Es-tu
entièrement satisfait de vos deux derniers albums Kingdom et Cataract
? A leur sortie, certains ont dit qu’ils étaient un peu moins forts
que With Triumph Comes Loss par exemple… Qu’en penses-tu ?
Eh bien, chaque album que nous avons sorti sonne différemment avec le
recul. Cependant, depuis qu’on est chez Metal Blade, il n’y a pas
un album que je trouve « faible » ou dans lequel il manque des choses.
Selon moi, le son de Kingdom était trop artificiel, trop Américain
si tu veux, mais je présume que c’est une question de goût.
Je préfère un son brut et je pense que nous l’avons obtenu
pour ce nouvel album et le précédent. Enfin, c’est toujours
une question de goût, encore une fois. Et il y a eu beaucoup de divergences
d’opinions à propos de notre dernier album éponyme. Dans
le milieu Metal, il a été bien accueilli puisqu’il contient
des morceaux plus longs, plus complexes et plus expérimentaux, mais le
public Hardcore n’a pas trop accroché.
Il y avait un CD bonus intéressant sur
l’édition limitée de Kingdom avec une pochette différente
et des morceaux live. Tu peux m’en parler ? Qui a eu l’idée
de le sortir : vous ou Metal Blade ? C’était pour lutter contre
le piratage en proposant une valeur ajoutée à l’album pour
vos fans ?
Metal Blade essaie toujours de faire quelque chose de spécial pour
les premières copies. Ils sont donc très ouverts à toutes
les suggestions pour rendre cette sortie spéciale. Avec Kingdom, nous
avons réenregistré quelques chansons du catalogue Metal Blade
et avons ajouté quelques morceaux live, plus notre reprise de «
XXX » de Nasty Savage sur le CD bonus. Avec Cataract, c’était
un CD de reprises également. On voulait rendre hommage à nos héros
et à nos influences puisque cet album est sorti pour nos dix ans d’existence.
On a aussi joué les chansons lors de notre concert pour la sortie de
l’album à l’époque. Et puis, je suppose que ces versions
peuvent être trouvées sur le Net maintenant, mais l’idée
de base, c’était que les gens achètent l’album parce
qu’il contenait quelque chose de vraiment spécial. Et nous les
avons tous vendus (rires) donc ça a marché (rires) !
Avez-vous l’intention de sortir un jour
un vrai album live (CD + DVD) avec votre label parce que vous êtes un
putain de groupe live qui détruit tout sur scène ! Sur disque,
c’est bien, en live c’est mieux !
Je suis totalement d’accord avec toi et ça serait bien de faire
un DVD live. Mais cela n’a pas été possible jusqu’à
présent, donc nous laissons cette idée dans un coin et nous verrons
quand ça se passera... Il y a quelques vidéos géniales
de nos prestations au Ieperfest 2010 sur YouTube, alors allez les voir ! On
peut même y voir notre chanteur faire un genre de « stage diving
» dans la mauvaise direction (rires). Il a été un peu sonné
pendant quelques secondes et sa tête a doublé de volume mais il
va bien (rires).
Maintenant, comment présenterais-tu
ce nouvel album, Killing The Eternal, musicalement, au public et aux fans, notamment
en comparaison avec les autres albums de votre discographie ? Toujours du Thrashcore
?
Nous voulions faire un album intense, qui s’intègre dans notre
setlist mais sans négliger nos récents développements.
C’est donc rapide et agressif, les chansons sont compactes avec ce qu’elles
avaient besoin pour être complètes selon nous, mais il y a aussi
beaucoup de variations de styles et de rapidité parmi elles. Je ne veux
vraiment pas le ranger dans une catégorie, c’est du Cataract, ni
plus ni moins !
C’est direct et très accrocheur,
comme d’habitude. Vous réussissez toujours le bon mix entre la
brutalité et un minimum de mélodie. Comment vois-tu l’évolution
de votre musique depuis vos débuts en 1998 ?
Nous sommes toujours allés de l’avant en tant que musiciens, mais
aussi en tant qu’artistes plus généralement, et si tu regardes
notre histoire, tu verras que nous avons toujours navigué entre des trucs
plus expérimentaux et des trucs plus brutaux. Le nouvel album se rattache
aux choses les plus brutales qu’on ait faites. Cataract a été
influencé par les changements de line-up. Par exemple, Tom (guitares)
nous a beaucoup apporté : il joue aussi dans le groupe de Brutal Death
Disparaged. Et nous voulions carrément faire quelque chose de différent
de Kingdom, et c’est ce qui s’est passé. Nous sommes allés
loin dans nos expérimentations dernièrement et les formats des
morceaux étaient inhabituellement longs pour nous. Pour ce nouvel album,
nous voulions donc tous faire quelque chose de plus direct, de plus intense.
Vous avez préparé l’album
durant votre dernière tournée ou bien vous avez fait un break
après l’album Cataract pour bosser à la maison, peinards
? Comment travaillez-vous ?
On écrit rarement en tournée. Bien sûr, nos guitaristes
engrangent des idées et quand ils ont une ou deux chansons de prêtes,
on commence à les répéter. Là, on a eu beaucoup
de temps. Comme on devait déménager et changer de studio, cela
nous a laissé quelques mois où nous avons dû refuser des
concerts pour nous concentrer sur l’écriture. On prend souvent
le temps de faire ça pour ne pas se retrouver à devoir faire des
concerts et enregistrer en même temps. On a tous des jobs à côté,
on utilise donc judicieusement notre temps.
