MELECHESH

Genèse d’un nouveau chef-d’œuvre...


Melechesh… Si vous avez bien suivi le magazine et notre site Noiseweb depuis plusieurs années, vous vous êtes rendus compte que nous entretenions des rapports privilégiés avec les membres du groupe, devenus au fil du temps des amis... Il était donc inconcevable que nous ne mettions pas en lumière ce mois-ci cette fantastique formation sur notre couv’ d'octobre 2010 du Metal Obs' alors que sort son nouvel album, The Epigenesis, un album qui risque de déstabiliser un peu les fans qui s’attendaient à un Emissaries Pt2… Mais croyez-nous sur parole, après quelques écoutes, vous tomberez sous le charme une fois de plus. Ashmedi a bien voulu nous en dire plus. Version complète en exclusivité pour Noiseweb d’un long entretien…

Interview également parue dans le Metal Obs' 43 d'octobre 2010
(en version éditée)

 Entretien avec Ashmedi (guitares, vocals) – Par Will Of Death
Rechercher : dans l'interview
Avant de parler du nouvel album, j’aimerais que l’on revienne un peu sur les colonnes autobiographiques que tu as publiées (NDLR : en français, par nous, en exclusivité mondiale sur notre site Noiseweb.... ici : Colonne biographique d'Ashmedi)… Pourquoi as-tu ressenti le besoin de dévoiler autant de choses sur ton passé à un moment donné et est-ce que ça t’a aidé à remettre de l’ordre dans le chaos de ton esprit ?
Ce n’était pas mon idée au départ mais celle d’un journaliste allemand. Au départ, je n’étais pas très chaud pour révéler tant de choses mais après réflexion, je me suis dit « qu’ai-je à perdre » ? Il y avait tant de fausses informations qui circulaient à mon propos ! Finalement, ça s’est avéré être une bonne thérapie de coucher tout ça sur papier, même s’il fut bizarre de reparler de certaines choses. Maintenant, certaines vérités sont rétablies mais mon but n’était pas présenter les choses de manière trop sérieuse, histoire de garder un côté divertissant à la lecture.

Quels ont été les retours, justement ?
Le truc sympa, c’est que ça a été traduit en plusieurs langues et les réactions ont été très positives ! Aux USA, surtout, les retours ont été énormes. Dans le Metal, les fans aiment la musique, les CD’s, les artworks mais ils ne savent pas trop qui se cache derrière tout ça. Maintenant, ils nous connaissent mieux et se sont rendus compte que nous étions vraiment cinglés (rires) !

Oui, je discutais avec Moloch la semaine dernière sur Facebook et lui disais : « merde, les mecs, vous avez déjà tous vécu au moins 10 vies ! »… Votre parcours est incroyable !
Oui, c’est exactement ça ! Je pense que notre histoire est hors du commun et je ne suis pas étonné que pas mal de gens aient trouvé ça intéressant à lire. Tout le monde devrait faire cet exercice un jour… J’ai même rencontré des gens qui me disent avoir vécu (ou vivent encore) dans des endroits que j’ai décrits dans les colonnes, c’est cool… Ma vie ne s’est pas tracée sur une ligne droite ; c’est un véritable zigzag…

 MELECHESH

Première question évidente… Comment te sens-tu à quelques semaines de la sortie du nouvel album ?
Nerveux et libéré en même temps car les choses ne sont plus entre mes mains. Ça fait longtemps que j’ai commencé à travailler sur cet album, ce fut une tache difficile car j’avais beaucoup d’attentes, surtout ne pas répéter ce que j’avais déjà fait. Je voulais aussi que cet album plaise au label afin qu’il le pousse à fond, c’était important. Maintenant, cet album va appartenir à tout le monde et on va voir ce que ça va donner…

Au fait, comment Rahm (basse) a-t-il accueilli le fait de devenir un membre permanent de Melechesh et que penses-tu de son implication dans le groupe depuis ?
Il est très heureux de faire partie du groupe officiellement et il apprécie les voyages, ce qui était très important à mes yeux. La musique qu’on lui propose le comble en tant que musicien, il ne s’ennuie pas. C’est un bon gars en plus : sur la route, il sait installer une bonne atmosphère. Le truc, c’est qu’aujourd’hui, je ne recherche plus forcément un super technicien : je préfère de loin avoir quelqu’un qui n’a pas de problèmes personnels et qui n’est pas arrogant. Le Metal est plein de ce genre de types et je ne voulais pas d’un trou-du-cul ! Rahm est tout le contraire de ça, donc c’est parfait ! 

