Avant
toute chose, peux-tu présenter car nous te découvrons véritablement
aujourd’hui en France ?
Salut à tout le monde !! (NDLR : s’exprimant
en français au départ) Mon nom est Mariangela Demurtas,
j’ai 28 ans et je suis l’actuelle chanteuse du groupe norvégien
de Gothic Metal Tristania.
Quel a été ton parcours musical
jusqu’à ton arrivée dans Tristania ? Dis-nous tout, on veut
tout savoir (rires) ! Tu viens de Sardaigne, je crois ?
Mon parcours musical est riche en matière de styles, mais au début
j’étais complètement dans le Blues et la Soul, et j’utilise
toujours ces sonorités dans mon travail. J’ai rejoint mon premier
groupe de Metal (Reel Fiction) quand j’avais 23 ans, et le seul vrai groupe
de Gothic Metal où j’ai été s’appelle en fait
Tristania (rires). J’ai toujours aimé interpréter, chanter,
même quand j’étais toute petite. Enfant, j’écrivais
déjà des chansons, je dansais, jouais au théâtre
et ainsi de suite… A l’âge de 25 ans, j’ai alors fini
mes études à l’université et j’ai voulu me
consacrer à une carrière musicale car j’ai toujours ressenti
cela, cette nécessité en moi de chanter. Et oui, je suis fière
d’être originaire de Sardaigne ! (rires)
Comment s’est passée la rencontre
avec Tristania suite au départ de leur chanteuse Vibeke Stene ? Tu étais
fan du groupe à la base ?
Je connaissais le groupe mais je n’étais pas une fan pure et dure
(rires), ce qui n’est pas si bizarre que ça puisqu’en général
je ne suis pas fan d’une personne ou d’un artiste mais de ce qu’il
fait. J’aime ou je n’aime pas tout simplement, soit j’aime
soit j’ignore ce que j’écoute, je crois en mon ressenti et
à mes goûts. Quand ils ont eu besoin d’une chanteuse, j’ai
pensé que l’on pouvait avoir l’opportunité de vraiment
faire quelque chose de bon ensemble dès lors que j’ai pensé
qu’ils étaient un très bon groupe avec de la personnalité.
J’ai donc envoyé une démo en 2007 et ils m’ont contactée
durant l’été, m’ont invitée pour enregistrer
ma voix sur de vieilles chansons, et alors je suis partie pour la Norvège
et le compte-à-rebours a commencé ! (rires)
En fait, la première fois que j’ai
entendu parler de toi fut lors de ton duo sur le morceau « New Messiah
» du groupe norvégien Artifact. On pouvait d’ailleurs te
voir sur le clip. Quelques mots sur cette collaboration ?
Les gars d’Artifact habitent la même ville où je résidais
au départ en Norvège, et ils m’ont demandé de les
rejoindre sur une chanson et donc sur leur vidéo. Et cela a été
pour moi une production professionnelle avec des gens sérieux, des bosseurs
; je l’ai fait et ça a été sympa.
Comment se sont passées la composition
et l’écriture de ce nouvel album Rubicon au sein du groupe ? Qui
l’a composé précisément et qui l’a produit,
Waldermar Sorychta ?
Tout le monde dans le groupe a participé au processus d’écriture,
tout le monde a apporté des idées sur le nouvel album. En accord
avec la personnalité propre à Tristania et aux sonorités
traditionnelles (claviers, arpèges, violons, chants…), nous avons
tous été très pris et concentrés sur ce nouvel album
et son thème. Et Rubicon a été produit par Ole Vistnes
(basse/chant) et Anders Høyvik Hidle (guitares/chant). Waldemar Sorychta
l’a co-produit ainsi que mixé.
As-tu personnellement participé à
l’écriture des paroles, pour tes parties par exemple ? Et que penses-tu
avoir apporté à cet album Rubicon selon toi, hormis ta belle voix
bien évidemment ? (rires)
Je me suis sentie très à l’aise lors de l’écriture
des mélodies vocales, et mes principales contributions à Rubicon
ont donc été les mélodies vocales et les arrangements vocaux
en général. Je ne me sentais pas encore suffisamment à
l’aise pour l’écriture des paroles parce que mon style était
un peu différent de l’univers de Tristania et ce qu’ils ont
l’habitude de faire. Les principaux auteurs des textes sont Østen
et Tarald. Peut-être que pour le prochain album, il y aura également
quelque chose d’entièrement écrit par mes soins, on verra
!
Pourquoi avoir choisi le nom du fleuve Rubicon
pour le titre de ce sixième album studio de Tristania ? Je présume
que c’est en référence avec ton pays d’origine ou
bien parce que c’est une entreprise risquée comme le fut l’expédition
de Jules César en dépit du Sénat, un voyage sans garantie
de retour…
Oui, c’est une référence à l’Italie bien sûr,
étant donné que je suis italienne et il y a derrière cette
référence historique aussi. Comme tu dis, ce périple historique
peut être synonyme de voyage sans retour et c’est justement le thème
central de ce nouvel album. Rubicon raconte des histoires à propos de
gens qui, au fond d’eux-mêmes, se retrouvent coincés dans
des situations extrêmes, et qui doivent dépasser les limites au
risque de ne pas pouvoir en revenir… Les paroles peuvent être reliées
à la guerre, à la mort, ou bien à d’autres sujets
encore, mais l’idée dessous est toujours ce voyage sans retour.
