I
Have Returned est le quatrième opus de la discographie d’Iron Man,
groupe atypique, totalement passionné et dévoué corps et
âmes au doom et à sa tradition. Pour « surfer » sur
le succès d’estime récolté par ce dernier album,
le label Shadow Kingdom a décidé de rééditer un
à un les trois précédents albums du groupe, ce qui a permis
aux nouveaux amateurs de se remettre à la page et aux anciens de pourvoir
enfin remettre la main sur des albums mythiques devenus introuvables. C’est
la fin de l’été (enfin, imaginez que c’est le cas
si vous êtes déjà de retour au boulot) et on a le temps,
alors prenez une bonne boisson bien fraîche et revisitons ensemble, avec
la complicité du BOSS Al Morris III himself, la drôle de carrière
d’Iron Man.
Les débuts
: 1987-1993
Pour comprendre Iron Man, la seule chose qu’il faut savoir est qu’Al
Morris a d’abord fondé le groupe comme un tribute band à
Black Sabbath, «
après avoir vu le groupe sur scène en 1985, au Live-Aid. Ils avaient
arrêté à l’époque et j’ai décidé
de fonder Iron Man pour garder leur musique en vie. On s’est éclaté
à jouer les morceaux de Sab’ à travers le pays. A New York,
certains se sont même mis à genoux et faisaient semblant de prier
à l’écoute des chansons ! À d’autres shows,
des mecs scandaient « Iron Fuckin’ Man » tout du long ! On
était si heureux de voir que les gens répondaient ainsi à
nos reprises. ». Ça en dit long effectivement sur le véritable
culte que certains vouent au Sab’ et aussi sur la qualité des prestations
scénique d’Iron Man. Car la deuxième chose à savoir
à propos d’Iron Man, c’est qu’Al Morris est un PUTAIN
de guitariste. Son jeu est d’une limpidité incroyable, et il a
une approche bluesy typique de la scène du Maryland, à laquelle
son groupe sera immédiatement affilié.
1993 - sortie de
Black Night, le premier album du groupe
« Tu sais,
j’ai dû composer mon premier morceau en 1969… Et je n’ai
jamais cessé d’écrire, même pendant les tournées
hommage à Sabbath. Parfois, j’incluais même des titres personnels
dans le show, quand j’estimais qu’ils étaient assez mûrs.
». Astucieusement, le groupe a décidé de surfer sur
son succès en tant que tribute et s’est retrouvé signé
sur LE label Doom de l’époque, Hellhound. «
On avait déjà 7 chansons de prêtes. On a composé
pendant les tournées. Après la signature, avec Rob, qui s’est
occupé des paroles alors que je fournissais les riffs, on a mis en boîte
4 nouveaux titres. Tout s’est très bien passé à l’époque
! ». Après la sortie de Black Night, le groupe a un peu
tourné aux Etats-Unis, assurant même des shows avec Pentagram et
Cathedral et les retours des fans sur Black Night ont été plus
qu’enthousiastes. Aujourd’hui, près de 20 ans plus tard,
l’album paraît un peu vieillot, notamment à cause des paroles
de Rob Levey, symptomatiques des années 90. Peu importe, il y a là
un paquet de riffs qui feraient faire dans son froc n’importe quel fan
de Doom trad’.
1994 - The Passage,
deuxième album
Très vite après la sortie de Black Night, le groupe enregistre
un nouvel album mais doit ajuster son line-up. Dan Michalak va remplacer Rob
Levey (qui a osé dire bon débarras ?) et Gary Isom va remplacer
Ronnie Kalimon au poste de batteur, ce dernier étant transféré
chez Unorthodox, qui était alors également signé sur Hellhound.
The Passage est meilleur que Black Night, incontestablement. Il est plus régulier,
plus consistant et le nouveau chanteur offre plus de possibilités. La
réédition de Shadow Kingdom (chroniquée dans ces même
pages) en atteste : cet excellent manifeste de Doom trad’ a bien vieilli,
en plus. Et quand on parle de cet album à Al Morris, on est étonné
d’apprendre que c’est le label, Hellhound, qui a commandé
le changement de chanteur ! «
En fait, on a essayé de réaliser un album plus complet que Black
Night. On a tenté des trucs, des tempos différents, des textures
nouvelles. Tout ça en essayant de rester le plus HEAVY possible. Malheureusement,
quand le label a écouté les chansons, il nous a demandé
de changer le chanteur…On a alors auditionné et on a choisi Dan.