Le nouveau disque s’appelle Killing The
Eternal. Quels sont les thèmes principaux des textes ?
Le thème principal, c’est « tuer l’éternel »
comme dans la promesse d’une vie éternelle ou d’une vie après
la mort véhiculée dans l’humanité par les dieux qu’elle
a elle-même créés. L’idée, c’est de tuer
l’image du paradis qui nous attend après la mort si tu te comportes
d’une certaine façon. Cette image possède beaucoup de faces
cachées… Il faut se rendre à l’évidence :
cette religion nous mènera à notre perte.
Concernant la collaboration avec Tue Madsen
au Danemark : pourquoi avoir de nouveau choisi de travailler avec lui pour Killing
The Eternal ? Peux-tu décrire une journée typique d’enregistrement
avec lui à Aårhus ?
Nous avons de nouveau choisi Tue parce que nous savons qu’il comprend
ce que nous voulons et il nous donne le son que l’on recherche. Il nous
dit aussi quand quelque chose ne va pas ou quand nous essayons de faire quelque
chose qui risque d’être bizarre. Il y a aussi une bonne connexion
entre nous donc nous savons tous comment communiquer. Nous avons commencé
par enregistrer la batterie. Ce coup-ci, il n’y avait que Greg et moi,
puis Tom et Nico nous ont rejoints quelques jours plus tard et nous sommes passés
aux guitares. Dès que notre chanteur Fedi est arrivé, encore quelques
jours après, nous avons commencé tous les vocaux. Tue est assez
strict sur les horaires de travail. Nous commencions vers 10 h et on travaillait
jusqu’à 18h environ, parfois plus, parfois moins. Toutes les discussions
portant sur la répétition de certaines parties ou le fait d’enlever
des éléments avaient déjà eu lieu en amont, ce qui
nous a permis d’aller très vite.
En
ce moment, nous avons énormément de jeunes groupes
qui arrivent avec de la musique ambitieuse et sans compromis
et cela à travers toute la Suisse.
Pensez-vous avoir trouvé le son parfait
et la solution idéale avec Tue Madsen ?
Oui. Tue nous donne le son qu’on veut et il est très ouvert à
nos suggestions. Je sais que le genre Metalcore est connu pour ses sonorités
de batterie Nintendo (rires) et l’utilisation abusive du « drums
editing » et on voulait continuer à s’éloigner de
cela le plus possible. Il a aimé l’idée donc il nous a donné
un mixage massif sans avoir recours à des samples de batterie, à
une batterie triggée, etc. Il fait partie intégrante de notre
évolution, et à voir comment les choses ont pris forme, nous avons
pris la bonne décision.
Quelques mots sur l’artwork qui est superbe
? Le type a un gros couteau dans la main, c’est une référence
à une célèbre spécialité dans votre pays
: le petit couteau suisse (rires) ?
A la base, on voulait qu’il tienne un couteau suisse de l’armée
dans la main mais ils allaient nous poursuivre en justice et nous prendre tout
notre argent (rires), alors on a décidé d’utiliser un couteau
de boucher standard (rires). La pochette n’était pas censée
être la couverture de l’album, nous avions autre chose en tête.
Mais quand Colin (de Rain Song Design) nous a fait parvenir quelques dessins
qu’il avait faits pour la pochette, celle-ci nous a vraiment impressionnés,
nous avons donc laissé tomber la pochette initiale et utilisé
celle-là à la place. C’est très subtil et effrayant.
Elle fait bien ressortir le titre. La façon dont il a conçu la
pochette correspond bien à la façon dont nous faisons notre musique.
Il utilise un vrai modèle et fait des photos, puis il le transforme en
quelque chose de totalement formidable !
Comment se portent les scènes Metal
et Hardcore en Suisse en ce moment ? Certains artistes locaux m’ont dit
par exemple qu’actuellement à Genève, la scène est
plus orientée vers le Grindcore. Et la scène Metal/Hardcore à
Zurich est totalement différente… Quelle est ta vision de la scène
nationale depuis Zurich ?
Je pense que la région francophone (l’ouest de la Suisse) a ses
propres caractéristiques mais ils ont des groupes vraiment excellents
comme Knut, Mumakil, Kruger ou encore Zatokrev de Bâle. Bien sûr,
ils n‘ont pas grand-chose en commun avec notre style mais si tu as la
chance de les voir, ils vont t’en mettre plein les yeux. Par contre, il
y a aussi des groupes comme Promethee ou Blown qui font plus de la musique pour
nos salles de bals (rires) ! En ce moment, nous avons énormément
de jeunes groupes qui arrivent avec de la musique ambitieuse et sans compromis
et cela à travers toute la Suisse.
Quels sont vos projets pour cette fin d’année
? Quand allons-nous vous voir en France ?
Le concert pour la sortie de l’album est prévu le 22 octobre, puis
nous commencerons à tourner en Europe, nous avons pas mal de shows de
prévus déjà et certains sont en France. Allez sur notre
site www.cataract.cc (et non ch !) pour voir les dates. Je crois qu’un
concert à Belfort est d’ores et déjà prévu
mais plus de shows vont venir s’ajouter car nous avons toujours des concerts
de dingues en France. Coucou à tous ceux qui nous soutiennent !
CATARACT
- Killing The Eternal
Metal Blade / Season Of Mist
Myspace : www.myspace.com/cataract