KORN

Back To The Roots...


Le nouveau single « Oildale (Leave Me Alone) » - en référence à la ville proche de Bakersfield en Californie, d’où vient Korn - préfigure d’un nouveau tournant dans la carrière du groupe. Finies les expérimentations sonores qui avaient peu séduit les fans et fait chuter les ventes d’albums, Korn III : Remember Who You Are, attendu pour le 13 juillet, remet les pendules à l’heure avec des riffs plus brutaux et des lyrics furieux. En plein break dans sa tournée US, et à la veille de prendre part au festival itinérant Mayhem avec Rob Zombie et Lamb Of God en juillet / août, Jonathan Davis a bien voulu nous en dire plus sur cette nouvelle orientation… pas si nouvelle que ça d’ailleurs.

Interview parue également dans le Metal Obs' 41 de Juin / Juillet 2010

Entretien avec Jonathan Davis (chant) - Par Jean-Christophe Baugé
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Le groupe a choisi de travailler à nouveau avec Ross Robinson comme producteur (Korn en 1994, Life Is Peachy en 1996)…
On s’est dit qu’on avait suffisamment expérimenté sur les albums précédents et qu’on était arrivé au bout de la démarche. Il était donc temps qu’on passe à quelque chose de plus direct et qu’on retrouve le feeling des deux premiers albums. Ross était donc l’homme de la situation.

Au départ, tu étais pourtant plus enclin à faire un concept album.
Oui c’est exact, mais au fur et à mesure que le processus d’écriture avançait, l’idée me semblait de moins en moins bonne. Je me suis donc attaché à retranscrire ce qui me passait par la tête sans me soucier d’une éventuelle unité entre les morceaux.

Certains titres comme « Oildale (Leave Me Alone) », « Pop A Pill », « Are You Ready To Live » ou « Holding All These Lies » sont particulièrement violents, au niveau de la musique et/ou des textes. Quels sont les thèmes abordés ?
« Oildale » traite d’un ami proche qui m’a trahi, quelqu’un qui a fait semblant d’être un fan pendant de nombreuses années et qui a tenté de se faire passer pour ce qu’il n’était pas. « Pop A Pill » m’a été inspiré par mes grosses crises d’angoisse. On m’a prescrit des médicaments plutôt efficaces et j’en suis devenu dépendant. La chanson parle donc de moi sous l’emprise de mes pilules (rires). « Holding All These Lies » parle des mensonges que tu racontes aux personnes que tu aimes : tes parents, ta femme, tes enfants… c’est à la fois difficile et parfois nécessaire pour les protéger. Tu le fais et ça te tue. C’est plus difficile de parler de « Are You Ready To Live », je n’ai pas encore le recul nécessaire. Disons que sur la partie la plus Metal, je m’adresse à ma femme, à ma famille, et leur demande de vivre pleinement cette vie, d’être heureux et d’être prêts à mourir, à faire le grand voyage avec moi. Cette chanson peut être interprétée de plusieurs manières différentes. Je l’ai écrite presque inconsciemment : les couplets et les refrains se contredisent parfois. Certaines de mes paroles peuvent paraître confuses quand on cherche à les analyser, mais ma manière de procéder est toujours restée la même depuis les débuts du groupe : je couche les mots tels qu’ils me viennent à l’esprit sans y retoucher.

Y a-t-il une chanson qui ressort plus du lot selon toi ?
Non, je suis fier de toutes, impossible d’en choisir une en particulier. La phase d’écriture a été très intense, très éprouvante : j’y ai mis toute mon énergie.

Le groupe a déjà pu en tester quelques-unes sur scène ?
Oui, on a déjà joué « Oildale » dans le cadre du Jagermeister Music Tour et il est prévu qu’on en fasse cinq lors des prochaines dates du Mayhem Festival aux USA.

Regrettes-tu d’avoir beaucoup expérimenté sur les albums précédents ?
Non, pas du tout. Ce sont tous de très bons albums et on a pris du plaisir à les faire. On a exploité toutes les possibilités qu’offraient les nouvelles techniques d’enregistrement : ajout de claviers, utilisation de Pro Tools … on a bossé de la façon la plus up-to-date, c’était assez excitant.