Emissaries a été unanimement salué par la critique et les fans… Beaucoup de gens se sont demandés si vous alliez être capables de faire mieux. As-tu ressenti cette pression au moment de composer le nouvel album ?
Oh oui ! Surtout que quand on a fait Emissaries, on ne s’attendait pas à de telles réactions. Là, je savais que j’allais être attendu au tournant et j’en ai chié… Maintenant, composer pour Melechesh est naturel, c’est mon travail mais il n’était pas question de faire un Emissaries 2. Je suis très heureux du résultat car pour moi, cet album est le disque idéal de Rock Metal… Il contient toutes les atmosphères et vibrations que j’adore et il est plus accessible qu’Emissaries. Certains titres ne contiennent que deux ou trois riffs qu’on a faits tourner, sans se poser de questions…

Quand est sorti Emissaries, t’attendais-tu à ce que cet album fasse autant pour la carrière de Melechesh ?
Non, pas du tout ! Tu sais comme moi quelles ont été les difficultés à bien faire mixer ce disque et ça m’avait vraiment tué. Je ne savais vraiment pas ce que ça allait donner car j’étais trop impliqué nerveusement. Petit à petit, les chroniques sont tombées et les retours sont devenus énormes. Je sais maintenant que cet album est intemporel et j’espère donc qu’il en sera de même pour le nouveau car c’est un véritable album de Metal, pas un truc en plastique commercial ! Ce nouvel album, c’est vraiment nous.

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Je suppose que tu as dû bien cogiter pour savoir quelle direction, quelle coloration, donner au nouvel album… Quelles sont les choses que tu voulais voir apparaître dessus et celles que tu voulais absolument éviter ?
Je voulais surtout éviter les clichés, les répétitions et les gimmicks bien niais… Mon but était de faire un album qui marquerait notre carrière comme a pu l’être Painkiller pour Judas Priest ou Reign In Blood pour Slayer. C’était mon premier objectif. Le suivant était de prendre du plaisir à le composer et à le jouer. Le troisième était que la musique coule d’elle-même, que ça soit plus Rock. Tous les bons albums de Metal ont une connotation Rock. Je voulais aussi qu’il soit magique et mystique. Cet album est aussi très technique à jouer, mais pas technique dans le sens où on peut l’entendre habituellement car nous ne sommes pas des shredders. Ici, la technique est au service des chansons, pour que les choses restent accessibles et qu’il y ait de nombreuses atmosphères. Je suis resté souple au niveau de la composition, ne me refusant aucun passage même si le résultat n’est pas ce que les gens attendent de nous…

Venons-en au titre de l’album, The Epigenesis… Qu’est-ce que ça veut dire dans ton esprit ?
Il y a plusieurs sens. Le premier est que certaines choses semblent être écrites à l’avance et doivent se produire. Peu importe la manière dont ça se fait, les choses se produisent. Mais je dirais que le sens le plus important concerne l’illumination spirituelle à son plus haut niveau, le top… D’un point de vue spirituel, quand tu atteins ce niveau, tu te sens parfaitement bien, en accord avec toi-même et ton environnement. Ça correspond assez bien à ce que je ressens aujourd’hui. 

L’artwork vient d’être dévoilé et est une nouvelle fois très riche. Tu peux nous en parler, car il semble y avoir pas mal de symboles dessus et comme je ne suis pas sumérien, je n’ai pas tout compris !
Nous voulions continuer dans notre concept de la dualité entre l’ordre et le chaos et nous voulions une illustration qui représente les paroles. Tu retrouves donc l’arbre de vie sumérien, à savoir cette espèce de molécule, tu retrouves aussi un pilier qui maintient le tout (en adéquation avec le titre « Mystics Of The Pillar ») et d’autres éléments mésopotamiens évidemment. Il n’y a rien de cliché sur cette illustration, rien qui ne soit étranger au monde de Melechesh… 

Je sais que Moloch est venu plusieurs fois des USA chez toi à Amsterdam pour travailler sur l’album. En quoi sa présence a-t-elle été importante ?
Tu sais, j’ai composé 60% de l’album seul et le reste l’a été avec Moloch. Il délivre toujours d’excellents riffs et il y a une vraie alchimie qui s’installe entre nous quand on bosse ensemble. C’est comme un cercle d’inspiration. Quand il vient chez moi, on ne s’occupe plus de l’heure et on voyage spirituellement. On ne fait pas que jouer de la guitare : des choses se créent en marchant, en parlant de tout et de rien, ou même quand on est au restau… On est des super potes et il me comprend mieux que quiconque d’un point de vue musical, me respecte énormément et il en est de même pour moi.

