Interview BOMB SCARE CREW Mai 2010

Salut ! Vous avez mis cinq ans pour venir à bout d’Autopsy Of A Monster. Pourquoi un laps de temps si long après votre premier album ?
C’est une conjonction de plusieurs événements mais le principal, c’est qu’on a simplement pris notre temps pour composer Autopsy Of A Monster. On voulait vraiment composer un album le plus abouti possible. D’autant que c’est vraiment l’album de Bomb Scare Crew au complet, il ne s’agit pas de l’œuvre d’un membre isolé ; tout le monde a mis les mains dedans. On a exploré, on a gratté, essayé un maximum de choses. Enfin, on n’avait pas de pression particulière de label ; c’était le seul avantage de ne pas en avoir (rires)..., ce qui nous a permis de nous plonger à 200% dedans et de le faire évoluer nos compositions. Entre temps, il a aussi fallu quitter Lyon et nous installer à Marseille. Ce n’est pas très grave en soi, mais cela a aussi ralenti la progression d’écriture de l’album.

Votre musique a gagné en précision. Elle est plus lourde, violente et technique mais paradoxalement plus mélodique. Comment vois-tu ce nouveau disque vis-à-vis de son prédécesseur ?
Je dirais qu’avec le temps, on a réussi à se concentrer sur le style de musique que l’on voulait vraiment jouer. Reign Of The Sharks a été sorti très vite et on ne l’a absolument pas « calculé », on l’a livré brut. En le réécoutant maintenant, je le trouve plus cru qu’Autopsy…, dans ses sonorités et dans ses compositions. Autopsy… est un album qui a mis du temps à venir. On l’a mûri, malaxé, il a évolué avec nous pendant 5 ans. De ce fait, sont venus se greffer plus de lignes, de détails, de subtilités. C’est con à dire mais je pense qu’on l’a disséqué de la première à la dernière note. Ensuite, pour ce qui est des ambiances, les compositions étant plus longues et complexes, on ne s’est rien interdit, ce qui explique certains passages plus violents s’approchant du Death et d’autres plus aériens.

La production, très tranchante et puissante, colle parfaitement avec votre Thrash violent. Comment et où avez-vous produit Autopsy Of A Monster ?
Nous avons fait confiance à des bérets verts du Thrash (rire) en choisissant le Trendkill Studio à Montpellier. Ole et Matt avaient déjà enregistré Eyeless et ont une culture approfondie de ce style musical. Ils savaient aussi bien que nous comment l’album devait sonner pour qu’il soit puissant et aéré. En plus, ils connaissaient déjà Brett des Tower Studios, chez qui l’on a enregistré la batterie, donc le passage de témoin s’est fait dans les meilleures conditions. L’enregistrement s’est déroulé sur 15 jours dans une ambiance rock n’ roll à souhait. On leur a vraiment laissé les clefs de l’album car ils ont aussi réalisé le mix et le master. Je pense qu’ils sont aussi fiers que nous de ce qu’on a fait ensemble.

Un gros travail a été fait sur la composition en elle-même, multipliant les breaks et les soli inattendus. Je pense notamment à « Scarecrow » ou « Scars Night »… Comment avez-vous composé ?
Lentement et calmement. On savait que l’album allait être long et complexe, ce qui n’est pas évident pour un album de Thrash. Il fallait donc prendre le temps. Certains morceaux sont arrivés à maturité au bout d’un an et demi ! « Scarecow », « The AC Syndrom », « Absconder » sont des morceaux plutôt copieux. Ils se sont construits d’eux-mêmes, car au début, ils n’étaient qu’une série de riffs et d’idées jetées en répète. On a passé énormément de temps hors répète sur l’arrangement, à essayer de ne pas se perdre dans nos propres morceaux. C’était quelque chose de nouveau pour nous et musicalement, on en gardera un souvenir intense.

Néanmoins, dans l’absolu, votre musique ne révolutionne pas le Metal mais offre quelque chose alliant impact direct et travail de fond, ce qui est assez rare aujourd’hui…
Je crois que j’ai un peu répondu précédemment sans le vouloir. Cependant, une chose reste ancrée dans la musique de BSC, ce sont les racines Thrash et on n’a aucune intention de les renier. C’est la musique qui nous anime, qui nous a vus grandir, et c’est ce qu’on aime jouer. On a juste essayé d’apporter notre pierre à l’édifice en proposant notre version. Je pense que du coup, c’est surprenant pour l’auditoire car on attend toujours un truc hyper direct pour du Thrash et finalement, on l’a, mais il faut quand même le mériter un peu (rires).

