DEW SCENTED

Thrash 'til Death !!!



Leurs albums s’enchaînent et se ressemblent en général mais demeurent toujours d’une extrême efficacité et en live, ils mettent tout le monde d’accord. Dew-Scented est devenu, grâce à ses riffs qui tuent, l’un des fleurons européens dans son genre, et leur nouveau missile le prouve une nouvelle fois, mais en se remettant enfin en question, délivrant là peut-être leur meilleur cru. Aujourd’hui, nos thrashers teutons sont donc de retour après une période de flottement et de réorganisation totale des troupes. Leur très sympathique chanteur Leif, toujours plein d’énergie, a bien voulu passer sur le grill de nos questions et nous parler de cet Invocation, un futur classique dans leur féconde discographie, sans aucun doute.

Interview parue également dans le Metal Obs' 40 de mai 2010

Entretien avec Leif Jensen (chant) – Par Seigneur Fred – Photos live : Will Of Death
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Quel bilan tires-tu de votre précédent album, Incinerate, sorti en 2007 ? Es-tu satisfait des résultats ?
Je suis assez satisfait de cet album Incinerate, quand bien même cela a été un dur moment pour le groupe en y regardant maintenant. Je dis ça car nous traversions déjà quelques querelles de line-up alors les choses paraissaient de nouveau un peu stressantes pour chacun d’entre nous. Sinon, j’aime toujours beaucoup les chansons de cet album mais j’ai pensé que certaines sonnaient un peu trop simples ou étaient un peu trop directes dans leur structure aussi orientée Death Metal. Ceci dit, ce fut un album important à réaliser pour nous et je ne regrette pas aussi d’avoir confié à Andy Sneap la séance de mixage du disque, étant donné que nous voulions voir comment ça aboutirait ensuite. Les réactions aussi tout au long de la tournée pour Incinerate furent absolument bonnes, donc pas de problème avec ça non plus. Je pense que chaque album que tu crées est un pas important pour ton groupe et la force que je ressens aujourd’hui à travers Invocation a assurément beaucoup à voir et est liée à la façon dont nous avons considéré et appris de cet album.

Maintenant, peux-tu donc faire un point sur le line-up exact de Dew-Scented car comme tu le disais, il y a eu quelques changements… ?
Alors le line-up actuel, et ce depuis 2008, est constitué de Michael Borchers à la guitare principale, Martin Walczak à la guitare rythmique, Marc-Andree Dieken à la batterie, Alexander Pahl à la basse, et de moi-même, Leif Jensen, au chant. Oui, on a donc eu un changement massif avec cette restructuration en 2008 après avoir décidé que ce serait mieux pour le groupe de changer de musiciens dans le but d’être capable de continuer à travailler à l’avenir. On a eu pas mal de chance de trouver Michael et Martin dans un délai aussi court et d’être capable de rétablir une atmosphère créatrice et motivante au sein du groupe. Bien que Martin et Michael ne soient pas totalement étrangers au Thrash et au Death Metal puisqu’ils avaient joué avec des groupes de Metal plus soft, plus crossover/alternatifs jusque là ; ça a été aussi un bon timing pour Dew-Scented, c’est donc pas trop mal tombé. Et durant ces dernières années, Marc-Andree a joué de la batterie avec Obscenity, le précédent groupe d’Alexander, et il avait déjà joué avec nous en tant que membre de session dans le passé, en 2003. C’était super d’entendre qu’il était de nouveau intéressé et capable de nous rejoindre comme membre à temps complet cette fois parce que c’est un chic type et un incroyable batteur pour notre style de musique ! Donc, ouais, ça pourrait sonner comme téléphoné mais en fait chacun de nous dans ce nouveau line-up s’accorde plutôt bien et s’entend bien, et je pense d’ailleurs que tu peux l’entendre facilement sur Invocation, ainsi que la soif que chacun des membres possède en lui pour délivrer de la haute qualité…

