Thrash heroes des temps modernes...

Les enfants du lac Bodom sont depuis leur plus jeune âge sur tous les fronts - festivals, premières parties prestigieuses, tournées marathon en tête d’affiche - et ont pu accéder assez logiquement aux sommets de la hiérarchie des groupes de Metal extrême. On ne compte plus d’ailleurs les couvertures de magazines spécialisés que squatte Alexi Laiho, leader et guitar hero d’une formation dont tous les membres se distinguent par une maîtrise sans faille de leur instrument. Succédant à une Blooddrunk (2008) dopé aux éléments Thrash, le 7ème album studio Relentles, Reckless Forever enfonce le clou et pousse l’ultra-technicité à son paroxysme, laissant l’auditeur abasourdi sans autre alternative que de ré-appuyer sur la touche « play » pour essayer de comprendre ce qui lui est arrivé. En attendant qu’Alexi décortique comme à son habitude quelques uns de ses plans pour les lecteurs de revues de guitare, attardons-nous avec lui sur la genèse de ce nouveau disque référentiel…  
Interview également parue dans le Metal Obs' 45 de Janv / Fév. 2010
Entretien avec Alexi Laiho (chant, guitare) - Par Jean-Christophe Baugé
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Parle-nous du travail avec Matt Hyde, producteur américain connu pour ses collaborations avec Slayer ou encore Monster Magnet…
Tout s’est très bien passé. On avait besoin d’un mec comme lui après 6 albums studios. C’est notre management qui nous a mis en contact avec lui. On a rencontré d’autres producteurs mais c’est lui qui nous a semblé le meilleur choix dès le départ.

L’album a été enregistré l’été dernier alors que le groupe devait assurer quelques shows dans des festivals en Europe. Ce n’était pas trop difficile alors de rester focalisé sur le travail en studio ?
Effectivement, ce n’était pas simple à gérer mais on a fait avec. Il fallait plier bagage en plein milieu des séances d’enregistrement pour aller jouer. Et je ne pouvais pas rentrer à la maison puisque je devais encore mettre en boîte le chant et les soli à Los Angeles.

Qui a eu la bonne idée de reprendre « Party All The Time » d’Eddie Murphy (1985) ?
L’idée est d’Henkka (NDLR : Seppälä, basse) : elle a germé quand on est tombé sur ce clip d’Eddie Murphy et Rick James sur YouTube. Il y avait clairement moyen de faire une version plus Metal de ce titre, et comme on s’était déjà attaqué à d’autres styles… Why not ? On s’est bien marré sur cette reprise.

Le chant est particulièrement bon sur ce titre…
C’est en fait un pote de Matt Hyde qui a pris en charge le chant clair à partir du milieu de la chanson. Je crois que c’est le chanteur d’Holy Grail (NDLR : James Paul Luna), mais je n’en suis plus sûr.

« Ugly » commence par un dialogue samplé. Cela provient d’un film ?
C’est l’extrait d’un épisode de Dr. House, une conversation entre une patiente qui vient d’être sauvée et un médecin de son équipe. J’ai trouvé le passage assez culte et je l’ai mis au début du titre pour instaurer une atmosphère bien particulière.

De quoi traitent les paroles de « Pussyfoot Miss Suicide » ?
Elles font allusion à des situations que j’ai vécues (rires) : en gros, ça parle de filles un peu décalquées qui font du chantage au suicide pour retenir ton attention. C’est rigolo et pitoyable à la fois.


Connaissais-tu Chris Cole, la superstar du skate-board, avant de tourner le clip de « Was It Worth It » en Pennsylvanie ?
Oui, tout à fait. Il était venu à une de nos séances de dédicaces à Philadelphie en 2005. Il n’avait pas demandé de passe-droit et faisait la queue comme tout le monde. Ce n’est qu’une fois qu’il s’est présenté que j’ai réalisé qui il était. On s’est ensuite croisé à de nombreuses reprises lors des concerts de Children Of Bodom. On s’est dit qu’il fallait qu’on monte un jour un projet mêlant skate et Metal… D’où ce clip.

Children Of Bodom a fait la première partie de Slipknot et de Machine Head en Europe il y a 2 ans. Es-tu d’accord si je te dis qu’on retrouve quelques influences de Machine Head sur « Shovel Knockout » ?
Oui, peut-être sur le riff de départ… J’aime bien Machine Head, ce sont des mecs cools. Ça a du se faire d’une manière inconsciente. Quand tu pars en tournée avec d’autres groupes, tu finis par t’imprégner de leur musique, que tu l’aimes ou pas. Si tu es en pleine phase de composition, ça rejaillit forcément sur ton écriture.

