BELPHEGOR

Blood, sex and magic...


Encore un nouvel album de Belphegor ? Mais jusqu’où iront-ils, ces bourreaux autrichiens du Metal extrême ? Deux ans à peine après Walpurgis Rites - Hexenwahn qui fut défendu par d’intensives tournées, le groupe, ou plutôt son frontman Helmuth, a eu la bonne idée de se remettre un peu en question en peaufinant ses nouvelles compositions et surtout en allant enregistrer dans l’antre du célèbre producteur suédois Peter Tägtgren, accompagné d’un nouveau batteur, Marthyn. Le résultat : Blood Magick Necromance, un neuvième album studio puissant de Death / Black Metal, travaillé, sombre et mélodieux, et peut-être signe d’une certaine maturité. Mais laissons la parole à son chanteur (et poète à ses heures perdues), toujours aussi possédé…

Interview également parue dans le Metal Obs' 45 de Janv / Fév. 2010

Entretien avec Helmuth (chant, guitares) par Seigneur Fred et Sophie Carron
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En découvrant l’affiche du Hellfest 2011, j’ai vu que vous alliez être de nouveau de la partie en juin et c’est une agréable surprise ! Etes-vous contents d’y revenir ? Je me souviens de votre concert en 2008, c’était sacrément bon !
Oui, et c’est une putain d’invitation ! C’est un vrai plaisir de revenir en France… On passe toujours du bon temps là-bas ! Le public est toujours très réactif à nos morceaux. La France possède de nouveau un excellent public de fans die-hard de Metal. D’ailleurs, salutations au pays de Sade !

Depuis votre collaboration avec Nuclear Blast en 2006, je vous trouve de plus en plus inspirés et productifs. Tous les 18 mois en moyenne, vous sortez un nouvel album. Comment expliquez-vous cette forte productivité : plus de moyens techniques et financiers grâce au label ?
Le feu brûle, plus fort que jamais. Nous sommes à fond dedans. Nuclear Blast fait un bon travail, avec une bonne distribution et ils ont ouvert des portes pour Belphegor. Le reste a été très dur pour mener le groupe là où il est aujourd’hui. On n’a jamais été un groupe marketing de merde. Nous ne nous sommes jamais inclinés devant personne. Nous ne le ferons jamais. Tout le monde sait que nous sommes un groupe qui tourne énormément et c’est grâce à des albums puissants qu’on est arrivé au sommet du genre. Nous n’avons jamais changé radicalement notre son. On a juste évolué pour devenir plus fort et meilleur… Tout cela sans compromis et avec une seule attitude : « On vous emmerde tous ! ».

J’ai été très surpris par la production en écoutant Blood Magick Necromance. Pourquoi avoir quitté le Stage One Studio d’Andy Classen et choisi d’aller aux Abyss Studios en Suède pour enregistrer avec Peter Tägtgren ?
Après avoir enregistré trois albums à la suite avec Andy Classen, il était temps de relever un nouveau défi. Nous avions besoin d’un nouveau mur de son pour que Belphegor entre dans une nouvelle ère. Nous avons contacté Peter et il était partant à fond. C’était donc parfait. Il a de l’expérience et il nous a motivés pour nous apporter plus d’énergie. Il a aussi apporté quelques idées ici et là, surtout au niveau du chant. Nous avons enregistré en quatre sessions pour obtenir le meilleur résultat. La musique doit prendre le pas sur le reste, c’est l’essentiel.

BELPHEGOR

Selon toi, quelles sont les principales différences entre Andy et Peter dans la façon de travailler en studio ?
Les deux sont d’excellents producteurs et des mecs cools. J’ai beaucoup appris avec eux, autant avec Andy que Peter. Disons que chaque producteur a son propre style, tu ne peux pas dire qui est le meilleur, ils sont juste différents. Essayer quelque chose de nouveau ou voir notre musique sous un autre angle demeure un plaisir indispensable. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de travailler avec Peter pour cet album. Il a réussi à créer un son brillant, agressif et majestueux. Et Jonas Kjellgren a masterisé ensuite Blood Magick Necromance.

Les nouveaux morceaux sont très Heavy, très lents parfois, sombres, mais toujours aussi agressifs et mélodiques à la fois avec cette guitare lead… On peut dire que c’est la marque de fabrique Belphegor ?
Ouais ! Blood Magick Necromance sonne exactement comme nous le voulions. C’est du Belphegor du plus haut niveau, plus intense et épique que jamais. Il y a beaucoup de nouveaux éléments et de structures. Et puis nous avons aussi ajouté quelques parties sombres orchestrales ici et là pour donner à l’album une atmosphère froide de rituels.

Et quels sont les éléments ayant évolué entre les compositions de Blood Magick Necromance et celles de Bondage Goat Zombie et Walpurgis Rites-Hexenwahn par exemple ?
Je ne compare pas les albums quand on parle de musique. A chaque fois et à chaque album nous donnons le maximum. Je combine chaque album avec une certaine période de ma vie, si tu vois ce que je veux dire. Depuis 1993, notre objectif est de devenir plus puissant et plus intense à chaque album, d’augmenter cette intensité et la dynamique qui va autour… Simplement de devenir meilleur dans tous les aspects musicaux. La stagnation, c’est la mort !

Nous n’avons jamais changé radicalement notre son.
On a juste évolué pour devenir plus forts et meilleurs…
Tout cela sans compromis et avec une seule attitude :
« On vous emmerde tous ! ».