Sur les nouvelles compositions, il y a comme
d’habitude de nombreuses voix différentes et des chœurs.
Tu ne chantes donc pas seule, est-ce que cela a été une manière
plus progressive de t’intégrer naturellement ?
Non, nous avons simplement décidé d’avoir de nombreuses
lignes vocales mélangées entre elles, féminines ou masculines,
et ainsi cela sonne de manière originale, c’est une caractéristique
de Tristania de toute façon. C’est puissant et joli à la
fois. Tu ne vois pas tant de groupes que ça avec ce style, et en fait
nous en sommes fiers !
Comment as-tu abordé justement tes parties
de chant ? T’es-tu préparée en studio d’une certaine
façon ? As-tu ressenti une certaine pression au micro, remplaçant
désormais Vibeke Stene qui a longtemps été la voix féminine
et le visage de Tristania ?
J’étais déjà bien préparée avant d’aller
en studio. Les gars et moi avons décidé que chacun devait répéter
autant de fois que possible avant l’enregistrement studio. Par conséquent,
je l’ai donc fait, et nous avons donc évité toute perte
d’énergie, de temps, et aussi d’argent (rires) ! Et non,
pas de pression. Tout est question de responsabilités, de professionnalisme
et de confiance en soi. L’histoire de Tristania est intouchable, et je
suis à présent juste une nouvelle partie de celle-ci.
L’histoire
de Tristania est intouchable, et je suis à présent juste une
nouvelle partie de celle-ci.
Maintenant, parlons de certaines chansons figurant
sur Rubicon : quel est par exemple le sens du single intitulé «
Year Of The Rat » ? Es-tu férue d’astrologie chinoise ? (rires)
Eh bien, ça n’a pas grand chose à voir en fait avec le calendrier
ou l’astrologie chinoise à vrai dire (rires) ! La chanson traite
de la trahison et de la crainte de la vengeance, ce qui provoque souvent de
l’inquiétude, de l’anxiété chez l’être
humain.
Et « Patriot Games » et «
Vulture » qui sont deux très bonnes chansons, prenantes et mystérieuses…
?
« Patriot Games » est un mélange de fiction et de réalité,
une sorte de combinaison entre un jeu sur ordinateur et une histoire vraie.
C’est une chanson très forte, une d’ailleurs des plus Metal
sur l’album, et en fait je l’aime beaucoup à cause de son
énergie. « Vulture » parle de quelqu’un qui se bat
contre l’égoïsme et de la force rendue aveugle par l’avidité.
C’est aussi une des autres chansons les plus Metal sur ce nouvel album
et elle a un message fort. J’ai vraiment une belle vision quand j’écoute
cette chanson, cela sonne comme si de nombreux aigles ou vautours volaient dans
le ciel en faisant des cercles au-dessus d’une même proie, tout
spécialement quand les guitares ralentissent comme une sirène.
Je vois ça comme une scène dramatique, grave et pleine de désespoir…
A la fin de l’album, il y a un morceau
nommé « Illumination » qui ne figurait pas sur le précédent
album du même nom avec Vibeke Stene en 2007. Est-ce une chanson inédite
qui avait été alors écrite à l’époque
?
Cette chanson a commencé avec Einar Moen (claviers) qui en premier a
composé la chanson mais avec la contribution du reste du groupe. J’ai
fait une ligne vocale dessus à la fin, le reste est chanté par
Kjetil Nordhus dans le couplet, la partie principale est chantée par
Einar, mais Ole (basse) et Anders (guitares) nous ont aussi aidés sur
les arrangements et c’est Østen Bergøy (NDLR : ancien chanteur)
qui en avait écrit les paroles. La chanson comme elle est à présent
appartient donc à la nouvelle ère de Tristania, celle qui commence
avec moi.
Que souhaites-tu ajouter aux fans de Tristania,
aussi bien les anciens des débuts du groupe que tes nouveaux fans et
quand peut-on espérer vous voir sur scène en France ?
Nous jouerons en France bien entendu, très bientôt ! En octobre
je crois, et je n’en peux plus d’attendre de revenir voir Paris
et de rencontrer tous les fans français de Tristania, tous, quels qu’ils
soient !!! Nous sommes d’ailleurs encore en train de voir pour la playlist
que nous allons jouer pour la tournée à venir mais ce doit être
une surprise ! On se verra donc tous ici bientôt ! Merci à toi
pour cette interview et ta gentillesse. Bisous !
TRISTANIA – Rubicon
Napalm Records / Season Of Mist