GENERAL LEE


La route n'est peut-être plus si longue...

Hannibal Ad Portas... Que cet album fut (et est encore) merveilleux. On a d'emblée apprécié leur grand talent de composition et la richesse émotionnelle de leur musique. Maintenant que sort Roads, leur deuxième album, on ne peut que ré-affirmer nos impressions initiales (bien qu'il y ait eu quelques légères mutations), tant le nouveau-né est en forme, saint. C'est un garçon. 9 chansons pour 1 heure de musique.

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Je voulais commencer cette interview en abordant votre changement de label. Pour votre nouvel album, vous avez signé chez HipHipHip Records, un label pas du tout connoté Metal... Comment s'est passée cette transition ?
On avait sorti le premier album sur Basement Apes et ça c'est très bien passé. Ils ont vraiment fait du bon boulot. Mais le souci, c'est qu'on n'avait pas la proximité qu'on a la chance d'avoir maintenant avec HipHipHip. J'étais en contact avec Fred de Basement Apes uniquement par e-mail ou quelques coups de téléphone de temps en temps. Et là, c'est vraiment sympa, on les a déjà rencontrés. On est géographiquement proche et c'est donc plus simple sur bien des plans. Après, c'est vrai qu'ils ne sont pas du tout connoté Metal (on est leur première sortie dans ce style) mais ils sont ouverts et c'est très bien pour nous.

Pour revenir à votre premier album, Hannibal Ad Portas, vous aviez pas mal tourné et partagé l'affiche avec des gros morceaux comme Cult Of Luna ou Keelhaul. Du coup, je me demandais quels étaient vos ambitions pour le petit nouveau, Roads...
Ben écoute, on prend vraiment beaucoup de plaisir à faire des dates. Mais on n'en fait pas énormément non plus, on aimerait bien en faire davantage. Mais c'est difficile avec l'âge, les boulots...

Vous êtes déjà tous vieux ?! (rires)
Oui, on est vieux ! (rires) Non mais ça va, il y a des vieux dans le groupe et des plus jeunes. Le but, c'est donc de faire plus de concerts, de jouer dans de meilleures conditions. On espère pouvoir tourner plus avec Roads que ce qu'on avait fait avec le précédent. Là, on a quelques dates de prévues qui sont plutôt pas mal. Pourvu que ça dure...

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Vos deux albums commencent par un assez gros pavé et se terminent par un titre plus lent, plus court et instrumental : une symétrie volontaire, je suppose ?
Oui, tout à fait. On aime bien terminer par un petit morceau instrumental. Je trouve ça intéressant. Après, « Drifing », oui c'était un gros morceau, mais le nouveau titre (« When Vultures Descend To Feed ») n'est pas vraiment dans la même optique. On a voulu faire un morceau un peu différent pour débuter et pour faire la transition entre les deux albums.

Au milieu de l'album, il y a cette cassure, « Hunted », un titre acoustique. C'est quelque chose qui vous est venu naturellement ?
En fait, à la base, on l'avait vu comme un morceau instrumental. On voulait en mettre un en milieu d'album et un deuxième sur la fin. Et en l'écoutant, on s'est dit qu'il manquait du chant. Ce n'était pas du tout préparé, on a vraiment fait ça en studio. Je n'ai eu qu'une semaine pour le préparer. C'était la première fois que je m'essayais au chant clair. C'est vrai que ça fait une coupure au milieu, ça va peut-être en étonner certains mais moi, je suis satisfait du résultat.

Pour ce qui est de la pochette, je vois que vous faites un peu une obsession sur les montagnes ! (rires) Plus sérieusement, l'album s'appelle Roads et la pochette arbore des montagnes...
(Rires) En fait, on a voulu descendre de notre montagne en quelque sorte, pour retomber sur la terre ferme. Il s'agit plus d'un paysage désertique. Mais c'est vrai qu'on apprécie beaucoup les visuels avec des paysages, qui invitent au voyage.

Tu ne lies pas vraiment le titre et la pochette ?
Si. Disons qu'on l'a appelé comme ça parce qu'on prenait des directions différentes en fonction des titres. On s'est dit que Roads montrait qu'on avait pris différents chemins par rapport à notre premier album.