Est-ce que ces nouveaux musiciens ont justement participé et contribué à la composition d’Invocation, et si c’est le cas, qu’ont-ils apporté selon toi ?
Ouais, ils ont énormément participé ! Nous avons écrit l’album entier tous ensemble en tant que groupe dans notre salle de répétition, donc chacun a apporté quelque chose. Le principal détonateur pour les idées viendra toujours de la paire de guitaristes pour un groupe tel que nous, basé sur des riffs en termes de composition, et Michael et Martin ont effectué un gros travail en combinant leurs forces individuelles pour le meilleur résultat possible. Je pense que l’album a beaucoup plus de variété, et possède une musicalité supérieure par rapport à avant. Nous avons aussi augmenté la part de solos de guitares et on s’est assuré de prêter plus attention aux structures tout comme on a détaillé davantage les choses lors de l’écriture et de la composition des chansons afin de les rendre intéressantes, pour nous-mêmes bien sûr, et pour l’auditeur. On est assez critiques sur nos propres compositions, donc on voulait définitivement être sûrs et certains que tout était à 110% avant d’aller enregistrer ce nouvel album et de présenter notre nouvelle équipe à tout le monde… et nous sommes très satisfaits du résultat ! Je pense personnellement que tu peux donc clairement entendre beaucoup plus de nouvelles vibrations sur ces nouvelles chansons du fait de l’arrivée de ces nouveaux membres et cela, sans affecter la marque habituelle du groupe au niveau du son, du moins.

DEW SCENTED

Ton environnement quotidien en Allemagne t’influence-t-il dans ton travail d’écriture et les problèmes sociaux, politiques, etc. sont-ils des sources d’inspiration pour certains thèmes développés à travers tes textes ?
Oui, bien entendu ! Tout ce que nous voyons et vivons à travers nos expériences chaque jour constitue une source principale d’inspiration pour les paroles (pas tant pour la musique…) et pas seulement en particulier dans notre pays, mais même plutôt tout ce qui nous affecte plus globalement. Je pense que la réalité est suffisamment dure et assez sinistre pour nous servir de point de départ pour de bonnes paroles agressives pour un groupe de Metal tels que le nôtre. J’ai un peu de mal à comprendre des groupes qui ne traitent que de choses fictives, d’histoire relatives à l’héroic-fantasy ou de choses comme ça car je ne vois pas cela comme assez personnel. Cependant, chacun d’entre nous doit réellement faire ce qu’il souhaite précisément et peu importe, du moment que ça le rend heureux. Je sais juste que ça fonctionne mieux pour moi de vivre et de voir ce qu’il se passe autour de nous avec les yeux grand ouverts et les oreilles aussi !

Une fois de plus, le titre de votre nouvel album commence par la lettre “i” et s’intitule donc Invocation. Quelle en est la signification et peux-tu nous présenter l’artwork de l’album qui, une nouvelle fois, est réussi et signé par un certain Björn Goosses de Killustrations ?
Merci pour ce joli compliment ! Nous pensons aussi que Björn (Killustrations) a fait un travail formidable sur Invocation ! Sinon ouais, on a continué notre traditionnel fil conducteur avec le premier mot du nom de l’album qui commence à chaque fois par la lettre « i ». Nous nous sommes dit que nous resterons fixés à ce schéma (qui à la base était seulement pour donner un côté accrocheur et une continuité à nos titres d’albums) tant que nous sentirons que nous avons des idées appropriées. Et ici, dans ce cas, l’artwork était déjà en cours de travail sans pour autant que l’on ait déjà notre titre d’album confirmé, et nous avons plutôt eu un dur moment afin de nous mettre d’accord sur le mot final à utiliser, jusqu’à ce qu’un beau jour, un des gars dans le groupe mentionne cela, étant donné que nous avions déjà une chanson intitulée « The Invocation ». Nous avons pu alors considérer et choisir « Invocation » comme possibilité de nom d’album. J’ai aimé cette suggestion immédiatement parce que c’est un terme très fort mais aussi ouvert d’une certaine manière. Et oui, avec de la chance, le concept visuel qui nous a été présenté nous a scotchés dès la première vue et le titre d’album convenait très bien pour ça aussi, donc tout s’est bien passé et tout s’est mis en place en douceur au final.

Voulez-vous imiter ou copier d’une certaine manière Morbid Angel qui eux commencent chacun de leurs titres d’album par une nouvelle lettre en suivant l’alphabet (rires) et dont le prochain commencera par « i » comme peut-être Invocation après leur précédent disque intitulé Heretic (rires) ?
Oui, nous savons cela à propos de la démarche de Morbid Angel et je suis d’ailleurs assez curieux pour le moment de connaître quel sera leur choix pour leur prochain album studio…, comme c’est au tour de la lettre “i” cette fois pour eux, tu as raison (rires). On verra bien… ! Cependant, bien que leurs premiers albums soient parmi les grands disques jamais sortis en matière de Death Metal et figurent parmi nos favoris, ils n’étaient pas à l’origine une influence quant à nos choix de nos titres d’albums. Pour être honnête, nous n’avions pas de concept majeur en tête quand on a commencé au départ ce procédé, et nous n’avions vraiment pas pensé non plus à la suite. Nous ne nous attendions pas à ce que l’on ait une telle carrière, aussi longue et fructueuse comprenant huit albums, et ce, jusqu’à aujourd’hui !

