Interview HELLYEAH Oct. 2010

Alors Vinnie, comment se déroule le Rockstar Uproar tour jusqu’ici (NDLR : tournée itinérante US avec Disturbed, Avenged Sevenfold, Stone Sour, Halestorm, Hellyeah, Airbourne… du 17 août au 4 octobre) ?
Oh, super bien, man ! La plupart des groupes ont un tout nouvel album à défendre. Tout le monde s’entend à merveille, on se fait même des barbecues ensemble. On met un point d’honneur à botter le cul du public partout où on passe.

L’ensemble du groupe est crédité pour les titres de Stampede. Dis m’en un peu plus sur le processus d’écriture.
On a procédé pratiquement de la même manière que pour le premier album. On enregistre toutes les idées au fur et à mesure qu’elles viennent, histoire de bien capter l’énergie et le feeling de l’instant. On n’enregistre plus en studio comme du temps de Pantera : j’ai aménagé ma maison en véritable home-studio avec la batterie dans une grande pièce très éclairée du rez-de-chaussée, à l’acoustique impeccable. Les amplis de guitare sont installés à l’étage dans l’espace détente, et le matériel d’enregistrement dans ma chambre. Tout le monde a des moniteurs pour voir qui fait quoi et ça roule comme ça : la magie opère. Chaque chanson naît d’un riff de guitare : je viens me greffer dessus et on finit par jammer à cinq.

Une fois de plus, tu as produit l’album avec Sterling Winfield. Vous formez une belle équipe, depuis le temps.
Tu parles, on collabore depuis Far Beyond Driven ! Pour faire un parallèle avec la peinture, je te dirais que si nous voulions réaliser une toile, il serait l’outil indispensable : le pinceau. Sterling nous est d’une grande utilité, c’est pratiquement le 6ème membre du groupe. Même s’il n’intervient pas au cours de la phase d’écriture, il est vraiment très doué pour capter l’instant présent et enregistrer conformément à nos attentes.

Stampede couvre de nombreux genres musicaux, et notamment le Rock sudiste. Cela fait partie de ta culture musicale ?
Well, tu sais, je suis un gars du Texas : j’ai toujours été influencé par Lynyrd Skynyrd, ZZ Top et ce genre de groupe. Tu peux retrouver des influences sudistes chez Pantera sur un titre comme « Cowboys From Hell », plutôt direct dans le genre. On va continuer sur cette lancée avec le groupe, car les fans n’ont plus trop accès à cette musique de nos jours. On tâche de remplir un vide.

C’est Dave Gryder (Blood Of The Sun) qui assure les parties de claviers sur « Better Man ». Comment l’as-tu rencontré ?
Lorsqu’on a terminé cette chanson, on s’est aperçu qu’il fallait rajouter une touche de finition. J’ai donc pensé à de l’orgue, un peu à la manière du « Free Bird » de Lynyrd Skynyrd. Dave Gryder est un excellent musicien de studio qui est dans le métier depuis très longtemps. Il est venu enregistrer ses parties en seulement 2 ou 3 prises, et le résultat est d’enfer.

Parle-moi un peu des lyrics. « Pole Rider » est une chanson sur les strip-teaseuses, par exemple…
Les chansons traitent de la vie de tous les jours. Les textes sont de Chad (NDLR : Gray) : ils décrivent ce qu’il a lui-même vécu de la manière la plus simple et directe possible… tout le monde peut s’y retrouver. « Pole Rider » parle effectivement d’une strip-teaseuse qui fait ce job toute la journée, « Better Man » traite de son adolescence et de ses relations avec son père, « Cowboy Way » caractérise l’attitude du groupe, etc.

On met un point d’honneur à botter le cul du public partout où on passe.

De nombreux internautes n’ont pas manqué de critiquer le clip de « Hell Of A Time », assimilant le groupe et son entourage à une bande de ploucs. Comment réagis-tu ?
Tout le monde ne pense pas ça, heureusement. On a fait notre truc comme on le sentait, maintenant si ça ne plaît pas à certains, qu’ils aillent se faire voir ailleurs.

Peux-tu revenir sur les raisons du départ du bassiste Jerry Montano ?
Il nous a posé de gros problèmes (NDLR : il en est venu aux mains avec Tom Maxwell et a menacé de tirer sur le reste du groupe) et il a fallu qu’on s’en sépare avant que ça dégénère. On a recruté Bob Kakaha de Damageplan, un excellent bassiste qui a su rapidement s’intégrer.

Que penses-tu de Mudvayne (le groupe du chanteur Chad Gray et du guitariste Greg Tribbett) et Nothingface (le groupe du guitariste Tom Maxwell) ?
Oh, les deux sont très bons. Nothingface a tourné plusieurs fois avec Pantera : ils assurent et j’ai toujours apprécié le jeu de guitare de Tom. On avait essayé de monter une tournée avec Mudvayne du temps de Pantera car Dimebag en était fan, mais ça ne s’est malheureusement pas fait.