Il y a une véritable orgie de soli de guitare sur le nouvel album. Est-ce que Roppe (Latvala, guitare rythmique) a pu en placer quelques-uns ?
Oui, il a fait le premier solo de « Not My Funeral » et un autre sur le single « Was It Worth It ».

La mise en place des questions / réponses entre tes parties et celles de Janne Wirman (claviers) est assez impressionnante. Vous répétez souvent à deux ?
Oui, surtout en période d’enregistrement. On fait tourner des idées à deux en jammant sur des structures connues.

C’est Ensiferum qui ouvre pour vous sur l’Ugly World tour 2011. C’est un choix personnel ?
En fait, le label nous a proposé une première option qu’on a refusée. On s’est donc rabattu sur eux.

Alexi, on ne compte plus les couvertures de magazines que tu trustes (dont celle du remarquable Metal Obs’ de ce mois). Collectionnes-tu les articles de presse te concernant ?
Moi non, mais ma mère, si (rires).
Ce qui m’intéresse, c’est de faire de la bonne musique,
pas d’être le numéro 1 ou le guitariste du mois.

Comment s’est déroulée la tournée américaine avec Black Label Society, fin 2010 ?
Je connais bien Zakk (NDLR : Wylde) et Nick (Catanese), l’autre guitariste, on s’entend bien. Les shows étaient excellents, c’était un beau package. Cette tournée nous a été très bénéfique : le gros laps de temps entre le mix de l’album et sa sortie (NDLR : le 8 mars en France) a été utilisé à très bon escient.

Children Of Bodom apparaît dans Guitar Hero avec le titre « If You Want Peace, Prepare For War ». Es-tu toi-même un accro de jeux vidéo ?
On peut le dire, oui, même si je ne touche pas à Guitar Hero (rires). J’aime bien la série des Grand Theft Auto et les jeux de guerre aux ambiances bien glauques. J’y joue dans le tour-bus.

Tu as été élu meilleur musicien de l’année aux Finnish Metal Awards à trois reprises (2005, 2008 et 2009). Est-ce que ça représente une fin en soi ?
Ça fait plaisir, mais je n’y accorde pas plus d’importance que ça. Ce qui m’intéresse, c’est de faire de la bonne musique, pas d’être le numéro 1 ou le guitariste du mois.

Tu es tout de même un soliste d’un sacré niveau. Que penses-tu d’autres cadors du genre, comme Dimebag Darrell, Yngwie Malmsteen, ou encore Steve Vai ?
Dimebag était incroyable, c’est lui qui a défini les principes de la guitare Metal moderne. Yngwie a son caractère, certains n’aiment pas le personnage et racontent des conneries sur lui, mais il est méchamment bon. Il a influencé beaucoup de guitaristes, moi en premier. Quant à Steve, c’est ma référence ultime : il n’est pas humain, ce n’est pas possible. Je n’arrive même pas à trouver de mots pour parler de lui (rires)… Il est largement au-dessus de tout le monde.


Est-ce que les guitares ESP Alexi Laiho signature sur lesquelles tu joues sont rigoureusement les mêmes que celle disponibles à la vente ?
Oui, absolument. Ce sont celles qui sortent de l’usine ESP japonaise.

Petite question qui fâche : est-ce que l’album « Sins Of The Past » que tu as enregistré avec Sinergy (NDLR : avec son ex-épouse de chanteuse Kimberly Goss) va sortir un jour ?
Non, ce n’est pas prêt d’arriver. On l’a enregistré en 2004, et de l’eau a coulé sous les ponts. En ce qui me concerne, Sinergy est mort et enterré.

Quel est ton album préféré de 2010 ?
Voyons, voyons… J’ai bien aimé le nouvel album d’Accept (NDLR : Blood Of The Nations), il est très Heavy.

Quels sont tes artistes favoris dans d’autres genres musicaux comme le Jazz, le Blues, le Rock et le Hard Rock ?
Je n’ai jamais été branché Jazz, je connais un peu Frank Gambale mais ça s’arrête là. En Blues, j’ai toujours bien aimé John Lee Hooker, je ne saurais pas trop expliquer pourquoi. Pour le Rock, je citerais volontiers Brian Setzer. J’en parle très peu dans mes interviews mais j’ai toujours adoré le Rockabilly des Stray Cats. Et enfin en Hard Rock : Randy Rhoads.

Children Of Bodom débarque en France en mai prochain (l’Elysée Montmartre à Paris, le Krakatoa à Bordeaux, le Bikini à Toulouse). As-tu un message particulier à faire passer à tes fans ?
On a toujours pris notre pied à jouer à Paris. Je suis impatient de revenir vous voir. See you !

CHILDREN OF BODOM - Relentless, Reckless Forever
Spinefarm / Universal

Site : www.cobhc.com

Myspace : www.myspace.com/childrenofbodom