroles sont le fruit de mes réflexions, et comme je change, elles changent. En l’occurrence, certains chapitres sont définitivement clos je pense, mais la mort et l’amour reviendront. Ah ah, quelle phrase ! J’ai signé un contrat de cinq albums avec Prophecy Productions, et je suis donc en train de terminer la composition des nouveaux morceaux du nouvel album. Tout comme Septembre Et Ses Dernières Pensées, j’ai également ajouté au prochain de vieux morceaux composés entre 2003 et 2007. Le nouvel album va être un peu moins folk, plus puissant et a priori beaucoup plus mélancolique.

Tu es un artiste très polyvalent. Où puises-tu ton inspiration, et celle-ci est-elle « compartimentée » ? Autrement dit, est-ce que tu imagines systématiquement tes œuvres de manière aussi globale ?
Non, pas du tout, sinon ma vie serait trop sérieuse, et puis cela ne serait pas honnête de te dire que oui. Je fais des choses pour le plaisir, pour m’amuser et me détendre. Les pochettes d’album que je fais pour les groupes (Agalloch, Drudkh, etc) en sont l’exemple parfait, car je dois m’adapter à des  univers qui ne sont pas les miens. Cela me permet aussi de restituer et digérer les influences des artistes que j’aime tels que John Bauer, Kay Nielsen, Theodor Kittelsen et les peintres romantiques Allemands.

Allez-vous tourner pour promouvoir l’album ?
Non, pas du tout. Déjà, j’ai trop de travail, ensuite nous répétons avec Alcest (NDLR : Fursy accompagne le groupe en tant que bassiste) pour les tournées US et Europe et les quelques dates isolées. Et puis faire des concerts avec uniquement des morceaux de l’album n’est pas intéressant. J’attendrai d’avoir le second composé ou sorti pour me lancer dans les concerts. Faire une setlist bien rythmée pour les concerts est très important, et là, je ne l’ai pas.

Quelles sont tes ambitions/projets avec Les Discrets et pour tes autres activités ?
Je viens de terminer une pochette et artwork pour Agalloch, après avoir travaillé sur un t-shirt. J’ai également été contacté par Drudkh pour la pochette du prochain album et j’ai également beaucoup de logos, pochettes isolées pour des tas de groupes aussi intéressants les uns que les autres. Ce qui est génial quand on fait la pochette d’un album, c’est qu’on reçoit les morceaux des mois avant la sortie l’album ! J’ai donc le nouveau Drudkh et je peux vous assurer que j’en suis pluuuus que fan. Attendez-vous à une bombe…

As-tu un message particulier pour nos lecteurs ? Un dernier mot pour les inciter à s’intéresser à ton univers ?
J’espère que cette interview n’est pas trop confuse et que j’ai à peu près réussi à transmettre quelques informations intéressantes, et aussi, évidement, l’envie d’écouter cet album ! Si jamais Indiana Jones lit cette interview, qu’il sache que j’ai dissimulé des choses un peu partout dans cet album et qu’il y a un modeste trésor à la clé…. ;-)


LES DISCRETS – Septembre Et Ses Dernières Pensées
Prophecy Productions

Myspace : www.myspace.com/lesdiscrets