Karnivool
sortait l’année dernière son second album, Sound
Awake, qui faisait suite à Themata. Comment voyez-vous votre
évolution ? Quels sont les changements qui ont été
opérés entre ces deux albums ?
Je pense que ce qui a changé entre notre premier album, Themata
et Sound Awake, est surtout la maturité du groupe. Avec notre
premier album, nous en étions encore à comprendre ce
qu’était vraiment composer, écrire et enregistrer.
Et comme nous étions jeunes, nous voulions aussi donner quelque
chose de plus Heavy au public. Par ailleurs, entre ces deux albums,
nous avons beaucoup tourné et je pense qu’à la fin
de cette tournée, nous avions besoin de connaitre quelque chose
de neuf. Nous ne voulions pas répéter
l’expérience une seconde fois, avec un album identique.
Nous avions envie de montrer que le groupe avait grandi, en même
temps que l’on avait découvert de nouveaux horizons
musicaux. Aussi, il nous fallait faire un album différent.
Autant qu’il le faudra pour le troisième album (rires).
Vous pensez déjà au troisième album ?
Oui, nous avons déjà commencé à travailler
dessus. Et je pense qu’une des grandes forces du groupe est de
savoir ne pas se répéter. Il s’agit toujours
d’un album de Karnivool, mais nous aimons nous créer nos
propres défis en innovant et en apportant quelque chose de neuf
en permanence. Après, il est évident que les fans de
Themata ne vont pas forcément se reconnaitre dans Sound Awake,
mais ça fait partie du jeu.
J’ai lu quelque part que vous
aviez commencé à jouer de la musique en faisant des
reprises, notamment de Carcass. Est-ce vrai ?
Oui (rires), nous étions jeunes et fous ! Mais c’est vrai
que nous en écoutons toujours, que ce soit Carcass, Megadeth ou
Sepultura. A côté de cela, ce n’est pas tant la
violence de la musique que je recherche, personnellement, mais plus la
complexité. Aussi, je voue un véritable culte à
Meshuggah pour qui la musique est un vrai terrain de jeu. Leur musique
est tout simplement incroyable et tellement bien construite ! Karnivool
aurait, à la rigueur, plus de points communs avec eux
qu’avec Megadeth. Même si nous ne sommes pas aussi violents
que Meshuggah, nous sommes progressifs et nous ajoutons toute une
palette de couleurs à notre musique.
Il s’est passé quatre
années entre vos deux albums. Qu’est-ce qui a pris tant de
temps, en dehors de votre tournée ?
C’est quelque chose que l’on nous demande souvent, et
c’est vraiment dur d’y répondre ! Je pense que
c’est en partie du à notre côté
perfectionniste. Mais aussi parce que Sound Awake demandait beaucoup de
temps pour être ce qu’il est aujourd’hui. C’est
un album très différent de Themata, comme on le disait,
et il nous fallait prendre notre temps pour trouver ce que l’on
voulait vraiment faire.
Et les perfectionnistes que vous êtes sont-ils pleinement satisfaits du résultat ?
On est tous très contents du résultat et je ne changerais
rien à l’album tel qu’il est maintenant. Ce qui est
étrange, lorsque tu termines une chanson ou un album,
c’est que le produit ne t’appartient plus lorsqu’il
sort enfin. Il est à tout le monde. C’est dur de se
détacher d’un album sur lequel tu as passé quatre
années de ta vie, mais une fois dans les bacs, il faut passer
à autre chose, sinon tu deviens fou ! Il vaut mieux se dire :
« OK, quelle est la suite ? ».
Nous aimons nous créer nos propres défis en innovant
et en apportant quelque chose de neuf en permanence.
Après le succès de
Themata en Australie, n’étiez-vous pas anxieux à
l’idée d’affronter à nouveau la presse et le
public pour Sound Awake ? Les attentes n’étaient-elles pas
démesurées ?
Je dois avouer que je ne m’y suis pas intéressé. Je
fais de la musique parce que j’en ai envie, pas parce que je le
dois. J’aime ce que m’apporte la musique, d’un point
de vue purement personnel et sans doute un peu égoïste. Du
coup, je ne me suis pas attaché à ce que l’on
pouvait dire autour du groupe, même si, bien sûr, on
voulait donner le meilleur de nous avec Sound Awake. Mais je
n’aime pas qu’on me dicte quoi que ce soit en
matière de musique, et je n’aime pas non plus que
l’on change ce que j’ai envie de jouer. C’est aussi
pour ça que c’était très bien de
retravailler avec Forrester Savel sur la production de ce nouvel album.
D’autant qu’il est un ami du groupe et qu’il nous
connait bien. Il sait où sont nos limites, et les siennes ! Et
il est une des rares personnes à savoir nous gérer. Nous
sommes un groupe tellement déstructuré qu’il vaut
mieux prendre un traitement avant de travailler avec nous… Avant
et après la collaboration (rires) !
N’est-il pas dur de trouver sa place en Australie lorsque l’on fait dans le progressif ?
En quelque sorte, si. D’autant que nous venons de la côte
ouest, à Perth, qui est globalement la ville la plus
isolée du monde (rires). De ce fait, nous n’avons aucune
influence qui arrive jusqu’à nous et l’industrie
musicale est très retirée. Il n’y a que les
scènes Rock et Electro qui arrivent à survivre par chez
nous. Pour le reste, il faut improviser et je pense que cela nous donne
une richesse en plus, au final.
KARNIVOOL - Sound Awake
Sony Music
Myspace : www.myspace.com/karnivool