OSETTA


La tête dans les étoiles...

Le très attendu A Determinism Of Morality ne décevra en rien ceux qui avaient été séduits par le génie  de Wake/Lift. La nouvelle œuvre de la bande de Philadelphie ose quelques petits changements subtils qui rendent le nouveau voyage plus unique encore. Au final, les compositions de Rosetta ont gagné en richesse, en harmonie et en relief pour nous offrir là leur album le plus abouti, soit aussi une des meilleures productions du genre. Rosetta y transcende sont post-core atmosphérique à nul autre pareil et propose une épopée dont les mots ne peuvent que partiellement décrire la beauté. Autant dire que les contacter pour voir qui se cache derrière tout ça coulait de source...

Interview parue également dans le Metal Obs' 43 de Septembre 2010

Entretien avec Dave Grossman (Basse) – Par Gilles Der Kaiser
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Que s'est-il passé avec la tournée européenne de cet été ? Vous étiez sensés venir jouer et au final, c'est aux USA que vous tournerez...
Je ne peux pas vraiment trop dévoiler de choses à ce sujet, mais c'est au-delà de notre contrôle et au final, ça c'est effondré pour une raison ou pour une autre. C'est dommage, mais on est déjà en contact avec quelques personnes pour, on l'espère, venir jouer en Europe dans l'année qui suit. On est plus ou moins déjà en train d'organiser une tournée avec un très bon groupe allemand et on espère que cette fois, ça va se faire.

Vous aviez annoncé ne plus vouloir jouer les chansons de The Galilean Satellites en live parce que vous les trouviez aujourd'hui trop simples. Comment vois-tu vos deux premiers albums ?
Je n'ai personnellement pas dit ça de The Galilean Satellites, mais je pense que comme tout autre groupe, quand tu écris de nouvelles chansons, ce sont celles-là que tu as envie de jouer. Il y en a sur notre premier album que j'ai encore envie de jouer, même s'il est vrai que pour d'autres, ce n'est pas forcément le cas. Ce n'est pas pour autant que je considère ces morceaux comme mauvais, c'est juste qu'on les a tellement joués qu’ils sont aujourd'hui moins excitants à interpréter.

The Galilean Satellites était un double album synchro et avec Wake/Lift, vous avez sorti un CD d'accompagnement électronique, The Cleansing Undertones Of Wake/Lift. Est-ce que l'idée d'une extension ou d'un supplément vous a aussi titillés pour A Determinism Of Morality ?
Oui, on en a parlé. Certains voulaient le faire. Le truc, c'est que le CD de noise The Cleansing Undertones a été composé et géré par Armine (Ndlr : le chanteur du groupe) dans son intégralité. Et il faut dire qu'il est relativement particulier à côté de Wake/Lift. Du moins la différence y est beaucoup plus frappante que pour The Galilean Satellites où nous étions tous inclus dans le processus. Pour en revenir à ta question, on n'a actuellement pas de plans quant à la sortie d'un supplément, mais on verra, peut-être que ça se fera un jour.

Vous aviez aussi dit ne plus vouloir autant jouer sur les alternances calme/violent et essayer des morceaux plus courts. C'est quelque chose qui se confirme sur l'album. Vous avez consciemment décidé de faire ça comme ça ou c'est ce qui est apparu naturellement durant la composition de l'album ?
Une bonne partie est venue naturellement. Quoique, l'envie de faire des chansons plus courtes était vraiment là, consciente. On a beaucoup joué avec des groupes du même genre de musique que nous et on se disait que l'on faisait tous de longues chansons juste pour que la chanson soit longue. On s'est donc demandé si on n'était pas aussi un peu coincé là-dedans. Le pire, c'est qu'avant d'entrer en studio, on avait l'impression que les morceaux duraient plus que ce qu'ils ne durent en réalité. Je pensais par exemple que « Blue Day For Croatia » durait plus de 10 minutes, alors qu'elle n'en fait même pas 7... On a donc pris une décision d'écrire des chansons plus courtes sans pour autant vraiment calculer la durée ; donc dans une certaine mesure, ça s'est fait naturellement.

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Votre musique semble être devenue moins “spatiale“, avec les pieds davantage posés sur Terre. Mais malgré ce changement, l'album ressemble plus que jamais à du Rosetta, alors que le côté “voyage dans l'espace“ était pourtant un des principaux fondements de votre identité. Comment s'est faite cette transition ?
Au niveau des textes en tous cas, on a gardé des thématiques liées à l'espace et à l'univers. J'ai personnellement l'impression que c'est surtout de là que vient la dimension spatiale. Et je trouve que musicalement, c'est toujours ambiant et “spatial“, sauf que les morceaux sont plus courts.

Les parties électroniques se font un peu plus discrètes. À quel moment de la composition avez-vous décidé de moins les mettre en avant ?
Je pense que si ces parties sont plus discrètes, c'est essentiellement lié au boulot qu'on a fait avec Andrew Schneider. Et c'est aussi lié à ce qu'Armine pensait vouloir rajouter aux chansons. Mais travailler avec Andrew a vraiment été comme rajouter un cinquième membre au groupe. Les prises pour la batterie, les guitares et la basse ont été enregistrées avant que l'on rajoute les parties électroniques et à ce moment, il est pas mal intervenu, rajoutant un truc par ici, en en enlevant un par là. De plus, le fait que ce ne soit pas notre guitariste, Matt, qui a fait le mix cette fois-ci, a aussi changé la donne. Andrew avait une autre opinion quant à la place que les samples devaient occuper au sein du mix.