Quand tu composes, as-tu déjà les paroles ou les thèmes des chansons en tête ou laisses-tu couler les riffs pour n’ajouter les paroles qu’à la fin ?
Ça dépend… Pour le titre « The Epigenesis », nous avions une idée de lyrics en tête mais finalement, nous avons composé les riffs puis j’ai écrit les derniers textes juste avant d’entrer en studio. Mais la plupart, du temps, tout démarre d’un riff de guitare. Les paroles complètent en général la musique.

L’univers de Melechesh est très complexe, aussi parce que tu es un personnage complexe… lol… Est-ce que certaines paroles te sont très personnelles ?
En fait, tous les titres sont spéciaux à mes yeux et ont un caractère personnel, que ce soit philosophique ou mystique. De plus, les paroles contiennent souvent des messages subliminaux et peuvent être interprétés de différentes manières.

Emissaries peut être considéré comme le top du Metal mésopotamien,
The Epigenesis représente quant à lui le top de Melechesh !

Venons-en au contenu et je vais te donner mon avis sur ce que je ressens à l’écoute de l’album… Primo, il est différent d’Emissaries dans le sens où il est peut-être un peu moins brutal, un peu moins fou et on met plus de temps à rentrer dedans, car il est plus basé sur des ambiances et il y a plein de petits détails qu’on découvre au fil des écoutes. Secundo, on a vraiment l’impression que vous n’avez pas cherché à refaire un « Rebirth… Pt 2 » ou un « Ladders… Pt2 ». Tertio, je dirais qu’il y a moins de tension générale dans l’album, dans le sens où j’ai l’impression que vous avez été cette fois très sereins en studio et que vous êtes parvenus à faire exactement ce que vous vouliez faire avec cet album… Qu’en penses-tu, es-tu d’accord avec cette analyse ?
On voit que tu nous connais bien car je suis entièrement d’accord avec tout ça ! Il y a toujours de la tension, mais c’était une tension positive et j’ai connu la meilleure expérience studio de ma vie ! Ca a été long, plus de 2 mois de travail, 16 heures par jour. Emissaries peut être considéré comme le top du Metal mésopotamien, The Epigenesis représente quant à lui le top de Melechesh ! Tout y est : les passages orientaux, les riffs Black Metal et Heavy, mais je pense que les gens auront du mal à comparer les deux albums. Ce sont deux mondes différents, tout en étant du pur Melechesh.

Dans les colonnes biographiques, tu as souvent évoqué Istanbul pour des raisons qui te sont propres (ta grand-mère y a vécu, ta petite amie y habite…) et depuis plus d’un an, tu passes pas mal de temps là-bas. En quoi cette ville, ce pays, a-t-il pu avoir une influence sur toi ?
Je n’aurais jamais pensé un jour enregistrer ici mais il y a un peu plus d’un an, je suis venu à Istanbul juste pour voir, pour simplement voyager et j’ai découvert une ville fantastique. C’est une vieille ville où les traditions orientales et occidentales s’entrechoquent depuis plus de 10 siècles et contrairement à ce qu’on pourrait croire, les gens sont très libres de pensée ici. Un des plus grands musiciens turcs des 60 / 70’s, un des pionniers du Rock oriental, joue sur notre album des instruments traditionnels. Le centre-ville est très Rock n’ roll ! Il y a une trentaine de bars Rock, 4 bars Metal, une trentaine de magasins où tu peux trouver des t-shirts Metal et le studio se trouve au centre de tout ça. Ce n’est pas la ville en elle-même qui nous a inspirés mais plus l’utilisation qu’on pouvait faire des instruments traditionnels… Je ne regrette pas d’être venu ici car le son de l’album est très bon.   

 MELECHESH

Dans l’album, il y a de superbes passages orientaux, avec en plus un son parfait… C’est vous qui les avez tous composés et joués ?
Non, pas tout. Les passages acoustiques ont été composés par Moloch et moi ; Moloch s’est pointé avec une guitare qui produit des sons indiens par exemple (qu’on entend sur « When Halos Of Candles Collide »), a joué certaines parties de « The Greater Chain Of Being », le reste a été fait par moi sur une guitare-cithare et des musiciens turcs. 