C’est Marthyn qui joue de la batterie sur ce nouvel album. C’est un membre de Belphegor à part entière maintenant. Va-t-il tourner avec vous ? Tu peux le présenter à nos lecteurs ?
Marthyn est le batteur studio de Belphegor, il est autrichien, a assuré environ 90 % de nos shows et tourne encore avec nous. C’est un mec qui a beaucoup de talent, il s’entraîne beaucoup, et je lui en demande toujours plus. Notre union est parfaite. Je ne me rappelle pas exactement combien de concerts il a fait avec nous… On fait beaucoup de tournées ensemble. Enfin tu sais, la scène est une des meilleures choses dans la vie. Belphegor est sur la route toute l’année, le noyau est solide et prêt à botter le cul de beaucoup de monde. Voilà l’essentiel à retenir.

Je trouve Blood Magick Necromance très épique et peut-être est-ce là l’album le plus mature de votre discographie. Tu es d’accord avec cela ?
Tout à fait, mec ! Nous avons mis toute notre énergie pour travailler notre son et le placer à un niveau supérieur. Le premier morceau « In Blood-Devour This Sanctity » reflète tout à fait le son qu’on veut avoir en 2011. La mélodie principale est inspirée de « Hungarian Dance » de Johannes Brahms (1833-1897). Nous avons travaillé huit mois pour le morceau-titre de l’album, un opus complexe de sept minutes. Et nous avons prêté attention à chaque détail. On trouve tout dedans : du chant parlé, du chant lent, des chœurs, des growls, de la guitare acoustique, des parties Doom qui deviennent ensuite de purs blast beats. Je suis très fier de ce morceau massif, c’est le morceau le plus difficile et varié que l’on ait créé ! Ce qui est nouveau aussi, c’est de terminer l’album avec une attaque de riffs ultra-rapides, intitulée « Sado Messiah », et non pas avec un morceau lent comme sur nos derniers albums.

Dans le passé, vous avez tourné avec des groupes comme Nile, Krisiun ou Unleashed. Ces groupes de Death Metal assez différents vous ont-ils influencés dans l’élaboration de vos nouvelles compositions (pour les mélodies ou certains ponts), notamment sur le plan technique ?
Pas du tout. Nous avons tourné avec presque tous les groupes de Metal extrême importants ces dix dernières années. Nous faisons notre propre truc depuis 1993 et nous ne copions aucun groupe. Pour la guitare, mon inspiration majeure provient véritablement de la NWOBHM (NDLR : New Wave Of British Heavy Metal). Tous les groupes cités sont de bons amis à nous à présent.

BELPHEGOR

Chaque album de Belphegor possède un titre spécial qui n’est pas politiquement correct (rires). Tu peux expliquer le concept s’il y en a un à propos du nom Blood Magick Necromance ?
Le titre parle de lui-même, je ne veux pas trop parler des paroles : si les démons sont intéressés, ils trouveront tout dans le livret de l’album. Fais-moi confiance, ça vaut le coup d’aller voir. Ma vieille amie Rachael Kozak, dit « Hécate », a aussi apporté des vers surprenants encore une fois. C’est la meilleure personne avec qui travailler quand il s’agit d’écrire des paroles dingues. Elle a une connaissance énorme sur l’histoire, l’occulte et les trucs forts comme le sadomasochisme. Ça fait déjà cinq ans qu’on travaille avec elle, je n’en reviens pas ! Tu auras peut-être la chance de la voir sur scène avec nous ou en backstage de temps en temps (rires).

Rencontrez-vous encore des problèmes de censure avant la sortie d’un nouvel album ou bien en tournée ?
Belphegor se place du côté de l’anti-vie et de l'Antéchrist. Nous faisons du brutal Death Metal. Il s’agit de la  rébellion de l’Homme, libre de prendre ses propres décisions, de suivre son propre chemin. Selon moi, la liberté est la chose la plus importante au monde. Je me suis presque tout permis dans ma vie. Où mettre la limite ? Je suis un monstre, oui. Pas de regret, j’adore cela. Nous avons eu beaucoup de problèmes de censure durant les dix dernières années. Cela affecte encore nos sorties aujourd’hui. Je m’en moque à vrai dire… Au contraire, c’est marrant de les énerver. Nous nous battons contre toute forme d’oppression. C’est le Metal, tu vois. Pas de putain de perte de temps… Je ne supporte pas ces groupes infantiles qui essaient de provoquer et qui se plaignent ensuite. Ils ont le retour de flammes. Je les emmerde ! Ce genre de Metal parle de résistance et de rébellion totale. La libération, c’est pour l’élite. Les libertins, c’est pour toujours (rires) !

Enfin, je sais que tu aimes le sexe, le fétichisme et Satan en général. Tu es donc hostile à la chrétienté ! Quelle est ton opinion sur la position récente du pape Benoit XVI à propos du port du préservatif ?
J’emmerde l’Eglise. J’emmerde la moralité. J’écrase l’Esprit-Saint. On se voit donc au Hellfest 2011, vous les démons ! Ecoutez Blood Magick Necromance et supportez Belphegor ! Vive le Metal ! Vive la Mort !


BELPHEGOR - Blood Magick Necromance
Nuclear Blast / PIAS


Site : www.belphegor.at

Myspace : www.myspace.com/belphegor