KARNIVOOL


Musica Australis Incognita...


Karnivool. Ou le groupe qui voulait prouver que l’Australie ne faisait pas uniquement dans le Rock et la Dance music. A juste titre, puisque les cinq compères nous offraient déjà l’année dernière un grand deuxième album de Metal progressif du nom de Sound Awake. Aussi, à l’occasion de leur passage à La Boule Noire (Paris), nous avons rencontré Ian Kenny, frigorifié par moins dix degrés mais encore suffisamment opérationnel pour parler du pays des kangourous et du tout nouveau Prog’.  

Interview également parue dans le Metal Obs' 45 de Janv / Fév. 2010

Entretien avec Ian Kenny (chant) par Elisa Wolf
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Karnivool sortait l’année dernière son second album, Sound Awake, qui faisait suite à Themata. Comment voyez-vous votre évolution ? Quels sont les changements qui ont été opérés entre ces deux albums ?
Je pense que ce qui a changé entre notre premier album, Themata et Sound Awake, est surtout la maturité du groupe. Avec notre premier album, nous en étions encore à comprendre ce qu’était vraiment composer, écrire et enregistrer. Et comme nous étions jeunes, nous voulions aussi donner quelque chose de plus Heavy au public. Par ailleurs, entre ces deux albums, nous avons beaucoup tourné et je pense qu’à la fin de cette tournée, nous avions besoin de connaitre quelque chose de neuf. Nous ne voulions pas répéter l’expérience une seconde fois, avec un album identique. Nous avions envie de montrer que le groupe avait grandi, en même temps que l’on avait découvert de nouveaux horizons musicaux. Aussi, il nous fallait faire un album différent. Autant qu’il le faudra pour le troisième album (rires).

Vous pensez déjà au troisième album ?
Oui, nous avons déjà commencé à travailler dessus. Et je pense qu’une des grandes forces du groupe est de savoir ne pas se répéter. Il s’agit toujours d’un album de Karnivool, mais nous aimons nous créer nos propres défis en innovant et en apportant quelque chose de neuf en permanence. Après, il est évident que les fans de Themata ne vont pas forcément se reconnaitre dans Sound Awake, mais ça fait partie du jeu.

J’ai lu quelque part que vous aviez commencé à jouer de la musique en faisant des reprises, notamment de Carcass. Est-ce vrai ?
Oui (rires), nous étions jeunes et fous ! Mais c’est vrai que nous en écoutons toujours, que ce soit Carcass, Megadeth ou Sepultura. A côté de cela, ce n’est pas tant la violence de la musique que je recherche, personnellement, mais plus la complexité. Aussi, je voue un véritable culte à Meshuggah pour qui la musique est un vrai terrain de jeu. Leur musique est tout simplement incroyable et tellement bien construite ! Karnivool aurait, à la rigueur, plus de points communs avec eux qu’avec Megadeth. Même si nous ne sommes pas aussi violents que Meshuggah, nous sommes progressifs et nous ajoutons toute une palette de couleurs à notre musique.

 KARNIVOOL 

Il s’est passé quatre années entre vos deux albums. Qu’est-ce qui a pris tant de temps, en dehors de votre tournée ?
C’est quelque chose que l’on nous demande souvent, et c’est vraiment dur d’y répondre ! Je pense que c’est en partie du à notre côté perfectionniste. Mais aussi parce que Sound Awake demandait beaucoup de temps pour être ce qu’il est aujourd’hui. C’est un album très différent de Themata, comme on le disait, et il nous fallait prendre notre temps pour trouver ce que l’on voulait vraiment faire.

Et les perfectionnistes que vous êtes sont-ils pleinement satisfaits du résultat ?
On est tous très contents du résultat et je ne changerais rien à l’album tel qu’il est maintenant. Ce qui est étrange, lorsque tu termines une chanson ou un album, c’est que le produit ne t’appartient plus lorsqu’il sort enfin. Il est à tout le monde. C’est dur de se détacher d’un album sur lequel tu as passé quatre années de ta vie, mais une fois dans les bacs, il faut passer à autre chose, sinon tu deviens fou ! Il vaut mieux se dire : « OK, quelle est la suite ? ».

Nous aimons nous créer nos propres défis en innovant
et en apportant quelque chose de neuf en permanence.

Après le succès de Themata en Australie, n’étiez-vous pas anxieux à l’idée d’affronter à nouveau la presse et le public pour Sound Awake ? Les attentes n’étaient-elles pas démesurées ?
Je dois avouer que je ne m’y suis pas intéressé. Je fais de la musique parce que j’en ai envie, pas parce que je le dois. J’aime ce que m’apporte la musique, d’un point de vue purement personnel et sans doute un peu égoïste. Du coup, je ne me suis pas attaché à ce que l’on pouvait dire autour du groupe, même si, bien sûr, on voulait donner le meilleur de nous avec Sound Awake. Mais je n’aime pas qu’on me dicte quoi que ce soit en matière de musique, et je n’aime pas non plus que l’on change ce que j’ai envie de jouer. C’est aussi pour ça que c’était très bien de retravailler avec Forrester Savel sur la production de ce nouvel album. D’autant qu’il est un ami du groupe et qu’il nous connait bien. Il sait où sont nos limites, et les siennes ! Et il est une des rares personnes à savoir nous gérer. Nous sommes un groupe tellement déstructuré qu’il vaut mieux prendre un traitement avant de travailler avec nous… Avant et après la collaboration (rires) !

N’est-il pas dur de trouver sa place en Australie lorsque l’on fait dans le progressif ?
En quelque sorte, si. D’autant que nous venons de la côte ouest, à Perth, qui est globalement la ville la plus isolée du monde (rires). De ce fait, nous n’avons aucune influence qui arrive jusqu’à nous et l’industrie musicale est très retirée. Il n’y a que les scènes Rock et Electro qui arrivent à survivre par chez nous. Pour le reste, il faut improviser et je pense que cela nous donne une richesse en plus, au final.


KARNIVOOL - Sound Awake
Sony Music


Myspace : www.myspace.com/karnivool