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Quand j’ai écouté Invocation la première fois, je l’ai trouvé plus “easy-listening”, plus varié et plus abordable presque que les précédents. Que est ton avis là-dessus ?
Ouais, je suis content d’entendre ça et assez d’accord avec toi. J’ai aussi trouvé personnellement les nouvelles chansons définitives plus intéressantes, plus riches en profondeur que sur nos derniers albums. Je pense que chaque morceau a sa propre personnalité mais l’album possède toujours une bonne homogénéité. Ceci dit, nous avons bossé dur pour le faire et le sortir ainsi de toute façon… Je veux dire, nous avons mis presque un an et demi pour écrire l’album, avons réalisé une pré-production avec une démo l’été dernier et avons rassemblé un total de dix huit chansons que nous avons enregistrées pour Invocation, et pour finalement choisir que les meilleures qui correspondaient le mieux à l’identité du disque. Comme je l’ai dit auparavant, nous-mêmes sommes très critiques et ambitieux autant que notre musique nous concerne, nous avons donc définitivement de grandes attentes et de hauts objectifs vis-à-vis de nous-mêmes, déjà, pour commencer ! Cependant, nous sommes super heureux du résultat final, et ce, à tous les niveaux ! J’ai entendu de la part de certaines personnes le commentaire selon lequel Invocation n’est pas accessible du premier coup, directement, et demande de plus d’écoutes et de répétition pour vraiment capter l’attention de l’auditeur… Eh bien, ceci pourrait être dû à la variété croissante et aussi au grand apport et au soin des détails et de divers éléments plus ou moins cachés dans les chansons. Mais je pense que ce sera un bon point car ainsi l’album restera éventuellement plus ancré dans le temps et aura un effet à long terme, plutôt qu’il ne devienne trop lassant rapidement. Je regarde vraiment plus à fond tout ça pour bien entendre ensuite les commentaires des gens sur les nouveaux morceaux…

Sur Invocation, y a-t-il des invités comme vous avez pu le faire sur le titre « Retain The Scars » à la fin de votre album Incinerate en 2007, en compagnie de Mille Petrozza (Kreator) ?
Non, nous avons pris volontairement la décision cette fois de n’être que nous cinq sur Invocation. Nous voulons montrer et établir le nouveau line-up plutôt que de distraire les auditeurs avec des invités additionnels sur ce disque. Nous regarderons pour inviter probablement des amis et d’autres musiciens que nous respectons à travers d’autres participations sur les futurs enregistrements mais autour de cet album, cette fois-ci, nous voulions garder des choses simples, tout spécialement depuis que nous avons eu trois invités sur notre précédent album Incinerate. Mille nous avait alors rejoints au chant sur « Retain The Scars » mais on a eu aussi Jeff Waters (Annihilator) et Gus G (Firewind/Ozzy/ex-Dream Evil) qui avaient fait des soli de guitares sur la chanson « Perdition For All ».

Vous vivez donc en Allemagne, du côté de Braunschweig. Et c’est assez étrange et surprenant même car votre musique se rapproche davantage du Thrash Metal américain en général que celui européen et notamment du Thrash Metal allemand justement (Sodom, Kreator, Destruction, Tankard, etc.). Mais cela dit, vous sonnez européen… Comment expliquez-vous cela et que penses-tu de cette analyse ?
Eh bien, tout d’abord, nous ne vivons plus à Braunschweig. Le groupe a été basé là-bas seulement entre 2001 et 2008 et c’est parce que nos précédents guitaristes y vivaient et aussi parce que nous y avions auparavant notre local de répétition. Le groupe a bougé depuis et nous sommes au nord-ouest de l’Allemagne, et nous répétons à Emden, sur la côte, à présent, bien que nous vivons tous à différents endroits. Je ne pense pas personnellement à trop comparer notre son avec d’autres groupes mais tu soulèves un sujet et un point de vue intéressant ici. Probablement que tout ce que nous avons écouté quand on a grandi et évolué a eu un certain impact sur nous en tant que musiciens. Je pense que l’impulsion de Dew-Scented vient certainement du Thrash Metal de la Bay Area mais en même temps, on aime aussi vraiment les premiers groupes de Thrash allemands, la première vague de Death Metal également, du vieux Hardcore, etc. Je crois qu’il y a un peu de tout ça dans nos veines et par conséquent, ce ne sera jamais facile de classer notre son avec exactitude…