Il a composé les paroles et on a pu enregistrer The Passage avec la bénédiction
que Hellhound. Dan est un excellent chanteur, avec sa voix, on a pu approcher
le domaine du Power Metal ». Drôle d’histoire, mais
force est de reconnaître que le label ne s’est pas planté
sur ce coup-ci… La réédition de Shadow Kingdom comporte
un DVD bonus avec 2 shows très particuliers, dont celui du Sabbathon,
sorte de messe énorme à la gloire de Black Sabbath où différents
groupes se succèdent pour jouer 2-3 titres. A l’occasion de ces
2 concerts, on peu s’apercevoir qu’Al Morris a du mal à garder
un line-up stable, capable d’assumer des tournées et des concerts
bookés au dernier moment. Les galères habituelles d’un groupe
underground quoi…
Quand
on parle de l’album The Passage à Al Morris,
on
est étonné d’apprendre que c’est le label, Hellhound,
qui
a commandité le changement de chanteur !
1999 – Generation
Void, troisième album
Si le groupe a enchaîné très vite son premier et second
album, il mettra bien plus longtemps à accoucher de ce troisième
CD. La faute évidemment à la faillite de Hellhound Records. Un
mythe s’écroule, la passion de ce label pour le Doom n’était
malheureusement pas compatible avec les demandes d’un marché du
disque où il n’y avait plus de place pour ce genre de passion fidèle
et anachronique pour le Doom. Le groupe mettra 3 ans à trouver un nouveau
label, Brainticket Records. On aura le temps de reparler de cet album
particulier car il sera aussi réédité par Shadow Kingdom.
Generation Void est considéré comme l’album le plus expérimental
du groupe et il a une place particulière dans le cœur d’Al
Morris III : «
On l’a enregistré sachant que ça allait être notre
premier CD distribué aux States, on voilait tout donner ! On a aussi
expérimenté, puisqu’il y a une power-ballad et un solo de
batterie sur ce disque, ainsi que d’autres petites nouveautés ».
Miam, vivement la réédition alors.
2009 – I Have
Returned porte bien son nom
Après Generation Void, il aura fallu 10 ans à Al Morris pour lui
accoucher d’un successeur. Le line-up est flambant neuf, le son est exceptionnel
et les compos sont remarquables. L’album récolte des chroniques
dithyrambiques et relance l’intérêt pour Iron Man qui renaît
définitivement de ses cendres. Les années d’essais et de
tentatives d’Al Morris ont donc fini par payer : «
Entre 2000 et 2005 grosso modo, il ne s’est rien passé du tout.
J’ai essayé de faire de nouvelles maquettes, mais je n’arrivais
pas à trouver un chanteur ni un line-up pour enregistrer. J’ai
donc laissé tomber. Un jour, Louis Strachan (basse) et Gus Basilika m’ont
appelé, car ils voulaient faire un nouveau groupe avec moi, j’ai
trouvé l’idée formidable ! On s’est d’ailleurs
réunis pour composer pour la première fois le 6 juin 2006 –
evil - et la chanson qu’on a écrite ce soir-là est «
Sodden With Sin » ! ». Comme quoi, les mecs aussi talentueux
qu’Al Morris ne restent pas dans l’ombre indéfiniment. Le
groupe ne tarde pas d’ailleurs à signer avec Shadow Kingdom Records
et la suite, on l’a déjà évoquée, tient en
quelques mots : I Have Returned est probablement un des meilleurs opus de Doom
sortis ces dernières années. Et les choses continuent de s’accélérer
puisque le groupe semble enfin sur les bons rails, avec des tournées
qui s’annoncent, notamment un show au festival Hammer Of Doom en Allemagne.
« Vous allez
entendre parler de nous plus souvent, on va venir tourner en Europe bientôt,
je vous l’assure ! ».
On
s’est réuni pour recomposer pour la première fois le 6
juin 2006 (6.6.6)…
Evil !!
En fait, Al Morris III est tout ce que le fan de Doom adore : il incarne la
fidélité à ses racines tout en essayant d’innover
un petit peu. C’est l’ouvrier modeste, qui ne vit que par et pour
sa passion, sans prise de tête et sans plan de carrière. C’est
le musicien surdoué qui reste dans l’ombre, loin du business et
de ses dégâts, mais qui trouve quand même le moyen d’atteindre
ses nombreux fidèles. Le mot de la fin ? Impossible de faire mieux qu’Al
lui-même, lorsqu’il répond à cette question : que
gardes-tu de ces années d’activité au sein de la scène
Doom ? «
Aucun regret, de la passion et de la joie profonde. J’ai des « fans
» partout dans le monde, c’est dingue ! J’ai la chance de
jouer la musique que j’aime et d’apprécier les réactions
des fans quand ils écoutent mes nouvelles compos. J’ai côtoyé
de superbes musiciens au fil des années et j’ai gardé des
souvenirs inoubliables ! Je voudrais d’ailleurs en profiter pour saluer
les fans français du groupe, car il y en a ! Merci du fond du cœur
pour votre soutien et votre fidélité, on se verra sur scène
en 2011, GET READY TO FEEL THE POWER ! ».
IRON MAN - The Passage
Shadow Kingdom Records