Hello les gars… La dernière fois que je vous ai parlé,
c’était au Hellfest 2009, où vous m’annonciez votre
retour. Maintenant, c’est fait, quelles sont les premières réactions
du public ?
Hervé : Que
du bonheur, c’est génial ! Ce soir (Lyon Metal Fest – 5 juin),
c’était notre 7ème date depuis début avril. On a
choisi de ne pas faire trop de dates avant le Hellfest et on monte en puissance.
Stéphane
: Dès la 1ère date à Grenoble (2 avril), ça a été
bien. Franchement, je ne me rappelle pas avoir ressenti de telles choses depuis
les tournées Sublime Dementia / Cross The Threshold, tu vois…
Le même type de réactions de public.
Comment ça se fait, ça ? Y avait
de la routine qui s’était installée ?
Stéph : Oui,
peut-être. Mais c’est surtout dû au fait qu’avec Alexandre
et Drakhian, c’est juste mortel de tourner. Il y a un vrai feeling qui
se passe sur scène musicalement parlant, même si ce sont les mêmes
morceaux. On les joue mieux, ils sont plus proches de ce qu’ils auraient
dû toujours être. Je suis très content de pouvoir livrer
ça aux gens, de livrer quelque chose de qualité, pas comme on
avait pu le faire avec Planet Pandemonium, où on n’était
pas super satisfaits…
Pourtant, il y avait eu beaucoup de dates qui
avaient bien marché sur cette tournée !
Stéph : Oui,
ça avait bien marché mais en tant que musicien, vraiment, il faut
parfois se remettre en question et de se dire que tout ce qu’on fait n’est
pas forcément bien. C’est comme ça qu’on avance même
quand on a 25 ans de carrière, tu vois…
Hervé : Si
on arrive à dire aujourd’hui qu’on a un line-up vraiment
uni, c’est que les doutes qu’on a eus à un moment donné
dans le passé étaient fondés… Et je ne parle pas
que de musique.
Oui, j’ai pu remarquer que Drakhian et
Alexandre prenaient le merchandising par exemple, alors qu’auparavant,
tout reposait un peu trop sur vous deux… Ils m’ont l’air
plus investis…
Hervé : Oui,
mais en même temps, on ne se pose même pas la question, même
eux… C’est naturel.
Stéph : Tu
vois, on n’a pas encore assez de recul là-dessus, mais il n’y
a pas de problèmes d’égo dans le groupe, aucun ! Il n’y
a pas besoin de ça. On fait vraiment corps et je pense que les gens le
ressentent sur scène et c’est pour ça qu’ils nous
renvoient une énergie positive. Et puis, on n’est pas arrivés
là sans avoir répété ! On a beaucoup bossé
notre set-list. On rejoue des morceaux qu’on n’avait pas joués
depuis des lustres (ce qui a été une erreur d’ailleurs),
comme « Sublime Dementia » ou « Fire And Ice » : on
est allé puiser dans tous nos albums. En attendant autre chose, c’est
ce qu’on va proposer au public jusqu’à la fin de l’année…
Est-ce que vous êtes étonnés
que des titres anciens comme « No Tears To Share », encore tout
à l’heure, là, ou « Malignant Growth », aient
toujours un tel impact en live, alors qu’ils sont très anciens
? Merde, quand même, « Malignant Growth », je l’avais
découverte à l’époque sur la démo Bazooka
Rehearsals, ça ne date pas d’hier !! Shit, on vieillit, les gars
(rires)…
Hervé : Sans
vouloir paraître prétentieux, je pense que ce sont simplement de
bons morceaux qui ont marqué les gens…
Stéph : …oui,
des morceaux qui font partie de la vie musicale de pas mal de gens et ce qui
est cool, c’est qu’on voit aussi notre public se rajeunir. On a
toujours les mecs comme toi qui nous ont connus au départ qui ont vieilli
avec nous et des jeunes qui sont à burnes devant la scène. Notre
musique semble donc capable de parler encore : ça fera taire ceux qui
n’ont pas cru en nous ! Donc voilà quoi… Allez vous faire
foutre (rires) !
Justement, tiens, puisque ça parle à
une nouvelle génération de fans, transition habile du journaliste
aguerri (rires)…
Hervé : …
Je sens que je peux poser la question à ta place, là (rires)…
Est-ce qu’il va y avoir un nouvel album ?