Tu as évoqué il y a quelques mois l’utilisation de guitares 12 cordes spéciales pour l’album… Tu peux nous en parler, sur quels titres ?
Sur “Mystics Of The Pillar”, “The Epigenesis” et “Negative Theology”, qui sont exclusivement joués avec ces guitares. L’intérêt est de pouvoir ajouter sur chaque note une harmonie supplémentaire et ça colore vraiment la musique. C’est cool aussi pour nous de pouvoir jouer de tous ces instruments différents sur un même album ! On s’en resservira à l’avenir, c’est certain.

On ne connaît pas Reuben de Lautour et Pieter Snapper ici… Tu peux nous dire pourquoi tu as fait appel à eux pour le son et nous dire ce que tu penses du résultat final ?
On avait plusieurs noms en tête, dont celui de Reuben, même s’il n’avait jamais enregistré de groupe Metal. Il est ouvert d’esprit, professionnel. Le premier son de guitares sur lequel nous avons bossé ne me convenait pas, nous avons cherché la bonne formule et il a fait un excellent boulot. 

Parlons un peu des titres… Si tu devais décrire cet album aux fans, peut-on dire qu’on retrouve là tous les éléments qui ont fait le style de Melechesh et je sais que c’est un choix arbitraire, mais si je te dis que « Grand Gathas Of Baal Sin », « Mystics Of The Pillar » et « The Greater Chain Of Being » représentent bien cet album dans toute sa variété, es-tu d’accord ?
Pour toi, peut-être que oui, mais pour d’autres, peut-être pas. C’est compliqué de commenter ton choix car il t’appartient et pour moi, tous les titres sont importants, ils forment un tout. « The Magickan And The Drones » est important parce que c’est un titre typique de blast Metal mésopotamien, « Mystics Of The Pillar » est très oriental. Je considère dorénavant ce titre comme « la chanson rituelle » de Melechesh car les tempos lents font penser à un rituel, à une prière.

Une nouveauté de cet album est aussi sa longueur… 71 minutes pour un groupe de Metal extrême, c’est assez inhabituel !
Oui, certes, mais les gens attendaient depuis un moment un nouvel album de Melechesh. Comme on voulait délivrer un album compréhensif, contenant plusieurs vibrations, on ne s’est pas privé de rallonger certaines chansons…

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Peut-on dire que cet album est aussi un peu plus progressif, même si je connais déjà ta réponse (rires) ?
Qu’est-ce que ça veut dire, ce mot (rires) ? Non, mais c’est vrai, ça ne signifie rien. C’est juste nous aujourd’hui, c’est du Rock, du Metal vraiment honnête. Il n’était pas question de refaire la même chose, donc prenons des risques ! C’est un album avec des couilles et un esprit génial !

Quelle va être l’actualité de Melechesh après la sortie de l’album ? Allez-vous tourner bientôt ?
Normalement oui mais on discute toujours, encore et encore, des opportunités à saisir. Mais il est certain qu’on va tourner aux USA et en Europe (NDLR : finalement en tête d'affiche début décembre - tournée dont Noiseweb est un des partenaires officiels - et avec Nile en janvier / février). Et tu me connais, j’adore venir en France. J’adorerais jouer à Lille, qu’on connaît bien, mais aussi à Lyon ou à Nice… Partout ! Sauf que ça ne dépend pas de moi (NDLR : finalement, ce sera Paris le 30 nov. et Nantes le 1er décembre)

Bro, merci pour tes réponses et ton temps… Si tu penses devoir rajouter quelque chose d’important pour la compréhension de cet album, qu’on n’ait pas encore dit, c’est le moment, tu as carte blanche !
Non, rien de spécial. Je suis très content de cet album et j’espère simplement que les gens l’apprécieront aussi…

Un dernier mot pour les fans français ?
France, je t’aime (NDLR : en français…). Putain, qu’est-ce que ça fait pédé, dit comme ça (rires) ! Merci à toi my Legionnaire of Metal (NDLR : private joke entre Ashmedi et votre serviteur…), j’espère qu’on se voit bientôt (NDLR : yes, le 30 novembre à Paris, my friends !) !!


MELECHESH – The Epigenesis
Nuclear Blast / Pias



Site : www.melechesh.com

Myspace : www.myspace.com/melechesh