PENSEES NOCTURNES

Grotesquery conceived...



Pensées Nocturnes est le projet solo Black Metal d’un certain Vaerhon, qu’on avait découvert il y a 2 ans avec Vacuum, album des plus sordides et surprenant à la fois, mixant de nombreuses influences. Vaerhon revient aujourd’hui avec Grotesque, une œuvre beaucoup plus aboutie dont on vous a déjà parlée en avril dans la section Chroniques, et toujours soutenue par nos amis des Acteurs de l’Ombre Productions. Un Vaerhon qui a toujours une manière très personnelle d’appréhender son art.

Interview parue également dans le Metal Obs' 40 de mai 2010

Entretien avec Vaerhon (all instruments) – Par Will Of Death
Rechercher : dans l'interview
Hello Vaerohn. Comment ça se passe depuis la sortie du deuxième album ? Quelles sont les retombées pour le moment (presse, ventes, réactions du public…) ?
Les ventes semblent assez misérables selon le label (NDLR : interview réalisée en avril) malgré des retours plutôt positifs de la presse. Quant au public (ou auditeurs plutôt puisque toujours pas de concert), je dois avouer ne pas trop porter attention aux commentaires puérils et instinctifs disséminés hasardeusement sur la toile. Il me paraît plus opportun de jouer sur ma propre vision de PN que sur celles de ceux qui comparent le projet à Spektr, à « Amélie Poulain » ou à Boulez.

Avant de parler du nouvel album, revenons un peu sur le premier. Comment perçois-tu Vacuum aujourd’hui ? Tu me disais à l’époque que tu n’en attendais pas grand-chose, au moment de sa sortie…
Je déteste Vacuum et j’ai du mal à saisir l’intérêt qu’il a pu susciter. Trop crédule, trop simpliste et bien peu réfléchi. Mais c’est sûrement aussi pour cela que certains (trop) le préfèrent à Grotesque. La musique n’est plus de l’art aujourd’hui mais un simple produit de consommation qui doit entrer dans le moule pour convaincre les masses. Seulement, on ne vit pas du Metal et je n’ai pas la prétention de rallier la population mondiale. La peinture, c’est plus qu’une simple image, la Fontaine de Duchamp plus qu’un simple chiotte, la musique plus qu’un simple son. Il y a des codes, une recherche, quelque chose qu’il faut travailler pour tenter d’en saisir le sens. Les ados, derrière leur ordi, prêts à bondir pour télécharger sans vergogne et donner leur avis le plus rapidement possible (avant la sortie, important) sur Last Fm à partir de quelques mp3 boiteux et d’une cover pixélisée, ne comprendront jamais ça.

 PENSEES NOCTURNES

Venons-en à Grotesque. Déjà, le titre… qu’est-ce qui se cache derrière ce nom ? Y a-t-il un concept particulier ?
La vie n’a pas de sens profond, de vérité absolue, de but précis. Nous vivons pour la lutte, pas pour sa fin : les groupes de BM seraient quand même bien ennuyés si le Christianisme venait un jour à mourir (ce qui est déjà le cas, réveillez-vous les mecs). Nous sommes donc condamnés à créer du vide, à frapper incessamment dans l’eau au cours d’une période imputée avant de retourner dans l’oubli. Une telle conception du monde permet de s’affranchir des liens qui nous sont imposés, de se créer soi-même, de façonner un moule finalement à notre taille pour quelques semaines, quelques mois... Le combat est perdu d’avance, il faut rire de la vie et tourner le monde en ridicule. C’est un peu tout cela, Grotesque.

Parlons musique : quelles sont selon toi les principales évolutions entre Vacuum et Grotesque ? Je dirais pour ma part un meilleur son, une utilisation plus contrôlée des éléments classiques et un chant plus varié voire même plus « viril », moins « dépressif »… Es-tu d’accord ?
Vacuum était pour moi et le label un premier jet. Tant au niveau de la production que de la composition, de l’artwork et de la promotion, il s’agissait d’un travail de débutant qui, je pense, est bien mieux maîtrisé sur Grotesque. Vacuum est trop dépendant de la technique et des bégaiements d’un puceau du manche qui prenait la musique pour une fin en soi. Grotesque dépasse la musique, ses aspects techniques de composition, d’enregistrement, de mixage, pour la réduire à un simple outil. Par ailleurs, je ne pense pas que le chant soit foncièrement divergent, il s’agit plutôt d’un mixage un peu mieux travaillé, la voix claire et niaise à souhait étant quant à elle une simple réaction aux diverses retours plus au moins amusants que j’ai pu recevoir.



Les parties classiques sont toujours présentes mais plus diffuses. Penses-tu que tu étais allé trop loin avec Vacuum, de ce côté-là ? Comment vois-tu ces apports sur le nouvel album ?
Vacuum n’a rien de classique, tout comme Grotesque d’ailleurs. J’ai toujours eu du mal à saisir ce complexe propre aux Metalleux de vouloir à tout prix ajouter du prestige à leur musique en employant des gros mots. Utiliser un violon ou un piano, tout le monde le fait et que cela soit mixé avec des parties Metal ne le rend pas plus « classique ». Le prestige ne se trouve pas dans les mots, il est dans la vision que vous en avez.

Pensées Nocturnes est un projet solo qui te permet peut-être d’exorciser quelques démons en plus de te permettre de t’exprimer artistiquement, évidemment… Qu’est-ce qui torture Vaerohn aujourd’hui, l’être humain ?
Le Vaerohn d’aujourd’hui est plus amusé que torturé. Amusé de voir l’homme incapable de se détacher de cette rationalité castratrice perdant plus de temps à se battre pour (définir) des concepts et des fantasmes que pour les raccrocher à la réalité, amusé de voir l’égo réduire tout semblant de débat politique, artistique ou philosophique à une bataille de personnalité et d’image, amusé de voir à quel point les soi-disant rebelles et libertaires bêlent souvent mieux que le commun des mortels, amusé de… Non j’arrête. Mais je vous aime, vraiment.

Un dernier mot ?
Vive la FNAC !


PENSEES NOCTURNES – Grotesque
Les Acteurs de l’Ombre Prod



Myspace : www.myspace.com/penseesnocturnes