Même si vous jouer clairement du Thrash, vous êtes assez loin d’un Slayer, d’un Exodus ou d’un Megadeth. Quelles sont vos influences majeures ?
C’est marrant car en citant Slayer et Megadeth, t’as mis le doigt sur du lourd niveau affectif dans le groupe. On a tous 30 balais, et on a été surtout élevés au terrifiant trio : Pantera / Machine Head / Sepultura. Donc, les années 90 ont une place importante dans notre influence musicale. Parmi les groupes plus « jeunes », je pense que Hatesphere, Lamb Of God et The Haunted sont les groupes qu’on adore de manière unanime. D’ailleurs, d’ouvrir pour The Haunted le 1er Juillet prochain à Lyon a une saveur toute particulière pour nous.

Peux-tu nous en dire un peu plus concernant les textes de l’album ?
Les textes d’Autopsy… racontent des histoires de destins déchirés et de vies broyées par des fléaux odieusement simples : un père absent, l’alcool, la violence conjugale, les mensonges. Chaque morceau raconte l’enfer d’un quotidien et stigmatise la monstruosité inhérente à chacun. Le monstre qui est autopsié, c’est toi, c’est moi, ton meilleur ami, ton voisin voire même ton rédacteur en chef (rires). On héberge tous un monstre qui ne demande qu’à prendre le contrôle et parfois on le libère sans le vouloir… avec les conséquences que cela peut engendrer. Une déclinaison de l’effet papillon version Spike Lee (rires) !

Une tournée est-elle prévue pour soutenir l’album ?
Oui, on y travaille d’arrache-pied, car on a vraiment envie de faire partager Autopsy… à un maximum de monde et je pense qu’au moment où cette interview sera publiée, les dates auront été annoncées (courant octobre / novembre). On a commencé par quelques dates avec 314 et Bounty Hunter et la première partie de The Haunted à Lyon. On remercie d’ailleurs Pervade et My Reference Events qui s’occupent de nous. Ça nous permet de rester concentrés sur notre objectif premier : mettre une claque aux gens qui se déplaceront sur chaque date.

Si tu devais mentionner un album qui t’a particulièrement marqué dernièrement, quel serait-il et pourquoi ?
Si je dis Cowboys From Hell de Pantera, je suis trop old school ? (rires). Plus sérieusement, j’ai énormément accroché sur le dernier Dark Tranquillity. Déjà, c’est un groupe qui a une discographie énorme ! 9 albums en 17 ans et avec de sacrées perles. C’est un groupe qui a énormément évolué et exploré de nombreuses voies… pour finalement revenir en 2010 avec un album « retour aux sources », plus Death et moins suédois. En l’écoutant, j’ai l’impression d’avoir un mix subtil de leurs différentes explorations musicales. Ça m’a énormément plu car c’est un album qui illustre une carrière.

Je te laisse le mot de la fin… Bon courage pour la suite…
Merci à toi et à la rédaction de Metal Obs’ de nous donner un peu la parole et aussi d’avoir aimé Autopsy… BSC est là et n’a pas l’intention de s’arrêter de sitôt ! Pour preuve, le troisième album est déjà en route. Enfin, au-delà du projet de tournée en automne, on se lance dans notre second clip qui va être bien énorme ! Je n’en dis pas plus pour le moment… On espère que notre skeud ravira tous les thrashers et qu’on aura la chance de le partager sur scène avec un maximum de gens !

BOMB SCARE CREW – Autopsy Of A Monster
Pervade Productions / Underclass

Site : www.bombscarecrew.com

Myspace : www.myspace.com/bombscarecrew

Human bombs... Bomb Scare Crew, Lyonnais exilés à Marseille, s’étaient fait un peu tailler en pièce dans nos colonnes pour leur premier album. Mais voilà, depuis, le groupe a évolué, s’est bonifié et c’est avec un Autopsy Of A Monster d’un tout autre acabit que les thrashers reviennent, prêts à brûler toutes les planches qui se présenteront à eux... Interview parue également dans le Metal Obs' 40 de mai 2010
Entretien avec Carlo (chant) - Par Eternalis
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