Attardons-nous sur ton propre label, Big Vin Records. Peux-tu nous parler de Seventh Void et du Chinaman, histoire de les promouvoir ?
J’ai créé ce label peu après la disparition de mon frère. Ça m’a pris du temps pour refaire surface, mais je voulais vraiment sortir Rebel Meets Rebel, l’album que Dimebag, Rex et moi-même avions enregistré avec David Allan Coe. Ce mélange de Country et de Metal n’avait jamais été tenté auparavant. Comme les labels que j’ai démarchés ne savaient pas comment gérer ce disque, j’ai finalement décidé de créer Big Vin Records ! L’album s’est déjà vendu à plus de 120 000 exemplaires et je continue sur ma lancée avec le DVD Dimevision vol. 1. Je m’occupe aussi de ce groupe, Seventh Void, composé notamment de Johnny Kelly et Kenny Hickey de Type O Negative. A mon niveau, je suis bien content que leur album puisse sortir en Europe, tu as d’ailleurs peut-être pu le voir dans les bacs. Et enfin, il y a le DVD de Mark Britten, le comédien connu pour son personnage de Chinaman (NDLR : au look pompé sur celui de Vinnie). Pour l’instant, l’activité est un peu en stand-by car je me focalise sur la tournée de Hellyeah, mais d’ici un an et demi, il n’est pas impossible que je signe un nouveau groupe.

Quand comptes-tu sortir le volume 2 de Dimevision ?
Courant 2011… on y travaille, même si je ne peux pas encore te donner de date précise. Bobby Tongs, qui a produit le premier volet, est en train de compiler près de 3 heures de morceaux préférés de mon frère. Dire qu’il avait de quoi sortir une bonne dizaine d’albums !

Tu es actuellement endorsé par Ddrums. En quoi ton nouveau modèle signature de caisse claire est-il différent de celui que Pearl a sorti il y a quelques années ?
Il y a de nombreuses différences, que ce soit au niveau du look, de l’accastillage, etc. Le nouveau son est excellent, j’en suis très satisfait. Ça fait longtemps que Ddrums voulait collaborer avec moi. Chez eux, j’ai non seulement mes deux propres modèles de caisse claire, mais aussi des toms, des pieds et des pédales réalisés selon mes spécifications. C’est une manière pour moi de dépasser mon simple rôle de batteur : je m’implique dans les activités connexes à mon métier.

Cowboys From Hell est récemment ressorti en digipack de luxe 3 CD. Je suppose que tu as eu ton mot à dire sur la sélection des titres inédits…
Tout à fait, j’ai suivi le projet de près. Il y a un gros livret illustré avec des anecdotes incroyables de gars qui étaient à nos côtés depuis le début, de nombreuses démos et jams puisqu’on enregistrait beaucoup en studio, un titre totalement inédit qui n’avait pas été retenu à l’époque, et enfin du live. Au final, c’est un bel objet, et les fans qui nous suivent depuis longtemps et qui collectionnent tout sur le groupe nous ont fait savoir qu’ils l’appréciaient.

A-t-on une chance de revoir aussi réédités les quatre premiers albums de Pantera ?
Non, je ne pense pas. De tout façon, ils ont été piratés un nombre incalculable de fois. On s’est tellement investi en 1994 pour forger le son de Pantera tel que tout le monde le connaît aujourd’hui qu’il vaut mieux laisser ces albums là où ils sont. Je ne vois pas l’intérêt d’aller les déterrer.

Toute collaboration avec Phil Anselmo est encore exclue à ce jour ?
Oui !

On sait que Peter Criss a été une grosse influence pour toi. Quels sont les cinq albums qui t’ont façonné en tant que musicien ?
Alive de Kiss, qui m’a bien sûr donné envie de jouer de la batterie, I et II de Van Halen, ainsi que Blizzard Of Oz d’Ozzy Osbourne, qui m’ont foutu une bonne claque, et enfin Screaming For Vengeance de Judas Priest, l’un des plus grands disques de Metal de tous les temps.

On se voit bientôt en France ?
Oui, en novembre à Paris. Salut à tous les fans !

HELLYEAH - Stampede
Epic

Site : www.hellyeahband.com

Myspace : www.myspace.com/hellyeah

Southern comfort... Ce n’est un secret pour personne, Hellyeah est la principale raison du retour de Vinnie Paul sur le devant de la scène depuis l’assassinat de son guitariste de frère Dimebag Darrell en 2004. Véritable supergroupe réunissant d’éminents membres de Mudvayne, Nothingface et Damageplan, le quintet ne se la raconte pas pour autant et délivre un Metal simple et direct, que ce soit au niveau des paroles ou de la musique. Trois ans après l’album éponyme, Stampede enfonce le clou et laisse encore plus entrevoir un côté sudiste, limite redneck si l’on en croit les mauvaises langues. Mais Vinnie le Texan n’en a cure, et préfère nous faire partager son enthousiasme du moment, avec quelques clins d’œil à ses années Pantera. Interview également parue dans le Metal Obs' 43 d'octobre 2010
Entretien avec Vinnie Paul (batterie) - Par Jean-Christophe Baugé
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