Tu me parais très enthousiaste lorsque tu parles du travail accompli avec Andrew Schneider en studio. Pourtant, vous êtes des fervents défenseurs du DIY... Qu'est-ce qui vous a poussés à travailler avec quelqu'un d'externe ?
Je n'ai pas vraiment l'impression que ça écorche notre éthique DIY. Bien que Andrew ait des opinions et qu'il n'hésite pas à donner son avis, il ne cherche pas à imposer sa vision du projet. Il était presque comme un cinquième membre du groupe en studio. On a beaucoup parlé avec lui avant de prendre la décision d'enregistrer avec lui. Et une des principales raisons qui fait qu'on a finalement choisi de travailler ensemble est qu'il avait enregistré l'album de City Of Ships. On est très bon potes avec eux, on tourne souvent ensemble et Eric, le chanteur-guitariste, n'avait que des bonnes choses à dire à propos d'Andrew. On s'est alors rendu compte que c'est avec ce genre de personne que l'on aurait envie de travailler si l'on en venait un jour à décider de travailler avec quelqu'un d'extérieur au groupe. On avait envie de se sortir du cycle écriture-enregistrement et de se donner la possibilité d'avoir un point de vue extérieur. Si tu prends le morceau « Renew », par exemple, les cymbales de notre batteur, BJ, y occupaient beaucoup plus de place et Andrew lui a dit un truc du genre « on dirait que tu veux placer trop de mots dans une seule phrase ». Il lui a demandé d'essayer de rendre les cymbales moins omniprésentes et cette infime modification a en réalité fait une grosse différence. Ça parait presque comique d'en parler maintenant, mais si on n’avait pas eu Andrew pour nous le dire, BJ aurait juste enregistré sa partie sans forcément que l'on se pose cette question.

Parmi les autres nouveautés, il y a du chant clair sur « Release ». Comment vous est venue l'idée d'en intégrer ? En passant, c'est bien toi qui chante là, non ?
Oui, c'est moi. En fait, lorsqu'on enregistrait The Galilean Satellites, il y avait aussi un titre avec du chant clair, mais on a laissé tomber au dernier moment. On n’était pas satisfait de la manière dont ça ressortait. Pour Wake/Lift, il n'y a jamais vraiment eu quelque chose où l'on sentait le besoin d'en ajouter. Et quand on a fait la reprise de « Homesick » de The Cure pour le split avec Year Of No Light, on trouvait que ça sonnait bien. Donc pour en revenir au titre « Release », il y avait ce plan où Mike ne chantait pas et j'avais une mélodie en tête ; donc on a tenté le coup et on a trouvé que ça collait.

Quelle signification donnes-tu au titre de l'album, A Determinism Of Morality ?
Ça reprend beaucoup l'idée du déterminisme génétique. L'album aborde le questionnement sur ce qui fait que tu es toi. Est-ce la génétique ? Ou ton environnement ? Autrement dit, un peu toute cette question environnement social vs. la biologie. Je suis sûr que tu as déjà été comparé à un membre de ta famille sans pour autant que tu ne le connaisses. Ne serait-ce que pour un geste ou une mimique, par exemple.

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Et comment lies-tu cela au visuel de l'album ? Je l'ai personnellement interprété comme une sorte d'arbre de la connaissance du 21ème siècle... C'est loin de ton interprétation à toi ?
Je suis probablement la pire personne à qui poser cette question (rires). L'artwork est probablement ce dans quoi je me suis le moins impliqué personnellement. Dans une certaine mesure, c'est pareil pour les textes ; ce n'est pas moi qui les ai écrits. Donc je ne veux pas non plus trop me lancer dans des commentaires à leur sujet. On s'est retrouvé avec notre pote Mike Wohlberg (Ndlr : à ne pas confondre avec Mark Wahlberg, grand acteur d'un cinéma d'auteur poignant) et on en a un peu discuté, mais c'est surtout Matt (qui a fait des études d'art) qui s'est penché sur la chose avec lui.

Pour en revenir à la musique, j'ai porté une plus grande attention à chaque instrument, séparément cette fois.  Vous avez passé plus de temps sur le mix ?
Pas vraiment plus de temps, non, mais encore une fois, là, Andrew a vraiment fait du super boulot. Ça fait un peu gnan-gnan de le dire comme ça, mais c'est un peu sa spécialité. Il fait énormément de mix. D'ailleurs, il me semble qu'il a mixé un des albums de The Ocean...

Y en a-t-il parmi vous qui êtes dans des side-projects ?
BJ et moi essayons de monter une sorte de side-project avec Jon de Restorations et deux autres potes de Philadelphie. Beaucoup de ces choses sont à l'état d'embryon mais on a au moins l'envie de faire un truc ensemble. Sinon, on essaie aussi de monter un truc avec Eric de City Of Ships, Bret d'East Of The Wall, probablement Rob de Battlefields à la batterie, encore une fois Jon, et moi.

D'ailleurs, tu as des nouvelles sur la sortie du split avec Restorations ?
Oui, ça devrait sortir en août. Sinon, je chante aussi dans un groupe qui s'appelle Consenting Adults, une sorte de Metal technique parfois un peu dans le style de Dillinger Escape Plan. Mike Armine a son projet noise, Rise Of Because, avec un pote de Philadelphie. Matt a un groupe de gore grind (Pitchfork Colonoscopy) et voilà, je crois avoir fait le tour.


ROSETTA – A Determinism Of Morality
Translation Loss Records



Myspace : www.myspace.com/rosetta