La
première chose que j’ai envie de te demander, c’est ton sentiment
par rapport à une telle sortie : une rétrospective de 10 ans,
c’est quand même quelque chose !
C’est sûr qu’au début, je n’aurais jamais imaginé
ça. Mais ce n’est pas par pessimisme non plus, j’étais
juste focalisé sur l’instant présent et sur les objectifs
à court terme. Si on m’avait posé la question à l’époque,
j’aurais certainement répondu : « Pourquoi pas ? ».
C’est vrai que le projet Antimatter a grandi lentement, mais j’ai
l’impression que les choses se sont accélérées récemment.
Revenons-en maintenant à l’objet
lui-même. Selon quels critères as-tu choisi les chansons ?
C’était horriblement difficile. Pour moi, c’était
un enfer, vraiment. J’ai commencé par faire une shortlist de 38
chansons qui a été encore raccourcie à 29. Mais c’était
encore trop pour un double album : même si techniquement ça tient,
29 titres ça tue la fluidité de l’ensemble. J’ai dû
aussi me prendre la tête sur certains arrangements, voire des passages
dans les compos, puisqu’il y a des inédits. J’ai accumulé
une quantité incroyable d’enregistrements, et avec mon perfectionnisme,
c’était l’enfer !
Mais tu avais un objectif, non, pour qu’un
sentiment précis se dégage d’Alternative Matter ?
Oui, la cohérence avant tout. C’était vraiment difficile,
ne serait-ce que parce que les pistes sur lesquelles j’ai travaillé
ont été enregistrées à des périodes différentes
et dans des studios différents. Pour faire un rendu fluide, j’ai
bossé comme un dingue et je pense avoir plutôt bien réussi.
J’ai effectivement ressenti cette fluidité,
d’où ma question. J’ai l’impression aussi qu’Antimatter
est un groupe typiquement british, avec ce sentiment permanent de mélancolie
et ces ambiances feutrées : une signature bien précise.
Oui, je pense que cette mélancolie vient du climat. Les américains
font les films mieux que tout le monde, mais pour la musique, nous, anglais,
restons les meilleurs !
L’album sort en deux éditions
: un double CD dans un joli digipack et une édition très spéciale
avec 3 CD et 1 DVD. Peux-tu m’en dire plus sur ce CD extra (Forbidden
Matter) ?
Bien sûr, l’histoire est simple. Lors de la dernière sélection
des titres pour le double CD, j’ai dû éliminer 7 chansons.
C’était un déchirement car pour moi, elles sont aussi excellentes
que les autres. Et tu imagines bien que quand l’opportunité s’est
présentée d’inclure un troisième CD, j’ai sauté
sur l’occasion pour y remettre ces titres écartés, d’où
le titre « Forbidden Matter » (NDLR : matière interdite).
Et le DVD ? Le documentaire est sympa, et j’ai
été bluffé par la vidéo de « Conspire ».
C’est super bien fait !
C’est un mec qui s’appelle Krzystof Baran qui l’a réalisée
avec des collègues (Kasper Grubba et Andrzej Szych). Krzystof est un
spécialiste de l’animation, et un ami à lui faisait un remix
d’un de mes morceaux : c’est comme ça qu’on s’est
rencontré. Chaque plan est dessiné à la main, et sachant
que pour chaque seconde il y a 7 plans, tu imagines le travail qu’a réalisé
Krzystof ! Je trouve le résultat somptueux et il complète parfaitement
la musique. Vos lecteurs peuvent aller voir le clip sur YouTube en tapant Antimatter
Conspire, je vous garantis que vous ne serez pas déçus !
Les
Américains font les films mieux que tout le monde,
mais pour la musique, nous, Anglais, restons les meilleurs !
Dans l’édition spéciale,
il y a aussi 100 photos en grand format qui ont dû être assez difficile
à compiler également…
Cette édition a suscité l’intérêt de pas mal
de gens, c’est assez impressionnant. Ça sera certainement vendu
très rapidement.
Tu vas commencer à sortir toi-même
tes disques via une structure que tu as créée (Music In Stone).
C’est une façon de rester indépendant et d’assurer
un minimum de qualité je suppose.
Oui, c’est une idée qui s’est imposée progressivement.
J’ai besoin de tout contrôler et il était évident
que j’aillais finir par créer un label pour sortir mes propres
disques. Vu la conjoncture actuelle du marché et les choix faits par
certaines maisons de disques, je préfère largement tout faire
moi-même.
Tu produis aussi d’autres artistes…
Ecoute, au moment de produire ma première sortie, « Antimatter
- Live At The Club », je pensais vraiment que cette structure serait exclusivement
dédiée à Antimatter. Mais je me suis rapidement retrouvé
à sortir d’autres artistes, simplement parce qu’ils sont
brillants ! J’ai rencontré Lisa Cuthbert et Averse sur des tournées.
Ils n’avaient pas encore de deal mais le matériel qu’ils
avaient était phénoménal : il était hors de question
de ne pas les signer ! Lisa joue une musique sombre basée sur le piano,
avec un petit côté celtique. Averse est un groupe de Prog’
qui mélange King Crimson avec Emperor pour pondre des chansons épiques
de 20 minutes. Je suis distribué en France par Season Of Mist et Averse
va faire du bruit chez vous puisqu’ils chantent un peu en français
et qu’ils sont de Lille. Je vais aussi sortir le prochain album de Duncan
Patterson (ancien collaborateur d’Antimatter, faut-il le rappeler ?),
« Herenica », en 2011. Allez voire un peu tout ça sur www.musicinstone.com.
ANTIMATTER
- Alternative Matter
Prophecy Productions
Myspace : http://antimatter.free.fr/uk