Votre
nouvel album a été présenté aux médias, juste
avant cet entretien, avec une seule écoute et nous n’aurons droit
à aucun matériel promotionnel (CD, mp3) pour découvrir
davantage ce disque. Peux-tu me dire pourquoi vous utilisez ce nouveau procédé
de communication auprès de la presse, à cause du piratage ?
Oui, bien entendu. Nous voulons protéger ce nouvel album du mieux possible.
De par mon expérience personnelle, avec ce qui s’est toujours produit
dans le passé, dès que l’on donnait un CD ou des MP3 entiers
de l’album, on le trouvait de suite sur Internet en toute illégalité.
On pense que ça casse tout, tout le mystère entourant l’album,
et c’est dommage. C’est courant auprès des professionnels
maintenant, ce n’est pas spécifique à notre groupe. Et on
essaie de lutter contre ces dérives. On a d’ailleurs sorti à
la vente le premier single « Gateways » extrait du nouvel album
et il était en toute liberté sur Internet deux heures plus tard,
tu sais. C’est donc compliqué peut-être pour la promotion
et pour toi à présent, mais c’est nécessaire.
Quel bilan dresses-tu justement de cette période
: l’album, la tournée, le DVD The Invaluable Darkness… ?
On a pour habitude de ne publier que des choses dont on est satisfait en général.
Nous avons à présent un large catalogue avec nos différents
albums, on est fiers de tout ça : CD, DVD, singles, etc. Mais le nouveau
disque est différent car on voulait explorer de nouveaux territoires
et ne pas avoir peur d’évoluer et d’essayer. On est satisfait
d’In Sorte Diaboli et de la transition avec ce nouvel album. C’est
différent mais il y a toujours les éléments caractéristiques
de Dimmu Borgir, mais avec une plus grosse production cette fois.
Te souviens-tu de votre show donné à
Paris pour In Sorte DIaboli en 2007 avec Amon Amarth ? C’était
à l’Elysée-Montmartre, il faisait chaud et tu étais
malade je crois…
Oui, tu sais, en tant que chanteur et frontman, tu utilises plus de capacité
que les autres musiciens dans le groupe, excepté le batteur bien sûr.
Tu peux être plus facilement malade en tournée avec les microbes,
les virus, etc. et cela peut affecter tes cordes vocales. Et étant malade,
fiévreux en tournée, on n’est pas à cent pour cent
en forme sur scène. Malheureusement ça arrive parfois, surtout
aux chanteurs.
Et pourtant vous auriez pu annuler mais vous
ne l’avez pas fait, ce qui est honorable envers les fans !
Oui, c’est vrai, on a joué et bien sûr le spectacle doit
toujours continuer, the show must go on (rires) ! Tu essaies de faire du mieux
possible et parfois, quand tu es bien malade, c’est très difficile
de jouer le soir, notamment pour moi car j’aime être à cent
pour cent quand je suis sur scène.
Par conséquent, il n’y a pas eu
de petite fête de la bière avec Amon Amarth ce soir-là,
je présume (rires) ?
Non, en effet, pas à Paris (rires). Mais on est aussi là pour
faire un travail, on est bien entouré, et chaque soir on joue dans une
ville différente en tournée. On ne peut donc pas toujours faire
la fête car on doit rejouer le lendemain. On fait plus la bringue quand
on a des jours off. Donc en général, on boit davantage d’eau
et on fait attention à notre santé (rires).
Qui était votre batteur d’ailleurs
sur cette date ? Tony Laureano ? Hellhammer ?
Euh, oui, là c’était Tony. C’est vrai qu’il
y a eu pas mal de changements à cette période-là…
On a recours à différents musiciens à présent.
A ce propos, quel est le line-up officiel de
Dimmu Borgir aujourd’hui, en studio et en live ?
Je préfère que les gens se concentrent davantage sur la musique
que l’on fait et non sur les membres qui vont et viennent. Le noyau du
groupe est constitué de moi-même au chant, Silenoz (guitares) et
Galder (guitares). Le public doit se focaliser sur le trio, c’est nous
qui avons conçu le nouvel album. Et on a pris bien sûr différents
musiciens de sessions dont un orchestre. Et en live, ça peut varier selon
les emplois du temps de chacun. On avait pris par exemple sur les trois dernières
tournées Daray, anciennement de Vader à la batterie. Sur le reste
du groupe, je préfère conserver ça secret. Cela a peu d’importance
et sera dévoilé en temps voulu…
Le
titre Abrahadabra représente bien, selon moi,
une nouvelle ère pour Dimmu Borgir :
du sang neuf, une certaine renaissance, la réincarnation.
Alors comment avez-vous préparé,
écrit et composé tous les trois ce nouvel album Abrahadabra ?
Je suis très satisfait de la manière dont ça s’est
passé car on était moins nombreux à participer, il y avait
moins d’emmerdements que d’habitude. On a vraiment pris du bon temps
à concevoir ce disque. On a commencé la pré-production
à la maison, dans mon home studio. C’est là que les structures
des morceaux ont été créées. La pré-production
terminée, on a enregistré la batterie avec Daniel Bergstrand qui
a l’habitude de cet instrument en tant qu’ingénieur du son
en studio pour de nombreux groupes. Il a de bonnes connaissances en la matière
et on voulait un son plus organique, plus acoustique par rapport à avant.