Exactement, comment t’as deviné
(rires) ! Alors, un nouvel album ou pas ?
Stéph : Eh
bien oui ! On a commencé à composer et on déjà quelques
riffs sympas. On ne s’est pas encore concentré que là-dessus
car on doit encore faire quelques bons festivals, là. Si on veut sortir
un album en béton armé, on ne peut pas se disperser. On se bloquera
donc une période où on ne bossera que sur l’album, ce qui
ne veut pas dire qu’on n’a pas commencé à emmagasiner
des riffs. On enregistrera à la fin de l’année et ça
sortira en mars / avril 2011.
Et vous pouvez déjà nous donner
le titre de cet album ?
Hervé : Ah
non !
Stéph : Par
contre, j’ai déjà commencé à y réfléchir.
Je prends des notes tous les jours. On n’a pas de titre définitif
parce qu’on laisse mûrir le truc, vu que c’est une nouvelle
équipe. Et pour une fois, on va avoir 4 mecs qui composent : ça
ne va pas être ma gueule qui ramène des riffs et les autres qui
font leurs arrangements. Bon, alors évidemment, Loudblast, c’est
notre patte à Hervé et moi et il faut que ça reste comme
ça mais Drakhiane et Alex amènent des riffs et des idées
et ont vont être investis dans la composition.
Hervé : Il
ne faut pas oublier qu’Alex est au départ guitariste et ce qu’il
nous propose est très bon. Quand on a fait les auditions, il était
venu pour la guitare, mais comme on avait déjà bien kiffé
avec Drakhian, on lui a proposé de prendre la basse pour qu’il
soit aussi avec nous. Il y a donc 3 guitaristes maintenant dans Loudblast qui
amènent des riffs et c’est mortel…
Ouais, mais moi, je dirais même 4 guitaristes
car les gens ne le savent peut-être pas mais tu es aussi un super gratteux,
Hervé. Moi, je t’ai vu jouer des trucs à tomber par terre
déjà du temps de Scrotum (NDLR : son groupe avant Loudblast) en
répète, alors tu ne vas pas me la faire, à moi (rires)…
Hervé : (rires)
Attends, il y a déjà 3 mecs super talentueux, je ne vais pas me
la ramener (rires) ! Par contre, c’est vrai que quand on compose, j’ai
mon oreille de batteur mais aussi celle d’un guitariste. C’est pour
ça que je me suis toujours bien entendu avec Stéph et qu’on
travaillait souvent ensemble pour composer. Un peu comme Stéph qui me
disait avec ses mots à lui : « tiens, essaie ça à
la batterie »…
Stéph : Ouais,
du genre chtim, paf, plouch (rires)…
Hervé : Exactement.
Moi, je lui chante des riffs, c’est pas mieux (rires)… Mais comme
on se connaît par cœur, ça marche. Et là, en plus,
comme on a une putain d’équipe, ça va déchirer !
Stéph : Ca
fait vraiment du bien, on est fier de ce qu’on fait en ce moment. Et Loudblast,
ça aurait toujours dû être comme ça. Et pour toutes
les fois où ça ne l’a pas été, on fait table
rase du passé et on annule les trucs en demi-teinte qu’on a vécus…
Hervé : Oui,
on annule les « points noirs » !
En
tant que musicien, vraiment, il faut parfois se remettre en question
et se dire que tout ce qu’on fait n’est pas forcément
bien.
C’est comme ça qu’on avance, même quand on a 25 ans
de carrière…
Alors, revenons à cette reformation.
Je vous ai vus à Lille, le 14 avril date importante puisque c’était
à la maison… J’y suis allé comme fan d’abord
mais aussi avec mon regard perçant de journaliste et j’ai pu entendre
certaines rumeurs qui circulaient comme quoi il y allait y avoir des règlements
de compte, notamment avec François… Comment avez-vous vécu
cette journée ?