D'accord, donc je suis assez loin du compte en ayant prévu de te demander si Roads n'est pas une lecture du monde contemporain, décrivant un accroissement de la mobilité au travers de phénomènes migratoires, du cosmopolitisme (rires)…
Wow ! (rires) Non, en fait, pas du tout ! (rires). Ce n’est pas très original, mais c'est aussi pas mal inspiré de La Route de Cormac McCarthy. Pour Hannibal Ad Portas, j'ai essayé de faire tourner les textes autour d'un environnement post-apocalyptique et là, avec la lecture de ce livre, que j'ai absolument adoré, j'avais l'impression de voir ce que j'avais en tête depuis longtemps. Donc il y a aussi un petit clin d'œil à La Route.

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Je n'ai eu qu'une version promo, donc je n'ai pas eu les paroles, et en plus je ne sais pas si vous allez les joindre à la version finale...
Non, on a fait un digipack et on n'avait plus de place. Mais on les rendra disponibles sur le site.

OK, toujours est-il qu'au niveau des titres, il m'a semblé distinguer deux groupes. Un premier avec des références à la lumière (« Torches », « Those Of The Unlight », « The Red Room ») et un deuxième où l'on retrouve beaucoup l'idée de mouvement (« Hunted », « In Reverse », « Roads », etc.). Ces deux catégories, c'est un pur hasard ? De manière plus générale, qu'as-tu voulu développer dans des textes cette fois-ci ?
Je suis pas mal influencé par mes lectures. J'adore lire. Je te parlais de Cormac McCarthy juste avant, j'aime aussi beaucoup Lovecraft, Georges Orwell, ce genre de choses. Après, la scission entre la lumière et le mouvement...

C'est encore moi qui pars dans des délires ? (rires)
Oui, peut-être ! (rires) Non mais c'est intéressant de voir ça comme ça.

Un des titres que j'ai le plus apprécié sur Roads est « When Vultures Descend To Feed ». Et comme tu le disais plus tôt, ça me paraît être un excellent titre d'ouverture. Le tracklisting vous a paru évident ? Ou vous avez essayé plein de configurations différentes avant de vous décider sur celle-ci ?
Disons qu'on s'est vite fixé sur celle-là pour débuter mais après, on a un peu plus galéré pour le reste. Pour ce qui est du premier morceau, ça me paraissait évident. Il me semble que ça faisait une bonne transition avec le premier album. On voulait un titre qui parte bien, avec une bonne dynamique, pas un truc qui mette des plombes à commencer. Je pense que c'est important pour l'ouverture d'un disque.

Comment se passent les choses avec François ? Son synthé est une des grosses nouveautés sur Roads.
Il n'était pas sur le premier album, même si on avait quelques nappes de synthé qu'on avait ajoutées. Mais on s'est rendu compte que ça nous manquait beaucoup en live que de jouer les titres de Hannibal Ad Portas sans ces synthés. On lui a donc proposé et au début, pour les dates qu'on a faites pour le premier album, il ne faisait que rejouer les parties studio en concert. Par contre, pour le nouveau, il s'est beaucoup investi. Il a essayé de trouver des textures différentes ; je trouve que ce qu'il a fait est vraiment intéressant. On est tous très content. Ça ajoute vraiment quelque chose à notre musique.

Oui c'est vrai qu'on entend quand même pas mal les synthés sur cet album, ce qui a fait évoluer votre son.
Oui, vu qu'on était très satisfaits avec, on les a mixés assez en avant. Je trouve que ça se mélange très bien avec les guitares. Et du coup, c'est vrai que maintenant, c'est assez difficile de jouer ces morceaux en live sans ça.

De manière plus générale, j'ai l'impression que sur ce nouvel album, vous creusez un peu le sillon de Hannibal Ad Portas tout en explorant de nouvelles pistes...
Ben, pour notre premier album, on trainait vraiment les titres depuis deux-trois ans. Donc on a vraiment pris notre temps pour composer. Mais avec le recul, on a eu envie de faire un mixage différent. On a mis la batterie plus devant (je trouvais qu'elle manquait un peu). Hannibal était plus un album de guitares, alors que là, on a voulu mettre en avant le chant, la batterie et la basse. Du coup, les guitares sont presque les éléments les plus en arrière.