C’était la personne idéale pour ça. Là, on
a enregistré aussi les chants. Ensuite, les parties de guitares ont été
prises dans différents studios à Oslo en Norvège. Et on
a finalisé tout ça chez Andy Sneap en Angleterre. C’était
la première fois que l’on travaillait avec lui. Puis les paroles,
qui ont été écrites principalement par Silenoz, ont encore
évolué. On les a terminées ensuite ensemble. Je me suis
plus concentré sur la création musicale de mon côté.
Pourquoi un tel nom d’album pour ce nouveau
disque : Abrahadabra ? C’est la formule magique, c’est ça
?
Oui, c’est bien ça. Selon moi, cela représente bien notre
transition avec un sang neuf, revigoré, vers une nouvelle ère
pour Dimmu Borgir. Avec cette formule magique, les paroles se transforment directement
en des choses, tes paroles deviennent des actes et cela correspond exactement
à ce que l’on voulait faire ces derniers temps ensemble. Le processus
a eu lieu, avec ses bons et ses mauvais côtés, et ce disque en
est le résultat, la preuve. Il est donc lié à ça
mais ce n’est pas vraiment un concept album contrairement à In
Sorte Diaboli. Il y a aussi des références aux écrits d’Aleister
Crowley et bien d’autres choses encore... Mais le titre Abrahadabra représente
bien selon moi une nouvelle ère pour Dimmu Borgir : du sang neuf, une
certaine renaissance, la réincarnation. On voulait dépasser nos
limites, sans aucune barrière.
Je viens donc juste d’écouter
ce nouvel album et à chaud : je l’ai trouvé expérimental,
ambitieux, complexe et très symphonique, encore plus que Puritanical
Euphoric Misanthropia… Vous avez d’ailleurs eu recours à
l’orchestre de la radio norvégienne, le KORK. Comment le décrirais-tu
personnellement ?
Eh bien, il n’y a pas vraiment de lien avec Puritanical… si ce
n’est que nous avons utilisé un orchestre principalement, c’est
tout. Il n’y a pas de connexion directe. Abrahadabra est davantage un
pas de plus en avant pour le groupe, musicalement plus dans la veine de Death
Cult Armageddon que de Puritanical... On est allé encore plus loin, on
n’a pas eu peur d’intégrer de nouvelles choses, d’expérimenter
car on ne veut pas se répéter en tant qu’artistes. C’est
donc différent mais avec les éléments propres à
Dimmu Borgir. Il y a du vieux et du neuf et c’est un mélange intéressant,
je pense.
Doit-on encore considérer votre musique
comme du Black Metal si l’on écoute uniquement les instruments
?
Euh, selon moi, je n’ai pas à cataloguer notre musique ainsi. C’est
aux auditeurs et aux journalistes de le faire. Que ce soit encore du Black Metal
ou non, pour moi, ce n’est pas important. En tant compositeur, musicien
et chanteur, je crée avant tout de la musique. Bien sûr, on est
issu de la scène Black Metal et on garde encore des traditions provenant
de ce milieu. En même temps, j’ai envie de me dire que l’on
a peut-être créé quelque chose de nouveau. On est plus qu’un
simple groupe de Black Metal. Et écouter l’album sans les chants,
uniquement les instruments, je veux dire… euh, ça serait différent
(rires).
Vous avez travaillé avec le compositeur
Gaute Storaas et l’orchestre donc ainsi qu’une chorale. Qui est
cet homme et comment se passe une telle collaboration car jamais on ne verrait
ça en France ?
On avait commencé à travailler avec lui la première fois
à partir de l’album Puritanical... Il avait réalisé
toutes les orchestrations dessus, puis celles de Death Cult Armageddon. En studio,
ça se passe bien. Pour eux, c’est assez inhabituel, et tout le
monde essaie d’être le plus consciencieux possible. A la fin, les
musiciens sont venus nous remercier tellement ils étaient ravis. Et Gaute
est un ami à nous, on le connaît bien à présent.
Il est très professionnel, en plus il aime notre musique (rires). On
a donc recours à ses services, de plus en plus, à chaque fois
à un niveau supérieur. Il vient de la musique classique et il
a enregistré plusieurs musiques de films.
Justement, as-tu pour projet avec Dimmu Borgir
de faire un jour la musique d’un film, car vous le pourriez aisément
?
Je pense que ce serait une belle expérience ! Nous aimerions bien un
jour mais nous n’avons pas d’offre de ce type pour le moment. On
avait déjà participé plus ou moins à la musique
d’un film, indirectement, avec le trailer du premier film Hellboy de Guillermo
del Toro. C’était le titre « Progenies Of The Great Apocalypse
» qui avait été utilisé mais on ne l’avait
pas conçu pour à la base. On a aussi fait des petites choses pour
des musiques de jeux vidéo sur Playstation.
DIMMU
BORGIR - Abrahadabra
Nuclear Blast / Pias
Site : www.dimmu-borgir.com
Myspace : www.myspace.com/dimmuborgir