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Quel est l’album préféré de ta discographie ?
Le deuxième (Life Is Peachy), sans aucun doute, suivi de très près d’Untouchables.

Penses-tu qu’en tant qu’artiste à l’enfance pour le moins mouvementée, tu peux aider certains fans à traverser des périodes difficiles de la vie ?
Oui, c’est dans mes cordes (rires). Quand un fan te dit que ta musique l’a convaincu de ne pas mettre fin à ses jours, ça donne du sens à ce que tu fais. Pour moi, c’est plus important que tout au monde.

On peut voir sur Internet une vidéo récente où Korn débarque au Pérou pour la première fois et les fans sont absolument déchaînés. Penses-tu que Korn est encore au top et est en mesure de déclencher les passions même parmi les publics les plus blasés ?
Oui, assurément. On joue encore dans des stades et des salles énormes. Sur la dernière tournée, on s’est aussi produit dans des petits clubs pleins à craquer… le plaisir de jouer était toujours là.

Où le groupe vend-il le plus d’albums : aux USA ou en Europe ?
Aux USA, je pense. Quoique… en y réfléchissant bien, ça doit être à peu près équivalent.

Le groupe vient jouer à Bercy le 20 septembre, non plus en tête d’affiche comme en 1999, 2002 et 2004,  mais en première partie d’Ozzy Osbourne (guest : Danko Jones). Que penses-tu du Madman ?
Ozzy fait partie de mes idoles. Il a dédié sa vie à ce qu’il fait. Il est incroyable.

Est-ce que tes goûts ou tes influences ont changé avec le temps ? Tu citais encore The Cure il y a peu (Robert Smith avait d’ailleurs fait une apparition sur le MTV Unplugged du groupe fin 2006)…
J’ai commencé par aimer la musique Rock : Jesus Christ Superstar, la comédie musicale d’Andrew Lloyd Weber. Je devais avoir 2 ou 3 ans quand c’est sorti, puis des groupes comme Led Zeppelin. Adolescent, je me suis tourné vers la Dance et le Hip Hop, puis vers le Gothique et l’Indus : Skinny Puppy, Ministry. Ensuite, il y a eu le Heavy avec l’électrochoc Vulgar Display Of Power de Pantera.

En réaction à l’incapacité de BP d’endiguer la marée noire dans le golfe du Mexique, Korn boycotte son carburant pour toute la tournée d’été. Que t’inspire ce désastre écologique, le plus grand qu’aient connu les Etats-Unis jusqu’à présent ?
C’est vraiment horrible, man. Cela aura un impact sur le restant de la vie des gens concernés. La faune du golfe va être décimée : les poissons, les oiseaux… BP est responsable et devra payer.

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Que penses-tu de Barack Obama, en tant que président ?
J’aime assez le personnage. Je ne me rappelle pas avoir autant apprécié un président depuis bien longtemps. Il fait de son mieux avec ce que Bush lui a laissé (rires), c’est un homme d’action.

As-tu écouté l’album solo de Brian Welch (Save Me From Myself en 2008) ? Il semblerait qu’il critique ponctuellement Korn sur « Money » et « Loyalty », non ?
Honnêtement, je ne pense pas. Ses chansons sont plutôt un hommage à Dieu. Je suis heureux qu’il soit encore en vie et qu’il puisse jouer ce qui lui fait plaisir.

Et tu as des nouvelles de David Silveria ?
Non, je ne lui ai pas reparlé depuis son départ du groupe. Il a arrêté de jouer de la batterie et s’est retiré du music business.

Que souhaites-tu ajouter pour tes fans français ?
Je les remercie de tout cœur de se déplacer à chacun de nos shows et de nous témoigner autant d’affection. C’est à chaque fois un bonheur de venir jouer en France.


KORN - Korn III : Remember Who You Are
Roadrunner / Warner



Site : www.korn.com

Myspace : www.myspace.com/korn