Du coup, je ne sais pas si c'est lié à ça, mais j'ai ressenti les titres de Roads comme étant moins “progressifs“. Comme si vous cherchiez plutôt à jouer sur les alternances calme/violent.
Oui, c'est sûr que sur le premier album, on avait une formule qu'on a appliquée à pas mal de titres. Sur quatre titres sur les six, on a fait des crescendos, des trucs qui montent avec une explosion finale. Et c'est vrai que c'est un schéma qui est intéressant, mais on s'est dit que pour le deuxième, on avait envie d'essayer d'autres choses. On a donc essayé de nouvelles structures. En plus, ce ne sont pas toutes les mêmes personnes qui ont composé, puisqu'on a perdu un guitariste en route. Il a arrêté, et il avait composé une bonne partie de Hannibal. Là, vraiment tout le monde a composé.

Vous avez enregistré dans le même studio que pour votre premier album. Comment ça s'est passé ?
On a la chance d'avoir un batteur qui a son propre studio, le Boss Hog Studio. On a donc encore enregistré chez lui et c'est lui qui s'est occupé du mixage. Le mastering, on l'a fait faire par Tom Baker, un mec qui a par exemple bossé avec Deftones. Après, tout est allé assez vite pour la composition. Je dirais qu'on a pris six mois à écrire l'album et on a fait que quinze jours de prises en studio, en sachant que c'était de très grosses journées. Avant d'y entrer, on avait déjà plus de 90% du disque qui était composé, et on a donc quand même pris un jour ou deux pour essayer deux-trois trucs, mais on était bien préparé pour l'enregistrement. Donc, dans l'ensemble, ça a pris assez peu de temps, ce qui n'est pas plus mal, parce que je trouve qu'on retrouve un peu cette spontanéité sur le disque.

GENERAL LEE

Et là, ça fait dix ans que le groupe existe...
Ouais, moi, je considère plutôt huit, parce qu'avant que notre batteur, Clément, nous rejoigne, on tâtonnait un peu. Donc on fêtera plutôt nos dix ans dans deux ans.

Toujours est-il que ça fait déjà une belle carrière... Comment perçois-tu l'évolution du groupe depuis ses débuts. Des regrets ?
Dans l'ensemble, je suis assez content. On n'a pas vraiment de regrets. On a sorti deux EP, un split (NDLR : avec As We Bleed) et deux albums. Je ne crois pas que je changerais quelque chose si l'on pouvait revenir en arrière. Chaque sortie était vraiment une photographie de ce qu'était le groupe à ce moment-là. Après oui, on a fait des erreurs, on aurait pu avoir un meilleur son, mais globalement on est content.

Pour le packaging, vous aviez fait un super joli truc pour Hannibal Ad Portas, avec un petit feuillet carré notamment. Qu'avez-vous prévu pour Roads ?
C'était Fred qui avait trouvé ce plan-là aux Etats-Unis  et c'est vrai que le format est vraiment sympa. Là, on est parti sur un digipack, un peu plus simple. Par contre, il sortira aussi en vinyle, probablement début décembre.

C'est déjà au clair avec un label ?
Oui, il sortira aussi chez HipHipHip. On est vraiment fan de vinyles, mais ça coûte un peu cher. Mais là, on a l'occasion de le sortir, donc on va un peu re-bosser la pochette. Comme ça, on pourra le mettre dans notre collection à la maison.

Dernière question... tu disais dans d'autres interviews que General Lee est plutôt un groupe de scène. Comment se passe la tournée, là ?
Oui, c'est un groupe de scène. On s'amuse vraiment bien en concert, on n’est pas blasé du tout. On est tous très heureux de jouer ensemble. Là, ça fait 4-5 dates que l'on commence à jouer de nouveaux titres Et pour les prochaines, je pense que l'on va facilement jouer la moitié du nouveau.



GENERAL LEE – Roads
HipHipHip Records



Myspace : www.myspace.com/generalee