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Dew-Scented a débuté en 1992 si ma mémoire est bonne or vous êtes un groupe énergique et très productif, vous êtes toujours là ! Quel regard portes-tu sur ce revival Thrash Metal en ce moment avec l’émergence de groupes comme Municipal Waste, Evile, Trivium, Bonded By Blood, etc. ? Comment expliques-tu cette mode cyclique ?
Je pense que c’est cool ! Je veux dire, tout ce qui se passe dans le monde de la musique est cyclique, et c’est bon de voir que le Thrash Metal connaît ces dernières années un retour avec toute une nouvelle génération de groupes mais aussi de fans qui aiment encore des choses classiques dans le genre. Il y a aussi une assez forte nouvelle vague de nouveaux talents et de musiciens qui arrivent dans tout ça et ils te bottent véritablement le cul ! Tu en as d’ailleurs mentionnés certains d’entre eux. J’ajouterais également Warbringer avec qui vous faisons un split CD 7 titres et qui sort actuellement via Cyclone Empire. Enfin, je dirais aussi que le meilleur témoin de cette nouvelle vague de Thrash Metal que j’ai entendu en ce moment, c’est le groupe Vektor des Etats-Unis qui viennent de sortir un premier album qui tue : Black Future. Du travail relativement impressionnant ! Alors ouais, dans tout ça, j’apprécie tous ces actes de renouveau, bien que parfois, je souhaiterais que les nouveaux groupes s’efforcent d’avoir un son plus personnel plutôt que de seulement essayer de sonner rétro ou old school. Et comment puis-je expliquer le fait que ce style soit de retour ? Si tu me demandes, c’est une chose très facile (rires)… Le Thrash Metal est une musique étonnante où la musicalité et le côté incisif sont au centre de l’attention et pas seulement pour donner un style ou une image. C’est très pur comme musique, sans temps mort, et ça, selon moi, c’est assez intemporel et ce sera toujours génial, peu importe le regard porté là-dessus et quelle que soit la tendance à la mode à l’intérieur du reste de la scène Metal.

Votre nouvelle tournée a commencé en Europe et notamment par la France pour un premier passage au Trabendo où je n’ai pu aller vous voir mais aussi à Lyon où Will était là ! Vous revenez jouer heureusement au Hellfest cette année (NDLR : le samedi 19/06) ! Vous y avez déjà participé notamment à l’époque du Fury Fest au Mans en 2004. Gardez-vous un souvenir spécial de la France lors d’un de vos concerts (show, fans, filles, alcool, nourriture, etc.) ?
Trop nul que tu n’aies pas pu venir nous voir à Paris en mai. Ça l’a fait !! Nous sommes toujours ravis de jouer en France et on s’est toujours débrouillé pour établir une solide réputation chez vous, et cela en parcourant votre pays du nord au sud et d’est en ouest, en jouant de nombreuses fois et même dans des petits coins reculés. La France a été l’un des pays étrangers où Dew-Scented a fait en grande partie ses concerts après être venus en 2002 la première fois avec No Return… Et on attend le Hellfest justement pour cet été (réveillez-vous tôt le samedi matin, les gars !!!!) tout comme on va faire plein de clubs et de salles plus tard en 2010. Sinon, un souvenir mémorable ? Non, pas vraiment, rien de spécial… juste de bonnes sensations à chacun des endroits où l’on a pu joué, vraiment ! Nous avons eu un petit accident de la circulation en mai dernier justement à Paris lors de notre venue le week-end pour notre concert… Et ça craignait un peu pour être honnête, le voyage a été plus coûteux au final pour nous tous, dommage…

Enfin, que veux-tu ajouter à l’attention de vos fans français et des lecteurs de Metal Obs’ ?
Eh bien, merci beaucoup pour le soutien ! Nous apprécions grandement cela ! Salutations à tous nos amis et notamment les groupes qui nous connaissent un peu partout ici en France ! A tous ceux qui nous suivent, aux fans de Thrash Metal : s’il-vous-plaît, écoutez notre nouvel album Invocation et nous espérons que vous approfondirez un peu ce que vous écouterez ! On se voit au Hellfest et plus tard dans l’année sur notre tournée ! On a hâte de revenir !


DEW-SCENTED – Invocation
Metal Blade / Season Of Mist



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