DAGOBA

Le calme avant la tempête...


Quand on demande à un groupe étranger (scandinave ou anglo-saxon par exemple) de citer un groupe de métal français autre que les nouveaux leaders de Gojira, immédiatement et bien souvent c’est Dagoba qui en ressort ! Après Face The Colossus, un album quelque peu décevant paru en 2008, nos Marseillais se sont ressaisis et refont surface avec un quatrième opus solide, direct et inspiré. Album du mois dans le numéro d’été, nous voulions à présent tout savoir sur la genèse de ce Poseidon en compagnie de l’un de ses musiciens, le guitariste Izakar, toujours disponible pour une interview…

Interview parue également dans le Metal Obs' 42 de Sept. 2010

Entretien avec Izakar (guitares) – Par Seigneur Fred
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Comment se déroule la promotion pour ce nouvel album Poseidon tout d’abord ? On a notamment pu vous voir en off du festival Hellfest cette année pour le présenter…
La promotion se déroule vraiment très bien. Je suis satisfait du travail de notre nouveau label XIII Bis Records qui nous a organisé quelques bonnes heures d'interviews et qui annonce la sortie de manière très massive de ce nouvel album. Et c'était la première fois que je me retrouvais au Hellfest sans avoir à monter sur scène et cela m'a permis de vraiment profiter du festival parmi le public pour une fois.

Est-ce que le fait de participer deux fois à ce festival (en 2006 et 2009) a énormément apporté à Dagoba ? Si oui, en quoi ?
Jouer dans des festivals de cette taille a toujours de grosses retombées. En 2006, nous nous produisions sur ce qui était alors la Hard & Heavy Stage,  avec près de 5000 personnes et le clip live de « The Man You’re Not », qui avait été tourné ce jour-là, a été très largement diffusé ensuite sur Internet. En 2009, le festival tombait à la fin de la tournée de Face The Colossus, et y jouer fut un peu comme revoir toutes les personnes que nous avions croisées sur la route mais dans un même lieu. Le concert en lui-même fait partie de mes meilleurs souvenirs de scène, et là encore le clip de « The Crash » avec le braveheart et le circle pit fait partie de nos vidéos les plus regardées sur Internet.

Quel bilan dressez-vous de votre précédent album Face The Colossus ?
Le point positif est que cet album nous a permis de faire pour la première fois notre propre tournée française et européenne. Certains pays comme l'Allemagne ont beaucoup apprécié l'album, ce qui a ouvert de nouvelles portes au groupe. Le point négatif, c'est qu'avec un album aussi ambitieux, contenant une ballade (« The World In Between »), une chanson Rock/Metal (« Silence #3 ») et avec cette production symphonique, nous aurions mérité un gros appui médiatique avec clips et passages radio matraqués. Malheureusement, cela n'a jamais eu lieu, ne nous permettant donc pas de convaincre le public susceptible d’être intéressé par nos évolutions.

Comment avez-vous alors abordé la composition de ce quatrième album studio Poseidon ? En vous disant : « continuons ainsi notre formule de Cyber Power/Thrash Metal mais revenons aux sources avec quelque chose de plus direct et efficace, toujours en alternant chant crié/clair plus les samples et atmosphères » ?
Eh bien, ton analyse est très perspicace, sans parler véritablement de retour aux sources pour de bon ! On a juste tenté de réincorporer dans notre mélange un peu de spontanéité, plus de simplicité et d'efficacité, qui caractérisaient alors notre premier album éponyme.

 DAGOBA

Pourquoi avoir abandonné le studio Antfarm de Tue Madsen à Åarhus au Danemark, studio plutôt à la mode justement ces derniers temps en matière de gros son, pour alors enregistrer avec votre ingé-son officiel, Bruno "Brew-No" Varea, et faire mixer ce nouvel album par Dave Chang (Earthtone9, Stampin Ground, Orange Goblin) comme à vos débuts… ? Un certain retour aux sources encore ?
Oui, là encore, le choix de faire les prises séparées du mix avec Dave Chang, c'est aussi une manière de retrouver les conditions d'enregistrement des débuts. Tue Madsen est vraiment un producteur génial dont j'apprécie énormément le travail mais changer de producteur était aussi un moyen d'apporter un regard nouveau sur le groupe.

Que se cache-t-il derrière ce nom de Poseidon ? Est-ce une métaphore en lien avec le film catastrophe culte « L’Aventure du Poséidon » de Ronald Neame de 1972 ?
Ce n'est pas une référence à ce film. Le concept de l'album est assez simple : un navire  effectue un tour du globe, chaque escale correspondant à une chanson dont l'ambiance et le texte illustre le lieu où il  se trouve.

Sur What Hell Is About, il y avait l’excellent chanteur/bassiste Simen Estanaes Vortex (ex-Dimmu Borgir, Borgnagar, Arcturus…) invité sur deux morceaux et votre ingé son Brew-No sur Face The Colossus. Il n’y a pas d’invité cette fois-ci sur Poseidon… Pourquoi ? Là aussi pour revenir aux sources entre vous quatre ?
Je ne pense pas qu'il faille chercher un retour aux sources ici, nous avons toujours considéré les featurings d’invités comme optionnels. Si une chanson s'y prête, on cherche qui est la personne qu'il faut mais si le besoin ne se fait pas sentir, nous nous posons à peine la question. Ce n'est pas une nécessité sur chaque album.