Hervé : Sans
se mettre la pression, c’était important pour nous. On n’habite
plus à Lille mais Le Splendid, c’est la maison-mère, là
où on a plein de super souvenirs car on a vu et fait que des bons concerts
là-bas. Il y a toujours un côté émotionnel fort quand
on joue là-bas. Ça l’a fait, on avait la banane après
le show… C’est vraiment ce jour-là qui s’est passé
quelque chose de fort sur scène avec Alex et Drakhian et depuis ce concert,
je ne sais pas si c’était la magie de Lille, jouer dans Loudblast
est vraiment mortel !
Stéph : Pour
le côté rumeurs, il ne s’est rien passé. On a croisé
Alex qui était là avec sa femme qui bossait au catering, c’était
tendu et ça a été juste bonjour / au revoir…
Hervé : Le
problème, ce n’est pas Alex. Alex, il a pris une décision,
celle de nous quitter car il en avait marre de nous attendre et je pense qu’il
a pris cette décision trop tôt et surtout, il l’avait annoncé
en interview… Après, le cas Jamin, c’est le cas Jamin ;
point barre et on n’a plus envie d’en parler. Alors, c’est
vrai qu’il y a eu des rumeurs, ça fait toujours parler et c’est
vrai qu’on était prêts à tout mais au final, et tant
mieux, il ne s’est rien passé. Même les gens qui avaient
fait circuler ces rumeurs ont discuté avec nous et ont fini dans un bar
de Lille à la fin avec nous, donc voilà… Donc, tu vois,
les rumeurs… Ceux qui ne sont pas contents, qu’ils aillent se faire
foutre ! En tout cas, Lille, c’était génial…
Stéph : Mais
toi, qu’est-ce que t’en as pensé ?
Ah, eh bien, moi, j’étais super
content, d’autant que j’ai revu plein de potes à cette occasion
! Comme je n’habite plus dans le Nord depuis 3 ans, j’étais
ravi de revoir tout le monde en une seule fois… Et on a fini aussi dans
un bar de Lille à boire des bonnes gueuzes en bonne compagnie (rires)
!
Steph : Cool ! Bon,
tu vois, là, après ce Lyon Metal Fest, on en est à 7 dates
et on est très contents ! Loudblast est redevenu ce qu’on voulait
qu’il soit… On avance crescendo, on ne tire pas de plans sur la
comète… (NDLR : à ce moment-là, Alex arrive…)
Tiens, Alex, tu tombes bien ! Alors, évidemment,
depuis tout à l’heure, Hervé et Stéph disent que
t’es un gros con et que tu fais de la merde sur scène (rires)…
Nan, mais quelles sont tes impressions depuis que tu es rentré dans le
groupe ?
Alexandre : Je ne
m’attendais pas à ce que ça soit si positif, en fait. Donc,
je suis agréablement surpris parce que ça marche comme si on se
connaissait depuis 1.000 ans. C’est une chance qu’on a tous, je
pense. Tant que ça roule comme ça, c’est cool, ça
ne peut qu’aller de mieux en mieux et on continue donc de travailler.
Quelle est ta vue de l’album à
venir ?
Alexandre : J’aimerais
bien que ça revienne à quelque chose d’assez mystique ou
un peu magique comme était Sublime Dementia, donc recréer une
atmosphère assez lourde et démente. Donner une couleur bien sombre
à l’album. Après, on verra bien où on va aller…
Stéph : Oui,
Loudblast, c’est mélodique mais y a toujours eu ce côté
macabre et malsain. On le revendique, on joue du Death Metal ! On n’est
pas là pour faire des ballades, des trucs pour nénettes pré-pubères
! On est tous d’accord en ce moment sur la couleur à donner à
cet album. Maintenant, il faut réussir à mettre tout ça
en musique et ce qui sort de nos guitares pour le moment semble aller dans ce
sens. Ceci dit, on n’est pas le genre de groupe à enregistrer tout
ce qu’on produit : on triture souvent nos idées dans des directions
différentes pour obtenir quelque chose d’efficace. On va rentrer
dans cette phase après le Hellfest, puisque nous n’aurons pas de
dates pendant 1 mois et demi après ce show… On a décidé
de ne pas faire trop de dates pour ne pas saouler les gens avec nos vieux titres
: on va donc pouvoir bien bosser sur l’album. La grosse tournée
aura lieu après avril 2011 et on ne jouera pas qu’en France, puisque
le disque va être distribué à grande échelle. On
a refusé des festivals d’été cette année pour
les faire l’an prochain car on aura un album à défendre,
c’est mieux. On pourra faire notre heure et demi de concert avec une nouvelle
set-list et montrer au gens ce que Loudblast est devenu aujourd’hui…
Y a un autre truc qui me fait vachement plaisir
aujourd’hui, c’est de vous voir sur la même affiche que Cynic…
Je t’en avais déjà parlé : lors d’une interview
faite avec Paul Masvidal il y a presque deux ans, il m’avait demandé
de vos nouvelles au tout début de notre entretien…
Steph : Ouais, c’est
trop cool ! On a revu Paul et Sein (Reinert – batterie) hier à
Toulouse et on s’est dit : « merde, ça fait combien de temps
? 15 ans ? ». On s’est tombé dans les bras et c’était
assez fort. La roue tourne, on a joué avec eux quand ils étaient
dans DEATH avec Chuck Schuldiner, époque Human, et ça fait bizarre
parce qu’eux s’étaient arrêtés aussi. On s’est
perdu de vue pendant longtemps et c’est mortel d’avoir pu se retrouver
sur la même affiche, tout comme ce soir. On s’est marrés
en se disant qu’on avait moins de cheveux et un peu plus de bide (rires)
!