Une nouvelle fois, les arrangements modernes, les parties symphoniques et les samples sont au rendez-vous mais mieux dosés que sur Face The Colossus. Et un gros effort ressort au niveau des intros et des ambiances. Comment composez-vous cela ?
Nous considérons les séquences comme un instrument du groupe, c'est Shawter qui s'occupe de les écrire mais tout le monde à son mot à dire dessus. Justement, c'est dans l'écriture que l'effort a été fait afin de faire en sorte qu'elles ne gênent pas d'autres instruments dans le mix final. Pour cet album, elles ont été écrites au fur et à mesure que nous enregistrions les pré-productions, mais souvent l'idée et l'ambiance nous sont connues dès la composition.

Franky assure encore une fois à la batterie, et la section rythmique de manière générale est très en place, très carrée. C’est lui qui apporte le plus en termes d’influences Metal (Power, Thrash, Death) ou bien l’ensemble du groupe possède-t-il les mêmes influences Metal donnant naissance à la musique de Dagoba ?
Je pense que nous savons chacun quelle influence est bonne à mettre dans Dagoba, même si en dehors, nous pouvons avoir des goûts différents, mais quand il s'agit de composer, nous savons harmoniser nos références. Le coté Power du groupe vient surtout je pense de la manière dont nous exécutons les riffs à la guitare avec la batterie, et les astuces pour les arranger. Pour moi, c'est un mix de trois influences majeures : Pantera, Machine Head et Fear Factory. Ce sont des groupes qui prédominaient la scène Power/Thrash du milieu des années 90, au moment où Dagoba se créait.

Par moment, votre musique, avec ses touches modernes et indus, me rappelle le groupe britannique Kill To This, qui a arrêté depuis et dont le leader Mark Mynett est devenu producteur et ingénieur du son en Angleterre (ainsi que membre de City Of God). Est-ce une influence parmi d’autres, par exemple ?
Bien vu, Kill To This est une grosse influence pour nous, pas mal de chansons sont parties d'une influence Kill To This (je pense à « Something Stronger » sur notre premier disque, par exemple). Nous avons fait une petite tournée avec eux avant qu'ils ne splittent. Rammstein est aussi une grosse influence. L'album Mutter revient souvent dans nos discussions lors des phases de composition. Le côté symphonique lui vient plus du choc que nous a fait Dimmu Borgir en sortant Puritanical Euphoric Misanthropia. Sinon, Shawter (chant) et moi-même partageons un certain goût pour l'electro, des groupes comme Prodigy ou Daft Punk pour ne citer que les plus connus. Shawter  rajoute aussi beaucoup d'explosions et de boums (rires) tout au long des morceaux rappelant l'époque où Fear Factory utilisait ce procédé pour grossir leur son.

 DAGOBA

Il y a un interlude oriental sur l’album (« Ha Long »). C’est en rapport avec la baie du même nom ? Il est suivi de « Shen Lung ». Avec un nom comme Dagoba, je pensais que vos références culturelles étaient plus américaines et du côté de Star Wars plutôt que dans les films asiatiques... (rires). Peux-tu nous en dire plus sur ces deux morceaux ? C’est un souvenir de tournée ou de voyage au Viet-nam peut-être ?
En effet, c'est bien de la baie d'Ha long dont il est question ici. Culturellement, l'Asie nous a toujours fascinés. L'album raconte le voyage d'un navire autour du monde, « Sheng Lung » étant tout simplement l'étape asiatique du périple.

Quels sont les projets à présent pour Dagoba d’ici la fin d’année : un nouveau clip vidéo ? Une tournée dans des petites salles/clubs en France je crois, d’abord, mais ensuite allez-vous tourner ailleurs en Europe et surtout en Amérique ? Y a-t’il un projet dans ce sens cette fois-ci ?
Nous sommes en plein tournage du clip de « Black Smokers », un deuxième devrait suivre après la sortie de l'album. Sinon, une tournée française est bien sûr prévue, une tournée européenne est aussi programmée avec notamment quelques dates avec le groupe danois Mnemic, ce qui va donner l'occasion d'avoir un plateau indus/power qui devrait ravir les fans du style. Il est aussi question de concerts en Australie et en Nouvelle-Zélande mais rien n'est encore confirmé. Nous n'avons pas encore eu l'occasion de jouer outre-Atlantique mais nous redoublons d'efforts pour trouver le moyen de jouer là-bas.

Enfin, quelques mots sur le projet parallèle Cyber Black Metal de Franky : Blazing War Machine. On t’y retrouve avec d’autres amis. Votre album éponyme semble plutôt recueillir de bonnes critiques...
Les critiques sont excellentes pour le moment ! L'album est sorti en téléchargement légal en juillet, à un mois minimum de la sortie du CD qui devrait se faire d'ici peu de temps. Et nous n'avons que de bons retours ! J'en suis très heureux car c'est de l'auto-prod à 100%. Ce n’était pas facile, j'ai dirigé les prises de son dans mon studio, c'est Brew-no qui a mixés, et nous nous sommes vraiment donnés beaucoup de mal pour obtenir un résultat aussi bon que les groupes produits actuellement.


DAGOBA – Poseidon
XIII Bis / Sony


Myspace : www.myspace.com/dagoba