Surtout toi, ah ah ah !
Steph : Ouais, on
a pris de la bouteille, c’est comme ça mais c’était
bien cool de se revoir…
Au Hellfest est prévue une séance
photos spéciale (la 2ème couv’ de ce mois-ci…) avec
d’autres groupes français qui font l’actualité. Comment
vous vous situez aujourd’hui par rapport à cette scène française
?
Steph : Sans vouloir
se la péter, on est quelque part les fondateurs de cette scène
Death / Thrash française. Faut dire ce qu’il est : Licensed To
Thrash, qu’on a fait avec Agressor, est le premier album de Metal extrême
qui soit sorti en France ! Maintenant, la scène française est
vachement diversifiée et riche, avec des groupes qui commencent à
exploser ou qui explosent déjà à l’étranger.
Nous, on a fait notre part des choses à un moment donné ; maintenant,
te dire qu’on va reprendre notre place, je n’en sais rien, c’est
trop tôt pour le dire. Mais sachez que de toute façon, on n’est
pas de retour pour sucrer des fraises !
Hervé : Ce
qui est cool, c’est qu’on croise beaucoup de groupes, j’en
croise aussi avec Black Bomb A, et tous nous respectent énormément,
même des groupes qui ne sont pas forcément proches de notre style.
Ils nous ont écoutés, ils ne nous écoutent peut-être
plus…
Stéph : …
Mais ils vont nous réécouter (rire général) !!!
Justement, comment appréhender le futur
du groupe maintenant ? Est-ce que vous vous dites la même chose qu’à
l’époque Planet Pandemonium, c’est-à-dire «
on fait un album, une tournée et on verra si on continue après
avoir vu les chiffres de vente » ou est-ce que vous vous voyez repartis
sur plusieurs disques ?
Hervé : Evidemment,
on peut toujours dire ça…
Stéph : …
Sauf qu’on est sur des perspectives plus à long terme, je pense,
notamment du fait qu’on ait ce nouveau line-up. On ne se pose même
plus ce genre de questions. On laisse les choses avancer normalement et tout
se passe comme il faut en ce moment. Je suis très confiant quant à
l’avenir de Loudblast et en ce qu’on va proposer !
Hervé : Attends,
on revient à peine, pourquoi ça devrait s’arrêter
? Merde alors (rires) ! On prend un vrai plaisir sur scène en tout cas…
Un dernier mot pour les fans ?
Steph : Oui, rendez-vous
à minuit dans l’arrière bistro de Suzy, rempli de fumée
(NDLR : private-joke pour les Lillois qui ont suivi le groupe après le
concert du 14 avril au Splendid…). Non, mais sérieusement, nous
avons encore beaucoup à dire et à proposer et vous allez à
nouveau entendre beaucoup parler de nous cette année pour nos dernières
dates et surtout l’an prochain !
Hervé : On
n’a pas fini de se revoir, mec (rires) !!
LOUDBLAST
XIII Bis Records
Site (non-officiel) : www.loudblastcircle.free.fr